Pas(s)age(s)#bonneannée #2024 #happynewyear

Pas(s)age(s)

En m’excusant du « s » surnuméraire à « année-s »!

Pas sages

non, nous n’avons pas été sages

avant ce passage

des ombres de l’an vieil aux

lumières de l’an

neuf.

Encore une année des chaos, quand

hurlent les vents des sirènes au

milieu des fracas, quand meurent

 innocents, enfants martyrisés, femmes

violentées, pays ravagés.

*

Mais il y a eu aussi le Beau : ces abeilles en

printemps butinant

espérances, ces nouveaux-nés potelés

comme angelots, et puis les rencontres, les rires, les rivages

où dérivent nos vies en devenirs…

Accueillons-nous, cueillons les fruits sans cesse

renouvelés du temps, osons nous regarder

et faire de notre terre un meilleur

monde. Soyons rivières et coquelicots,

névés et blancheurs, débordons de

candeurs pour radier les nuits noires.

Éclairons-nous au feu

des âtres parfumés. Soyons les

allumeurs de réverbères !

Bel an neuf à vous et vos aimés !

Le texte a été lu en deux langues, avec ma traduction poétisée vers l’allemand, sur la radio canadienne CKCU. Merci à Hans Ruprecht ! La version allemande se trouve juste un peu plus bas.

https://cod.ckcufm.com/programs/414/63427.html

Cliquer sur « Listen now » ou suivre ce lien:

(Weg)weise(r)

Nicht weise,

nein, wir waren nicht weise, bevor

wir vor diesem Wegweiser zum neuen

Jahr standen, wo die Schatten des alten Jahres zu

Lichtern des neuen werden.

Wieder ein Jahr des Chaos: Heulende

Winde der Alarmsirenen

inmitten von Leben Fetzen, sterbende

Unschuldige, gemarterte Kinder, vergewaltigte Frauen, verwüstete Länder .

*

Aber es gab auch das Schöne:

 diese Bienen im Frühling wie

summende Hoffnungen,

diese pummeligen Neugeborenen, mit Pausbacken

wie Engelchen,

und dann  Begegnungen, das Lachen, die Küsten, an denen unser Dasein so sanft

hin und her schaukelt…

Lasst uns einander willkommen heißen

und die immerwährenden Früchte der Zeit

ernten, wagen wir es, uns selbst zu achten und aus unserer Erde

eine bessere Welt zu machen. Lasst uns Flüsse und Mohnblumen

sein, strahlende Firne, lasst uns von Unschuld

überquellen und

die dunklen Nächte auslöschen.

Lasst uns im Feuer leuchten

der duftenden Kamine.

Seien wir die Laternenanzünder!

Es lebe 2024! Alles Gute für Euch und Eure Liebsten!

https://sabine-aussenac-dichtung.blogspot.com/2024/01/wegweiser-alles-gute-zum-neuen-jahr.html

Rose Ausländer aux Cahiers de Colette #rencontrelittéraire #Paris #librairie

Comme elle aurait été heureuse, ma Rose, de revoir Paris! En 1939, déjà, si peu de temps avant la canonnade, elle avait rendu visite à la ville lumière. Et lors de son grand tour d’Europe de 1957, son séjour parisien, avec sa rencontre avec Paul Celan, avait fait partie de ses dates clefs…

Quelle fierté pour moi que d’être reçue dans l’antre de Colette, dans cette librairie phare, adresse incontournable de tout lecteur parisien qui se respecte…

http://www.lescahiersdecolette.com/

Merci à cette grande dame des lettres parisiennes de son accueil, et des sourires de Nicolas et Thomas – Thomas qui vient du Sud-Ouest, lui aussi ! – . La rencontre, présentée par Antoine Spire, le directeur de la collection Judaïsmes, qui héberge mon essai, a permis de mettre en perspective quelques-uns des thèmes développés par l’ouvrage et de mettre en avant la personnalité de cette poétesse encore trop peu lue en France, malgré les remarquables travaux universitaires qui lui ont été consacrés.

Ce fut un régal que de répondre à ses questions autour du livre, puisque Antoine Spire, l’une des voix de France Culture, est bien entendu plus qu’à l’aise dans l’exercice ! J’ai pu compter aussi sur le précieux soutien du préfacier, Laurent Cassagnau, de l’ENS Lyon, qui a eu la gentillesse de nous apporter ses pertinentes réflexions.

Merci encore aux amis qui sont venus nous écouter parler de Rose…

Et comme il n’y a pas de hasard, c’est bien le sourire d’Anne Frank qui a veillé sur cette rencontre, puisque juste avant le début de la conférence j’ai enfin découvert le Jardin d’Anne, non loin de la librairie et du mahJ… Anne grâce à laquelle « tout a commencé », lorsque j’avais découvert, enfant, à la lecture de son Journal, que mon deuxième pays, l’Allemagne, avait abrité l’Indicible…

Voici quelques photos qui ont immortalisé l’événement aux Cahiers de Colette, et les liens vers les vidéos mises en ligne. Merci à Sarah et Julie, les photographes ! (Les photos sont en libre accès FB)

Pour aller plus loin, deux articles de Laurent Cassagnau au sujet de Rose Ausländer:

