Trois #prix littéraires en deux semaines! #littérature #concours #revues #poésie #Rilke

Belle moisson de succès ces derniers temps pour mes créations! Petit à petit, l’oiselle fait son nid et se sent chanceuse de cette reconnaissance par ses pairs!

Merci tout d’abord à l’ami Pierre Perrin qui, en juin dernier, a eu la gentillesse d’accueillir ma plume dans sa magnifique revue Possibles! Quel bonheur que de figurer dans le numéro 36 de cette très belle parution, aux côtés de grands noms dont vous trouverez la liste dans le sommaire!

http://possibles3.free.fr/num36.php

Pierre Perrin est non seulement éditeur, mais aussi un merveilleux poète doublé d’un romancier, qui a aussi ajouté à ses cordes une activité de critique littéraire. Il avait été lauréat en 1996 du prix Kowalski pour un recueil intitulé La vie crépusculaire. J’ai la chance de le compter parmi mes « amis Facebook » et il nous régale régulièrement de sa plume douce et très juste.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Perrin_(%C3%A9crivain)

La revue Possibles, crée en 1975, rassemble ainsi au gré de ses numéros poésie et prose, fragments, textes courts, réflexions, et permet aussi souvent de retrouver un hommage particulier à une autrice ou à un auteur. Je vous invite à découvrir les cheminements de ces amoureux de notre langue française que Pierre sait si judicieusement faire cohabiter.

La rentrée de septembre apporta son lot d’allégresses avec la mise en ligne de la formidable émission de France Culture concoctée par Julien Thèves, qui est d’ailleurs un confrère en écriture, consacrée à Paula Modersohn-Becker: j’ai eu la chance de participer à l’émission et d’y côtoyer non seulement mes amis curateurs de Brême et de Worpswede, mais les magnifiques autrices que sont Maïa Brami et Marie Darrieussecq, ainsi que la peintre Maude Maris. Nous avons essayé de brosser un portrait à la hauteur de « notre Paula », si fantastique, dont une œuvre vient justement d’être vendue aux enchères pour plusieurs millions d’euros! Quelle belle reconnaissance !

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/paula-modersohn-becker-1876-1907-la-peinture-absolument-9049725

https://www.artmajeur.com/fr/magazine/2-actualites-artistiques/quand-l-art-degenere-triomphe-l-autoportrait-de-paula-modersohn-becker-pulverise-son-record-aux-encheres/340057

Un honneur ne venant, à l’instar du bonheur, jamais seul, j’ai eu la joie de recevoir dernièrement le premier prix de la section « anacréontique » des superbes Joutes poétiques de la société des Rosati d’Arras! Ces joutes sont la version « nordique » de nos Jeux Floraux toulousains, et je vous laisse imaginer ma joie d’y avoir été distinguée.

De Toulouse vers cette perle du Nord le chemin est bien long, et, si je n’ai pas eu le loisir de me rendre à la remise des prix, j’ai pu recevoir la lecture de mon texte en vidéo, que je vous partage ici:

Lecture de mon texte par Madame Francine Grosdenis

Tu es devenu le soleil à la Meuse

Tu es devenu le soleil à ma Meuse

Il fera doux ce jour comme un printemps lilas

Ma jupe sera courte et mon panty de soie

Je ne sais plus vivre sans me dire amoureuse

Tu es devenu le soleil à ma Meuse

Toi mon Rimbaud brûlant mon astre imaginé

Nos textos échangés font de moi Sévigné

Tant de lettres à l’amant tant de tendres murmures

Je ne veux plus parler ouvre la fermeture

Laissons glisser les soies déchire ce corset

Prends moi là nue offerte envahie de baisers

Je veux déshabiller ton corps d’éphèbe aimant

Ne plus craindre les doutes habiter dans l’instant

Tu auras un regard comme brasier heureux

Tes mains seront tisons embrasés dans le feu

Ton souffle inachevé enfin sera tempête

Sur mes seins délivrés tu glisseras ta tête

Nous serons symphonie toccata et arpèges

Mes soupirs voleront comme flocons de neige

Tes émerveillements ta douceur tes morsures

Mes encorbellements le bonheur qui rassure

Nos mots nous le disaient nos corps le prouveront

Tu remontes à ma source au Mont Gerbier de Jonc

Je t’amène bateau ivre en voyage immobile

Cette étreinte attendue aura couleur des îles.

La société des Rosati est donc une société littéraire d’Arras, fondée le 12 juin 1778. Elle est célèbre pour avoir compté Lazare Carnot et Maximilien de Robespierre ainsi que Maurice Fombeure parmi ses membres, et surtout très reconnue pour sa participation active à la vie culturelle et artistique de la région.

On est admis dans la société par cooptation, en étant présenté par une marraine ou un parrain. Dans un souci de perpétuer la philosophie du « Gay savoir » et de préserver la cohésion du groupe, l’admission se fait à l’unanimité.

Les Rosati du XXIè siècle continuent de respecter le rite de réception créé en 1787. La première fois, trois jeunes filles présentèrent au public une rose, une coupe de vin rosé et donnèrent un baiser fraternel. Aujourd’hui, ce sont de jeunes ballerines portées par l’hymne des Rosati, écrit par Marcel Legay, « Écoute ô mon cœur », qui évoluent sur la scène lors du gala de remise des prix. Je vous livre ici le livret de l’édition 2026:

Un autre de mes textes a retenu l’attention d’un jury lors du premier concours de poésie de la ville de Gruissan!

Cette première édition a été inaugurée avec brio par un florilège de créations superbes et par une très jolie brochure dans laquelle une citation de Paul Celan, si cher à mon coeur puisque compatriote de Rose Ausländer, côtoie les mots des organisateurs: « Je ne fais pas de différence entre un poème et une poignée de main. »

C’est bien ce sentiment de fraternité littéraire qui a porté les esprits et les âmes autour des éblouissantes lumières de la Méditerranée, grâce à l’association Les Voix de l’Orgue et à la municipalité de Gruissan dont le maire, Didier Codorniou, écrit: « La poésie est un souffle qui réunit. » Nos textes seront de plus mis en musique, ce qui représente toujours une belle synesthésie artistique…

https://www.delphe-arts-philo.org/

Lien vers le site de la municipalité de Gruissan:

Enfin, il faudra patienter quelques mois avant que je ne vous révèle mon classement à un superbe concours de nouvelles dont je sais d’ores et déjà que je suis lauréate. Rendez-vous au printemps pour l’annonce définitive du palmarès et pour la lecture de ma nouvelle…

Je l’avoue: j’aime ce petit frisson des concours littéraires, cette idée de se colleter avec d’autres esprits autour d’un thème ou d’une région… Oh, bien sûr, ce n’est pas le Goncourt, et je suis bien souvent évincée ou seulement second couteau, mais ce petit aiguillon de l’émulation nous pousse à nous dépasser! Et puis ça me rappelle sans doute l’agrégation à laquelle je me suis inscrite (sans la travailler vraiment…) tant de fois! Car je n’aimais rien tant que ces sept heures d’écriture autour d’un sujet donné lors des épreuves de dissertation, avec cette pression temporelle et cette obligation de rendre une copie parfaite! (On notera que le jour où j’ai compris qu’en fait, ce que je désirais, c’était avant tout écrire – et, au passage, être lue! -, j’ai à la fois réussi le concours et commencé mon cheminement d’autrice…)

Et c’est aussi très porteur que de n’être pas simplement seul dans cet acte de création, mais, au bout du compte, souvent associé.e à d’autres talents dans les revues et brochures où l’on peut découvrir les textes lauréats… C’est pourquoi je continue à jouer le jeu des concours d’écriture! Ce n’est pas tant la récompense qui compte que le fait d’oser participer, même si l’on n’arrive pas sur le podium des lauréats…

