Trois #prix littéraires en deux semaines! #littérature #concours #revues #poésie #Rilke

Belle moisson de succès ces derniers temps pour mes créations! Petit à petit, l’oiselle fait son nid et se sent chanceuse de cette reconnaissance par ses pairs!

Merci tout d’abord à l’ami Pierre Perrin qui, en juin dernier, a eu la gentillesse d’accueillir ma plume dans sa magnifique revue Possibles! Quel bonheur que de figurer dans le numéro 36 de cette très belle parution, aux côtés de grands noms dont vous trouverez la liste dans le sommaire!

http://possibles3.free.fr/num36.php

Pierre Perrin est non seulement éditeur, mais aussi un merveilleux poète doublé d’un romancier, qui a aussi ajouté à ses cordes une activité de critique littéraire. Il avait été lauréat en 1996 du prix Kowalski pour un recueil intitulé La vie crépusculaire. J’ai la chance de le compter parmi mes « amis Facebook » et il nous régale régulièrement de sa plume douce et très juste.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Perrin_(%C3%A9crivain)

La revue Possibles, crée en 1975, rassemble ainsi au gré de ses numéros poésie et prose, fragments, textes courts, réflexions, et permet aussi souvent de retrouver un hommage particulier à une autrice ou à un auteur. Je vous invite à découvrir les cheminements de ces amoureux de notre langue française que Pierre sait si judicieusement faire cohabiter.

La rentrée de septembre apporta son lot d’allégresses avec la mise en ligne de la formidable émission de France Culture concoctée par Julien Thèves, qui est d’ailleurs un confrère en écriture, consacrée à Paula Modersohn-Becker: j’ai eu la chance de participer à l’émission et d’y côtoyer non seulement mes amis curateurs de Brême et de Worpswede, mais les magnifiques autrices que sont Maïa Brami et Marie Darrieussecq, ainsi que la peintre Maude Maris. Nous avons essayé de brosser un portrait à la hauteur de « notre Paula », si fantastique, dont une œuvre vient justement d’être vendue aux enchères pour plusieurs millions d’euros! Quelle belle reconnaissance !

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/paula-modersohn-becker-1876-1907-la-peinture-absolument-9049725

https://www.artmajeur.com/fr/magazine/2-actualites-artistiques/quand-l-art-degenere-triomphe-l-autoportrait-de-paula-modersohn-becker-pulverise-son-record-aux-encheres/340057

Un honneur ne venant, à l’instar du bonheur, jamais seul, j’ai eu la joie de recevoir dernièrement le premier prix de la section « anacréontique » des superbes Joutes poétiques de la société des Rosati d’Arras! Ces joutes sont la version « nordique » de nos Jeux Floraux toulousains, et je vous laisse imaginer ma joie d’y avoir été distinguée.

De Toulouse vers cette perle du Nord le chemin est bien long, et, si je n’ai pas eu le loisir de me rendre à la remise des prix, j’ai pu recevoir la lecture de mon texte en vidéo, que je vous partage ici:

Lecture de mon texte par Madame Francine Grosdenis

Tu es devenu le soleil à la Meuse

Tu es devenu le soleil à ma Meuse

Il fera doux ce jour comme un printemps lilas

Ma jupe sera courte et mon panty de soie

Je ne sais plus vivre sans me dire amoureuse

Tu es devenu le soleil à ma Meuse

Toi mon Rimbaud brûlant mon astre imaginé

Nos textos échangés font de moi Sévigné

Tant de lettres à l’amant tant de tendres murmures

Je ne veux plus parler ouvre la fermeture

Laissons glisser les soies déchire ce corset

Prends moi là nue offerte envahie de baisers

Je veux déshabiller ton corps d’éphèbe aimant

Ne plus craindre les doutes habiter dans l’instant

Tu auras un regard comme brasier heureux

Tes mains seront tisons embrasés dans le feu

Ton souffle inachevé enfin sera tempête

Sur mes seins délivrés tu glisseras ta tête

Nous serons symphonie toccata et arpèges

Mes soupirs voleront comme flocons de neige

Tes émerveillements ta douceur tes morsures

Mes encorbellements le bonheur qui rassure

Nos mots nous le disaient nos corps le prouveront

Tu remontes à ma source au Mont Gerbier de Jonc

Je t’amène bateau ivre en voyage immobile

Cette étreinte attendue aura couleur des îles.

La société des Rosati est donc une société littéraire d’Arras, fondée le 12 juin 1778. Elle est célèbre pour avoir compté Lazare Carnot et Maximilien de Robespierre ainsi que Maurice Fombeure parmi ses membres, et surtout très reconnue pour sa participation active à la vie culturelle et artistique de la région.

On est admis dans la société par cooptation, en étant présenté par une marraine ou un parrain. Dans un souci de perpétuer la philosophie du « Gay savoir » et de préserver la cohésion du groupe, l’admission se fait à l’unanimité.

Les Rosati du XXIè siècle continuent de respecter le rite de réception créé en 1787. La première fois, trois jeunes filles présentèrent au public une rose, une coupe de vin rosé et donnèrent un baiser fraternel. Aujourd’hui, ce sont de jeunes ballerines portées par l’hymne des Rosati, écrit par Marcel Legay, « Écoute ô mon cœur », qui évoluent sur la scène lors du gala de remise des prix. Je vous livre ici le livret de l’édition 2026:

Un autre de mes textes a retenu l’attention d’un jury lors du premier concours de poésie de la ville de Gruissan!

Cette première édition a été inaugurée avec brio par un florilège de créations superbes et par une très jolie brochure dans laquelle une citation de Paul Celan, si cher à mon coeur puisque compatriote de Rose Ausländer, côtoie les mots des organisateurs: « Je ne fais pas de différence entre un poème et une poignée de main. »

C’est bien ce sentiment de fraternité littéraire qui a porté les esprits et les âmes autour des éblouissantes lumières de la Méditerranée, grâce à l’association Les Voix de l’Orgue et à la municipalité de Gruissan dont le maire, Didier Codorniou, écrit: « La poésie est un souffle qui réunit. » Nos textes seront de plus mis en musique, ce qui représente toujours une belle synesthésie artistique…

https://www.delphe-arts-philo.org/

Lien vers le site de la municipalité de Gruissan:

Enfin, il faudra patienter quelques mois avant que je ne vous révèle mon classement à un superbe concours de nouvelles dont je sais d’ores et déjà que je suis lauréate. Rendez-vous au printemps pour l’annonce définitive du palmarès et pour la lecture de ma nouvelle…

Je l’avoue: j’aime ce petit frisson des concours littéraires, cette idée de se colleter avec d’autres esprits autour d’un thème ou d’une région… Oh, bien sûr, ce n’est pas le Goncourt, et je suis bien souvent évincée ou seulement second couteau, mais ce petit aiguillon de l’émulation nous pousse à nous dépasser! Et puis ça me rappelle sans doute l’agrégation à laquelle je me suis inscrite (sans la travailler vraiment…) tant de fois! Car je n’aimais rien tant que ces sept heures d’écriture autour d’un sujet donné lors des épreuves de dissertation, avec cette pression temporelle et cette obligation de rendre une copie parfaite! (On notera que le jour où j’ai compris qu’en fait, ce que je désirais, c’était avant tout écrire – et, au passage, être lue! -, j’ai à la fois réussi le concours et commencé mon cheminement d’autrice…)

Et c’est aussi très porteur que de n’être pas simplement seul dans cet acte de création, mais, au bout du compte, souvent associé.e à d’autres talents dans les revues et brochures où l’on peut découvrir les textes lauréats… C’est pourquoi je continue à jouer le jeu des concours d’écriture! Ce n’est pas tant la récompense qui compte que le fait d’oser participer, même si l’on n’arrive pas sur le podium des lauréats…

Vous pouvez retrouver mes textes sur de nombreux supports, comme dans les magnifiques recueils de nouvelles du Prix de la Nouvelle George Sand, concours dans lequel mes textes ont été régulièrement distingués et auquel je participer quasi religieusement! Mes nouvelles « L’enfant des Matelles », « Puella sum » ou « Les mains de Baptistin » (les deux derniers textes sont aussi à retrouver sur ce blog…) y figurent, par exemple…

https://www.concours-georgesand.fr/publication.html

https://www.concours-georgesand.fr/publication/7/-ricochets-

https://la-nouvelle-george-sand.jimdosite.com/actualites/

Mon texte « Le rossignol et la burqa » se trouve dans l’un des recueils publiés par L’Encrier Renversé de Castres, et il en va de même pour certains de mes poèmes à retrouver en revues…

https://www.ladepeche.fr/article/2012/03/05/1297774-un-joli-cru-pour-l-encrier-renverse.html

Pour retrouver tous les prix que j’ai eu le bonheur de remporter:

https://www.sabineaussenac.com/cv/portfolios/cv-litteraire-2024-25

Je profite de ce petit résumé littéraire pour vous annoncer la prochaine parution de ce qui constituera j’espère un magnifique ouvrage autour du Tarn et de mes racines paysannes paternelles, un opus mêlant poésies dédiées aux personnalités et aux lieux emblématiques de ce beau département et proses racontant la vie de mes ancêtres, gens de peu, paysans, journaliers de la vallée de l’Agoût, jusqu’au début du dix-neuvième siècle. Ce livre paraîtra en 2026 dans une superbe maison d’édition, en français…et en occitan, puisque je traduis mes textes dans la « lenga nostra » à laquelle je suis très attachée! Plus d’infos très prochainement!

J’aimerais en ce 4 décembre conclure ces miscellanées littéraires par un hommage à mon cher Rainer Maria Rilke, né le 4 décembre 1875 dans la merveilleuse ville de Prague et dont nous commémorerons en 2026 le centenaire de la mort (il s’est éteint le 29 décembre 1926 à Montreux.)

Photo du poète devant le musée du Barkenhoff à Worpswede, Basse-Saxe

Vous savez, si vous me lisez, que je travaille assidument à ma thèse de doctorat en recherche-création autour de la colonie d’artistes de Worpswede et de trois de ses créatrices, Paula Modersohn-Becker, Martha Vogeler et… Clara Westhoff-Rilke, qui fut l’épouse du poète! Ce dernier consacra d’ailleurs une célèbre monographie aux artistes de Worpswede et à ce lieu envoûtant; en juillet, lors de mon séjour Erasmus d’un mois (je suis partie, invitée par l’association des musées de Worpswede, interviewer des artistes et des responsables curatoriaux, et ces entretiens, dont certains sont en ligne, feront aussi partie intégrante de la pièce de théâtre qui sera présentée lors de ma soutenance…) j’ai été très émue de tenir entre mes mains un des premiers exemplaires de ce texte, lors de ma visite à la Fondation Paula Modersohn-Becker.

https://www.pmb-stiftung.de/

Si Clara Westhoff et Rainer Maria Rilke ne vécurent ensemble que très peu de temps et que bien d’autres femmes occupèrent le cœur du poète, ils ne divorcèrent pas et conservèrent un lien affectif et intellectuel majeur. Clara s’éloigna d’ailleurs à peine de Worpswede et partit s’installer avec leur fille Ruth à Fischerhude, un autre village de Basse-Saxe. Sa maison, devenu un café, se nomme toujours « Das Rilke-Haus »…

http://www.cafe-im-rilke-haus.de/

Et dans cette dénomination aussi on peut percevoir l’invisibilisation de la sculptrice, dont la présence en ce lieu est éclipsée par la renommée de son auguste époux – cette thématique fait partie des fils conducteurs de ma thèse…

Clara Westhoff-Rilke et Rainer Maria Rilke

Cependant, en ce jour d’anniversaire, l’heure n’est pas à la polémique mais à l’hommage!