« Rose Ausländer et la poésie américaine » in Etudes germaniques 58 (2003) 2, p.211-232

« Mémoire et souvenir: à propos de Schnee im Dezember de Rose Ausländer » in Rose Ausländer. Lectures d’une oeuvre (sous la dir. de J. Lajarrige et M.-H. Quéval), Nantes: Editions du Temps, 2005, pp. 101-115

https://sortir.telerama.fr/paris/lieux/boutiques/les-cahiers-de-colette,25231.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Spire

#GivePeaceAChance #acrostiche pour la #paix, un projet de Walter Pobaschnig

Quel honneur m’a fait Walter Pobaschnig en m’invitant à rédiger un acrostiche autour de la paix sur son superbe blog littéraire autrichien (Literatur outdoors – Worte sind Wege) autour du projet #GivePeaceAChance!

Je vous invite à découvrir son travail et les centaines de rendez-vous littéraires et artistiques sous la forme d’interviews poétiques, de textes divers et de superbes photos !

https://literaturoutdoors.com/

Son « Insta » vous fera rêver aussi:

https://www.instagram.com/w_pobaschnig/?hl=fr

Voici le lien vers mon texte, rédigé en deux langues :

Und diese Chiffre

**

Gestern die Rosen, ruhig und sanft,

im Garten fast fliegend

vor Freude und Glanz. Heute kahle

Erde, die Gräber so viel,

**

Puppen so einsam, in Ruinen

erstarrt, als seien die Kinder

auf einmal verschwunden.

Chöre des Schweigens walten durch verwüstete Wiesen.

Entfernte Gegend, Zypresse und Zitronenduft…

**

Auch das Meer blutet, Fische fressend Kinderleichen,

**

Chaos, Schreie, man floh vor Krieg und

Hunger und nun ertrinkt die Hoffnung im Morgenrot.

An allen Ecken der Welt eine einzige

Nation des Leidens und diese

Chiffre: Frieden, die Urantwort,

Erbe, Zukunft und Traum: Give Peace A Chance!

***

***

Et cette clef

**

Garder, autrefois, les roses calmes et tendres,

imaginer au jardin leur

vol en allégresse et éclat. Aujourd’hui terre brûlée

envahie de tombes si nombreuses,

**

poupées si esseulées dans les ruines,

en état de sidération, comme si les enfants

avaient disparu tout d’un coup.

Chorégies du silence parcourant des prairies dévastées.

En terres lointaines cyprès et parfums de citrons… Là

**

aussi, la mer saigne, poissons dévorant des cadavres d’enfants,

**

chaos, cris, on a fui la guerre et la faim :

horizon rougi d’une aurore où l’espérance se noie.

Alliance des nations en souffrance

nichées en chaque coin du monde, et cette

clef : paix, ontologique réponse, héritage

en avenir et en rêves : Give Peace A Chance !

Toulouse l’Andalouse #canicule en #poésie #été #Occitanie

(Sonnet caniculaire…)

Toulouse l’Andalouse

**

Un éclat de mica qui brille sur Garonne,

Les eaux comme orphelines ont grand soif de glaciers.

Brique en feu hébétée de la folie des hommes,

En miroir des fournaises où les tuiles mariées

**

À lumière aveuglante semblent ciel asséché.

Saint-Sernin carillonne, son appel tel un glas…

Le Capitole brûle, grand oiseau affolé,

En Jacobins déserts le palmier parle bas.

**

Toulouse l’Andalouse n’en peut plus de l’été,

Elle suffoque elle gémit elle quémande pitié !

Au Canal les platanes perdent déjà couronne…

**

Rendez-nous l’allégresse de nos enfances enfuies,

Menthe à l’eau et piscine, les grillons dans nos nuits…

Nous devons solidaires stopper folies des hommes !

**

(Haiku)

**

ville rose a chaud

Dame Garonne meurt de soif

Capitole étouffe

(Poésie contemporaine)

Coudre mémoires des soleils

**

Épure des soifs

été obsolescent

**

Au Capitole en irradiance

coudre mémoires des

soleils d’antan

**

Ombre absente

joue à colin-maillard

**

Terre insulaire de

Garonne au lit défait :

Toulouse Andalouse

assassinée

(Prose)

Je voudrais qu’on me rendre l’été

D’aussi loin que je me souvienne, à Toulouse, en été, il fait chaud ! Mille rayons de soleils fous habitent ma mémoire…
« Mais quel cagnard!/ Punaise, ça tape!/ Mets ta casquette, pitchoun, tu vas te prendre une insolation!/ … »

Oui, dans le Sud-Ouest, en été, il fait chaud ! J’ai grandi à Albi, et porte encore en moi le souvenir de cet été 76 où, rentrant d’un séjour en outre-Rhin, nous fûmes horrifiés par la pelouse jaunie et par les dahlias racornis… En été, disait ma grand-mère paternelle, on se tient à l’ombre. Me reviennent non seulement ces sensations de touffeur absolue en mettant le nez dehors au zénith, mais aussi cette agréable fraîcheur des cours des vieilles maisons, de cette ombre bienfaisante entre un catalpa et des hortensias au bleu intense… Une ou deux chaises de jardin un peu écaillées, les graviers qui crissent, odeurs de mousses, presque sylvestres : malgré les fortes chaleurs, se sentir bien, apaisé…