Vous pouvez retrouver mes textes sur de nombreux supports, comme dans les magnifiques recueils de nouvelles du Prix de la Nouvelle George Sand, concours dans lequel mes textes ont été régulièrement distingués et auquel je participer quasi religieusement! Mes nouvelles « L’enfant des Matelles », « Puella sum » ou « Les mains de Baptistin » (les deux derniers textes sont aussi à retrouver sur ce blog…) y figurent, par exemple…

https://www.concours-georgesand.fr/publication.html

https://www.concours-georgesand.fr/publication/7/-ricochets-

https://la-nouvelle-george-sand.jimdosite.com/actualites/

Mon texte « Le rossignol et la burqa » se trouve dans l’un des recueils publiés par L’Encrier Renversé de Castres, et il en va de même pour certains de mes poèmes à retrouver en revues…

https://www.ladepeche.fr/article/2012/03/05/1297774-un-joli-cru-pour-l-encrier-renverse.html

Pour retrouver tous les prix que j’ai eu le bonheur de remporter:

https://www.sabineaussenac.com/cv/portfolios/cv-litteraire-2024-25

Je profite de ce petit résumé littéraire pour vous annoncer la prochaine parution de ce qui constituera j’espère un magnifique ouvrage autour du Tarn et de mes racines paysannes paternelles, un opus mêlant poésies dédiées aux personnalités et aux lieux emblématiques de ce beau département et proses racontant la vie de mes ancêtres, gens de peu, paysans, journaliers de la vallée de l’Agoût, jusqu’au début du dix-neuvième siècle. Ce livre paraîtra en 2026 dans une superbe maison d’édition, en français…et en occitan, puisque je traduis mes textes dans la « lenga nostra » à laquelle je suis très attachée! Plus d’infos très prochainement!

J’aimerais en ce 4 décembre conclure ces miscellanées littéraires par un hommage à mon cher Rainer Maria Rilke, né le 4 décembre 1875 dans la merveilleuse ville de Prague et dont nous commémorerons en 2026 le centenaire de la mort (il s’est éteint le 29 décembre 1926 à Montreux.)

Photo du poète devant le musée du Barkenhoff à Worpswede, Basse-Saxe

Vous savez, si vous me lisez, que je travaille assidument à ma thèse de doctorat en recherche-création autour de la colonie d’artistes de Worpswede et de trois de ses créatrices, Paula Modersohn-Becker, Martha Vogeler et… Clara Westhoff-Rilke, qui fut l’épouse du poète! Ce dernier consacra d’ailleurs une célèbre monographie aux artistes de Worpswede et à ce lieu envoûtant; en juillet, lors de mon séjour Erasmus d’un mois (je suis partie, invitée par l’association des musées de Worpswede, interviewer des artistes et des responsables curatoriaux, et ces entretiens, dont certains sont en ligne, feront aussi partie intégrante de la pièce de théâtre qui sera présentée lors de ma soutenance…) j’ai été très émue de tenir entre mes mains un des premiers exemplaires de ce texte, lors de ma visite à la Fondation Paula Modersohn-Becker.

https://www.pmb-stiftung.de/

Si Clara Westhoff et Rainer Maria Rilke ne vécurent ensemble que très peu de temps et que bien d’autres femmes occupèrent le cœur du poète, ils ne divorcèrent pas et conservèrent un lien affectif et intellectuel majeur. Clara s’éloigna d’ailleurs à peine de Worpswede et partit s’installer avec leur fille Ruth à Fischerhude, un autre village de Basse-Saxe. Sa maison, devenu un café, se nomme toujours « Das Rilke-Haus »…

http://www.cafe-im-rilke-haus.de/

Et dans cette dénomination aussi on peut percevoir l’invisibilisation de la sculptrice, dont la présence en ce lieu est éclipsée par la renommée de son auguste époux – cette thématique fait partie des fils conducteurs de ma thèse…

Clara Westhoff-Rilke et Rainer Maria Rilke

Cependant, en ce jour d’anniversaire, l’heure n’est pas à la polémique mais à l’hommage!

Un dieu le peut… 

Un dieu le peut. Mais comment, dis,
l’homme le suivrait-il sur son étroite lyre ?
Son esprit se bifurque. Au carrefour de deux
Chemins du cœur il n’est nul temple d’Apollon.

Le chant que tu enseignes n’est point désir :
ni un espoir, enfin comblé, de prétendant.
Chanter c’est être. C’est au dieu facile.
Mais quand sommes-nous ? Et quand

met-il en nous la terre et les étoiles ?
Non, ce n’est rien d’aimer, jeune homme, même si
ta voix force ta bouche, — mais apprends

à oublier le sursaut de ton cri. Il passe.
Chanter vraiment, ah ! c’est un autre souffle.
Un souffle autour de rien. Un vol en Dieu. Un vent.

Cité dans

https://www.eternels-eclairs.fr/poemes-rilke.php

J’en profite pour mettre le lien vers une création digitale autour de Rilke présentée il y a quelques mois lors d’une journée d’études, dont le texte figurera bientôt dans une grande revue universitaire; en cliquant sur ma chaîne, vous retrouverez les vidéos autour de Worpswede déjà mises en ligne.

Je me permets enfin de reposter ce texte de 2011, avec sa splendide mise en mots par mon amie Corinne… Je ne suis ni Rilke ni détentrice d’un « grand » prix littéraire, mais j’ai commis cette brève réécriture des célèbres « Lettres à un jeune poète »:

Chère jeune poétesse!

Vous me demandez si vos poèmes méritent d’être nommés poèmes. Vous me demandez si vous êtes une poétesse.

Que vous répondre, chère jeune poétesse, que vous répondre, si ce n’est que la nuit vous sera vie.

La nuit, lorsque soufflera l’Autan et que Garonne gémira comme femme en gésine, vous le saurez.

La nuit, lorsque seul le rossignol entendra vos soupirs, vous le vivrez.

Vous vivrez ces instants où le mot se fait Homme, où quand d’un corps malade jaillit cette étincelle que d’aucuns nomment Verbe, quand certains la dédaignent; les étoiles apparaissent, et des mondes s’éteignent.

Vous me demandez, jeune amie, si vous êtes faite pour ce métier d’écrivain.

Mais écrire, belle enfant, ce n’est point un métier, ce n’est pas un ouvrage.

Poésie et argent ne font pas bon ménage, poésie est jalouse, et le temps est outrage.
Vous verrez le soleil dédaigner vos journées, et les ors, les fracas, les soirées et les fêtes, bien des autres y riront, se payant votre tête.

Seule au monde et amère, comme un fauve en cavale, vous lirez, vous irez, sachant mers et campagnes, portant haut vos seins doux, vos enfants en Cocagne. Loin de vous les amours, parfois quelque champagne.

Mais les mots, jeune amie, les mots, ils seront vôtres.

Vous les malaxerez comme on fait du pain frais, vous les disposerez en lilas et bouquets, vous en ferez des notes, des sonates, des coffrets.

Et quand au jour dernier vous serez affaiblie, vos mains seules en errance, votre bouche enfiévrée, on vous murmurera qu’on vous a tant aimée.

Mais il sera trop tard: vos vers auront fugué.

Alors soudain des peuples chanteront vos ramages, on vous récitera, des statues souriront; un écolier ému relira quelque page. Et un soir, quelque part, au fin fond d’un village, ou dans un bidonville, enfumé et bruyant, une jeune fille timide osera les écrire, ses premiers vers d’enfant, vous prenant en modèle.

Alors ma jeune amie, ce jour-là, doucement, comme en ronde éternelle:

vous serez poétesse.

Vous trouverez peut-être que cet article part dans tous les sens… Mais je n’ai jamais su choisir entre mes deux pays, entre toutes mes passions, et « il me faudrait mille ans » pour écrire tout ce dont j’ai envie de parler, comme le raconte ce texte ou ces méli-mélo de poèmes…

https://www.poesie-sabine-aussenac.com/

Et si vous aussi, vous tentiez votre chance en écriture??