Un dieu le peut… 

Un dieu le peut. Mais comment, dis,
l’homme le suivrait-il sur son étroite lyre ?
Son esprit se bifurque. Au carrefour de deux
Chemins du cœur il n’est nul temple d’Apollon.

Le chant que tu enseignes n’est point désir :
ni un espoir, enfin comblé, de prétendant.
Chanter c’est être. C’est au dieu facile.
Mais quand sommes-nous ? Et quand

met-il en nous la terre et les étoiles ?
Non, ce n’est rien d’aimer, jeune homme, même si
ta voix force ta bouche, — mais apprends

à oublier le sursaut de ton cri. Il passe.
Chanter vraiment, ah ! c’est un autre souffle.
Un souffle autour de rien. Un vol en Dieu. Un vent.

Cité dans

https://www.eternels-eclairs.fr/poemes-rilke.php

J’en profite pour mettre le lien vers une création digitale autour de Rilke présentée il y a quelques mois lors d’une journée d’études, dont le texte figurera bientôt dans une grande revue universitaire; en cliquant sur ma chaîne, vous retrouverez les vidéos autour de Worpswede déjà mises en ligne.

Je me permets enfin de reposter ce texte de 2011, avec sa splendide mise en mots par mon amie Corinne… Je ne suis ni Rilke ni détentrice d’un « grand » prix littéraire, mais j’ai commis cette brève réécriture des célèbres « Lettres à un jeune poète »:

Chère jeune poétesse!

Vous me demandez si vos poèmes méritent d’être nommés poèmes. Vous me demandez si vous êtes une poétesse.

Que vous répondre, chère jeune poétesse, que vous répondre, si ce n’est que la nuit vous sera vie.

La nuit, lorsque soufflera l’Autan et que Garonne gémira comme femme en gésine, vous le saurez.

La nuit, lorsque seul le rossignol entendra vos soupirs, vous le vivrez.

Vous vivrez ces instants où le mot se fait Homme, où quand d’un corps malade jaillit cette étincelle que d’aucuns nomment Verbe, quand certains la dédaignent; les étoiles apparaissent, et des mondes s’éteignent.

Vous me demandez, jeune amie, si vous êtes faite pour ce métier d’écrivain.

Mais écrire, belle enfant, ce n’est point un métier, ce n’est pas un ouvrage.

Poésie et argent ne font pas bon ménage, poésie est jalouse, et le temps est outrage.
Vous verrez le soleil dédaigner vos journées, et les ors, les fracas, les soirées et les fêtes, bien des autres y riront, se payant votre tête.

Seule au monde et amère, comme un fauve en cavale, vous lirez, vous irez, sachant mers et campagnes, portant haut vos seins doux, vos enfants en Cocagne. Loin de vous les amours, parfois quelque champagne.

Mais les mots, jeune amie, les mots, ils seront vôtres.

Vous les malaxerez comme on fait du pain frais, vous les disposerez en lilas et bouquets, vous en ferez des notes, des sonates, des coffrets.

Et quand au jour dernier vous serez affaiblie, vos mains seules en errance, votre bouche enfiévrée, on vous murmurera qu’on vous a tant aimée.

Mais il sera trop tard: vos vers auront fugué.

Alors soudain des peuples chanteront vos ramages, on vous récitera, des statues souriront; un écolier ému relira quelque page. Et un soir, quelque part, au fin fond d’un village, ou dans un bidonville, enfumé et bruyant, une jeune fille timide osera les écrire, ses premiers vers d’enfant, vous prenant en modèle.

Alors ma jeune amie, ce jour-là, doucement, comme en ronde éternelle:

vous serez poétesse.

Vous trouverez peut-être que cet article part dans tous les sens… Mais je n’ai jamais su choisir entre mes deux pays, entre toutes mes passions, et « il me faudrait mille ans » pour écrire tout ce dont j’ai envie de parler, comme le raconte ce texte ou ces méli-mélo de poèmes…

https://www.poesie-sabine-aussenac.com/

Et si vous aussi, vous tentiez votre chance en écriture??

** Lien vers un site répertoriant tous les concours de nouvelles:

** Lien vers un site collectant les concours de poésie, et autre lien vers nos chers Jeux Floraux toulousains!

http://www.poetika17.com/concourspoesie.html

Une rencontre entre autrices d’#Occitanie #8mars #Toulouse

Quelle belle idée que de réunir des autrices autour de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et de la culture occitane! Pas peu fière d’y avoir été conviée! L’événement, organisé à l’initiative de la dynamique Martine Boudet, de Convergéncia Occitana et de La Tuta d’Òc, sera riche en émotions.

Nous nous rencontrerons dans l’enceinte du magnifique Ostal d’Occitanie, le 8 mars, de 16 à 19 heures, pour échanger au gré de lectures et d’interventions. Il y aura la possibilité d’acheter nos ouvrages, et je me ferai une joie de dédicacer mes Mémoires d’Autan et mon essai sur Rose Ausländer.

Quelle joie que d’être associée à ces sœurs en écriture… Notre région foisonne de talentueuses plumes féminines qui, au gré des siècles, ont laissé leurs empreintes au gré de leurs engagements littéraires! Des Trobairitz et de Clémence Isaure à nos jours, en passant par Eugénie de Guerin, Sabine Sicaud ou Louisa Paulin, la poésie féminine a toujours résonné en nos belles contrées méridionales. Et les romancières, essayistes, dramaturges et chercheuses ne sont pas en reste, comme la rencontre de samedi nous le prouvera.

Il est si important de continuer à nous mobiliser, femmes et hommes de bonne volonté, ENSEMBLE, pour les droits des femmes et contre les inégalités de genre! Dans tous les pays du monde, ces droits, quand ils ne sont pas carrément foulés aux pieds, demeurent fragiles et à reconquérir chaque jour… Nous, autrices d’Occitanie, souhaitons porter haut et fort nos voix plurielles pour que dans les domaines de la littérature, de l’édition, de la recherche, nous puissions les faire entendre.

Que de combats à mener, entre les violences faites aux femmes qui ne diminuent pas, loin de là, les féminicides, le plafond de verre, la charge mentale, les inégalités salariales, les inégalités face à la prise en charge de notre santé, le droit des femmes à disposer de leur corps… Et je pense aussi très fort aux femmes iraniennes vilipendées et assassinées pour le non port du voile, aux femmes afghanes qui ne disposent même plus du droit à la lumière puisque le gouvernement a décidé de murer leurs maisons, aux femmes ukrainiennes en proie à la guerre, aux femmes palestiniennes qui ont tant souffert des bombardements et aux femmes juives assassinées ou prises en otages le 7 octobre…

Le chemin sera long, il est urgent de l’emprunter pour faire bouger les lignes!

Venez en nombre! Ce sera un beau moment non seulement entre autrices d’Occitanie, mais entre gens de cœur, et on y parlera de condition féminine, d’égalité et de vie culturelle et sociale occitane! Chantal ARMAGNAC, Martine BOUDET, Cecila CHAPDUELH, Anne-Pierre DARRÉES, Béatrice DILLIES, Élodie LOUSTAU et Fabienne VAYRETTE vous attendent!

Voici les informations autour de l’événement.

Je vous incite à parcourir l’annonce de la rencontre en cliquant ci dessous sur le lien – si vous le consultez depuis un ordinateur il y a une jolie animation dynamique, et depuis le smartphone il faut descendre après l’annonce bilingue pour trouver les autrices) en suivant le lien ci-dessous et à découvrir les liens des différentes autrices. Le second lien vous dirigera aussi sur l’Ostal.

  • 08/03
  • 16h
  • Ostal d’Occitania
  • 11 rue Malcousinat (Tolosa)
  • Gratuit
  • Organizacion : Convergéncia Occitana, Martine Boudet, La Tuta d’Òc

Pastorada del cèl

La poësia
es lutz e dança,
palomba dins la nuèit,
revolum del cant de las fuehlas,
terra nòstra e vin d’alegrança,
sosc inatengible dins la votz d’amor.

La poësia
es crit de revòlta que canta
come los ausels,
ama de fuòc sacrat,
breçairòlas del lop e croisada de la colomba,
raives de las montanhetas,
luna e esteletas : pastorada del cèl.

La poësia
es lo silenci de fum,
la Menina e l’ostal, sorga e fòrça,
alas blancas, e aigueta que camina sus
mon còr.
***

La pastorale du ciel

La poésie
c’est la lumière et la danse,
palombe dans la nuit,
tourbillon du chant des feuilles,
notre terre et vin d’allégresse,
songe inaccessible dans la voix d’amour.

La poésie
c’est un cri de révolte qui chante
comme les oiseaux,
âme du feu sacré,
berceuses du loup et croisade de la colombe,
rêves de petites montagnes,
lune et étoiles: la pastorale du ciel.

La poésie
c’est le silence de la brume,
la grand-mère et la maison, source et force,
ailes blanches, et eau vive qui chemine sur
mon cœur.

Je reproduis directement le texte bilingue ici:

 » Convergéncia Occitana & La Tuta d’Òc vous invitent à une rencontre culturelle et littéraire pour la promotion des femmes d’Occitanie, à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes le 8 mars 2025.
Huit autrices (Chantal Armagnac, Sabine Aussenat, Martine Boudet, Cecila Chapduelh, Anne-Pierre Darrées, Béatrice Dilliès, Élodie Lousteau, Fabienne Vayrette) seront présentes pour vous présenter leurs ouvrages, lire des poèmes et des extraits d’œuvres, interpréter des chants, … Les échanges continueront avec un débat sue l’histoire et l’actualité de la condition féminine en Occitanie et une séance de dédicaces et d’entretien radiophoniques, le tout avec l’animation de Florence Ginisty, membre de Convergéncia Occitana.