Avant d’arriver à notre maison de campagne, nous nous arrêtions parfois au café du village voisin. Parfum unique de cette grenadine ou de la menthe de l’enfance, vacarme des chutes de la rivière proche, canopée immense des tilleuls… Même aux heures chaudes du midi, on pouvait rester dehors, à l’abri des tonnelles… D’ailleurs, nos mères cuisinaient, des ratatouilles qui mijotaient longuement, et nos pères attisaient les braises du barbecue, en ces temps où l’on ne se pâmait pas encore devant des soupes froides et du tofu…

Oui, il faisait chaud ! Mais pas trop pour passer des heures entières le long du ruisseau qui demeurait glacé, à y bâtir moulins et barrages, les jambes bardées de nos méduses transparentes ; pas trop pour aller en expédition familiale à la rivière, pour s’y baigner malgré les anguilles et les vasières, pour y pêcher le goujon ; pas trop pour aller cueillir des bassines entières de mures, ou de prunes, ou d’abricots, dont nos mères faisaient, malgré la chaleur, de goûteuses confitures ; pas trop pour lire, allongés sur des lits de camp de camping, avant de disputer d’interminables parties de Monopoly ou de faire tourner Jean Ferrat sur l’électrophone.

Plus tard, ayant troqué le Tarn pour « ma ville », Toulouse, dans mon premier appartement du quartier des Chalets, l’astre était en contact direct avec notre vie de jeunes mariés, en ces années quatre-vingt où même les ventilateurs semblaient objet exotique, que l’on rencontrait dans des films dépeignant de poisseuses chaleurs amazoniennes… Depuis les trois vasistas, la lumière aveuglante faisait de nos aubes, déjà, des fournaises… Nous vivions à l’espagnole, dînant tard, puis sortant arpenter la place Saint-Sernin ou marcher vers Garonne, nous enivrant d’hirondelles.

Les étés d’Occitanie ont toujours été baignés de cette indicible lumière, aussi éclatante que celle que Cézanne peint sur Sainte-Victoire, aussi irradiante que les ors toscans… Toulouse l’Andalouse adorait ses étés de plomb, sa brique accueillant cette chaleur estivale en osmose parfaite. Car les nuits permettaient de reprendre son souffle, et puis on savait « tenir le frais » en fermant les persiennes et les volets. Rouge fier des tuiles et des briques rouges du Midi chères à Claude, bleu perçant d’un ciel infini qui promettait la Gascogne ou la mer, Toulouse chavirait de chaleur mais ne pliait pas.

Mais ça, c’était avant. Car notre belle ville rose, à présent, suffoque littéralement, accablée par un soleil torride. Bien sûr, la région a pour le moment été épargnée par les terribles feux dévastateurs qui embrasent la Gironde et la Bretagne, Toulouse a simplement très chaud. Mais cette chaleur est anormale, terrible, suffocante. Les organismes sont épuisés par les vagues successives de ce que l’on nomme à présent canicule…

Et comme il est paradoxal de vivre dans l’obscurité, de se terrer dans les pénombres où halètent poussivement les ventilateurs, de se cloîtrer dans nos intérieurs étouffants alors qu’au-dehors explose la lumière estivale ! Cette nuit permanente me donne l’impression de vivre aux alentours du cercle polaire, dans quelque contrée où seules les aurores boréales éclairent encore les cieux gelés… J’ai soif de vie, d’eaux étincelantes en rivières chantantes, de reflets sur les vagues, d’iridescences dans les sous-bois, quand le soleil darde à travers des futaies pour éclairer les fougères, j’ai faim de ces petits matins doux quand on va à la fraîche chercher le pain et les croissants, de ces après-midis où, alanguis, les vacanciers se balancent dans un hamac, bercés par les stridulations des cigales, les yeux éblouis de beautés.

Je voudrais qu’on me rende l’été.

Comme un grand cœur battant #hommage #ruedesRosiers #attentat #Paris

Comme un grand cœur battant

Un parfum de strudel et des pains au pavot,

Des enfants en kippa qui rient aux hirondelles,

Chaque femme qui passe pourrait être Rachel,

Casque d’Or elle aussi aimait y parler haut…

La plaque en yiddish de la rue des Rosiers, réalisée par l’artiste hongrois Sebestyén Fiumei. (Crédit : Sebestyén Fiumei)

Il y a là des échoppes, on se tient par la main,

Le Marais n’est pas loin, arc-en-ciel en Paris !

Quand le rabbin traverse les touristes sourient :

Les mémoires apaisées caracolent en demains.

La nuit y fut profonde, on partit au Vel d’Hiv,

Souvenirs et souffrances si longtemps furent vives…

Et puis en plein soleil, terrassant innocences,

Peste brune à nouveau frappa aveuglément.

Mais la rue des Rosiers comme un grand cœur battant

Est debout fièrement en son berceau de France.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/attentat-de-la-rue-des-rosiers-un-hommage-national-rendu-aux-victimes-de-l-attentat-2594076.html

https://www.parislenezenlair.fr/actualites/item/987-petite-histoire-de-la-rue-des-rosiers.html

Je saurai que le temps est venu du partage #Sète #VoixVives #poésie #Méditerranée

Un jour, j’irai à Sète.

