Trois #prix littéraires en deux semaines! #littérature #concours #revues #poésie #Rilke

Belle moisson de succès ces derniers temps pour mes créations! Petit à petit, l’oiselle fait son nid et se sent chanceuse de cette reconnaissance par ses pairs!

Merci tout d’abord à l’ami Pierre Perrin qui, en juin dernier, a eu la gentillesse d’accueillir ma plume dans sa magnifique revue Possibles! Quel bonheur que de figurer dans le numéro 36 de cette très belle parution, aux côtés de grands noms dont vous trouverez la liste dans le sommaire!

http://possibles3.free.fr/num36.php

Pierre Perrin est non seulement éditeur, mais aussi un merveilleux poète doublé d’un romancier, qui a aussi ajouté à ses cordes une activité de critique littéraire. Il avait été lauréat en 1996 du prix Kowalski pour un recueil intitulé La vie crépusculaire. J’ai la chance de le compter parmi mes « amis Facebook » et il nous régale régulièrement de sa plume douce et très juste.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Perrin_(%C3%A9crivain)

La revue Possibles, crée en 1975, rassemble ainsi au gré de ses numéros poésie et prose, fragments, textes courts, réflexions, et permet aussi souvent de retrouver un hommage particulier à une autrice ou à un auteur. Je vous invite à découvrir les cheminements de ces amoureux de notre langue française que Pierre sait si judicieusement faire cohabiter.

La rentrée de septembre apporta son lot d’allégresses avec la mise en ligne de la formidable émission de France Culture concoctée par Julien Thèves, qui est d’ailleurs un confrère en écriture, consacrée à Paula Modersohn-Becker: j’ai eu la chance de participer à l’émission et d’y côtoyer non seulement mes amis curateurs de Brême et de Worpswede, mais les magnifiques autrices que sont Maïa Brami et Marie Darrieussecq, ainsi que la peintre Maude Maris. Nous avons essayé de brosser un portrait à la hauteur de « notre Paula », si fantastique, dont une œuvre vient justement d’être vendue aux enchères pour plusieurs millions d’euros! Quelle belle reconnaissance !

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/paula-modersohn-becker-1876-1907-la-peinture-absolument-9049725

https://www.artmajeur.com/fr/magazine/2-actualites-artistiques/quand-l-art-degenere-triomphe-l-autoportrait-de-paula-modersohn-becker-pulverise-son-record-aux-encheres/340057

Un honneur ne venant, à l’instar du bonheur, jamais seul, j’ai eu la joie de recevoir dernièrement le premier prix de la section « anacréontique » des superbes Joutes poétiques de la société des Rosati d’Arras! Ces joutes sont la version « nordique » de nos Jeux Floraux toulousains, et je vous laisse imaginer ma joie d’y avoir été distinguée.

De Toulouse vers cette perle du Nord le chemin est bien long, et, si je n’ai pas eu le loisir de me rendre à la remise des prix, j’ai pu recevoir la lecture de mon texte en vidéo, que je vous partage ici:

Lecture de mon texte par Madame Francine Grosdenis

Tu es devenu le soleil à la Meuse

Tu es devenu le soleil à ma Meuse

Il fera doux ce jour comme un printemps lilas

Ma jupe sera courte et mon panty de soie

Je ne sais plus vivre sans me dire amoureuse

Tu es devenu le soleil à ma Meuse

Toi mon Rimbaud brûlant mon astre imaginé

Nos textos échangés font de moi Sévigné

Tant de lettres à l’amant tant de tendres murmures

Je ne veux plus parler ouvre la fermeture

Laissons glisser les soies déchire ce corset

Prends moi là nue offerte envahie de baisers

Je veux déshabiller ton corps d’éphèbe aimant

Ne plus craindre les doutes habiter dans l’instant

Tu auras un regard comme brasier heureux

Tes mains seront tisons embrasés dans le feu

Ton souffle inachevé enfin sera tempête

Sur mes seins délivrés tu glisseras ta tête

Nous serons symphonie toccata et arpèges

Mes soupirs voleront comme flocons de neige

Tes émerveillements ta douceur tes morsures

Mes encorbellements le bonheur qui rassure

Nos mots nous le disaient nos corps le prouveront

Tu remontes à ma source au Mont Gerbier de Jonc

Je t’amène bateau ivre en voyage immobile

Cette étreinte attendue aura couleur des îles.

La société des Rosati est donc une société littéraire d’Arras, fondée le 12 juin 1778. Elle est célèbre pour avoir compté Lazare Carnot et Maximilien de Robespierre ainsi que Maurice Fombeure parmi ses membres, et surtout très reconnue pour sa participation active à la vie culturelle et artistique de la région.