Évènement porté par Martine Boudet, avec l’aide des associations Convergéncia Occitana & IEO 31 / La Tuta d’Òc

**

Convergéncia Occitana & La Tuta d’Òc vos convidan a un rencontre cultural e literari per la promocion de las femnas d’Occitania, a l’escasença de la jornada internacionala de lucha pels drechs de las femnas lo 8 de març de 2025.
8 autoras (Chantal Armagnac, Sabine Aussenat, Martine Boudet, Cecila Chapduelh, Anne-Pierre Darrées, Béatrice Dilliès, Élodie Lousteau, Fabienne Vayrette) seràn presentas per vos presentar lors obratges, legir de poèmas e d’extraches de libres, interpretar de cants, … Los escambis contunharàn amb un debat sus l’istòria e l’actualitat de la condicion femenina en Occitania e una sesilha de dedicaças e d’entretens radiofonics, lo tot amb l’animacion de Florence Ginisty, sòcia de Convergéncia Occitana.

Eveniment portat per Martina Boudet, amb l’ajuda de las associacions Convergéncia Occitana & IEO 31 / La Tuta d’Òc

Informacions practicas :
Aperitiu dinatòri pagant sus plaça (sus reservacion, restaurant A Taula) »

Toulouse l’Andalouse #canicule en #poésie #été #Occitanie

(Sonnet caniculaire…)

Toulouse l’Andalouse

**

Un éclat de mica qui brille sur Garonne,

Les eaux comme orphelines ont grand soif de glaciers.

Brique en feu hébétée de la folie des hommes,

En miroir des fournaises où les tuiles mariées

**

À lumière aveuglante semblent ciel asséché.

Saint-Sernin carillonne, son appel tel un glas…

Le Capitole brûle, grand oiseau affolé,

En Jacobins déserts le palmier parle bas.

**

Toulouse l’Andalouse n’en peut plus de l’été,

Elle suffoque elle gémit elle quémande pitié !

Au Canal les platanes perdent déjà couronne…

**

Rendez-nous l’allégresse de nos enfances enfuies,

Menthe à l’eau et piscine, les grillons dans nos nuits…

Nous devons solidaires stopper folies des hommes !

**

(Haiku)

**

ville rose a chaud

Dame Garonne meurt de soif

Capitole étouffe

(Poésie contemporaine)

Coudre mémoires des soleils

**

Épure des soifs

été obsolescent

**

Au Capitole en irradiance

coudre mémoires des

soleils d’antan

**

Ombre absente

joue à colin-maillard

**

Terre insulaire de

Garonne au lit défait :

Toulouse Andalouse

assassinée

(Prose)

Je voudrais qu’on me rendre l’été

D’aussi loin que je me souvienne, à Toulouse, en été, il fait chaud ! Mille rayons de soleils fous habitent ma mémoire…
« Mais quel cagnard!/ Punaise, ça tape!/ Mets ta casquette, pitchoun, tu vas te prendre une insolation!/ … »

Oui, dans le Sud-Ouest, en été, il fait chaud ! J’ai grandi à Albi, et porte encore en moi le souvenir de cet été 76 où, rentrant d’un séjour en outre-Rhin, nous fûmes horrifiés par la pelouse jaunie et par les dahlias racornis… En été, disait ma grand-mère paternelle, on se tient à l’ombre. Me reviennent non seulement ces sensations de touffeur absolue en mettant le nez dehors au zénith, mais aussi cette agréable fraîcheur des cours des vieilles maisons, de cette ombre bienfaisante entre un catalpa et des hortensias au bleu intense… Une ou deux chaises de jardin un peu écaillées, les graviers qui crissent, odeurs de mousses, presque sylvestres : malgré les fortes chaleurs, se sentir bien, apaisé…

Avant d’arriver à notre maison de campagne, nous nous arrêtions parfois au café du village voisin. Parfum unique de cette grenadine ou de la menthe de l’enfance, vacarme des chutes de la rivière proche, canopée immense des tilleuls… Même aux heures chaudes du midi, on pouvait rester dehors, à l’abri des tonnelles… D’ailleurs, nos mères cuisinaient, des ratatouilles qui mijotaient longuement, et nos pères attisaient les braises du barbecue, en ces temps où l’on ne se pâmait pas encore devant des soupes froides et du tofu…

Oui, il faisait chaud ! Mais pas trop pour passer des heures entières le long du ruisseau qui demeurait glacé, à y bâtir moulins et barrages, les jambes bardées de nos méduses transparentes ; pas trop pour aller en expédition familiale à la rivière, pour s’y baigner malgré les anguilles et les vasières, pour y pêcher le goujon ; pas trop pour aller cueillir des bassines entières de mures, ou de prunes, ou d’abricots, dont nos mères faisaient, malgré la chaleur, de goûteuses confitures ; pas trop pour lire, allongés sur des lits de camp de camping, avant de disputer d’interminables parties de Monopoly ou de faire tourner Jean Ferrat sur l’électrophone.

Plus tard, ayant troqué le Tarn pour « ma ville », Toulouse, dans mon premier appartement du quartier des Chalets, l’astre était en contact direct avec notre vie de jeunes mariés, en ces années quatre-vingt où même les ventilateurs semblaient objet exotique, que l’on rencontrait dans des films dépeignant de poisseuses chaleurs amazoniennes… Depuis les trois vasistas, la lumière aveuglante faisait de nos aubes, déjà, des fournaises… Nous vivions à l’espagnole, dînant tard, puis sortant arpenter la place Saint-Sernin ou marcher vers Garonne, nous enivrant d’hirondelles.

Les étés d’Occitanie ont toujours été baignés de cette indicible lumière, aussi éclatante que celle que Cézanne peint sur Sainte-Victoire, aussi irradiante que les ors toscans… Toulouse l’Andalouse adorait ses étés de plomb, sa brique accueillant cette chaleur estivale en osmose parfaite. Car les nuits permettaient de reprendre son souffle, et puis on savait « tenir le frais » en fermant les persiennes et les volets. Rouge fier des tuiles et des briques rouges du Midi chères à Claude, bleu perçant d’un ciel infini qui promettait la Gascogne ou la mer, Toulouse chavirait de chaleur mais ne pliait pas.

Mais ça, c’était avant. Car notre belle ville rose, à présent, suffoque littéralement, accablée par un soleil torride. Bien sûr, la région a pour le moment été épargnée par les terribles feux dévastateurs qui embrasent la Gironde et la Bretagne, Toulouse a simplement très chaud. Mais cette chaleur est anormale, terrible, suffocante. Les organismes sont épuisés par les vagues successives de ce que l’on nomme à présent canicule…

Et comme il est paradoxal de vivre dans l’obscurité, de se terrer dans les pénombres où halètent poussivement les ventilateurs, de se cloîtrer dans nos intérieurs étouffants alors qu’au-dehors explose la lumière estivale ! Cette nuit permanente me donne l’impression de vivre aux alentours du cercle polaire, dans quelque contrée où seules les aurores boréales éclairent encore les cieux gelés… J’ai soif de vie, d’eaux étincelantes en rivières chantantes, de reflets sur les vagues, d’iridescences dans les sous-bois, quand le soleil darde à travers des futaies pour éclairer les fougères, j’ai faim de ces petits matins doux quand on va à la fraîche chercher le pain et les croissants, de ces après-midis où, alanguis, les vacanciers se balancent dans un hamac, bercés par les stridulations des cigales, les yeux éblouis de beautés.

Je voudrais qu’on me rende l’été.

A l’abric de la cançon de junh #poésie #occitan #Occitanie #juin #littérature #JeuxFloraux #printemps #déconfinement

A l’abric de la cançon de junh

Al bòrd del cèl,
a l’abric de la cançon de junh,
la meuna anma canta coma los ausèls
e dança la ròda dins l’ombrum.

Aquel camin, que nos fa tornar a la sorga,
non es que cant d’amor,
fresinament d’alas e patz eternala,
ostalada e baudor.

(en occitan, ma langue d’oc…)

À l’abri de la chanson de juin

Au bord du ciel,
à l’abri de la chanson de juin,
mon âme chante comme les oiseaux
et danse la ronde dans l’ombre.

Ce chemin, qui nous fait revenir à la source,
n’est que chant d’amour,
frémissement d’ailes et paix éternelle,
maisonnée et allégresse.

Ce texte fait partie des « Mémoires d’Autan », ouvrage ayant reçu le Prix Camille Pujol lors des Jeux Floraux toulousains de 2020.

http://jeuxfloraux.fr/15.html

« * Une médaille d’Académie égalementà Mme Sabine Aussenac, de Toulouse,  pour son poème « Et les pivoines »

  * Le Prix Camille-Pujol à Mme Sabine Aussenac, de Toulouse, pour son ouvrage Mémoire d’Autan. »

https://www.thebookedition.com/fr/memoires-d-autan-p-371712.html

Mes Mémoires d’Autan sont des miscellanées poétiques entremêlées de réflexions autour de l’être-soi d’un Sud-Ouest baigné par l’Atlantique et Mare nostrum, illuminé par nos campagnes gorgées de tournesols, et bien sûr surtout, pour moi, toulousain et tarnais ; alternances de nouvelles, d’essais et de poèmes en ancrage de cette terre d’Oc qui m’est chère, ces textes vivent au gré des méandres de Garonne et de l’Histoire ancienne ou contemporaine de la Ville Rose et du Grand-Sud…

(Re) naissances-s

(Re) naissances-s

 

Parfois, on se sent un peu infantilisé par cette « grosse mamelle tiède de l’éducation nationale » – citation que je dois à Denis Fontaine, professeur d’art plastique et artiste-, et on a envie de dépasser un peu ce monde qui est souvent le seul que l’on a connu, d’un statut d’élève à celui de professeur, après le bref passage à la case étudiante…

C’est aussi en ce sens que j’ai commencé à écrire, un soir d’avril 2008, le 30, plus précisément, en trébuchant sur les mots d’un poète amazigh sur un site de partage de poésie :

http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=52568&forum=18

«  23/4/2008 De: Tafraout Maroc

Poésie,poète et lecteur( dédié à Abdeslam Nassef )

Dédié à Abdeslam Nassef

Il y a poésie et poésie. Tout ce qui s’écrit et qui prétend être poésie ; n’est pas du tout poésie. La poésie est un besoin quotidien comme l’air ; c’est le pain spirituel du poète. Le poète écrit tout d’abord pour son plaisir. Tout poète qui écrit a une intention et il n’existe pas de création neutre ou d’écriture blanche et innocente. Le poète ne peut pas plaire à tout le monde. Le poète est un vieil enfant qui s’arme de mots pour casser le nez à ses aînés. Le poète est un révolté contre l’ordre établi. Le poète est engagé pour des causes sociales ou politiques. Le poète peut être mystique ou profane, romantique ou réaliste, surréaliste ou symboliste, imprécateur ou lèche-bottes, enfant chéri sous la tutelle paternelle politique et sociale ou enfant espiègle trouble-fête. Le poète peut être inclassable, hermétique, simpliste, fade, meneur de foules ou tout simplement prophétique. Le poète peut être nul ou talentueux. Le poète est toujours un être humain qui ne pourrait aucunement traiter des thématiques inconnues à ses semblables. Le poète doit être conscient de sa sensibilité, de sa motricité, de sa vocation, de sa signature, de ses limites, du respect de ses lecteurs et du devenir de sa création.