** Lien vers un site répertoriant tous les concours de nouvelles:

** Lien vers un site collectant les concours de poésie, et autre lien vers nos chers Jeux Floraux toulousains!

http://www.poetika17.com/concourspoesie.html

Rose Ausländer, retour sur la tournée littéraire de juillet 2023#RoseAusländer #poésie #francoallemand #devoirdemémoire

Devant le buste de Rose AuslÄnder dans le Nordpark de Düsseldorf, crédits Sandra Voß

Plus d’un an après, il est plus que temps de faire le bilan de la superbe tournée littéraire autour de Rose Ausländer, rendue possible par la bourse reçue par la Société Rose Ausländer du Fonds Citoyen Franco-Allemand en juillet 2023. Si j’ai attendu autant de temps pour finaliser ce résumé, c’est d’une part car je ne voulais pas « faire de l’ombre » au site du FCFA (mais ils n’ont finalement pas mis notre projet en ligne, dommage…), et d’autre part car cette année a été bien agitée et difficile, entre une opération ratée et la perte de mon père.

En ces temps incertains où les armes résonnent tout autour de nous, non loin de la Bucovine de Rose sise aujourd’hui en Ukraine et bien sûr en Israël, à Gaza, au Liban, quelques jours après la commémoration des abominations du 7 octobre 2023, alors que des dizaines de milliers d’innocentes victimes sont mortes du fait de la folie des hommes, quand la peste brune sévit partout en Europe et que les actes antisémites se multiplient chaque jour, il me paraît aussi très important de revenir sur ce pari de la bonté, de la résilience et de la réconciliation qui fonde mes recherches au sujet de cette poétesse et sur lequel mes parents franco-allemands ont bâti sur relation.

Enfin, me voilà heureuse retraitée et pleine de temps libre pour revenir sur cette magnifique aventure!

Le travail d’organisation de la tournée avait été considérable, car cela a pris un temps infini de démarcher des dizaines d’interlocuteurs avant de réussir à finaliser les choix des dates, les lieux et les intervenants. Mais cela en valait la peine! Car les résultats de cette magnifique aventure vont bien au-delà de nos espérances!

Car outre la richesse des rencontres, la beauté des soirées musicales et les découvertes faites tout au long du séjour en Rhénanie, notre aventure a attiré l’attention des médias, et même d’un éditeur outre-rhénans! Et nous espérons sincèrement que cette tournée aura aussi des répercussions en France et nous permettrons de trouver un port d’accueil pour les traductions des poèmes de Rose et pour le roman.

« Rose, entre le ciel et ici », a permis l’extraordinaire rencontre de cultures, de peuples, de religions, puisque chaque soirée littéraire a donné l’occasion de chiasmes franco-allemands, avec des lectures bilingues, et de passionnantes discussions autour de l’histoire européenne et mondiale, du dialogue interreligieux, et, bien sûr, de la poésie et de la littérature.

De gauche à droite: Eva-Susanne Ruoff, Sabine Aussenac et Yael Anspach, dans la salle « Stadtfenster » du KAPP1.

La soirée du 4 juillet, à la bibliothèque de Düsseldorf, introduite par le Directeur, Klaus-Peter Hommes, puis modérée par Helmut Braun, le découvreur, l’ami et l’éditeur de Rose, fut un éblouissement artistique, grâce au violoncelle de la talentueuse Eva-Susanne Ruoff qui avait su choisir des pièces musicales s’harmonisant parfaitement aux textes lus à cette occasion. Pour chaque représentation, nous avions choisi des poèmes différents, afin de créer une atmosphère particulière. Yael Anspach, qui a remplacé Ruth Schiefenbusch, hélas malade, au pied levé, sut mettre toute sa fougue d’ancienne Sabra dans sa belle lecture des textes de Rose.

Le salut des artistes, crédits photo Barbara Schmitz

Les miscellanées de Wuppertal, le 6 juillet, furent tout aussi riches, malgré un public clairsemé! L’atmosphère estivale de l’arrière-cour de la librairie GlücksBuchladen et les accords du saxophone de Thomas Voigt, qui nous accompagna grâce au financement de la Else Lasker-Schüler-Gesellschaft, s’accordèrent aux cris des hirondelles pour envelopper la poésie ausländerienne de lumière bienveillante. C’est Helmut Braun qui prêta sa voix aux lectures en allemand, et sa connaissance des textes en permit une lecture pointue et parfaite.

https://www.facebook.com/sabine.aussenac/videos/1327387941185175

Voici le déroulé audio complet de la soirée, avec l’intégralité des lectures bilingues:

https://www.poesie-sabine-aussenac.com/cv/portfolios/rose-tour-lesung-wuppertal

Enfin, le 8 juillet, le happening musical et littéraire de la dernière rencontre aux alentours de Duisburg, accueilli au « Plus am Neumarkt » du Kreativquartier Ruhrort par le charismatique Heiner Heseding, accompagné par les bienveillances de la Société franco-allemande de Duisbourg, avec nos lectures croisées en deux langues, et par le talent infini du jeune chanteur Philipp Eisenblätter, se révéla vraiment comme le Climax de la tournée, avec un public vaste et varié, composé en partie par d’anciens ouvriers de la sidérurgie rencontrés lors d’une manifestation, venus en nombre! Wolfgang Schwarzer, l’ancien président de la « Voilà-Gesellschaft », avait retravaillé avec moi certaines traductions avant de partager la scène bilingue, tandis que Waltraud Schleser, actuellement à la tête de cette organisation qui porte haut les couleurs du franco-allemand, ouvrit le bal avec un beau discours.

Petit aperçu de l’ambiance:

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Sabine Aussenac2 (@sabine_aussenac)

Philipp nous enchanta avec sa reprise de sa chanson phare « Duisburg » et avec sa mise en musique de l’un des poèmes de Rose.

Quelle belle surprise aussi de voir ma famille allemande venue découvrir Rose, et une journaliste de Deutschlandfunk Kultur assise au premier rang pour couvrir l’événement! Il faut dire que la presse avait grandement annoncé les différents événements de la tournée et que j’avais même donné une interview dans une télévision locale la veille!

Voici quelques liens vers la presse:

Pas peu fière d’avoir été annoncée dans die Rote Fahne, le journal fondé par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht!

https://www.rf-news.de/2023/kw27/literarische-buchlesung-einer-engagierten-kaempferin-gegen-rassismus-und-antisemitismus

Heiner Heseding avait lui aussi annoncé la soirée duisbourgeoise:

https://www.lokalkompass.de/event/duisburg/c-kultur/rose-zwischen-himmel-und-hier-lesetour_e300098

Entre les différentes dates, j’ai pu comme prévu poursuivre mes recherches autour de Rose et faire quelques lectures de textes et de poèmes en différents lieux.

Enfin, peu de temps avant mon retour à Toulouse, la journaliste Sandra Voß a souhaité faire une nouvelle interview, et nous avons passé un délicieux moment devant le buste de Rose dans le Nordpark de Düsseldorf. L’intégralité de cette rencontre est disponible en podcast:

https://www.deutschlandfunkkultur.de/rose-auslaender-roman-resilienz-aussenac-100.html

Merci encore une fois à toutes les participantes et à tous les participants de ce beau projet qui a fait résonner l’Europe, le franco-allemand et le Devoir de Mémoire. Merci à mon amie de toujours, Marie-Claude Camatta, d’avoir fait cette belle affiche, merci à Barbara Schmitz pour les photos, merci à l’infatigable Helmut Braun de son soutien précieux, merci à la société Else Lasker-Schüler et à la société franco-allemande de Duisburg, avec une grande reconnaissance à Wolfgang Schwarzer, merci à Yaël, merci à Heiner Heseding, à Sandra Voß, aux camarades de la Rote Fahne, au studio 47, et bien entendu un tout grand merci aux talentueux artistes:

* la fabuleuse Eva-Susanne Ruoff!

http://esrohlfing.de/

* le talentueux Thomas Voigt!

http://www.dein-saxophonist.de/

* l’extraordinaire Philipp Eisenblätter!