On est admis dans la société par cooptation, en étant présenté par une marraine ou un parrain. Dans un souci de perpétuer la philosophie du « Gay savoir » et de préserver la cohésion du groupe, l’admission se fait à l’unanimité.

Les Rosati du XXIè siècle continuent de respecter le rite de réception créé en 1787. La première fois, trois jeunes filles présentèrent au public une rose, une coupe de vin rosé et donnèrent un baiser fraternel. Aujourd’hui, ce sont de jeunes ballerines portées par l’hymne des Rosati, écrit par Marcel Legay, « Écoute ô mon cœur », qui évoluent sur la scène lors du gala de remise des prix. Je vous livre ici le livret de l’édition 2026:

Un autre de mes textes a retenu l’attention d’un jury lors du premier concours de poésie de la ville de Gruissan!

Cette première édition a été inaugurée avec brio par un florilège de créations superbes et par une très jolie brochure dans laquelle une citation de Paul Celan, si cher à mon coeur puisque compatriote de Rose Ausländer, côtoie les mots des organisateurs: « Je ne fais pas de différence entre un poème et une poignée de main. »

C’est bien ce sentiment de fraternité littéraire qui a porté les esprits et les âmes autour des éblouissantes lumières de la Méditerranée, grâce à l’association Les Voix de l’Orgue et à la municipalité de Gruissan dont le maire, Didier Codorniou, écrit: « La poésie est un souffle qui réunit. » Nos textes seront de plus mis en musique, ce qui représente toujours une belle synesthésie artistique…

https://www.delphe-arts-philo.org/

Lien vers le site de la municipalité de Gruissan:

Enfin, il faudra patienter quelques mois avant que je ne vous révèle mon classement à un superbe concours de nouvelles dont je sais d’ores et déjà que je suis lauréate. Rendez-vous au printemps pour l’annonce définitive du palmarès et pour la lecture de ma nouvelle…

Je l’avoue: j’aime ce petit frisson des concours littéraires, cette idée de se colleter avec d’autres esprits autour d’un thème ou d’une région… Oh, bien sûr, ce n’est pas le Goncourt, et je suis bien souvent évincée ou seulement second couteau, mais ce petit aiguillon de l’émulation nous pousse à nous dépasser! Et puis ça me rappelle sans doute l’agrégation à laquelle je me suis inscrite (sans la travailler vraiment…) tant de fois! Car je n’aimais rien tant que ces sept heures d’écriture autour d’un sujet donné lors des épreuves de dissertation, avec cette pression temporelle et cette obligation de rendre une copie parfaite! (On notera que le jour où j’ai compris qu’en fait, ce que je désirais, c’était avant tout écrire – et, au passage, être lue! -, j’ai à la fois réussi le concours et commencé mon cheminement d’autrice…)

Et c’est aussi très porteur que de n’être pas simplement seul dans cet acte de création, mais, au bout du compte, souvent associé.e à d’autres talents dans les revues et brochures où l’on peut découvrir les textes lauréats… C’est pourquoi je continue à jouer le jeu des concours d’écriture! Ce n’est pas tant la récompense qui compte que le fait d’oser participer, même si l’on n’arrive pas sur le podium des lauréats…

Vous pouvez retrouver mes textes sur de nombreux supports, comme dans les magnifiques recueils de nouvelles du Prix de la Nouvelle George Sand, concours dans lequel mes textes ont été régulièrement distingués et auquel je participer quasi religieusement! Mes nouvelles « L’enfant des Matelles », « Puella sum » ou « Les mains de Baptistin » (les deux derniers textes sont aussi à retrouver sur ce blog…) y figurent, par exemple…

https://www.concours-georgesand.fr/publication.html

https://www.concours-georgesand.fr/publication/7/-ricochets-

https://la-nouvelle-george-sand.jimdosite.com/actualites/

Mon texte « Le rossignol et la burqa » se trouve dans l’un des recueils publiés par L’Encrier Renversé de Castres, et il en va de même pour certains de mes poèmes à retrouver en revues…

https://www.ladepeche.fr/article/2012/03/05/1297774-un-joli-cru-pour-l-encrier-renverse.html

Pour retrouver tous les prix que j’ai eu le bonheur de remporter:

https://www.sabineaussenac.com/cv/portfolios/cv-litteraire-2024-25

Je profite de ce petit résumé littéraire pour vous annoncer la prochaine parution de ce qui constituera j’espère un magnifique ouvrage autour du Tarn et de mes racines paysannes paternelles, un opus mêlant poésies dédiées aux personnalités et aux lieux emblématiques de ce beau département et proses racontant la vie de mes ancêtres, gens de peu, paysans, journaliers de la vallée de l’Agoût, jusqu’au début du dix-neuvième siècle. Ce livre paraîtra en 2026 dans une superbe maison d’édition, en français…et en occitan, puisque je traduis mes textes dans la « lenga nostra » à laquelle je suis très attachée! Plus d’infos très prochainement!