Au café au sein de la cacophonie, je me fraie mon destin de poète. Tel un prédateur, je guette les mots (la langue est un gibier rare et très prisé) au lieu de prêter oreille fine à la médiocrité lot des mentalités restreintes ; je leur tends mes pièges ; je veille à ce que l’appât soit attrayant et le piège bien camouflé et quand le mots mord dans l’appât ,il est sans faille pris dans le piège tendu de mains expertes. (…)

Le poème une fois composé et à la portée du lecteur ; c’est son destin d’être lu et commenté, apprécié ou déprécié par le lectorat. Les jugements catégoriques, les lacunes de lecture à la va-vite, l’acharnement à toujours vouloir coûte que coûte émettre un commentaire de la part du lecteur pourrait nuire au poème et au poète. C’est une passion que de lire un poème; c’est tout un plaisir et un art de que lire un poème. Si le lecteur au lieu d’émettre aveuglément et avec une ignorance évidente des commentaires blessants ou dénigrants, mieux vaudrait ne rien dire. Si le lecteur ignore comment apprécier un poème, ce n’est pas la faute à l’auteur ni à personne de même. La compréhension exige l’attention et l’intérêt. Le poète a son monde intérieur qu’il dévoile à peine car tellement jaloux de cette magie-là qu’il possède. Le poème est comme un enfant dont le poète a peur qu’il soit maltraité par le lecteur. Le poème qui mérite la survie survivra malgré tout. Le poète qui est reconnu l’est car il est véridiquement poète ; le vrai poète méconnu et mal compris sera ultérieurement reconnu. La beauté, la bonté, la sagesse, la générosité demeurent des vertus qui ne meurent.

Amitiés

Farid . »

  30/4/2008 23:21
Plume d’or

Inscrit le: 30/4/2008

De: Neiges sud sapins lumières

Envois: 1148

Re: Poésie,poète et lecteur( dédié à Abdeslam Nassef )

Farid,

Au détour d’une douce et solitaire soirée en terre gasconne, j’ai trébuché sur ce site et me suis pris l’âme dans vos mots, d’une infinie sagesse, d’un beau réconfort.
Merci pour ce message d’outre-mare nostrum, aussi précis qu’un mirage qui se profile au détour d’une dune, muvant et ferme, défintivement vrai.

Je vous offre « ma »poétesse ce soir, celle à qui j’ai dédié un petit travail universitaire, « Rose Ausländer, une poétesse juive en sursis d’espérance ».
Puisse ses mots venir vous trouvez, sinon, je vous la traduirai.

Salam,
Sabine.

Oh, bien sûr, j’avais déjà balbutié quelques textes auparavant, rédigé mon mémoire de DEA sur la poésie de Rose Ausländer en 2005, et puis surtout commis année après année d’indigestes dissertations d’agreg au fil de mes tentatives de passages de concours -concours que je travaillais pas, d’ailleurs souvent, je ne lisais même pas les œuvres…Mon texte sur notre maison de campagne, « Les Rochers du Moulin du Roy », avait été publié dans la Revue du Tarn ; j’avais ébauché quelques textes pour un concours de nouvelles de… Marie-Claire !

Et un jour, étrangement, d’un seul coup d’un seul, le 30 avril, j’ai compris qu’il était temps de renouer avec le vœu pieux formulé dès l’âge de huit ans, quand j’avais écrit dans une rédaction que je voulais écrire, comme Andersen. C’est vraiment grâce à ce petit électrochoc de la rencontre littéraire, sur les pages d’expression de ce site, que je me suis soudain souvenue de la dizaine de cahiers que mon amie Marie-Claude et moi-même noircissions, sur les bancs du lycée…La poésie…Celle que nous avions découverte dans les cours de notre cher Monsieur Crostes, que nous déclamions, cheveux au vent, sur les rives du lac de la Borde-Basse, dévorant Rimbaud, Baudelaire, Eluard…Avant de coucher nous-mêmes nos émotions sur ces petits mots échangés en cours de maths (« petit mot », explication à l’intention des jeunes lecteurs : SMS écrit sur un bout de papier et passé de la main à la main dans une salle…) et dans nos cahiers…

C’est ainsi que je m’inscrivis sur « Oasis ». Sur ce site, je devins Rosam, puis Scarlett, puis Louandrea. C’est là aussi que je découvris les « réseaux sociaux », peu de temps avant Facebook (« Delechat », un poète d’Oasis et peintre, alias le talentueux Tony Sossi, devint d’ailleurs mon premier « ami Facebook » !), les joies des discussions en ligne, au gré des amitiés avec des poètes de tous les pays…

http://www.artzoom.org/pdf/tonysossi_30.pdf

Car sur Oasis se retrouvent aussi de nombreux poètes du Maghreb. J’ai l’honneur de fréquenter depuis dix ans maintenant deux poètes marocains de grand talent, Farid et Mostafa, qui sont mes frères en littérature et en humanité. Même si nous ne nous sommes jamais rencontrés, j’ai un immense respect envers leur talent et nourris une réelle affection pour ces poètes ! J’ai d’ailleurs eu la joie de préfacer le dernier livre de Mostafa Houmir, dont les cartes postales ornent mon bureau…

https://www.youtube.com/watch?v=BPafOWjvMbk

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mohamed_Farid_Zalhoud

Si j’ai pris différents « pseudos » pour écrire sur Oasis, c’est que… j’ai parfois pris part à quelques discussions houleuses, et ai été « bannie »… J’en souris aujourd’hui, mais Oasis est une grande famille, et, comme dans toute famille qui se respecte, il y a parfois des pleurs et des grincements de dents… Quoiqu’il en soit, même si j’ai bien peu le temps de participer à ce forum aujourd’hui, en raison d’obligations diverses, et même si les textes qu’on y trouve ne sont pas toujours du niveau de « la Blanche » de Gallimard, la poésie y est VIVANTE. Et  à quelques encablures de la fin du Printemps des poètes et juste avant le Marché de la poésie, je voudrais insister sur cette parole poétique plurielle qui fleurit sur internet et qui est trop souvent oubliée et décriée.

Quelle désolation, en France, que ces querelles de clocher autour d’un art minoré de force, avec d’une part ces « concours de poésie «-vaches à lait des organisateurs qui parfois réclament des sommes folles et offrent ensuite trois poussières de livres et des « médailles », comme à des généraux-poètes-, et où l’on exige de surcroît souvent de la « poésie classique », et d’autre part les grandes maisons qui paradoxalement ne publient que l’épure de la modernité, loin de tout classicisme.
Car un bon poète est un poète « mort », ou alors un poète dont de rares mots, jetés sur page blanche comme neige fragile, nous interpellent faiblement, derniers mohicans d’un art compassé, qui se murmure en alcôves de mots, ou qui se beugle, lorsque les dits poètes se piquent de hurler leur modernité en festivals de rues, nouveaux baladins, faisant du poème un gueuloir…Et il est bien difficile d’oser se « dire poète » (mais je le fais…) si l’on n’est ni un chantre de la poésie moderne si « minimaliste » et surtout sans rires, sans vers (le vers, c’est péché…), souvent sans musicalité, ni un « bruissonnant » , s’époumonant au gré de scènes ouvertes dans d’étranges variations vocales…

Au milieu de ces assourdissants silences, circulant presque sous le manteau, se vendent les « revues », caviar intellectuel circulant parmi une élite d’initiés… Pour « en être », bien sûr, il faut se plier aux carcans de la modernité, car l’alexandrin en est banni, le sonnet chassé, et la rime exilée.

Mais tout autour, loin des places fortes -et souvent un peu élitistes, parisiennes, boboïsées…- que sont les manifestations publiques dédiées, se pressent donc ces milliers d’internautes poètes et/ou amoureux de la poésie, décriés par certains, car dépeints comme maladroits, et parfois méprisés, car traités ouvertement, sur d’autres forums ou dans des essais, d’incultes…Alors que leurs mots sont merveilles vives, cristaux de vérité, pépites parfois…

Car la poésie VIVANTE, c’est aussi la leur…Et je tenais ce soir à remercier l’équipe des créateurs et modérateurs de m’avoir accueillie en ce lieu qui m’a…donné des ailes…

http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/search_auteurs.php?uid=13361

29/6/2008 23:05

Curriculum vitae

Rhénane 

Pour les étés de mon enfance

Bercés par une Lorelei

Parce que née de forêts sombres

Et bordée par les frères Grimm

Je me sens Romy et Marlène

Et n’oublierai jamais la neige 

Rémoise 

Pour un froid matin de janvier

Parce que l’Ange au sourire

A veillé sur ma naissance

Pour mille bulles de bonheur

Et par les vitraux de Chagall

Je pétille toujours en Champagne

Carolopolitaine 

Pour cinq années en cœur d’Ardennes

Et mes premiers pas en forêt

Pour Arthur et pour Verlaine

Et les arcades en Place Ducale

Rimbaud mon père en émotion

M’illumine en éternité

Albigeoise 

Pour le vaisseau de briques rouges

Qui grimpe à l’assaut du ciel bleu

Pour les démons d’un peintre fol

Et ses débauches en Moulin Rouge

Enfance tendre en bord de Tarn

D’une inaliénable Aliénor 

Tarnaise 

Pour tous mes aïeuls hérétiques

Sidobre et chaos granitiques

Parce que Jaurès et Lapeyrouse

Alliance des pastels et des ors

Arc-en-ciel farouche de l’Autan

Montagne Noire ma promesse  

Occitane

De Montségur en Pays Basque

De la Dordogne en aube d’Espagne

Piments D’Espelette ou garigues

De d’Artagnan au Roi Henri

Le bonheur est dans tous les prés

De ma Gascogne ensoleillée

Toulousaine 

Pour les millions de toits roses

Et pour l’eau verte du canal

Sœur de Claude et d’Esclarmonde

Le Capitole me magnétise

Il m’est ancre et Terre promise

Garonne me porte en océan

Bruxelloise

Pour deux années en terre de Flandres

Grâce à la Wallonie que j’aime

Parce que Béguinage et Meuse

Pour Bleus de Delft et mer d’Ostende

En ma Grand Place illuminée

Belgique est ma troisième patrie 

Européenne 

Pour Voltaire Goethe et Schiller

Pour oublier tous les charniers

Les enfants blonds de Göttingen

Me sourient malgré les martyrs

Je suis née presqu’en outre-Rhin

Lili Marleen et Marianne 

Universelle 

Pour les mots qui me portent aux frères

Par la poésie qui libère

Parce que j’aime la vie et la terre

Et que jamais ne désespère

Pour parler toutes les langues

Et vous donner d’universel.