Pas seulement pour traverser en venant garrigues et citadelles du vertige, pour découvrir ce grand bleu insolent, pour me perdre dans la douceur des sables… Pas seulement pour voir miroiter les plages infinies, pour écouter le cliquetis des mats dans le port, pour rêver aux mers lointaines en marchant Quai d’Alger…

Pas seulement pour grimper à l’assaut du Mont Saint-Clar entre blancheurs et effluves de pins, pour cueillir folle avoine autour de la tombe de Jean Vilar au Cimetière Marin, pour sentir la moustache de Georges me chatouiller la mémoire…

Pas seulement pour arpenter la jetée que foulèrent des cohortes de survivants en espérance, pour passer ma main sur la plaque du souvenir de l’Exodus, pour imaginer le grand vaisseau porteur d’horreurs et de renaissances… Pas seulement pour frémir en voyant les jouteurs au canal, pour déguster tielles et sardinades, pour m’étourdir de fauves et pastels au gré des galeries… Pas seulement pour sourire devant la plaque de la rue « Du Maire Aussenac », pour m’inonder de beauté au musée Paul Valéry, pour m’extasier devant les richesses du MIAM…

Non, quand j’irai à Sète, peut-être, si Dieu me prête vie comme disait ma grand-mère, et, surtout, si mes poèmes ne dorment pas seulement en tiroirs, ne demeurent pas cantonnés dans quelque revue française ou occitane, ne se partagent pas simplement au gré de Jeux Floraux toulousains où je fus double lauréate et de pages internet, mais trouvent un port en quelque recueil ayant pignon sur plage, alors ce sera pour être non seulement spectatrice, mais invitée aux Voix Vives

Bien sûr, je rêve un peu… Car ma poésie est plurielle, aussi variée que les lumières qui tamisent les couchants sur les étangs, passant de l’alexandrin aux aphorismes, du vers libre au sonnet… Sans doute devrais-je apprendre à me plier aux contraintes de la modernité et de l’épure, comme me le hurla un jour Serge Pey en m’admonestant lors d’une conférence auscitaine… Mais, que voulez-vous, je ne m’y résous pas, trop attachée à ma liberté et à mon éclectisme, les mêmes qui me font me pâmer devant Bach ET le jazz, me délecter de maîtres flamands ET d’impressionnistes…

Un jour, oui, j’irai à Sète, pour me trouver de l’autre côté des bancs et des parasols… Peut-être aurai-je la joie de lire quelques extraits de « Garonne est une femmes amoureuse », mon opus qui scintille au fil des eaux vécues et rêvées de mon existence -oui, ces textes cherchent édition !! … Ou le bonheur de faire une conférence autour de mon essai « Rose Ausländer, une grande voix juive de la Bucovine », paru le premier juillet aux éditions Le Bord de l’Eau, en lisant aussi mes traductions de Rose, ma Rose lumière qui aimait tant la Méditerranée et qui l’a chantée dans de nombreux poèmes… Ou la chance de présenter mon projet en cours de montage, « Mare nostrum », qui tricote voix vives de l’ensemble du pourtour méditerranéen, puisque j’y ai rassemblé des traductions dans presque toutes les langues du bassin, du Catalan à l’Hébreu, de l’Italien au Romani…, fédérant autour de l’un de mes poèmes les accents modestes d’amis et de camarades de mon fils et les éclats miroitants de poètes et d’universitaires reconnus, en un puzzle d’allégresse en ode à notre mer, à la paix et aux rencontres…

Un jour, j’irai à Sète, Nausicaa rêveuse, et je n’aurai plus peur. La lumière éblouira mes pages et, le cœur empli de sables et de rencontres, je saurai que le temps est venu du partage.

Cézanne, ouvre-toi !

**

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Soudain, les cigales.

La route de la mer serpentait vers les bleus.

Cézanne, ouvre-toi !

Garrigue frissonnait en femme fatale,

thyms et serpolets guidaient

vers les isthmes.

Mare nostrum. Phocéenne, grecque, andalouse :

ma Méditerranée

un delta du monde.

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ξαφνικά, τα τζιτζίκια.

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Ξαφνικά, τα τζιτζίκια.

Ο δρόμος της θάλασσας περιδινήθηκε στα γαλάζια.

Σεζάν, άνοιξε!

Ο θαμνότοπος έτρεμε σαν ερωτευμένη γυναίκα,

Τα θυμάρια και οι έρπυλλοι  μας οδήγησαν

στους ισθμούς.  

Mare nostrum. Φωκεαϊκή, ελληνική, ανδαλουσιανή :

Η Μεσόγειός μου

ένα δέλτα του κόσμου. 

Traduit par Démosthène Agrafiotis

(Cliquer sur le lien pour écouter le fichier)

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https://www.sabineaussenac.com/cv/portfolios/soudain-les-cigales-en-grec-

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L’été prend le large

**

**

Sète scintille, regarde

au Levant.

Mare nostrum caresse

soleil.

**

Vagues moutonnent comme blé

en levain. Enfants aux joues pâles font au sable

une offrande.

**

Au Môle endormi, l’Exodus bat

pavillon des mémoires.

Terre promise dès la

jetée.