J’aimerais en ce 4 décembre conclure ces miscellanées littéraires par un hommage à mon cher Rainer Maria Rilke, né le 4 décembre 1875 dans la merveilleuse ville de Prague et dont nous commémorerons en 2026 le centenaire de la mort (il s’est éteint le 29 décembre 1926 à Montreux.)

Photo du poète devant le musée du Barkenhoff à Worpswede, Basse-Saxe

Vous savez, si vous me lisez, que je travaille assidument à ma thèse de doctorat en recherche-création autour de la colonie d’artistes de Worpswede et de trois de ses créatrices, Paula Modersohn-Becker, Martha Vogeler et… Clara Westhoff-Rilke, qui fut l’épouse du poète! Ce dernier consacra d’ailleurs une célèbre monographie aux artistes de Worpswede et à ce lieu envoûtant; en juillet, lors de mon séjour Erasmus d’un mois (je suis partie, invitée par l’association des musées de Worpswede, interviewer des artistes et des responsables curatoriaux, et ces entretiens, dont certains sont en ligne, feront aussi partie intégrante de la pièce de théâtre qui sera présentée lors de ma soutenance…) j’ai été très émue de tenir entre mes mains un des premiers exemplaires de ce texte, lors de ma visite à la Fondation Paula Modersohn-Becker.

https://www.pmb-stiftung.de/

Si Clara Westhoff et Rainer Maria Rilke ne vécurent ensemble que très peu de temps et que bien d’autres femmes occupèrent le cœur du poète, ils ne divorcèrent pas et conservèrent un lien affectif et intellectuel majeur. Clara s’éloigna d’ailleurs à peine de Worpswede et partit s’installer avec leur fille Ruth à Fischerhude, un autre village de Basse-Saxe. Sa maison, devenu un café, se nomme toujours « Das Rilke-Haus »…

http://www.cafe-im-rilke-haus.de/

Et dans cette dénomination aussi on peut percevoir l’invisibilisation de la sculptrice, dont la présence en ce lieu est éclipsée par la renommée de son auguste époux – cette thématique fait partie des fils conducteurs de ma thèse…

Clara Westhoff-Rilke et Rainer Maria Rilke

Cependant, en ce jour d’anniversaire, l’heure n’est pas à la polémique mais à l’hommage!

Un dieu le peut… 

Un dieu le peut. Mais comment, dis,
l’homme le suivrait-il sur son étroite lyre ?
Son esprit se bifurque. Au carrefour de deux
Chemins du cœur il n’est nul temple d’Apollon.

Le chant que tu enseignes n’est point désir :
ni un espoir, enfin comblé, de prétendant.
Chanter c’est être. C’est au dieu facile.
Mais quand sommes-nous ? Et quand

met-il en nous la terre et les étoiles ?
Non, ce n’est rien d’aimer, jeune homme, même si
ta voix force ta bouche, — mais apprends

à oublier le sursaut de ton cri. Il passe.
Chanter vraiment, ah ! c’est un autre souffle.
Un souffle autour de rien. Un vol en Dieu. Un vent.

Cité dans

https://www.eternels-eclairs.fr/poemes-rilke.php

J’en profite pour mettre le lien vers une création digitale autour de Rilke présentée il y a quelques mois lors d’une journée d’études, dont le texte figurera bientôt dans une grande revue universitaire; en cliquant sur ma chaîne, vous retrouverez les vidéos autour de Worpswede déjà mises en ligne.

Je me permets enfin de reposter ce texte de 2011, avec sa splendide mise en mots par mon amie Corinne… Je ne suis ni Rilke ni détentrice d’un « grand » prix littéraire, mais j’ai commis cette brève réécriture des célèbres « Lettres à un jeune poète »:

Chère jeune poétesse!

Vous me demandez si vos poèmes méritent d’être nommés poèmes. Vous me demandez si vous êtes une poétesse.

Que vous répondre, chère jeune poétesse, que vous répondre, si ce n’est que la nuit vous sera vie.

La nuit, lorsque soufflera l’Autan et que Garonne gémira comme femme en gésine, vous le saurez.