Sa dernière vidéo:

Et le clip de ma chanson préférée, celle à travers laquelle j’ai découvert cette pépite de la chanson allemande!

Et surtout, merci au Fonds Citoyen franco-allemand de son soutien!

https://www.fondscitoyen.eu/

En conclusion, mon poème dédié à Rose Ausländer:

Comme un grand cœur battant #hommage #ruedesRosiers #attentat #Paris

Comme un grand cœur battant

Un parfum de strudel et des pains au pavot,

Des enfants en kippa qui rient aux hirondelles,

Chaque femme qui passe pourrait être Rachel,

Casque d’Or elle aussi aimait y parler haut…

La plaque en yiddish de la rue des Rosiers, réalisée par l’artiste hongrois Sebestyén Fiumei. (Crédit : Sebestyén Fiumei)

Il y a là des échoppes, on se tient par la main,

Le Marais n’est pas loin, arc-en-ciel en Paris !

Quand le rabbin traverse les touristes sourient :

Les mémoires apaisées caracolent en demains.

La nuit y fut profonde, on partit au Vel d’Hiv,

Souvenirs et souffrances si longtemps furent vives…

Et puis en plein soleil, terrassant innocences,

Peste brune à nouveau frappa aveuglément.

Mais la rue des Rosiers comme un grand cœur battant

Est debout fièrement en son berceau de France.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/attentat-de-la-rue-des-rosiers-un-hommage-national-rendu-aux-victimes-de-l-attentat-2594076.html

https://www.parislenezenlair.fr/actualites/item/987-petite-histoire-de-la-rue-des-rosiers.html

À la Une

Rose Ausländer, une grande voix juive de la Bucovine #essai #poésie #judaïsme #RoseAusländer #Allemagne #Ukraine

https://www.editionsbdl.com/produit/rose-auslander/

Enfin! Mon essai est sorti, tout bleu comme un ciel d’été enrobé du cercle stellaire! Merci à Jean-Luc Veyssy et aux éditions du Bord de l’Eau d’accueillir Rose et ses poèmes, et d’avoir permis l’existence de cet ouvrage passerelle entre poésie et judéité. Merci à Antoine Spire, le directeur de la superbe collection Judaïsme, pour son accompagnement, et à Laurent Cassagnau de l’ENS Lyon pour sa très belle préface. Voici la présentation de l’éditeur:

« Rose Ausländer, dont les poèmes sont traduits dans le monde entier, fait partie des figures majeures de la littérature allemande du vingtième siècle. Sa voix demeure pourtant quasi ignorée en France en dehors de cercles universitaires, alors même que son ami et compatriote Paul Celan la portait en haute estime et qu’elle est considérée comme l’une des grandes poétesses de la Shoah, au même titre que Nelly Sachs. C’est cette injustice que Sabine Aussenac a voulu réparer en retraçant les flamboyances culturelles de Czernowitz, la « petite Vienne » de la Bucovine, avant de fixer les béances du ghetto, de la Shoah et de l’exil, jusqu’à la renaissance en poésie de Rose Ausländer. Et c’est bien autour de cette césure fondamentale du génocide et de la problématique de la judéité que se noue le lien passionné de la poétesse à son public allemand, en miroir du rapport intime et universel la liant à son peuple et à sa religion. Lire cette poésie, c’est aussi se sentir transporté aux confins de la Mitteleuropa ou dans le staccato de l’exil new yorkais avant de se recueillir dans l’atmosphère épurée et stellaire de la langue-souffle d’une poétesse dont la voix ne vous quittera plus. »

J’ai voulu, en écrivant ce texte qui est aussi l’antichambre du roman que j’espère un jour publier autour de Rose, faire découvrir cette femme exceptionnelle et ses milliers de poèmes à un vaste lectorat francophone, tout en articulant ma recherche autour des liens entre sa poésie et le judaïsme.

La voix de Rose bouleversera les âmes sensibles à la poésie; son destin saura aiguiser la curiosité des passionnés d’Histoire; sa langue émerveillera les germanophiles; sa résilience, miroir d’une époque, inspirera tous les exilés, tous les opprimés; son courage devant la guerre, lors de la Shoah et face à la maladie forcera l’admiration de tous.

Et chacun de ses textes, petite lumière en écho aux étoiles qu’elle aimait tant, nous offre en quelque sorte la possibilité de devenir un Mensch… Mon essai, en effet, s’inscrit aussi dans une lutte incessante contre l’antisémitisme.

Enfin, n’oublions pas que Czernowitz, capitale de la Bucovine, se situe aujourd’hui en Ukraine… Lire Rose, c’est aussi dire non à toutes les guerres!

N’hésitez pas à me contacter via le formulaire de ce blog si vous souhaitez acquérir un ouvrage dédicacé. 

Un dernier appel à destination de l’édition: Helmut Braun, le découvreur, l’ami et le légataire de Rose Ausländer, devenu aussi un proche collaborateur, m’a chargée de traduire certains recueils de Rose… Nous sommes donc à la recherche d’un accueil en poésie….

https://www.lyrikline.org/de/gedichte/noch-bist-du-da-555

Noch bist du da

Wirf deine Angst
in die Luft

Bald
ist deine Zeit um
bald
wächst der Himmel
unter dem Gras
fallen deine Träume
ins Nirgends

Noch
duftet die Nelke
singt die Drossel
noch darfst du lieben
Worte verschenken
noch bist du da

Sei was du bist
Gib was du hast

Pour le moment tu es encore là

Jette ta peur
en l’air

Bientôt
ton temps sera passé
bientôt
le ciel poussera
sous l’herbe
tes rêves tomberont
dans le Néant

Pour le moment encore
l’oeillet embaume
la grive chante
pour le moment encore
tu as la chance d’aimer
d’offrir des mots
pour le moment tu es encore là

Sois ce que tu es
Donne ce que tu as

https://avecmavalisedesoieroseauslander.home.blog/2019/05/11/avec-la-valise-de-soie-un-voyage-sur-les-traces-de-rose-auslander/

sabine-aussenac-dichtung.blogspot.com

La lumière, c’est vers elle que tu marchais.#hommage à #SamuelPaty #école #attentat

Ouvrir les yeux.

Crier.

La lumière, c’est elle qui t’a ébloui.

Inspirer ta première bouffée de vie, te blottir, téter, être câliné.

Découvrir ta main, ton reflet. Beau bébé potelé tout gorgé de tendresse.

Jouer tenir assis ramper faire tes premiers pas gazouiller sourire édenté faire tes nuits rire aux éclats dire « papa ».

Regarder le ciel. T’émerveiller de ces vastes plaines auvergnates, courir le long des berges de l’Allier, devenir un garçonnet.

Apprendre à lire à la Communale, ambiance à la Pagnol peut-être, tes parents si fiers de leur fils si éveillé et curieux.

Avoir dix ans, des copains, des cartes panini, des légos et des livres, un ballon, un vélo, des genoux écorchés et toujours le sourire.

La lumière, c’est elle qui t’as guidé : vers ces auteurs que tu as dévorés dès l’adolescence, avec cette appétence pour les savoirs ; vers cette Histoire que tu rencontrais à chaque recoin de Moulins ; vers la géographie qui te donna le goût des voyages.

Grandir, écouter la radio, des CD, découvrir le rock, danser, regarder les sourires et les yeux des filles, aimer, s’émanciper, rêver, se projeter.