**

Genêts et roses en fauvisme

éclatant grimpent à

l’assaut de Saint-Clar.

**

Criée et sardinades,

espadrilles,

bandol : l’été prend

le large.

Passerelle émeraude

**

**

Platanes mirés en l’eau

assoupie.

Parfois trouver péniche,

grand oiseau marin ensablé,

belle endormie à l’ancre

roussie.

**

Passerelle émeraude,

l’eau serpentine fait arc entre

éblouissements et

déferlantes. Grimper la dune

du Pyla ou entendre cigales

à chaque écluse.

**

Chanson douce qui berce

Ville Rose,

antichambre de la

Méditerranée, promesse océane,

Canal du Midi :

route de la soie des Suds.

(Pardon pour ces signes entre les vers… L’interface capricieuse de ce blog semble hermétique aux paginations poétiques…)

https://www.voixvivesmediterranee.com/

À la Une

Rose Ausländer, une grande voix juive de la Bucovine #essai #poésie #judaïsme #RoseAusländer #Allemagne #Ukraine

https://www.editionsbdl.com/produit/rose-auslander/

Enfin! Mon essai est sorti, tout bleu comme un ciel d’été enrobé du cercle stellaire! Merci à Jean-Luc Veyssy et aux éditions du Bord de l’Eau d’accueillir Rose et ses poèmes, et d’avoir permis l’existence de cet ouvrage passerelle entre poésie et judéité. Merci à Antoine Spire, le directeur de la superbe collection Judaïsme, pour son accompagnement, et à Laurent Cassagnau de l’ENS Lyon pour sa très belle préface. Voici la présentation de l’éditeur:

« Rose Ausländer, dont les poèmes sont traduits dans le monde entier, fait partie des figures majeures de la littérature allemande du vingtième siècle. Sa voix demeure pourtant quasi ignorée en France en dehors de cercles universitaires, alors même que son ami et compatriote Paul Celan la portait en haute estime et qu’elle est considérée comme l’une des grandes poétesses de la Shoah, au même titre que Nelly Sachs. C’est cette injustice que Sabine Aussenac a voulu réparer en retraçant les flamboyances culturelles de Czernowitz, la « petite Vienne » de la Bucovine, avant de fixer les béances du ghetto, de la Shoah et de l’exil, jusqu’à la renaissance en poésie de Rose Ausländer. Et c’est bien autour de cette césure fondamentale du génocide et de la problématique de la judéité que se noue le lien passionné de la poétesse à son public allemand, en miroir du rapport intime et universel la liant à son peuple et à sa religion. Lire cette poésie, c’est aussi se sentir transporté aux confins de la Mitteleuropa ou dans le staccato de l’exil new yorkais avant de se recueillir dans l’atmosphère épurée et stellaire de la langue-souffle d’une poétesse dont la voix ne vous quittera plus. »

J’ai voulu, en écrivant ce texte qui est aussi l’antichambre du roman que j’espère un jour publier autour de Rose, faire découvrir cette femme exceptionnelle et ses milliers de poèmes à un vaste lectorat francophone, tout en articulant ma recherche autour des liens entre sa poésie et le judaïsme.

La voix de Rose bouleversera les âmes sensibles à la poésie; son destin saura aiguiser la curiosité des passionnés d’Histoire; sa langue émerveillera les germanophiles; sa résilience, miroir d’une époque, inspirera tous les exilés, tous les opprimés; son courage devant la guerre, lors de la Shoah et face à la maladie forcera l’admiration de tous.

Et chacun de ses textes, petite lumière en écho aux étoiles qu’elle aimait tant, nous offre en quelque sorte la possibilité de devenir un Mensch… Mon essai, en effet, s’inscrit aussi dans une lutte incessante contre l’antisémitisme.

Enfin, n’oublions pas que Czernowitz, capitale de la Bucovine, se situe aujourd’hui en Ukraine… Lire Rose, c’est aussi dire non à toutes les guerres!

N’hésitez pas à me contacter via le formulaire de ce blog si vous souhaitez acquérir un ouvrage dédicacé. 

Un dernier appel à destination de l’édition: Helmut Braun, le découvreur, l’ami et le légataire de Rose Ausländer, devenu aussi un proche collaborateur, m’a chargée de traduire certains recueils de Rose… Nous sommes donc à la recherche d’un accueil en poésie….

https://www.lyrikline.org/de/gedichte/noch-bist-du-da-555

Noch bist du da

Wirf deine Angst
in die Luft

Bald
ist deine Zeit um
bald
wächst der Himmel
unter dem Gras
fallen deine Träume
ins Nirgends

Noch
duftet die Nelke
singt die Drossel
noch darfst du lieben
Worte verschenken
noch bist du da

Sei was du bist
Gib was du hast

Pour le moment tu es encore là

Jette ta peur
en l’air

Bientôt
ton temps sera passé
bientôt
le ciel poussera
sous l’herbe
tes rêves tomberont
dans le Néant

Pour le moment encore
l’oeillet embaume
la grive chante
pour le moment encore
tu as la chance d’aimer
d’offrir des mots
pour le moment tu es encore là

Sois ce que tu es
Donne ce que tu as

https://avecmavalisedesoieroseauslander.home.blog/2019/05/11/avec-la-valise-de-soie-un-voyage-sur-les-traces-de-rose-auslander/

sabine-aussenac-dichtung.blogspot.com

Je ne suis pas folle mon amour… #JeanJacquesBeineix #cinéma #37,2 #Diva les #films de nos #20ans

Les films de nos 20 ans, de nos 30 ans…

Subway, le sourire dément de Christophe Lambert, les patins de Jean-Hugues Anglade, l’air tendrement triste d’Isabelle Adjani. Éros et thanatos dans le métro, bouleversant. Je ne traverse jamais Paris sans voir ce trio bousculer ma jeunesse.