La nuit, lorsque seul le rossignol entendra vos soupirs, vous le vivrez.

Vous vivrez ces instants où le mot se fait Homme, où quand d’un corps malade jaillit cette étincelle que d’aucuns nomment Verbe, quand certains la dédaignent; les étoiles apparaissent, et des mondes s’éteignent.

Vous me demandez, jeune amie, si vous êtes faite pour ce métier d’écrivain.

Mais écrire, belle enfant, ce n’est point un métier, ce n’est pas un ouvrage.

Poésie et argent ne font pas bon ménage, poésie est jalouse, et le temps est outrage.
Vous verrez le soleil dédaigner vos journées, et les ors, les fracas, les soirées et les fêtes, bien des autres y riront, se payant votre tête.

Seule au monde et amère, comme un fauve en cavale, vous lirez, vous irez, sachant mers et campagnes, portant haut vos seins doux, vos enfants en Cocagne. Loin de vous les amours, parfois quelque champagne.

Mais les mots, jeune amie, les mots, ils seront vôtres.

Vous les malaxerez comme on fait du pain frais, vous les disposerez en lilas et bouquets, vous en ferez des notes, des sonates, des coffrets.

Et quand au jour dernier vous serez affaiblie, vos mains seules en errance, votre bouche enfiévrée, on vous murmurera qu’on vous a tant aimée.

Mais il sera trop tard: vos vers auront fugué.

Alors soudain des peuples chanteront vos ramages, on vous récitera, des statues souriront; un écolier ému relira quelque page. Et un soir, quelque part, au fin fond d’un village, ou dans un bidonville, enfumé et bruyant, une jeune fille timide osera les écrire, ses premiers vers d’enfant, vous prenant en modèle.

Alors ma jeune amie, ce jour-là, doucement, comme en ronde éternelle:

vous serez poétesse.

Vous trouverez peut-être que cet article part dans tous les sens… Mais je n’ai jamais su choisir entre mes deux pays, entre toutes mes passions, et « il me faudrait mille ans » pour écrire tout ce dont j’ai envie de parler, comme le raconte ce texte ou ces méli-mélo de poèmes…

https://www.poesie-sabine-aussenac.com/

Et si vous aussi, vous tentiez votre chance en écriture??

** Lien vers un site répertoriant tous les concours de nouvelles:

** Lien vers un site collectant les concours de poésie, et autre lien vers nos chers Jeux Floraux toulousains!

http://www.poetika17.com/concourspoesie.html

Une rencontre entre autrices d’#Occitanie #8mars #Toulouse: récit et bilan!

(Photo extraite de la lettre de Convergencia Occitana)

Ce fut beau, sororal, puissant, engagé, lumineux, profond, vibrant, intime, international, et c’était à l’image de notre ville rose! Nichées dans l’antre chaleureux et chargé d’histoire de l’Ostal, les personnalités des unes et des autres ont pu à la fois démonter leur ancrage dans ce terroir occitan si fécond et leurs envols respectifs vers l’Universel, puisque la magie de ce moment de partage s’est aussi exprimée dans les multiples passerelles entre les mondes: nous avons pu croiser littératures et Histoire, géographies et langages, sororités et fraternités, arts et Nature, et nous n’étions pas, loin s’en faut, dans un simple entre-soi toulousain ou occitan.

Car la beauté des régionalismes réside aussi dans les ouvertures qu’ils procurent, comme autant de méridiens et de passages: c’est ainsi que chaque intervention en a appelé une autre, en un ballet des passages de relais, entre un « private joke » au sujet de nos attaches respectives autour du Gers ou de la ville de L’Union et de multiples chiasmes entre les parcours, les engagements et les objectifs.

Les autrices, un peu floues mais bien présentes! Crédit Convergencia Occitana.

C’est l’essayiste Chantal Armagnac qui a ouvert le bal après la riche présentation de la rencontre par la très dynamique Florence Ginisty, avocate au barreau de Toulouse et très engagée dans le monde associatif. Chantal Armagnac a régalé le public, au demeurant formidablement constitué non pas seulement de femmes et/ou de féministes, mais d’un beau panel de parité, car les messieurs étaient eux aussi présents en nombre, d’extraits de son ouvrage sur le pastel, mettant en lumière le parcours de la Belle Paule et son destin d’égérie de la beauté condamnée à un rôle représentatif, un peu comme le sont certaines stars actuelles, puisque cette idée que beauté et intelligence n’iraient pas de pair a encore la vie dure… Si les lectrices et lecteurs ne connaissent pas le pastel, cette étrange plante à la floraison jaune qui offre de si extraordinaires nuances de … bleu, je les invite à en savoir plus!