(« Rosam »)

http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/search_auteurs.php?uid=14042

8/6/2009 2:13

J’aurais aimé sauver Celan

 

J’aurais aimé sauver Socrate

Jeter sa ciguë aux orties

Conspuer tous ces démocrates

Faire d’Athènes son paradis

J’aurais aimé sauver Werther

Charlotte ne vaut pas une messe

Fou d’un bas bleu là le bât blesse

J’aurais enrayé revolver

J’aurais aimé sauver Rimbaud

Le rendre fou d’une vraie femme

Son Ophélie son oriflamme

J’aurais vendu tous ses chameaux 

J’aurais aimé sauver James Dean

Au carrefour de l’impensable

J’aurais été sa Marilyn

Diamant dans sa décapotable 

J’aurais aimé sauver Celan

L’empêcher de goûter la Seine

Pont Mirabeau couleur de haines

Les méridiens coupés de sang

J’aurais aimé sauver le monde

Soeur Emmanuelle en Bruce Willis

Avec l’amour comme seule police

Capable d’arrêter les secondes 

Mais je ne sais que mélanger

Brasser les mots les injustices

Mes héros sur papier coucher

En attendant nouveau solstice.

(« Scarlett »)

 

http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/search_auteurs.php?uid=15405

31/10/2015 2:23

La pastorale du ciel

Pastorada del cèl

La poësia

es lutz e dança,

palomba dins la nuèit,

revolum del cant de las fuehlas,

terra nòstra e vin d’alegrança,

sosc inatengible dins la votz d’amor.

La poësia

es crit de revòlta que canta

come los ausels,

ama de fuòc sacrat,

breçairòlas del lop e croisada de la colomba,

raives de las montanhetas,

luna e esteletas : pastorada del cèl.

La poësia

es lo silenci de fum,

la Menina e l’ostal, sorga e fòrça,

alas blancas, e aigueta que camina sus

mon còr.

***

Sabine Aussenac, en occitan. 

La pastorale du ciel 

La poésie

c’est la lumière et la danse,

palombe dans la nuit,

tourbillon du chant des feuilles,

notre terre et vin d’allégresse,

songe inaccessible dans la voix d’amour.

La poésie

c’est un cri de révolte qui chante

comme les oiseaux,

âme du feu sacré,

berceuses du loup et croisade de la colombe,

rêves de petites montagnes,

lune et étoiles: la pastorale du ciel.

La poésie

c’est le silence de la brume,

la grand-mère et la maison, source et force,

ailes blanches, et eau vive qui chemine sur

mon cœur.

(« Louandrea »)

Merci aussi infiniment à mon amie Geneviève, qui a créé tout au long de ces années de magnifiques mises en pages à mes textes et m’a toujours été un précieux soutien…

Et bien sûr à Adeline, créatrice du site.

Tout naturellement, un jour, je suis redevenue « Sabine Aussenac ». L’écriture m’avait beaucoup aidé, d’ailleurs, durant de longues et sombres années où, suite à un divorce international et aux escroqueries de mon ex époux, je m’étais retrouvée confrontée à une descente aux enfers, subissant un surendettement et une lourde paupérisation. Il n’a plus jamais été question de me taire, vis-à-vis de quiconque.

26/12/2009

Quand on connaît Voltaire on ne peut plus tomber

On m’a dit de me taire et je me suis levée :

Quand on connaît Voltaire on ne peut plus tomber ;

Quand on meurt seul à terre en pays dépeuplé,

En songeant à naguère et aux vents déployés.

On m’a dit de partir, alors j’ai insisté ;

Tous ces mots à franchir, et Verlaine qui pleurait…

Mon cœur git en déroute, éternel vagabond :

Un métèque qui doute, sans logis et sans nom.

On m’a dit de l’attendre, alors j’ai patienté.

Quand on aime on est tendre : Othello le sentait.

Ophélie sans ses voiles, en apnée des soleils,

Orpheline ou marquise :je bois l’eau des merveilles,

Mais demeure insoumise aux apprentis tyrans.

Balafrée en mon âme je provoque à tous vents.

Voilà, la boucle est bouclée : il est des choses qui perdurent, de l’enfance à la mort, quand on sent qu’on doit aimer cet enfant qui veille en nous et qui, déjà, devinait nos routes. Mon écriture a grandi, s’est déployée différemment ; j’ai remporté de nombreux concours de poésie, mais surtout de nouvelles, j’ai écrit deux romans, (Jim, si tu me lis…), je « blogue », couvre des festivals… La poésie m’arrive aussi parfois en allemand (j’ai remporté le prix de poésie de Hildesheim) et en occitan…

http://sabine-aussenac-dichtung.blogspot.fr/2015/04/komm-lass-uns-nach-worpswede-wandern.html

Elle demeure ma source vive.

http://www.poesie-sabine-aussenac.com/cv/portfolios/une-poupee-dans-la-ghouta

Et j’aimerais qu’elle aussi prenne une place essentielle dans la société, qu’elle ne soit pas cantonnée à un seul « Printemps des poètes » de quelques semaines, ou à un seul « Marché » parisien… Puisque mon ministre a décidé de « revenir aux fondamentaux », je souhaiterais aussi que les enfants aient la possibilité d’apprendre à nouveau des poèmes par cœur, de découvrir, au fil de leur scolarité, les auteurs, leur lecture et leur déclamation…

http://www.tv5monde.com/TV5Site/publication/galerie-263-2-Demain_des_l_aube_a_l_heure_ou_blanchit_la_campagne.htm

Internet, vous le voyez, est merveilleux. Bien utilisé, il nous permet de superbes voyages et des échanges passionnés. La poésie y est vivante, sachons la débusquer, la partager. Je salue ici tous les auteurs de notre « Oasis » qui m’a été terre adoptive. Et bien sûr les merveilleux poètes que j’ai aussi eu l’occasion de croiser sur d’autres réseaux sociaux, que je lis avec un infini plaisir. Certains, reconnus et édités, parcourent le monde et lisent leurs textes au Festival de poésie de Sète, d’autres font simplement le bonheur de leurs lecteurs, sur la toile ou ailleurs… Salah Stétié, Khal Torabully, José Le Moigne, Volker C. Jacoby, Jacques Viallebesset, Suzanne Dracius, Éric Dubois,, Martine Biard, François Teyssandier, Xavier Lainé, Evelyne Charasse, Mohamed El Jerroudi, Robert Notenboom, Élaine Audet… je vous embrasse !

Pour terminer, je souhaite vous offrir les mots d’une merveilleuse poétesse iranienne dont le fils, Hossein, un ami, avait traduit en persan « ma » poétesse de la Shoah, Rose Ausländer.

https://www.youtube.com/watch?v=9RfqZLWFEyg

***

PS : Bon anniversaire, chère Marie-Claude, enfant du premier mai et des libertés…

 06/08/78…

« Le ciel
Une maison bleue
Un champ de blé
Des fleurs
Une fille
Une guitare
Des enfants
Des gens
Elle parle quatre langues
A étudié Hölderlin et Dante
C’est sa maison
Perdue au milieu des bois
C’est sa vie
Souvent entourée d’amis
Manger son pain
Pétri à la main
Et les fruits de son verger
Soleil
Bonheur
A travers chaque sourire
On offre son cœur
Plus de rancœur
Culture intelligence
Mais plus de concurrence
Seulement amour et paix
Peut-être à jamais. »

***

http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=76681&forum=4

 

15/5/2009 

Les soleils de nos robes indiennes (Scarlett et Marie)

De patchouli ou de verveine
Elles combattaient toutes déveines
Tressant fils d’or et rêves tendres
Tissées sur la carte du Tendre

Woodstock c’était tous les matins
Des fleurs Dylan ou Donovan
Thé au jasmin et vent d’autan
Nous nous rêvions loin du satin

Il nous fallait de la campagne
Nous détestions tous les champagnes
Si pures si fières de nos envies
Hostiles à tous les compromis

Toutes les fêtes nous étaient d’ambre
Et nos émois de palissandre
Quand il gelait à pierre fendre
Et qu’il fallait savoir attendre

Le jour prochain toujours trop loin
Et le mot « libre » pour refrain
En plis froissés les jours de cendre
Elles ravivaient l’aube à surprendre

En elles s’engouffrait tout printemps
En leur odeur de bleu lavande
Brise légère sur vieille lande
Couleur grand large au mauvais temps

Des jours anciens ils nous reviennent
Les soleils de nos robes indiennes
Quand il fait froid dans la mémoire
Et que la lune nous est noire

Nous les ressortons au grand jour
Tous nos tissus couleur d’amour
Bleues nos maisons tout comme l’herbe
Jamais nous ne serons acerbes

Car ces voilages au goût santal
Lorsque nous deux petites vestales
Parcourions rêves en femmes fatales
Nous ont pétri un idéal

Marie-Claude et Sabine

**

http://www.poesie-sabine-aussenac.com/cv/portfolios

http://www.sabineaussenac.com/cv/portfolios/document_rose-auslander-une-poetesse-juive-en-sursis-d-esperance

http://www.lulu.com/fr/fr/shop/sabine-aussenac/prends-soin-mon-amour-de-la-beaut%C3%A9-du-monde/paperback/product-15581966.html

Aucun texte alternatif disponible.

« la révolte consiste à fixer une rose »…Mon année 2015

la révolte consiste à fixer une rose

à s’en pulvériser les yeux : mon année 2015…

A4 prends soin mon amour de la beauté du monde

Je me souviens.

De nos larmes et de l’effroi, de nos rires assassinés en ce 7 janvier 2015, de mon incommensurable chagrin devant la liberté souillée.

De la peur défigurant les visages, de ces hurlements, de l’innocence conspuée au gré d’un étalage.

De nos marches au silence bouleversant, de ces bougies qui veillent, de l’union sacrée du monde devant Paris martyrisée.

(….) la ville alors cessa

d’être. Elle avoua tout à coup

n’avoir jamais été, n’implorant

que la paix.

Rainer Maria Rilke, Promenade nocturne.

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Je me souviens.

De mes vacances de février en outre-Rhin, les premières depuis dix ans. Enfin sortie d’un épuisant burn-out social et financier, j’osai enfin revenir au pays de l’enfance.

De la maison de mes grands-parents allemands revisitée comme une forêt de contes, du souvenir des usines au bord du Rhin comme autant de merveilles.

Du froid glacial dans ce grand cimetière empli de sapins et d’écureuils où, en vain, je chercherai la tombe de mon grand-père.