Travailler comme un fou, aimer l’école, le collège, le lycée, décrocher son bachot.

La liberté, tu l’as rencontrée à Lyon, jeune étudiant brillant, entre traboules et ENS, quais du fleuve et bibliothèque. À Lyon où coule le Rhône tu as su que ton cours suivrait celui de la transmission, depuis la source de tes apprentissages familiaux jusqu’au confluent de l’école de la République où tu retournerais, vers l’océan des enfants à éduquer.

Apprendre, toujours ; écrire des dissertations, des projets, des mémoires ; sortir, aussi, faire la fête, danser, chanter, être aimé. La fraternité, tu l’as vécue durant ces années étudiantes, en prépa et à la fac.

Passer les concours, te colleter aux savoirs et aux autres, te surpasser et pourtant la chérir plus que tout : l’égalité, celle qui permet à chaque enfant de la République de grandir au gé de l’école, du lycée, de l’université.

Trembler un peu avant ton premier cours, et puis te jeter dans l’arène et aimer cette étincelle, ce frisson de la foule qui t’attend et qui pourrait de toi ne faire qu’une bouchée, jeune prof fragile. Mais ne pas avoir peur, oser transmettre, combattre ta timidité, humble devant le regard des autres mais souverain sur la matière que tu enseignes.

La lumière, c’est vers elle que tu marchais. Celle qui s’allume dans les regards pleins de défi et pourtant d’espérance, celle qui fait briller la joie lorsque l’on a compris un texte ou une idée, celle qui fait danser les esprits toujours en quête d’absolu, comme le tien l’était lorsque tu avais l’âge de tes élèves.

Enseigner corriger guider rassurer calmer départager apaiser faire rire être complice partager aimer : tes cours te ressemblaient.

Et puis la vie qui passe un bonheur des nuages ton fils ta bataille une compagne qui comme toi aime la poésie vos sorties vos partages tout ces petits moments qui tissent nos chemins.

Chaque année sur le métier remettre ton ouvrage ne pas baisser les bras, car chaque enfant doit avoir le droit à l’insolence, au libre-arbitre, à la réflexion. Tu es toujours Charlie et c’est une évidence : décrypter dédramatiser ouvrir les esprits gommer les tensions nommer les libertés dessiner la laïcité se faire le flambeau de l’esprit démocratique.

Soudain l’orage gronde : expliquer t’expliquer faire face à la fronde faire le dos rond faire les cent pas faire front face aux meutes faire bonne figure auprès de tes proches faire des cauchemars faire abstraction des haines et des violences pour faire cours, encore et toujours, même au cœur des tumultes.

Te sentir humilié rabaissé avili isolé abandonné par la hiérarchie vilipendé par des inconnus lynché sur les réseaux sociaux mal à l’aise face aux élèves désemparé devant l’iniquité.

Avoir peur. Mais faire face.

La lumière. C’est vers elle que tu marchais. Enfin, les vacances. T’évader oublier te ressourcer dépasser ces horreurs.

Rabattre ta capuche, raser les murs, prendre un chemin isolé ; ne pas remarquer qu’on te suit, ou qu’on t’attend.

Crier. Hurler. Souffrir atrocement. Te sentir être mutilé découpé égorgé te sentir partir te sentir mourir.

Expirer ta dernière bouffée de vie.

Seul.

La lumière, c’est elle que tu as vu une dernière fois.

Fermer tes yeux.

***

Tu ne sais pas encore que la République que tu as tant aimée fera de toi un martyr. Que U2 veillera sur ton cercueil. Ni que le 2 novembre, le jour de la rentrée, il y aura simplement une minute de silence dans les classes, la lecture d’une lettre, et puis le silence.

Et puis la nuit.

Refuser. Refuser de t’oublier. Refuser d’oublier ta lumière, ton nom, tes combats, ta mort atroce. Sur nos pupitres d’écoliers, sur toutes nos pages lues, sur le fronton de nos collèges crier ton nom : et par le pouvoir d’un mot recommencer ta vie être né pour te connaître pour te nommer : 

Samuel Paty.

Comme un ciel boréal…#vœux #bonneannée #2020 #nouvelan

En ces jours où la terre australienne semble se consumer, où les réseaux sociaux évoquent le hashtag #WWIII ou #troisièmeguerremondiale et où l’on dénombre déjà quatre féminicides en France en cinq jours, sans oublier les luttes contre les diverses réformes, celle des retraites, celles du bac…, mes traditionnels « vœux de bonne année » me sont quelque peu restés en travers de la plume…

Mais il en faudrait plus pour me faire taire 😊

Voilà donc, de tout ♥, mes souhaits pour 2020 en bonheurs :

Que votre année soit claire, comme un ciel boréal illuminant les froids. Oubliez les scories et les pisse-vinaigres, pour ouvrir vos persiennes en un printemps jonquille. Laissez parler les fats, éteignez les ignobles, ne gardez que le pur, celui qui nous élève et nous fait voyager vers la vie et le rêve.

Que votre année soit forte comme un acier trempé, comme un chêne aguerri par cent mille tempêtes, pour affronter les nuits d’une époque en folie. Soyez prêts au combat si il est juste et vrai, ne baissez pas la tête, relevez vos fiertés piétinées par les Grands, faites confiance au peuple et conspuez les peurs.

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Que votre année soit légère comme un vol d’hirondelles redécouvrant soleil. Oubliez les ennuis, souriez au mystère, devenez ce grand vent qui vous pousse hors rivages, soyez foc et Grand Voile : nul besoin de Marquises quand on devient une île.

Que votre année soit folle en fou-rire éternel, gloussement lycéen ou clowneries d’un jour. Rien qui vaille la joie, soyez gais, des pinsons en goguette, jetez au feu tous ces costumes de golden boys brimés, portez hauts la couleur de vos joies. Empourprez tous ces gris, carminez les fadeurs, osez le tyrien, oubliez l’outre noir, faites de votre jour un arc-en-ciel torride !

Que votre année soit douce comme un velours d’antan, peau de pêche et câline, une soie chatoyante. Soyez fous de vous-mêmes, aimez-vous, que tout miroir soit frère et toute glace amie, cessez tous ces mépris pour embrasser votre ombre et vous chérir toujours.

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Que votre année soit parfumée, comme une aube sans fin où pré de mai respire, comme un arbre en été quand mille fruits débordent, comme un bois en automne quand toute mousse est vie, comme un âtre en hiver où l’on marie les bûches. Devenez le gingembre, baptisez-vous cannelle, faites de l’ambre l’alliée de vos désirs sans fin.

Que votre année soit dansante comme un bal de juillet, ballerine infinie d’un opéra viennois ou langoureuse en tango, espiègle cha-cha-cha ! Déchaussez-vous, faites de chaque instant un pas de deux, faites des pointes au lieu de faire la tête, soyez Rock’n Roll !

Que votre année soit libre comme un oiseau sauvage, pour vous rendre à vous-même dignité et partage. Vous cesserez les esquives et les compromissions pour enfin devenir ce que vous rêviez d’être. Devenez la cascade, le mustang ou l’étoile, larguez toutes les amarres, levez l’ancre de vos vies !

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Que votre année soit tendre comme un premier amour, quand se tenir la main valait un firmament. Oubliez les records, les audaces poisseuses, osez le peau à peau bien plus fort que dentelles, ne gardez que le Beau qui murmure en respect.

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Que votre année pétille, tintinnabule en joie, qu’elle cavale caracole virevolte en farandole, qu’elle dévale et dévore, qu’elle charpente vos vies, qu’elle arpente vos rêves et déchire vos nuits, qu’elle crépite en feu de joie, qu’elle vous porte aux nues, vers les autres, frères humains, qu’elle nous rassemble en ronde pour devenir demain.