Liens vers les ouvrages de cette autrice:

  • Les Couleurs de ma Gascogne, Éditions Grand Sud Albi Rouge, 2011, Jaune 2012, Bleu 2015
  • Le Pastel en Pays de cocagneÉditions Bleu Pastel Albi, 2016, réédité et actualisé en 2022
  • L’Oeuvre au BleuÉditions Un Autre Reg’Art, Albi, 2023

https://www.ladepeche.fr/article/2016/11/16/2459244-decouvrir-le-pastel-avec-chantal-armagnac.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Belle_Paule

http://www.lauragais-patrimoine.fr/PATRIMOINE/PASTEL/PASTEL01.htm

Instagram de Florence Ginisty:

https://www.instagram.com/florenceginisty/

Anne-Pierre Darrées nous a ensuite exposé son passionant parcours d’éditrice, insistant sur les lacunes culturelles qui l’ont conduite à promouvoir les présences et plumes féminines et à permettre de multiples publications aussi passionnantes les unes que les autres. Poésie, récits, essais, les paroles de femmes se libèrent grâce aux éditions Reclams! Anne-Pierre insistera sur le fait qu’encore aujourd’hui, les femmes parfois manquent de confiance en elles, écrasées par les millénaires de patriarcat, et son parcours international lui confère, c’est certain, une belle légitimité, puisqu’elle a été représentante de femmes à Bruxelles et engagée dans le groupement WIN. Elle aussi fédère, rassemble, organise des rencontres: à plusieurs, on est plus fort.es!!! Pour en savoir plus, le lien vers le podcast se trouve plus bas!

  • Edicions Reclams, 31800 Landorthe
  • Productions d’autrices :
    • Les anthologies :
      • Paraulas de Hemnas, 35 poetessas occitanas (épuisé), 2020
      • Tien-te fièra, creatoras occitanas (sortie fin 2025)
    • Les livres pour adultes
      • Fabienne Vayrette-Péchali, E víver,  2024
      • Adeline Yzac, Quò’s pas per res,  2022
      • Danièle Estèbe-Hoursiangou, La murèna atendrà,  2022
      • Maëlle Dupon, Vènus a l’escorpion,  2022
      • Cerc literari La Musnegra (5 autoras, 4 autors), Tempèsta d’enlà, 2025
      • Anne-Pierre Darrées, L’Astarac, l’âme paysanne (introduction à la culture astaracaise), 2025
    • Jeunesse
        • Anne-Pierre Darrées, Ercules l’iniciat, 2021 et 2024
        • Aure Séguier, Rodeo preïstoric,  2023
        • Aure Séguier, La fugida de la guerrièra, 2025
    • Enfants
      • Eva Cassagnet, Paraulinas,  2023
      • Eva Cassagnet, L’ors e las sasons,  2024
      • Eva Cassagnet, Lo camparòu, 2025

https://www.wincommunity.org/

La voix douce et forte de Fabienne Vayrette a tout naturellement pris le relai, puisque cette autrice de fictions, de contes et de nouvelles est justement éditée par Reclams… Quelle sarabande métissée que ce récit qui, en occitan, nous emporte à Moscou, dépeignant le combat d’une certaine Anna contre la guerre… Comme il est étrange pour le cerveau de faire le lien entre notre langue d’Oc, si ancrée dans son territoire ancestral, et le monde lointain, aux confins de l’Oural, et comme il est puissant, ce sentiment de sororité entre les femmes de tous les pays… J’ai pour ma part, en écoutant le récit d’Anna la Moscovite et de sa pancarte contre la guerre, pensé à Anna Politovskaïa, la journaliste assassinée, à Anna Akhmatova, la poétesse russe si libre, et à Marina Ovsiannikova, cette journaliste qui a brandi la pancarte « No war », défiant le régime…

https://www.reclams.org/fr/catalogue/produit/192-e-viver

https://www.lisez.com/livres/no-war-lincroyable-histoire-de-la-femme-qui-ose-sopposer-poutine/9782809847789

La périgourdine Cecila Chapduelh, artiste polylatentueuse puisqu’à la fois poétesse et chanteuse, chroniqueuse et doubleuse de films, mais aussi artiste plasticienne car intégrant la dentelle et le tissu à des livres d’artistes, nous lira ensuite de la poésie, enchantant l’auditoire par sa passion de la culture occitane. Inspirée par le poète provençal Max-Philippe Delavouët et ayant baigné dès l’enfance dans cette langue qu’elle manie avec brio, elle va nous ravir en listant des répliques entre homme et femme issues de la littérature orale et poétisées. Cecila, couseuse de mots, dentellière féministe, manie la langue occitane avec humour et brio!