Tchao Pantin, la bonhomie meurtrière de Coluche, les jambes interminables et le regard intense d’Agnès Soral, la désespérance de Richard Anconina. Une éternelle histoire de vengeance, aussi vieille que l’humanité. Je n’ai pas le permis, mais chaque station service me rappelle le deuil du petit loubard attendrissant.

L’été meurtrier, les cigales déchirant le sourire d’Isabelle, encore elle, l’air de Pierrot ahuri d’Alain Souchon, et toujours éros et thanatos,  en Provence. Un jour, lors d’une dispute, j’ai jeté le roman éponyme dans l’eau de la Méditerranée. Gondolé, usé, je crois qu’il renferme encore le sable de nos jeunesses.

La femme d’à côté, la voix terriblement douce de Depardieu terriblement fort, et Fanny Ardant, sa voix rauque tellement sensuelle. On se damnerait pour ces voix. Nous sommes tous adultérins, le contraire est impensable.

J’ai épousé une ombre, Nathalie Baye, fragile femme puissante… Depuis, je ne peux me retrouver dans les toilettes d’un train sans penser à une bague, à une robe et à un accident; j’ai toujours imaginé croiser Francis Huster en buvant un Sauternes.

Le vieux fusil, le rire de Romy, la tendresse pataude de Philippe Noiret, les fulgurances du lance-flammes aspergeant la pierre tutélaire de Bruniquel. Le pardon n’existe pas. Et pourtant, la beauté demeure.

37,2 le matin, le piano lancinant comme la mélopée des vagues, l’amour fou de Betty, son visage énucléé, la folie plus forte que l’amour. Et pourtant je souris en arpentant la plage de Gruissan, la plage de nos 20 ans, la plage de nos 30 ans.

Dédié à Jean-Jacques Beineix.

***

Nos étés de contrebande -texte de 2009

Allumer la lumière te regarder dormir rapporter les premières tulipes fermer les yeux crier en découvrant la toile comment savais-tu que c’était ce tableau revoir Bruges te faire découvrir le Béguinage regarder le ciel dentelé faire claquer les contrevents sur l’océan courir vers les rochers lire ensemble sur l’un de ces fauteuils anglais remettre une bûche crépiter d’aise aimer ta main frôlant mes cheveux tes lèvres sur mon cou m’alanguir croquer dans la première cerise sentir ce jus acidulé faire un vœu te regarder rire en zigzaguant sous le jet d’eau comme j’aurais aimé être la mère de tes enfants ne pas penser aux impossibles plutôt décoller pour New York serrer ta main j’ai toujours eu peur en avion mais tu ne risques rien ma chérie j’adorerais mourir avec toi on jouerait aux Tours Jumelles arrête tes blagues idiotes mais je plaisante allez souris à ton petit Paul Auster manger des baggles saluer La Liberté jouer à Love Story te faire découvrir les châteaux cathares Sète te raconter l’Exodus nous barbouiller de jus de groseilles te lécher le coin des lèvres hum c’est bon c’est sucré s’étourdir tu es fou encore oui n’arrête pas recommence tu me tues non n’arrête pas je m’en fiche personne ne regarde oh bonjour Madame Ouztairi oui vous avez raison il va repleuvoir les draps qui claquent dans le jardin les odeurs de lavande les cigales toujours les cigales même à Paris ne jamais oublier cet été-là les vols fous des hirondelles toujours tu me trouveras toujours belle ces foins coupés où tu m’entoures de tes bras de vingt ans la clairière où dansent les fées cette chambre tendre où tout intimidé tu joues les grands seigneurs en tremblant d’envie ta passion joyeuse tes mains d’organdi qui jalonnent ma peau de dentelles câline tes yeux qui me mangent ta bouche enhardie qui explore et dévore et parsème ma vie jamais je ne serai rassasiée de tes tendresses je fais provision de soleil d’éternel d’infini je mets nos folies en conserve je me fais gardienne de nos songes il suffira de relire le millésime pour avoir en bouche l’âpreté de ton désir violent la profondeur de nos jouissances les découvertes immenses les rives océanes de nos étés de contrebande volés murmurés fracturés nos étés où je jouerai Betty de 37,2 mais ne t’inquiète pas je ne suis pas folle mon amour, juste de toi, juste de toi.