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Métro toulousain…
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Train autrichien…
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Pèlerins de Compostelle…

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Rwanda, 25 ans après le génocide: les mains de Baptistin #Kwibuka 25

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Elle sentait encore parfois les petites mains douces qui jouaient avec ses cheveux. La nuit, souvent, lorsqu’elle tentait de s’assoupir, il lui semblait aussi entendre son babil, lorsqu’au creux de ses seins généreux il souriait, apaisé.

Les quatre autres aussi lui manquaient. Les tresses folles d’Euphrasie lorsqu’elle gambadait en rentrant de l’école ; les grands yeux sombres d’Amédée, et cette façon qu’il avait de lui prendre la main à l’église, en murmurant qu’il serait prêtre, un jour. Prudence, son rire aussi étincelant que l’eau de la rivière, Prudence déjà presqu’une femme, minaudant avec ses amies et imitant Beyoncé. Et puis la jumelle d’Amédée, Félicité, la bien nommée, une allégresse dans chacun de ses gestes, Félicité qui dès l’âge de quatre ans racontait des histoires si extraordinaires que le vieux griot l’appelait « belle mémoire » en Kinyarwanda…

Mais les petites mains tendres de Baptistin, qui de son incroyable force de nourrisson se tendaient vers le ciel pour en décrocher les étoiles, ces mains-là, elle les sentait, presque chaque fois qu’elle sortait de la maison. Elle revoyait le nuage de poussière devant le petit jardin, elle entendait les hurlements de Prudence, qui venait de voir leur voisin décapiter d’un seul trait Félicité après avoir égorgé Amédée et démembré Euphrasie. Elle sentait les liens qui tranchaient sa peau alors qu’elle essayait de se lever et de courir vers eux, mais pour Prudence aussi il était trop tard, puisque le voisin venait de lui trancher la tête à son tour.

Il la fixait, la regardait dans les yeux. Elle n’était plus qu’un cri, elle vomissait et s’étouffait en hurlant, et lui il souriait en la traitant de chienne, puisqu’elle avait engendré ces enfants de Tutsi, elle la Hutu qui avait épousé un Tutsi. Et puis lentement, il avait contourné la femme attachée au portail et avait d’un geste brusque arraché le bébé qu’elle portait dans son dos. Elle sentit encore les petites mains de Baptistin qui griffaient son dos lacéré, et puis plus rien.

Lorsqu’elle s’était réveillée plusieurs heures plus tard, une voisine l’avait détachée et mise à l’ombre. La nuit était tombée. Espérance s’agenouilla péniblement puis réussit à se lever. La courette n’était qu’une mare de sang, les essaims de mouches tournoyaient dans l’odeur atroce, aucun bruit ne s’élevait. Elle pria, pria soudain comme une possédée, dans une transe aveugle, implorant ce Dieu impie d’avoir au moins épargné son puîné. Mais elle retrouva les restes de Baptistin éparpillés dans le jardin, une de ses petites menottes serrant encore une mèche des cheveux d’ébène de sa mère. Alors, sous l’immense lune rouge de l’Afrique défigurée, Espérance voulut mourir. Elle courut vers la rivière, enjamba les corps de ses voisins et amis, courut pour ne plus vivre, mais au moment où elle allait se jeter du petit pont de briques, une main puissante la retint.

–   Attends, Espérance. N’oublie pas qu’il te reste un fils. Attends. Ne leur fais pas ce plaisir. Reste parmi les vivants, même si ton âme est aussi morte que la poussière du désert.

Le griot parlait ainsi, lui qui était issu de l’ethnie des Twa, les « artisans », qui n’étaient ni éleveurs comme les Tutsis, ni agriculteurs comme les Hutu…Le griot qui avait choisi la voie de la parole et de la sagesse, et que les folies des hommes avaient épargné.

Oui, si Espérance était encore debout, vingt ans après cette journée, c’était grâce à Placide, son fils aîné. Elle avait, dans le peu de lucidité qui lui restait, prié pour son retour. Placide, qui avait douze ans à cette époque, avait été envoyé chez l’un de ses oncles paternels à la capitale, pour fréquenter un établissement scolaire réputé. Car le fils aîné d’Espérance et de Gratien était une graine de génie, aux yeux malicieux et à l’intelligence exacerbée. Certes, Placide avait vu son père enlevé en pleine nuit avec son oncle, mais il avait couru à travers les rues grouillantes d’atrocités, et su se faire passer, de par son physique métissé, magnifique mélange des deux ethnies ennemies, pour un jeune Hutu. Il s’était ensuite réfugié à l’ambassade de France, grâce à son professeur de français, et avait donc été miraculeusement épargné.

Espérance revoyait encore son fils, qui, tel un revenant, lui avait soudain été rendu, entier, sain et sauf, avec tous ses membres, ses deux yeux, et son sourire de prince. Il vacilla en pénétrant dans le carré de tombes fraîchement creusées, mais se tint droit auprès de sa mère dont les cheveux avaient blanchi en une nuit, en lui promettant qu’il deviendrait un homme, et qu’il garderait la mémoire des siens. Les mille collines teintées du sang fratricide palpitaient encore de la douleur des survivants. Espérance et Placide, hébétés de tristesse, se devaient de ne pas sombrer.

En se dirigeant vers l’autobus qui devait l’emporter à la capitale, Espérance, en cette semaine de commémoration, se souvint de l’année 2003, quand des milliers de prisonniers avaient été relâchés et étaient simplement revenus dans leurs villages, avant d’être jugés pour certains devant les « gacacas »…En passant devant la maison de son voisin, qui était assis devant sa porte, elle se redressa et détourna la regard. Car le meurtrier de ses cinq enfants faisait partie des Hutu revenus vivre dans leurs terres. Il n’avait pas nié. Il avait même osé soutenir son regard devant le tribunal, sur cette terre sèche de l’esplanade où d’autres enfants jouaient et riaient tandis que les adultes tentaient de mettre des mots sur l’Indicible. Oui, avait-il convenu, il avait bien égorgé, décapité et démembré les enfants de sa voisine, car elle portait des enfants Tutsi. Il avait beaucoup bu pour se donner du courage, et il n’avait fait que suivre les consignes diffusées par la radio des mille collines…

D’autres avaient pardonné, mais Espérance ne le pouvait pas. Chaque nuit, chaque nuit depuis bientôt vingt ans, elle rêvait qu’elle se détachait et qu’elle arrivait à empoigner chacun de ses enfants et à courir avec eux vers la rivière d’argent. Chaque nuit, elle les cachait dans la forêt luxuriante, chaque nuit elle les entendait rire et chanter. Et chaque matin elle se réveillait en ayant envie de hurler et de traverser la rue pour assassiner son voisin.

Pourtant la vie avait repris. Des enfants étaient nés à nouveau, des jeunes gens s’étaient unis, à l’école on les entendait psalmodier des mots nouveaux, des mots qui parlaient de réconciliation, d’oubli, de pardon. Espérance était devenue institutrice, et chaque sourire d’enfant l’aidait à rester humaine. Avec sa belle-sœur, qui était revenue de la capitale, elles avaient créé aussi une association pour aider les veuves, si nombreuses, grâce à des micro-crédits. Une maison communautaire abritait un atelier de couture, et c’est Espérance qui avait lancé la mode des pagnes imprimés avec des photos des victimes. Sa petite Prudence aurait si fière de voir sa photo sur de magnifiques pagnes multicolores, que sa maman avait offert aux membres survivants de leur famille… Les rires et les chants des femmes résonnaient comme autrefois, et parfois on peinait à croire que le sang avait coulé dans leur vallée si verte…Euphrasie non plus n’était pas oubliée, puisque la coiffeuse du village avait décidé de donner des noms à des coiffures ; une tresse particulièrement savante portait ainsi le nom de la fillette.