  • Mina de plomb, mina de ren/ Mine de plomb, mine de rien (Montpeiros, Éditions Jorn, 2023) 
  • Volutas (2020)
  • Contribution aux anthologies
    • Paraulas de hemnas (coordination de Paulina Kamakine, éditions Reclams, 2020)
    • Par tous les chemins, florilège des poésies en langue de France (coordination de Marie-Jeanne Verny et Norbert Paganelli, éditions Au bord de l’eau, 2019) 
  • Alimentation de la rubrique « Per la veirina entreduberta » de la revue Lo Diari 
  • A chara o crotz/À pile ou face (Éditions Lo Chamin de Sent Jaume, 2015)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Max-Philippe_Delavou%C3%ABt#:~:text=Max%2DPhilippe%20Delavou%C3%ABt%2C%20ou%20Mas,d’expression%20proven%C3%A7ale%20et%20fran%C3%A7aise.

Ce sera ensuite au tour de la chercheure Martine Boudet, coorganisatrice de la rencontre, essayiste autonomiste, altermondialiste spécialiste d’éducation inclusive et du patrimoine occitan, animatrice d’un blog, se situant au carrefour de « la France » et de l’Occitanie puisqu’originaire de Limoges, au nord de notre région, et aussi professeure de Lettres Modernes, de passionner l’auditoire: elle insiste sur cette bi culturalité et va nous lire un extrait de sa dernière publication, « L’emblématique des régions de France », un ouvrage qui va analyser différents symboles autour de cette idée de nation tout en décryptant les différences coercitions liées au pouvoir, toujours dans la perspective d’une lutte contre l’hégémonie culturelle.

  • L’emblématique des régions de France (Paris, Panthéon, 2023) –Avec le soutien de l’université Paris-Cité
  • Les langues-cultures moteurs de démocratie et de développement (direction, Le Croquant, 2019). Participation de la DGLFLF/ Direction de la langue française et des langues de France
  • Les hymnes et chants identitaires du grand sud (Toulouse, IDECO, 2009) – Primé aux jeux floraux de 2010
  • Les femmes et le féminin en terre d’Oc et au Félibrige (co-direction, Éditions du Félibrige, Aix-en-Provence, 2023)
  • Blog « Parité occitane »

Voilà donc le podcast de ce début de rencontre, grâce au remarquable travail de radio Ter et au travail du magicien des sons, Manu!

La deuxième partie de la rencontre sera consacrée aux solidarités, en intégrant les interventions de femmes ukrainiennes et kurdes. Florence Ginisty passe donc tout d’abord le micro à Oxana Conor, présidente de l’association Ucraïna en Occitània, une organisation qui travaille en lien étroit avec la Maison de l’Occitanie. Il reste environ 400 réfugiés ukrainiens en ville rose sur les quelques 2400 personnes ayant fui les combats, et des liens se sont tissés entre les deux cultures: Oxana pratique par exemple la danse occitane, qui lui rappelle les danses traditionnelles. Elle va nous interpréter un chant du XVe siècle dans sa langue et proposer à la vente de superbes foulards portés par les femmes de son pays, que l’association ramène lorsqu’elle rentre de ses missions humanitaires.

https://www.facebook.com/sabine.aussenac/videos/1867195190774045

https://www.ladepeche.fr/2023/08/05/a-la-rencontre-de-lukraine-en-musique-sur-le-marche-11379925.php

https://www.ladepeche.fr/2025/02/23/les-dons-ont-cesse-les-esprits-se-sont-eloignes-a-toulouse-lassociation-ucraina-lutte-pour-la-memoire-avec-les-foulards-des-grands-meres-12515212.php

Florence va ensuite présenter l’association des femmes kurdes, située à l’Union, et l’une des représentantes, vêtue avec une autre jeune femme d’une superbe tenue traditionnelle, va faire un magnifique récit au sujet des luttes des femmes kurdes, souvent exilées. Elle nous parlera des combats du Rojava et de tous les bouleversements qui se succèdent depuis des décennies dans cette région. Le rôle des femmes est d’autant plus essentiel que certains villages sont portés à bout de bras par des communautés féminines. Elle nous dira aussi son inquiétude vis à vis du nouveau régime syrien, et citera bien sûr « Femmes, vie, liberté, car tous les combats se rejoignent en ce sens!