https://short-edition.com/index.php/fr/auteur/sabine-aussenac

Le souffle… #bonneannée2022 #happynewyear #Icantbreath

Peut être une image de crépuscule, nature et nuage

Le souffle. C’est lui qui nous a tant manqué, en 2021…

Toutes ces insupportables suffocations, au gré des continents et des éléments devenus fous… Les dizaines d’enfants noyés de ma chère Allemagne, au zénith d’un été soudain meurtrier ; les vieillards emportés par la récente tornade, virevoltant dans l’œil américain d’un cyclone incontrôlable ; les femmes enceintes, agrippées au dérisoire rebord d’un canot surchargé, hurlant avant de sombrer dans une mer ogresse dévoreuse de migrants ; les pompiers du Colorado, dévastés et impuissants dans leur lutte contre l’un de ces « super feus » ; les Afghanes, étouffant sous la charia et les burqas ; toutes ces femmes mortes étranglées, égorgées ou brûlées vives par leur compagnon, sous le joug de violences conjugales ; et les centaines de milliers de victimes du Covid, du Brésil à l’Afrique du Sud, en passant par notre vieille Europe, luttant jusqu’à leur plongée dans le coma ou jusqu’à la mort pour inspirer avidement quelques goulées de cet air que le virus soudain leur refuse…

Le souffle : il a fait défaut, plus que d’ordinaire, à des millions d’êtres à travers la planète, en cet an 2021 qui a vu cet air raréfié, vicié, emprisonné au fil des catastrophes et de la pandémie, des guerres et des violences…

La respiration, devenue impossible lorsque l’on se noie, lorsque l’on suffoque sous les fumées, lorsque les poumons sont envahis par le virus, lorsqu’une main assassine vous ôte la vie, cette respiration, ce pneuma, il semblerait que les colères de la terre et les folies des hommes veulent nous en priver…

Alors pour l’an neuf à venir, ce droit au souffle, à la respiration, c’est ce que je vais vous souhaiter, tout simplement ; ce que je vais nous souhaiter, aux quatre coins du globe et toutes vies confondues, afin que renaisse notre liberté de respirer à pleins poumons !

Qu’un air nouveau jaillisse en nos corps et nos esprits, qu’un souffle infini lie les hommes à leur terre, et que ces pneumas mêlés nous libèrent des peurs, des petitesses, des noirceurs et des atrocités !

Puissent les peuples apprendre à respecter leurs terres afin que la nature ne gronde pas trop fort… Puissent les éléments demeurer sereins afin de ne pas dévorer trop d’innocents… Puissent les puissants et les simples respecter leurs semblables, ne pas les entraîner dans des guerres et des exodes, ne pas les mutiler gratuitement… Puisse le covid peu à peu se laisser dompter…

Sortons ! Ouvrons nos fenêtres et nos âmes ! Rencontrons-nous sereinement, prudemment en notre pandémie si meurtrière, et un jour, bientôt, j’espère, follement à nouveau !

Et humons ces effluves qui font le sel de nos existences, afin qu’au gré des mois et des saisons cette année neuve se fasse barquerolle légère et enivrante :

il y aura la délicatesse de la fleur d’oranger des galettes de l’Épiphanie, le murmure gourmand de la frangipane et les gouleyances du cidre ; puis les inénarrables parfums de crépons et de confetti des carnavals, et peut-être, pour les chrétiens, cette suie odorante marquée sur le front, en souvenance des âtres et des repentances.

S’en suivront ces légers papillonnements des jonquilles et des crocus, promesses de printemps, et puis, pour ceux qui trouvent la montagne belle, un dernier shoot de parfum de neige fraîche et de tartiflette, quand d’autres préfèreront inspirer les sels des embruns ; n’oublions pas les fragrances urbaines : oui, la ville peut s’inspirer et être inspirante, il n’y pas que des rats, à Paris ! Je garde au creux de moi l’inoubliable odeur grasse et lourde de la U-Bahn du Duisbourg de mon enfance, et celle des trottoirs englués de la suie de la Ruhr, elle m’accueille dès que j’arrive en Rhénanie, ma madeleine sidérurgique adorée…

Et puis le lilas : il viendra à nous, glorieux et grisant, tout un monde en mauve et blanc, ébouriffant comme une cocotte en jupons. Sentez-vous cette Mouna, cette brioche pascale, accompagnée des grains de sucre perlant les oreillettes? Et ces tresses au pavot, et cette absence de fragrance du pain azyme ? Car les Pâques, juives et chrétiennes, puisent leurs singularités culinaires dans le manque, l’exil, la disparition, pour que rayonnent ensuite l’amour et le partage…

Le printemps sera là, 2022 ne nous en privera pas : il faudra s’arrêter sous chaque pommier, sous chaque cerisier, observer un instant la finesse ourlant les pétales, le rosi des nervures, et écouter les bourdonnements, en levant la tête pour voir cavaler les cumulonimbus d’avril… Au soir venu, tous ces parterres arrosés donneront le tournis, emplissant les jardins de miracles embaumant villes et campagnes.