Peu à peu, l’idée avait germé de conserver les mémoires tout en accordant le pardon. Le griot, de plus en plus ridé, mais toujours le pilier du village, avait instauré une soirée spéciale pour les enfants et les adolescents, qu’il nommait « la nuit de Félicité », en mémoire de l’enfant rayonnante qu’il ne voulait pas oublier. Dans certaines maisons on avait inscrit les prénoms des victimes en lettres de couleurs vives sur les murs, dans d’autres on avait appelé les nouveaux enfants du nom de leurs frères ou sœurs disparus…Le curé citait souvent Amédée dans ses sermons, rappelant la foi si pure de celui qui s’était senti si jeune appelé par Jésus et qui n’avait pas eu le temps de prononcer ses vœux.

Mais Espérance savait aussi que personne, plus personne, ne pensait à son Baptistin. Il était si jeune, il tétait le sein de sa mère lorsque les démons l’en avaient arraché…Alors Espérance berçait son âme en secret, l’imaginant faisant ses premiers pas, marchant sur les traces de son grand frère, qui l’attendait, dans la tribune des officiels puisque Placide jouait un rôle important dans le nouveau gouvernement. Parfois, elle oubliait un peu les traits de son visage, mais jamais la douceur des petites mains qui caressaient le dos de la maman lorsqu’elle chantonnait en jardinant ou en rangeant la maison…

Soudain, un cri s’éleva de la maison qui avait été construite derrière celle de son voisin. Un hurlement, même, et il résonna dans le village déserté par la majorité de ses habitants, qui s’étaient rendus en masse aux cérémonies de commémoration. Espérance ne se retourna pas, elle ne voulait pas rater son bus, et puis les problèmes de ce voisin ne la concernaient plus depuis longtemps…Mais l’homme sortit en courant du jardinet et se précipita vers Espérance.

–          Ma fille…Ma fille accouche, alors qu’elle est bien loin de la lune prévue. Aide-nous. Aide-la. Tout le monde est parti, le docteur ne peut pas venir avant demain, et la sage-femme est dans un autre village.

Espérance le regarda, pour la première fois depuis des années. Elle posa sur lui le regard insondable de l’éternité. Elle le darda de ses yeux qui n’avaient plus de larmes, tant l’océan de sa douleur avait noyé sa vie. Elle le fixa d’un œil à la fois méprisant et menaçant.

–  Pourquoi devrais-je t’aider ? Donne-moi une seule bonne raison. Dis-le-moi.

De la maison s’éleva un autre hurlement, et les gémissements d’une toute jeune femme. Espérance se souvint que la fille aînée de leur bourreau avait l’âge de Placide et avait été tuée par représailles, quelques semaines après les exactions, alors qu’un autre de ses enfants venait, comme son Baptistin, de naître, et que leur mère était morte en couches.

Son voisin se tordait les mains. Il lui expliqua que sa fille était tout ce qui lui restait, puisqu’il n’avait jamais pu se remarier. Elle avait été gardée à l’orphelinat durant ses années de captivité, puis il avait tenté de l’élever et lui avait construit cette maison. Sa fille avait été violée il y a six mois, par un Tutsi aujourd’hui en prison. Ses choses-là arrivaient encore fréquemment…Il lui dit encore un mot, ce mot qu’elle avait vainement attendu en 2003, lors du tribunal villageois : il lui dit « Pardonne-moi. »

– Je n’ai que faire de tes suppliques. Mais je vais aider ta fille. Laisse-moi passer.

Dans la chambre où la femme en gésine se tordait de douleur, accroupie dans un coin, Espérance comprit que la situation était grave. Elle savait que les femmes africaines laissaient rarement libre cours à leur douleur lors d’une naissance. Il devait y avoir un souci important. Elle ordonna à son voisin de faire bouillir de l’eau, puis de chercher le griot, et de courir vers le village voisin, où une guérisseuse âgée aidait autrefois les femmes à mettre au monde leurs petits soleils. Elle s’agenouilla auprès de la jeune femme et la rassura, puis, la main désinfectée, elle comprit que le bébé ne s’était pas retourné. Il fallait agir vite. Sinon, il ne naîtrait pas, et sa mère risquait la mort. Elle demanda à la jeune femme de s’allonger, puis entreprit de lui masser le ventre, de l’extérieur et de l’intérieur. Elle chantait doucement, une de ces mélopées ancestrales qui parlent de collines et de joies, des enfants qui dansent dans la savane et des pères qui aiment leurs familles. Elle sentit que le bébé bougeait, c’était étrange, cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas eu ce sentiment de vie, de maternité. Elle leva les yeux et croisa le regard affolé de la jeune femme, belle et palpitante comme une gazelle aux abois, et lui sourit.

-Il va vivre. Et toi aussi.

L’enfant naquit une heure après, juste à l’arrivée du griot et de la guérisseuse. La vieille femme fit boire une potion de simples à la jeune accouchée, et Espérance, qui avait lavé et emmailloté le nourrisson tandis que le griot recueillait le placenta qui serait enterré dans le jardin, présenta le bébé au voisin qui pleurait.

– Je me souviens du prénom de chacun de tes enfants, Espérance. Je me souviens. Tous les jours, toutes les nuits, je me souviens. Ce bébé s’appellera Baptistin. Et si tu l’acceptes tu seras sa marraine, et ton Placide son parrain.

À ce moment l’enfant ouvrit un regard d’onyx sur le soleil d’Afrique qui perçait par la porte entrebâillée. Dans l’un de ses réflexes si attendrissants des nouveaux-nés, sa petite main se referma sur la main douce d’Espérance. Elle sourit et lui murmura :

– Bienvenue, Baptistin, dans notre pays des mille collines.

***

Cette nouvelle a fait partie des nouvelles lauréates du Concours George Sand en 2014

http://www.concours-georgesand.fr/palmares.html

Hommage à Elisabeth Taylor

Liz, ma Liz…

Ses yeux violets, sa bouche ardente, son sourire à réveiller les morts.

Liz, ma Liz, pour moi tu seras toujours la plus passionnée des filles du Docteur March, la rebelle, l’indomptable. Tes colères et tes combats, tes amours, l’ultime retour vers ton Richard, tu étais Hollywood à toi toute seule.

J’ai su, en te regardant, que moi aussi, j’aimerais…

Oui, tu étais la quintessence de la femme, les empereurs à tes pieds, égérie de tous les toits brûlants, dominant même les géants.

Liz Taylor et James Dean sur le tournage de "Géant".
Avec James Dean sur le tournage de « Giants »

J’ai grandi avec vous, mes monstres de l’Actor’s studio, et quand de ce côté de l’Atlantique, la télé nous montrait encore la série des « Gendarmes » (mais les Rois Maudits, aussi, c’est vrai), elle avait aussi la décence de nous présenter, aux heures de grande écoute et sans passer par des abonnements supplémentaires, tous les merveilleux films de Minelli et autres Capra. Petite fille encore, je savais déjà que tu étais, Liz, la vie, la vraie, malgré l’opacité de cet écran de cinéma et des rediffusions de l’ORTF. Tu m’as fait montré l’autre côté du miroir: merci.

Mon film préféré? The Sandpiper, entre mille : celui où tu incarnes cette femme, artiste peintre, qui vit librement dans les collines au-dessus de Big Sur, en Californie ; tu y élèves ton fils, en toute liberté, sans contraintes, et tu vas vivre une passion extrême avec le pasteur qui dirige l’internat où les autorités t’obligent à placer ton enfant.

Certes, cette pimbêche d’Eva-Marie Saint aura le dessus, avec ses cols fermés et ses twin sets. Mais tu as gagné, ma Liz : toi et Richard vous serez roulés dans le sable du Pacifique comme dans la célèbre scène de « Tant qu’il y aura des hommes », vous aurez aimé, vous aurez vécu.