TOULOUSE. rencontre avec Somayeh Rostampour autour de son livre "Femmes en armes, savoir en révolte : du militantisme kurde à la Jineolojî", paru aux éditions AgoneRDV le 20 juin 2025 à 19hTerra Nova18 rue Gambetta31000 TOULOUSE

Kurdistan au féminin (@femmeskurdes.bsky.social) 2025-03-23T09:43:39.024Z

Béatrice Dillies, grand reporter à la Dépêche, prendra ensuite tout naturellement la parole au sujet de son livre autour du Kurdistan. Elle fera donc le lien avec les récits des femmes kurdes en parlant de la voix brisée du peuple kurde, le plus grand peuple du monde sans état, en évoquant entre autres la langue « empêchée », ce qui nous rappelle l’occitan que l’on a aussi interdit de parler à nos grands-parents lorsqu’ils étaient à l’école… Elle nous raconte ce peuple, à la culture musicale et poétique si riches, ses combats contre les dictatures, et cette voix que l’on a tentée d’effacer par de multiples génocides, par des viols comme arme de guerre, et nous lira un extrait puissant de son ouvrage au sujet des mères dénommées les « mères lionnes » et du massacre des « 8000 de Barzan ».

  • Un génocide oublié-La voix brisée du peuple kurde (Récit), Paris, L’Harmattan, 2023

https://www.institutkurde.org/info/il-y-a-38-ans-la-deportation-et-le-massacre-de-8000-barzanis-1232552070

J’aurai ensuite la joie de présenter Rose Ausländer, une grande poétesse allemande originaire de la Bucovine, une région aujourd’hui située en Ukraine, à laquelle j’ai consacré un essai en 2022 paru aux éditions du Bord de l’Eau, poétesse que je traduis et qui est au centre d’un roman en cours d’écriture, « Rose, entre le ciel et ici ». Je vais lire un passage de mon essai où je parle de la langue allemande que la poétesse avait sciemment « oublié » après la Shoah, le ghetto et durant son exil, avant de la retrouver en résilience.

Voilà la suite du podcast de la rencontre par radio Ter:

Après une pause passionnante où l’auditoire a pu échanger avec les autrices, feuilleter et acheter nos livres et se réjouir de la beauté du lieu, la rencontre a repris avec l’émouvante voix d’Élodie Lousteau, poétesse et chanteuse d’origine basque, spécialisée dans les chants anciens. Elle nous chantera a capella un superbe chant grec et nous lira un extrait bouleversant de son ouvrage Cracher le silence. Elle nous explique s’être aussi intéressée à la langue avec sa grand-mère qui perdait la mémoire, creusant l’intériorité d’une personne malgré les absences. Elle explore ainsi les méandres de la maladie d’Alzheimer au travers de la poésie.

  • Cracher le silence, éd. Rosa Canina, 2023 
  • S’effacer, éd. Encres vives, 2017

https://www.facebook.com/sabine.aussenac/videos/3980637432182403

Enfin, en apothéose de notre belle rencontre et en miroirs de toutes les paroles et chants de femmes, c’est la trobaïritz et barde Estella du Val qui va interpréter plusieurs chants, s’accompagnant au tambour. Ayant étudié de nombreux styles musicaux, avec une réflexion approfondie autour de la condition féminine, la chanteuse ravira la salle avec sa voix intense et son interprétation singulière.

https://www.facebook.com/sabine.aussenac/videos/664714666017581

https://www.instagram.com/estella_du_val_diodoryza/

https://www.facebook.com/people/Estella-Du-Val/100015627755235/?_rdr

Voilà enfin le dernier podcast de la rencontre:

Et en bonus un lien vers différentes interviews d’autrices par radio Occitania:

https://www.podcastics.com/podcast/episode/rencontre-avec-les-autrices-occitanes-a-lostal-doccitania-353494/

Pour terminer: le résumé en occitan du Journalet!

https://www.jornalet.com/nova/23034/tolosa-rescontre-literari-per-donar-visibilitat-a-las-autoras-occitanas

Rencontre cultural e literari « Promocion de las femnas d’Occitània »                  Rencontre culturelle et littéraire « Promotion des femmes d’Occitanie,  organisée par la fédération Convergencia Occitana, la librairie La Tuta d’Oc  (IEO31), Radio Occitania, Radio Ter, le journal en ligne Jornalet, les associations « Nos conversations » et Ukraina en Occitanie, ainsi que le restaurant A Taula, le samedi 8 mars 2025 à l’Ostal d’Occitania (TOULOUSE)

                               ————————————————-

   

 

Un #haïku pour les #Bibas: ronde poétique autour du monde #7octobre #paix

En hommage à la famille Bibas, symbole des massacres du 7 octobre 2023, nous organisons une « ronde poétique » en proposant une traduction d’un haïku dans le plus de langues possibles. Le texte initial (de Sabine Aussenac) et les premières traductions dans diverses langues sont d’ores et déjà à retrouver ici.
Nous invitions les poétesses et poètes du monde entier à nous écrire pour nous proposer leurs traductions du haïku, en donnant leur nom et leur lieu de résidence. Les textes seront rajoutés au fil de leurs réceptions. 