Il reviendra aussi, le temps des cerises, et nous serons comme des enfants fous en croquant ce jus sucré qui éclatera en nos palais, et nous inspirerons à pleins poumons ces premières soirées douces, aussi belles que celles de nos seize ans… Souvenez-vous à l’avance de la pétillance folle de ce petit rosé, le premier de nos apéros de fin d’année scolaire ; oui, nous, les filles, nous aurons déjà acheté un flacon de d’Huile prodigieuse ou de monoï, et nous humerons nos bras scintillants déjà mordorés… Vous, messieurs, je gage que vous aurez déjà fait plusieurs soirées foot entre potes, je peux sentir d’ici l’odeur de bière mâtinée de tabac et de chips, celle de la fête et des liesses…

Juillet ! Déjà ! Mi-temps de l’an neuf ! J’en connais beaucoup qui vont être comme fous un certain soir de l’Aïd, ce sera doux et festif de retrouver les parfums sucrés de pâtisseries et les délices des couscous aux mille épices… Quelle joie de dévorer les senteurs inouïes des coriandre, safran, cannelle, curry, fenugrec ou harissa… Au dehors, l’odeur de l’herbe coupée nous fera chavirer aussi sûrement qu’un slow des Scorpions.

Si vous fermez les yeux, je sais que vous avez en tête ce moment précis où, quand on arrive du Nord de la France, la route de la mer commence à onduler au gré de la garrigue et à insuffler aux vacanciers ces balsamiques bruiselants d’étés : le thym, le romarin, la sarriette, les lavandes, antichambres des sables, autant d’escales joyeuses qui annoncent l’air marin et les nuits estivales…

Et notre été sera magnifique ! Un kaléidoscope bouleversant de beautés, entre odeurs de foins coupés et de myrtilles sauvages, entre marinades citronnées et pastis fous, entre limonades et piperades… Nous respirerons ces iodes et ces névés, ces sous-bois et ces salles de musées, ces venelles et ces sentes, grisés de vents et de douceurs, de découvertes et d’aventures… Si nous restons en ville, nous rirons, éclaboussés de l’eau des fontaines, et le goudron fondu de l’asphalte brûlant sera notre boussole.

La rentrée ? Il faudra l’aimer ! Se souvenir de cette colle à l’amande qui nous rendait accros, et du parfum de cartable neuf. Passer la main dans les cheveux de nos enfants encore tout empreints des soleils, profiter de leur chaude tendresse innocente.

Septembre nous offrira les frissonnantes promesses des vendanges à venir, et ces prunes et ces figues toutes gorgées des sucres de l’été, croquer dedans sera comme un souffle de vacances, radieuse mémoire des nuits d’été où les hirondelles criaient si haut dans le ciel. Et puis bien vite galoperont vers nous ces forêts odorantes, toutes emplies de cèpes et de fougères, et les fumerolles des petits matins sur les labours – mais non, je plaisante, je sais bien que vous qui me lisez vivez le plus souvent en ville : alors ce seront les appels odorants du petit noir au café du coin, et, bientôt, ceux du marchand de marrons chauds…

Fermez les yeux, gonflez vos poumons, imaginez-vous déjà à l’orée de Noël 2022… Il y aura l’acidulé des mandarines, le tendre des cannelles, les couchants mordorés aussi sublimes qu’un pain d’épices gonflé de saveurs, et puis peut-être cette première neige aux flocons irisés, aussi pure qu’un souffle de nouveau-né…

Oui, l’an neuf sera magnifique. Nous saurons à nouveau inspirer et expirer, et respirer les parfums de vie, et nous aimer.

Et au travers de notre terre si fabuleuse ces millions de parfums, de fragrances, de senteurs, d’odeurs se croiseront en mille méridiens fraternels, depuis les bortchs capiteux aux délicates fleurs de sakura, en passant par les orangeraies californiennes et par les effluves de tiaré…

Que 2022 nous rende notre droit à la respiration, fondamental, aussi impérieux que nos libertés.

We can breath. We will breath. Peace on earth!

Peut être une image de fruit et nature

https://sabineaussenac.blog/tag/bonne-annee/

Rose Ausländer, une grande voix juive de la Bucovine #poésie #essai #judäisme #Shoah

J’ai la grande joie de vous annoncer que mon essai sur Rose Ausländer, « Rose Ausländer, l’autre grande voix juive de la Bucovine », paraîtra courant 2022 dans une superbe collection de la très belle maison d’édition Le Bord de l’Eau

Lire Rose, c’est tout d’abord être aveuglé par l’empreinte de ce linceul lancinant de la Shoah, décryptant dans cet ossuaire testimonial l’itinéraire cette exilée, de la Bucovine à NY jusqu’à l’Allemagne qui deviendra paradoxalement sa terre d’accueil. Cependant, au fil de la découverte plus pointue de l’œuvre abondante de cette poétesse atypique, au gré de l’hétérogénéité de cette langue éclatée et polymorphe, allant de la célébration rilkéénne des débuts à l’indicible pneuma caractérisant les dernières productions poétiques, on en vient à comprendre le silence ausländerien, cette légèreté de l’essence poétique d’une survivante chantant encore le lilas de l’enfance malgré « le lait noir de la mémoire ».

C’est justement cet équilibre entre l’être et le néant, cette force résiliente qui sous-tend toute l’œuvre de la « poétesse de Düsseldorf », voix majeure de la littérature allemande : « Ecrire, c’était vivre. C’était survivre. »

https://www.editionsbdl.com/

« Inventer

un

poème

signifie

être mis au monde

et courageusement chanter

d’une naissance à l’autre »

Quant à mon roman sur Rose, il est toujours en cours d’écriture…

https://avecmavalisedesoieroseauslander.home.blog/