De ma joie d’enfant en mordant dans un Berliner tout empreint du sucre des mémoires.

Un étranger porte toujours

sa patrie dans ses bras

comme une orpheline

pour laquelle il ne cherche peut-être

rien d’autre qu’un tombeau

Nelly Sachs, Brasiers d’énigmes.

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Je me souviens.

Des cris parsemant ce mois de mars qui jamais n’aura aussi bien porté le nom de guerre.

Des sourires explosés des corps d’athlètes de Florence, Camille et Alexis dans cet hélicoptère assassin. De tous ces anonymes mutilés au grand soleil de l’art, du Bardo couleur de sang.

Des 142 victimes yéménites si vite oubliées en cette Afrique au cœur devenu fou.

Des coups inutiles contre une porte blindée et de l’abominable terreur des enfants et des jeunes prisonniers d’un avion cercueil.

Un regard depuis l’égout

peut-être une vision du monde

 

la révolte consiste à fixer une rose

à s’en pulvériser les yeux

Alejandra Pizarnik, Arbre de Diane.

3

 

Je me souviens.

De Mare nostrum présentée à mon fils de 16 ans qui n’avait jamais vu la Méditerranée, oui, c’est possible, en 2015, même dans les meilleures familles si elles sont confrontées à une paupérisation.

De l’éblouissant soleil de Sète et des mouettes qui rient au-dessus du Mont Saint-Clair.

Des tombes grisonnantes et moussues du cimetière marin, où nous entendons la voix de Jean Vilar et le vent qui bruisse dans les pins en offrande.

De la plaque de l’Exodus devant la mer qui scintille et de mon émotion devant les couleurs de l’été des enfances, enfin retrouvées au cœur de cet avril.

Pourtant non loin de là 700 Migrants mouraient dans ces mêmes eaux turquoises, ma mer bien aimée devenue fosse commune en épouvante.

Et ailleurs aussi le vacarme déchirait l’innocence, quand 152 étudiants supplièrent en vain leurs bourreaux de Garissa, quand 7800 Népalais et touristes suffoquaient au milieu des drapeaux de prières aux couleurs de linceuls, quand une seule fillette, Chloé, succombait à la perversité d’un homme.

 

Un manteau de silence, d’horreur, de crainte sur les épaules. On est regardé jusqu’à la moelle.

Paul Valéry, Forêt.

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Je me souviens.

De ce contrat faramineux autour d’avions de chasse, pourtant signé par ma République avec un pays aux antipodes de la démocratie, qui maltraite les ouvriers et musèle les femmes.

Des voix d’outre-tombe de  Germaine Tillon, Genviève De-Gaulle-Antonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette entrant au Panthéon, quand je tentai d’expliquer à des élèves malveillants la beauté du don de soi, au milieu de ricanements d’adolescents désabusés. De ma désespérance devant la bêtise insensible au sacrifice et aux grandeurs.

De ce mois de mai aux clochettes rougies par un énième « drame familial », dans le Nord, celui-là, deux tout petits assassinés par un père, comme chaque mois, silencieux hurlement au milieu du génocide perpétré dans le monde entier, depuis des millénaires, par les hommes violant, tuant, égorgeant, mutilant, vitriolant, brûlant vives leurs compagnes et souvent leurs enfants.

Je vous salue, ma France aux yeux de tourterelle(…)

Ma France, mon ancienne et nouvelle querelle,

Sol semé de héros, ciel plein de passereaux…

Louis Aragon.

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Je me souviens.

Des révisions du bac de mon puîné, des dissertations et des textes à apprendre, de Rimbaud et de Proust, de Verlaine et Stendhal, comme un collier de perles toujours renouvelé.

De ces adolescents déguisés en marquis pour une fête baroque, des duchesses et des contes, des froufrous et des rires, quand les joues de l’enfance en disputent avec les premières canettes de bière, quand on hésite entre un joint et un dessin animé…Chuuuuuuut. Prenez le temps…Profitez…On n’est pas sérieux, quand on a 17 ans le jour de la Saint-Jean…

Du soleil fou de Sousse qui voit mourir les sourires des touristes, de la plage rougie, et de la tête en pique d’un patron français, quand cet Islam qui prétend vivre la foi n’est que mort absurde et gratuite.

Des gospels montant vers ce ciel rougi de Charleston, quand un homme fauchera des vies noires dans une église, insulte à l’Amérique des droits civiques : j’ai fait un cauchemar, encore un…

 

Ce matin de juin s’est posé sur mon cœur

comme un vol de colombes sur la vieille petite église,

frémissant d’ailes blanches et de roucoulements d’amour

et de soupirs tremblants d’eau vive.

Louisa Paulin, Lo bel matin

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Je me souviens.

Du chapeau blanc de Dylan et de sa voix éraillée, d’Albi la Rouge toute vibrionnante des accords de Pause Guitare, de cette nuit passée sur un banc avec un « Conteux » acadien, et du sourire de Zachary Richard, aussi pur que dans nos adolescences lorsqu’il clamait « travailler, c’est trop dur ».

De notre conversation téléphonique où déjà la poésie avait traversé l’Atlantique au rythme des échanges, et de son incroyable présence, quand il offre au monde tous les ouragans de Louisiane et toutes les histoires de son peuple oublié.

De la brique rouge et de Sainte-Cécile comme un vaisseau dans la nuit, du Tarn empli d’accords virevoltants et de notes insensées, de ce mois de juillet aussi gai qu’un violoneux un soir de noces.

 

La nuit, quand le pendule de l’amour balance

entre Toujours et Jamais,

ta parole vient rejoindre les lunes du cœur

et ton œil bleu

d’orage rend le ciel à la terre.

Paul Celan, in Poésie-Gallimard

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Je me souviens.

De la Bretagne qui danse comme une jeune mariée au son de la Grande Parade, de Lorient enrubanné, des guipures et de l’océan dentelé qui tangue au son des binious.

Des flûtiaux et des cornemuses, de l’âme celte qui m’enivre, des jambes levées sous les robes de crêpe et des verts irlandais ; des Canadiens qui boivent et de la lune qui rit, des roses trémières caressées par la joie et de mon fils si heureux de danser le quadrille.

D’un autre port, au bout du monde, où 173 personnes périront dans les explosions causées par l’incurie des hommes.

Du courage de ces passagers de l’improbable, quand des boys modernes rejouent le débarquement dans un Thalys sauvé de justesse de la barbarie.  Quand un 21 août ressemble à une plage de Normandie.

 Le Bleu ! c’est la vie du firmament(…)

Le Bleu ! c’est la vie des eaux-l’Océan

et tous les fleuves ses vassaux(…)

John Keats, Poèmes et poésies.

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Je me souviens.

Du calme d’Angela Merkel annonçant qu’elle devenait la mère de l’Europe en ouvrant les bras de l’Allemagne aux réfugiés et Migrants.

D’une Mère Courage qui soudain fait du pays de l’Indicible celui de l’accueil, quand 430 000 personnes ont traversé la Méditerranée entre le 1er janvier et le 3 septembre 2015, et qu’une seule photo semble avoir retourné les opinions publiques…

Du corps de plomb du petit Aylan et des couleurs vives de ses vêtements, dormeur du val assassiné par toutes les guerres des hommes, à jamais bercé par les flots meurtriers de notre Méditerranée souillée.

De mon étonnement toujours renouvelé en cette rentrée de septembre, quand soudain chaque journée de cours me semble thalasso, tant c’est un bonheur que d’enseigner la langue de Goethe à ces enfants musiciens, surdoués et charmants, toute ouïe et en demande d’apprentissages : ma première année scolaire agréable dans mes errances de « TZR », sans trajets insupportables et sans stress pédagogique.

 

Il n’est d’action plus grande, ni hautaine, qu’au vaisseau de l’amour.

Saint-John Perse, Amers.

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Je me souviens.

De ces pauvres gens morts noyés en voulant sauver une voiture quand des enfants de Migrants continuent, eux, en ce mois d’octobre, à n’être sauvés par personne…

Des hurlements d’Ankara, quand 102 personnes perdent la vie au pied de la Mosquée Bleue, le Bosphore rougi de tout ce sang versé.

De cette famille lilloise décimée par le surendettement, un Pater Familias ayant utilisé son droit de mort sur les siens, mais nous sommes tous coupables, nous, membres de cette odieuse société de surconsommation.

Du silence de ma cadette en cet anniversaire de notre rupture de cinq longues années, de sa frimousse enjouée et de son bonnet rouge lors de notre dernière rencontre, il y a un siècle, avant qu’elle ne rompe les ponts. Du petit bracelet de naissance qui dort dans ma trousse et ne me quitte jamais. De ma décision de vivre, malgré tout.

Argent ! Argent ! Argent ! Le fol argent céleste de l’illusion vociférant ! L’argent fait de rien ! Famine, suicide ! Argent de la faillite ! Argent de mort !

Allen Ginsberg, in Poètes d’aujourd’hui, Seghers.

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 Je me souviens.

« De nos larmes et de l’effroi, de nos rires assassinés en ce 13 novembre 2015, de mon incommensurable chagrin devant la liberté souillée.

De la peur défigurant les visages, de ces hurlements, de l’innocence conspuée au gré d’une terrasse.

De nos marches au silence bouleversant, de ces bougies qui veillent, de l’union sacrée du monde devant Paris martyrisée. »

De cette structure cyclique qui a mutilé la Ville Lumière, de notre sidération, de la peur de mes enfants et des larmes de mes élèves, de la chanson « Imagine » entonnée en pleurant.

De Bamako et Tunis endeuillées elles aussi, de nos désespérances devant tant de victimes, et puis la terre, n’oublions pas la terre, qui se lamente aussi.

De la COP 21 qui passe presque inaperçue au milieu de tous ces bains de sang.

Si tu mérites ton nom

Je te demanderai une chose,

« Oiseau de la capitale » :

La personne que j’aime

Vit-elle ou ne vit-elle plus ?

Ariwara no Narihira, 825-879, in Anthologie de la poésie japonaise classique.

Place du Capitole, 14 novembre 2015
Place du Capitole, 14 novembre 2015

 

Je me souviens.

Du visage grimaçant de la haine et de la barbarie qui heureusement ne s’affichera PAS dans le « camembert ».

De nos piètres victoires, de mon pays où des jeunes votent comme des vieux aigris, de ma République en danger.

De toutes ces mitraillettes à l’entrée des églises, des santons menacés par les « laïcards » et par les djihadistes, d’un Noël au balcon, comme sous les tropiques.

De ces sabres lasers prétendument rassembleurs, quand tous ces geeks pourraient se retrousser les manches, réfléchir et agir.