Libres.

Tu as demandé que l’on prie pour toi sur Twitter. Ne t’inquiète pas, Liz : Saint-Pierre a déjà craqué pour ton regard violet : il t’a sans doute déroulé le tapis rouge.

https://www.youtube.com/watch?v=qoMzN6ikgWw

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(article publié le 23 mars 2011 sur le net, dans le défunt « Post » et dans le « Journal des lecteurs » de Sud-Ouest…

http://lecteurs.blogs.sudouest.fr/archive/2011/03/24/liz-ma-liz.html)

Vous souhaiter…Bonne année 2019!

Vous souhaiter…

L’amour, celui qui vibrionne et carillonne en chantant, par les beaux soirs d’été lorsqu’on part aux étoiles…

La joie, celle qui donne les joues roses aux petiots et les larmes aux creux des yeux délavés des Anciens.

Le rire, celui qui fait glousser les corsages et tressaillir les salles obscures, sonore et pimpant, tout ourlé de fous-rires.

La paix, celle qui clame en grandes plaines que le front a cédé et que les vareuses bleu de sang pourront rentrer au pays.

Le temps, celui qui coule paresseusement comme la Loire en châteaux, s’étirant femme fière de ses atours éternels, sans savoir qu’elle va à la mer.

La folie, celle qui, douce et guillerette, rend les femmes amoureuses et les hommes à passions.

Le courage, celui qui soulève le métro pour arrêter la bombe et qui offre à la femme battue les ailes de sa fuite.

La bonté, celle qui donne aux escarres l’impression d’être roses ou jasmin, quand un sourire éclaire les nuits longues des errants de la vie.

Le rêve, celui qui crée les mondes et dessine l’envie, quand le cancre devient premier violon et que nos nuits outremarines se piquètent d’étoiles.

L’invention, celle qui océane les déserts ensablés ou rend à cet enfant ce cœur qui bat l’amble.

Le désir, celui qui crépite, incendiaire, dans les corps des aimants, dévorant les ivresses comme un grand soleil rouge.

La beauté, celle qui peint les toiles en oranges sanguines et délie les corps des ballerines éternelles.

Le détachement, celui qui berce les solitudes toutes brodées d’ipomées, cheminant vers montagnes en offrandes de vie.

La volonté, celle qui guide l’égaré vers les sentes odorantes, là où mille tilleuls ombragent sources claires.

Le plaisir, celui qui se partage sous les pommiers tout enivrés d’abeilles ou dans un lit froissé qui frémit sous le vent.

La fraternité, celle qui se rencontre quand on n’a plus rien et qui met l’homme d’équerre malgré de lourds chagrins.

Le voyage, celui qui comme un père vous guide et vous élève, ou comme mère aimante vous embrasse en folies.

L’espérance, celle qui jamais ne cèdera d’un pouce aux idées sombres des pisse-vinaigre, car toujours nous resterons debout.

Le savoir, celui qui déchire les voiles de mille  obscurantismes et lève l’ancre pour de nouvelles découvertes.

La douceur, celle qui prend la main ou caresse satin ou embrasse carmin et embrase matins.

 

Je vous embrasse et vous aime!

Cent vers pour un centenaire #14/18 #commémoration #11novembre

Cent vers pour un centenaire

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Groupe de poilus. Archives municipales d’Orléans

 

Quand la fleur au fusil ils quittaient leurs village

Une joie sans pareille leur riait au visage :

Les enfants jubilaient, les anciens sur les bancs

Leur criaient de tuer chaque sang allemand.

Mais les mères en larmes, effondrées et sans voix

Les suivaient par les prés et les routes et les bois,

Caressant jusqu’au bout de tendresse infinie

Ces conscrits si souvent à l’orée de la vie,

Des fiancées serrant sur leurs corsets lacés

Les photos dentelées aux sourires lissés.

Et là-bas dans les plaines et vallées d’outre-Rhin

Mêmes scènes de liesse appelaient le destin…

L’uniforme était beau au regard des Poilus,

Képis rouges brodequins contre casques pointus,

Quand garance faisait de tous ces pantalons

Un écho innocent de tant de garnisons

Qui bientôt baigneraient dans carnage carmin

Des tranchées carnassières aux barbaries sans fin.

Fièrement on marchait en promenant musettes,

Cartouchières au repos et calmes baïonnettes,

Sans savoir que la guerre, qu’on nommait « der des der »

Deviendrait pour quatre ans synonyme d’enfer.

Ils quittaient berge tendre où sommeillait Garonne,

Traversant mille ponts, découvrant Loire et Rhône,

Pour venir tels oiseaux de sombres migrations

S’échouer dans les boues en agitant fanions,

Marionnettes sans fils tenues par dirigeants

Qui sans pitié aucune condamnaient leurs enfants,

Quand le riche et le pauvre, cordonnier, avocat,

Médecin ou tailleur s’égorgeaient au combat.

Ils pensaient à leurs champs ou à leur cour d’usine,

Aux seins tout en blancheur de leur fée Mélusine,

En serrant sur leur cœur les vélins violets

Parfumés d’écritures de tant de fiancées…

Ils rêvaient de pain chaud et de vins capiteux

En rongeant leur pitance en leurs habits pouilleux,

Ils songeaient aux bouillons, aux poulardes garnies,

Aux fourneaux ruisselants de tant de mets rôtis,

Et quand les canons fous leur tonnaient aux oreilles

Ils hurlaient, rugissaient, et les balles abeilles

Piquaient vies au hasard en un ballet sordide,

En un cri effroyable quand tant de corps candides

Devenaient la charpie, la bouillie, la curée

Dont seuls quelques chanceux revenaient rescapés.

Et la boue de la Meuse accueillait sans vergogne

Bordelais Berlinois Albigeois Autrichien,

Quand un monde en folie faisait des orphelins

Au fil des méridiens, pères morts en héros

Pour les mères patries dont mille maréchaux

Confisquaient le futur, rendant les éclopés,

Dont les gueules cassées effrayaient les passants,

Aux villages endeuillés de Gascogne ou Brabant.

Mais certains tirailleurs aux yeux doux d’amadou

Venaient d’autres océans pour défendre debout

Cette France affamée de la chair à canon,

Jamais rassasiée des massacres aux clairons,

Les peaux noires et blanches reposant de concert,

Les espoirs en lambeaux revenus à la terre.

Qui dira les assauts à main nue, en plein vent,

De mitraille ennemie qui vous glaçait les sangs,

Le courage infini, les sacrifices vains

De tous ces appelés fauchés par le Destin,

Mais aussi la vaillance des briseurs de combats,

Des mutins audacieux réclamant sans fracas

Paix des armes et des corps en amour fraternel,

Qui souvent périront d’avoir bravé l’appel.

Les femmes se levèrent pour remplacer les pères,

Retroussant les jupons, jeunes filles ou grands-mères,

Labourant les sillons délaissés par époux,

Gagnant l’indépendance avec ces quelques sous,

Veuves dignes, mères seules, fiancées éplorées

Gardant toute une vie la mémoire fanée

D’un bien-aimé parti, comme on veille un bouquet.

Cent années ont passé depuis cet Armistice,

Des Noëls et des Pâques et puis tant de solstices,

Une autre guerre atroce a déchiré les âmes

Quand pourtant toute paix devrait être la flamme

De cette éternité qui se nomme espérance,

Qu’elle habite Allemagne ou notre douce France.

Cet hommage en corolle à tous les beaux soldats,

Aux vaillants aux mutins aux enfants morts là-bas,

Pour que cent ans plus tard plus jamais ne résonne

Autre cri que la PAIX que mille frères entonnent.

 

Sabine Aussenac.

 

Comme par un orage de coquelicots #commémoration #14/18

Am Geist… #11novembre #itinérancemémorielle #GrandeGuerre