D’une partie de croquet dans un jardin baigné de lumière et de douceur un 26 décembre, les maillets et les boules étant ceux de mon enfance allemande, le regard bienveillant de nos quatre grands-parents comme posé sur nous, microcosme familial dans le macrocosme de l’Europe si fragile, du monde si vacillant, de l’Univers si mystérieux.

De nos espérances.

De nos forces.

De nos amours.

Je me souviens de 2015.

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À la lumière de nos aïeux nous marchons.

Elle nous éclaire comme les étoiles de la nuit guidant le marcheur.

Al-Hutay’a, in Le Dîwân de la poésie arabe classique.

 

 

Enfin cette phrase, dédiée à tous ces disparus :

Je t’aimais. J’aimais ton visage de source raviné par l’orage et le chiffre de ton domaine enserrant mon baiser. (…) Aller me suffit. J’ai rapporté du désespoir un panier si petit, mon amour, qu’on a pu le tresser en osier.

René Char, La compagne du vannier.

 

 

 

Île voyageuse…La Toussaint des Migrants…

Iscla viatjaira

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La doçura dal solelh di cementeris

dins lo florir de la pauta,

nis jamai trobat.

Vos agaita:

les reis de santal e de canèla,

las rainas, filhas d’Etiopia,

les vistons esbleugissents coma robins.

 

Immobila coma l’amarina a l’aiga,

la cara del no-res

s’ascla e se perla d’aiganha,

calinha la sau dins

la pòussa alisada dei matins e dei nuèits,

sens alas ni batèu.

 

Iscla viatjaira

pren los còsses,

una crotz dins lo vent,

d’un òme e d’una femna,

d’una Menina e d’una Nena,

sins Angelùs,

la mar sobeirana es clòt e ersaja,

lençol d’amor e de lutz blosa.

 

Île voyageuse

 

La douceur du soleil des cimetières

dans la fleur de la boue,

nid jamais trouvé.

Je vous regarde :

les rois du santal et de la cannelle,

les reines, filles d’Ethiopie,

les pupilles éblouissantes comme des rubis.

 

Immobile comme l’osier dans l’eau,

le visage du néant

se fend et se perle de rosée,

caresse le sel dans

la poussière lisse des matins et des nuits,

sans ailes ni bateau.

 

Île voyageuse

emporte les corps,

une croix dans le vent,

d’un homme et d’une femme,

d’une grand-mère et d’une fillette,

sans Angélus,

la mer souveraine est fosse et ondoie,

linceul d’amour et de pure lumière.

 

 

 

 

 

 

Coma un sospir d’aigueta… Mon premier #poème en #occitan…

Coma un sospir d’aigueta

Un ramat d’ausèls coma un rocol d’amor,

un vòl dels blats a l’entorn d’un cèl,

sus mon còr s’es pausat coma un sospir d’aigueta.

Comme un soupir d’eau vive

Une volée d’oiseaux comme un roucoulement d’amour,

un vol de blés autour d’un ciel,

sur mon cœur s’est posé comme un soupir d’eau vive.

Premier poème en occitan, écrit en piochant dans les mots de Louisa Paulin…

La poétesse Louisa Paulin

Ce texte fait partie des « Mémoires d’Autan », ouvrage ayant reçu le Prix Camille Pujol lors des Jeux Floraux toulousains de 2020.

http://jeuxfloraux.fr/15.html

« * Une médaille d’Académie égalementà Mme Sabine Aussenac, de Toulouse,  pour son poème « Et les pivoines »

  * Le Prix Camille-Pujol à Mme Sabine Aussenac, de Toulouse, pour son ouvrage Mémoire d’Autan. »

https://www.thebookedition.com/fr/memoires-d-autan-p-371712.html

Mes Mémoires d’Autan sont des miscellanées poétiques entremêlées de réflexions autour de l’être-soi d’un Sud-Ouest baigné par l’Atlantique et Mare nostrum, illuminé par nos campagnes gorgées de tournesols, et bien sûr surtout, pour moi, toulousain et tarnais ; alternances de nouvelles, d’essais et de poèmes en ancrage de cette terre d’Oc qui m’est chère, ces textes vivent au gré des méandres de Garonne et de l’Histoire ancienne ou contemporaine de la Ville Rose et du Grand-Sud…

Elle te plaît pas, ma chanson ? « Imagine », la Corse, la langue arabe et la Fête de la Musique!!

Elle te plaît pas, ma chanson ?

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 (Prenez la peine de visionner toutes les vidéos, vraiment, elles en valent la peine !!)

 

 Imagine there’s no heaven,

Imagine qu’il n’y ait aucun Paradis,

It’s easy if you try,

C’est facile si tu essaies,

No hell below us,

Aucun enfer en-dessous de nous,

Above us only sky,

Au-dessus de nous, seulement le ciel…

La Corse, quand on se l’imagine, c’est comme un petit paradis…Avec, au-dessus de nous, ce ciel, bleu comme en enfer, et puis les chants corses, les cigales, un souffle de vent léger, et toute cette grande Histoire insulaire exotique qui rencontre les petites histoires des gens et des rêves, entre Napoléon, Colomba, les jolis ânes tout poilus et le fromage…

Pourtant, il y a quelques jours, des gens sans histoires, justement, se sont mis martel en tête à cause d’une chanson. Des gens qui, au lieu de vivre « pour aujourd’hui », dans le présent, dans le moment, sont allées chercher midi à quatorze heures et ont vu le mal là où simplement des instits avaient imaginé un beau moment de paix et de partages…

Imagine all the people,

Imagine tous les gens,

Living for today…

Vivant pour aujourd’hui…

http://www.franceinfo.fr/actu/societe/article/corses-des-enseignantes-menacees-pour-avoir-voulu-faire-chanter-leurs-eleves-en-arabe-693020

C’est incroyable. Incroyable et tellement mal venu, à quelques jours du début du Ramadan, que notre petite île d’irréductibles nationalistes se soit soudain recroquevillée sur elle-même au point de vouloir bouter la langue sarrasine hors de ses eaux bleues, utilisant qui plus est l’innocence enfantine pour assouvir d’étroites idées corporatistes et chauvines. Je ne sais ce qui m’a le plus choquée, entre cette exploitation immonde d’une fête dédiée aux plus jeunes et le fait que ce soit la chanson « Imagine » qui ait mis le feu aux poudres…

Imagine there’s no countries,

Imagine qu’il n’y a plus aucun pays,

It isn’t hard to do,

Ce n’est pas si dur à faire,

Nothing to kill or die for,

Aucune cause pour laquelle tuer ou mourir,

No religion too,

Aucune religion non plus,

Imagine all the people,

Imagine tous ces gens,

Living life in peace…

Vivant leurs vies en paix…

Ah, ils en sont loin, de la paix, ces parents d’élèves qui ont osé salir la mémoire de Lennon et de son rêve. Les voilà, les idolâtres de lointains bruits de botte, les adoreurs de quenelles,  les moustachus à la Cabu, emplis de leur beauf attitude, n’ayant pas honte de porter haut le drapeau de la bêtise et de l’ignorance, se cherchant au seuil d’un bel été et d’innocents lâchers de ballons des « causes pour tuer ou mourir », vilipendant une langue, l’arabe, comme si une langue pouvait être responsable de l’incurie des hommes…

You may say I’m a dreamer,

Tu peux dire que je suis un rêveur,

But I’m not the only one,

Mais je ne suis pas le seul,

I hope some day you’ll join us,

J’espère qu’un jour tu nous rejoindras,

And the world will live as one.

Et que le monde vivra uni

 

On en est loin, de ce monde uni imaginé par le poète. Ils existent, pourtant, les rêveurs qui croient au pouvoir de la paix. On les retrouve dans le monde entier, à lutter pour des idéaux malmenés par les dictatures et les violences, et parfois même leurs efforts aboutissent, comme pour Daniel Barenboïm et son orchestre du Divan d’Orient et d’Occident, qui vient de trouver un lieu pérenne à Berlin, à défaut de s’être installé en Israël…

http://sabineaussenac.blog.lemonde.fr/2015/06/19/le-rossignol-et-la-burqa-et-lacademie-barenboim-said/

Et ils en ont, de l’imagination, les rêveurs…C’est cette petite fille qui croit au pouvoir de l’éducation, quitte à presque mourir d’une balle dans la tête ; c’est cet Africain du Sud qui passe la moitié de son existence en prison, avant de devenir président de la nation arc-en-ciel ; c’est ce chanteur de Liverpool qui chantait la paix depuis ses lunettes rondes, avant de s’écrouler sous les balles d’un tireur fou…

Imagine no possessions,

Imagine qu’il n’existe plus aucune possession,

I wonder if you can,

Je me demande si tu en es capable,

No need for greed or hunger,

Aucun besoin d’avidité ou de faim,

A brotherhood of man,

Une fraternité humaine,

Imagine all the people,

Imagine tous les gens,

Sharing all the world…

Qui se partageraient le monde…

Mais à quoi pensaient-ils donc, ces parents d’élèves corses, menaçant des institutrices jusqu’à faire interdire toute une kermesse de par leurs cris de guerre ? Pensaient-ils peut-être que le monde leur appartiendrait, sous prétexte qu’ils seraient les détenteurs d’une seule vérité linguistique ? L’autre jour, sur ma chère Place du Capitole, s’est tenu justement le Forum des langues du monde, un superbe moment d’universalité au cœur des briques roses, et sous le beau soleil toulousain ont éclaté mille chants bariolés, tandis que des enfants émerveillés  découvraient les particularismes de langues mortes ou vivantes, en perdition ou éclatantes, du latin au chinois, en passant par l’occitan, le créole, le lingala…Car une langue, c’est avant tout le meilleur moyen de partager le monde, d’accéder à la fraternité humaine, au-delà de toutes nos différences…

https://onedrive.live.com/redir?resid=8DAAE5B306BE4C6!20655&authkey=!AErwH5Nft1T2SII&ithint=video%2cmp4

Alors bien sûr, d’aucuns ont peur. Cette peur de l’Autre, chevillée à nos cœurs et à nos histoires, cette peur ancestrale de l’ennemi, du village voisin, du territoire inconnu qui empiète sur notre pré-carré. Et je vais vous faire une confidence : moi aussi, j’ai peur. J’ai peur depuis des années, bien avant Charlie, DAESH et les gangs des barbares, j’ai peur de cet islamisme qui fait d’une des grandes religions du monde une déviance dangereuse, lorsque ses préceptes sont malmenés. Je suis, même, terrifiée, en voyant les eaux bleues des Maldives se noircir de burqas, en lisant l’horreur dans les yeux des Chrétiens d’Orient. Et pourtant j’ai souhaité un bon Ramadan à mes amis musulmans, qui sont nombreux. Je l’ai souhaité à des commerçants des kébabs de la Ville Rose, à des femmes voilées avec lesquelles je papote dans le bus, et à tous mes amis poètes et enseignants si chers à mon cœur….

http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=53448&forum=2

Car je sais bien la différence entre les folies et l’innocence, entre le Bien et le Mal, toute rêveuse que je suis. Et je souhaiterais que ces parents d’élèves réfléchissent au mal qu’ils ont fait à leurs enfants et à leurs maîtresses, en actant la bêtise, l’ignorance et la haine.

J’espère qu’un jour les enfants de ces parents leur chanteront qu’ils volent, comme dans le superbe film de la Famille Bélier…Au-delà des clivages, de la peur, et des nationalismes.

 You may say I’m a dreamer,

Tu peux dire que je suis un rêveur,

But I’m not the only one,

Mais je ne suis pas le seul,

I hope some day you’ll join us,

J’espère qu’un jour tu nous rejoindras,

And the world will live as one.

Et que le monde vivra uni

(mon modeste fils…)

Enfin, cette superbe « cover » par le groupe corse Incantèsimu !

https://ghjuventucorsa.wordpress.com/incantesimu-groupe/

http://www.sabine-aussenac.com/cv/portfolios/photo2633

Photo2633

 Bonus 🙂

https://www.youtube.com/watch?v=VlxI2fAUymw

https://www.youtube.com/watch?v=LgWa4gUGZFE

https://www.youtube.com/watch?v=rk43kgy_M0o

https://www.youtube.com/watch?v=DTeEwpam2Z0

 

 

 

 

 

Européenne…

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Quelle connerie la guerre

Qu’es-tu devenue maintenant

Sous cette pluie de fer

De feu d’acier de sang

 Prévert, Barbara

Souvent, je l’imagine, ma maman. Le visage défiguré par la terreur, les mains agrippées à celles de sa propre mère tentant sans doute de faire un rempart de son corps à ceux de ses quatre enfants, dans le vacarme assourdissant des bombardements.

Encore aujourd’hui, ma mère tressaille en entendant un avion survoler l’azur de son petit paradis tarnais. Elle est pourtant bien loin de sa Rhénanie natale, et bien de l’eau a coulé dans le Rhin depuis ces années où, petite fille aux nattes blondes et aux yeux si clairs, elle espérait le retour de son père parti sur le front russe en tremblant sous les bombes des Alliés, son ventre criant famine quand elle cherchait des épluchures de pommes de terre pour les dévorer…

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Mon père, lui, n’a de la guerre presque que des souvenirs joyeux. Ils n’étaient pas bien malheureux, son grand-frère et lui, dans le petit village de la campagne tarnaise depuis lequel mon grand-père français aidait les Maquisards, cachant des armes sous les tuiles et continuant sans doute à déguster les cochonnailles préparées par ma grand-mère.

J’ai grandi entre les récits de ces deux enfances si différentes, écartelée parfois dans ma propre mémoire, tandis qu’à l’école des petites pestes écervelées de mon école de filles me surnommaient « Hitler », quand les métissages n’étaient pas encore à la mode et que les familles respectives de nos parents, de nos courageux parents, apprenaient à se connaître et à dépasser les brûlures de l’Histoire.

http://raconterlavie.fr/recits/une-enfance-franco-allemande/#.VUzZRPntmko

Point n’est besoin d’avoir épluché les ouvrages de psycho généalogie pour comprendre que deux sangs différents couleront toujours dans mes veines, et que je suis l’humble produit d’une fabuleuse réconciliation. Toujours retentiront en moi les sirènes qui épouvantaient ma mère, mais aussi les clameurs d’allégresse de la libération de Toulouse. Et je porte encore les griffures des petits doigts des millions d’enfants sacrifiés dans les chambres à gaz, l’empreinte de la Shoah s’étant inscrite dans ma culpabilité d’enfant de la troisième génération comme un tatouage au bras d’un prisonnier…

https://www.youtube.com/watch?v=tmMsR3fZjb0

http://www.refletsdutemps.fr/index.php/thematiques/culture/histoire/item/comme-de-longs-echos-qui-de-loin-se-confondent-2

Je sens aussi le froid mordant de l’Ukraine bleuir les lèvres de ce grand-père allemand que j’ai chéri plus que tout au monde. Et j’entends d’autre part aux vacances la voix claire encore de mon oncle français me rapporter les récits de la fin de la guerre…

http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=53927&forum=18

Alors quand des élèves  soupirent en m’entendant leur demander ce que l’Europe signifie pour eux, quand certains ne savent pas qu’il y a eu une autre guerre sur notre continent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, quand je les sens indifférents aux mots paix, mémoire, patrie, réconciliation, Europe, mon sang mêlé ne fait qu’un tour.

Car cette année, à Toulouse, au lendemain de ce 8 mai où le monde entier commémore de concert la fin des années de barbarie et de violences, nous inaugurerons le 9 mai, journée de l’Europe, cette semaine de l’Europe qui fêtera les 65 ans de la déclaration de Robert Schuman :

http://esl.ut-capitole.fr/semaine-de-l-europe-a-toulouse-516478.kjsp

http://www.europe-toulouse.eu/?p=2400

Et il me semble capital de sensibiliser les jeunes à l’importance de notre Union Européenne, symbole du pouvoir de la Paix. Je ne veux pas aujourd’hui polémiquer autour de la crise, de la dette grecque, de la pseudo nouvelle hégémonie de l’Allemagne, d’éventuelles sorties de l’Euro. Je tairai les innombrables critiques des eurosceptiques et des empêcheurs de construire en rond, et puis les phrases perfides de ceux qui, encore aujourd’hui, me disent parfois que « dans le sud-ouest, il est encore difficile de pardonner, c’est pour cela que l’allemand est en perte de vitesse… »

Non, je voudrais m’incliner devant ceux qui ont su, malgré les outrages et les horreurs, redonner du sens à la fraternité et au pardon, osant faire du paysage dévasté de nos contrées européennes un nouveau tableau de prospérité et de partages. Je voudrais remercier mes quatre grands-parents d’avoir osé se réunir à la table d’un mariage en août 1959, quelques années à peine après que la botte de l’occupant nazi ait dévasté notre pays, pour festoyer ensemble malgré les millions de victimes, pour s’assoir ensemble sur les bancs d’une petite chapelle et dans un hôtel de ville, osant ainsi faire partie des pionniers de l’esprit européen.

http://www.poesie-sabine-aussenac.com/cv/portfolios/image_je-suis-la-sourciere

Mon grand-père allemand dans son hameau tarnais; et une tablée familiale avec mes grands-parents français...
Mes deux grands-pères..

Je voudrais remercier nos parents qui nous ont élevés avec bon sens et respect des traditions, nous permettant de grandir dans la richesse de deux cultures, dans le bilinguisme et l’ouverture d’esprit, entre foie gras et pâtisseries allemandes, entre Goethe et Hugo, nous prouvant chaque jour que leur choix avait été le bon, puisque leur couple a lui aussi résisté à l’usure du temps, comme le couple franco-allemand, toujours et encore « le moteur de l’Europe ».

Ainsi je me sens  Tarnaise, Toulousaine, française, mais aussi Rhénane, allemande, et, encore et toujours, européenne.

J’ai l’Europe chevillée au corps et au cœur, de l’Hymne à la joie au jingle de l’Eurovision, des discours de Schuman aux libertés de l’espace Schengen, petite occitane rêveuse et blondinette en « Dirndl », et, surtout, avec la certitude que la paix durable n’est le fruit que des combats, de ces combats des Grands qui signent les traités et prononcent les discours, mais aussi de ces millions de combats quotidiens des humbles qui osent la fraternisation et qui se retroussent les manches pour que plus jamais ne retentisse l’alarme.

Faites que jamais ne revienne

Le temps du sang et de la haine

Car il y a des gens que j’aime

A Göttingen, à Göttingen.

https://www.youtube.com/watch?v=s9b6E4MnCWk

Je m’incline ainsi ici devant ces milliers de collègues qui, de part et d’autre du Rhin, ont organisé tant d’échanges scolaires bien avant les superbes organisations actuelles et qui, depuis des décennies, ont permis aux enfants de nos deux pays de découvrir le pays de l’Autre !

http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=88421

Vive la paix, vive l’Europe, et vive le couple franco-allemand !

https://www.youtube.com/watch?v=GBaHPND2QJg

http://www.huffingtonpost.fr/sabine-aussenac/prix-nobel-union-europeenne_b_1960721.html

Ma mère et sa belle-mère...
Ma mère et sa belle-mère…

Curricumum vitae…

Rhénane

Pour les étés de mon enfance
Bercés par une Lorelei
Parce que née de forêts sombres
Et bordée par les frères Grimm
Je me sens Romy et Marlène
Et n’oublierai jamais la neige

Rémoise

Pour un froid matin de janvier
Parce que l’Ange au sourire
A veillé sur ma naissance
Pour mille bulles de bonheur
Et par les vitraux de Chagall
Je pétille toujours en Champagne

Carolopolitaine

Pour cinq années en cœur d’Ardennes
Et mes premiers pas en forêt
Pour Arthur et pour Verlaine
Et les arcades en Place Ducale
Rimbaud mon père en émotion
M’illumine en éternité

Albigeoise

Pour le vaisseau de briques rouges
Qui grimpe à l’assaut du ciel bleu
Pour les démons d’un peintre fol
Et ses débauches en Moulin Rouge
Enfance tendre en bord de Tarn
D’une inaliénable Aliénor

Tarnaise

Pour tous mes aïeuls hérétiques
Sidobre et chaos granitiques
Parce que Jaurès et Lapeyrouse
Alliance des pastels et des ors
Arc-en-ciel farouche de l’Autan
Montagne Noire ma promesse

Occitane

De Montségur en Pays Basque
De la Dordogne en aube d’Espagne
Piments d’Espelette ou garigues
De d’Artagnan au Roi Henri
Le bonheur est dans tous les prés
De ma Gascogne ensoleillée

Toulousaine

Pour les millions de toits roses
Et pour l’eau verte du canal
Sœur de Claude et d’Esclarmonde
Le Capitole me magnétise
Il m’est ancre et Terre promise
Garonne me porte en océan

Bruxelloise

Pour deux années en terre de Flandres
Grâce à la Wallonie que j’aime
Parce que Béguinage et Meuse
Pour Bleus de Delft et mer d’Ostende
En ma Grand Place illuminée
Belgique est ma troisième patrie

Européenne

Pour Voltaire Goethe et Schiller
Pour oublier tous les charniers
Les enfants blonds de Göttingen
Me sourient malgré les martyrs
Je suis née presqu’en outre-Rhin
Lili Marleen et Marianne

Universelle

Pour les mots qui me portent aux frères
Par la poésie qui libère
Parce que j’aime la vie et la terre
Et que jamais ne désespère
Pour parler toutes les langues
Et vous donner d’universel.