Lorsque nous aurons réuni suffisamment de traductions, nous ferons aussi une création digitale audiovisuelle et organiserons un relai sous la forme d’une ou plusieurs émissions de radio.

Cette démarche s’inscrit dans un Devoir de Mémoire et se veut aussi appel à la PAIX; nous pensons à tous les enfants juifs morts dans le massacre, mais aussi à tous les enfants palestiniens disparus. 

Cet événement est répertorié sur le site du « Printemps des Poètes ».

( permalien à retrouver prochainement)

Notre souhait est de faire voler le souvenir de la famille Bibas tout autour du monde, en envol de partages, afin de transcender les haines…

Le haïku:

Terreur absolue
leurs rousseurs nos espérances
tous les trois sont morts

En anglais, traduction par moi-même:

Absolutely scared
their red flammes image of hope
and now they are dead

En allemand, traduction par moi-même:

Die schreckliche Angst
rote Haare der Hoffnung
und nun sind sie tot

En russe, par Evelyne Amoursky, grande traductrice de nombreux auteurs russes, et mon amie grâce à un beau réseau social:

Беспредельный ужас

их рыжесть — наша надежда

мертвы все трое

https://www.racontemoilaterre.com/livre/9782940701599-la-sonate-a-kreutzer-a-qui-la-faute-romance-sans-paroles-le-prelude-de-chopin-leon-tolstoi-sophie-tolstoi/

Parce que nos sensibilités sont multiples, voici une autre version du haïku, traduit en russe toujours par mon cher ami Pierre Lochak, mathématicien et philosophe:

Абсолютный ужас

их рыжеволосость — надежды наши

все трое умерли

Et en hébreu, aussi traduit par Pierre Lochak:

אימה מוחלטת

הג’ינג’יות שלהם תקוותינו

שלושתם מתים

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Lochak

En malgache, traduit par ma chère amie Angéline Ranaivoarinosy:

‘Ndrisy fa maty

Tandra fanantenana

nihorohoro

https://www.instagram.com/ranaivoarinosy/

En tamazight et en arabe, traduit par le merveilleux poète Mohamed Farid Zalhoud, rencontré en 2008 sur le forum Oasisdesartistes, grâce auquel j’ai retrouvé la poésie:

ⵜⴰⵡⴷⴰ ⵜⴰⵎⴳⴷⵓⵍⵜ

ⵜⴰⵣⵓⵖⵉ ⵏⵙⵏ ⴰⵏⴰⵔⵓⵣ ⵏⵖ

ⴰⴼⵓⴹⵏ ⴰⴽⴽⵯ ⵙ ⴽⵕⴰⴹ

رعب مطلق

نمشهم رجاؤنا

كلهم الثلاثة ماتوا

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mohamed_Farid_Zalhoud

En chinois, par la talentueuse doctorante en histoire et créatrice digitale Wanling Xu:

极度的恐惧

他们火焰般的头发,是我们的希望

如今三人皆陨落

En danois, traduit par le magnifique compositeur Anders Nordentoft, qui a aussi consacré une de ses œuvres à Rose Ausländer et que j’ai le bonheur de connaître grâce à Facebook:

Fuldstændig angst

deres røde flamme var et billede på håb

og nu er de døde

https://www.wisemusicclassical.com/composer/1138/Anders-Nordentoft/

En occitan, traduit par mon ami Bernard Vernières, docteur ès lettres et professeur de lettres et d’occitan:

 Terror absoluda

lors rojors esperança nòstra

totes tres son mòrts…

https://www.ladepeche.fr/article/2010/01/05/748877-lavaur-decouvrir-les-pays-occitans-avec-bernard-vernieres.html

En yoruba, l’une des langues les plus parlées en Afrique puisqu’elle est parlée au Bénin, le pays du traducteur, mon ami le grand poète Victor Hountondji, mais aussi au Nigéria:

Ìbẹ̀rù pátápátá 

Irun pupa wọn, ìrètí wa, 

Gbogbo àwọn mẹ́tẹ̀ẹ̀ta ti kú

https://www.editions-harmattan.fr/catalogue/auteur/victor-mawuton-hountondji/23631?srsltid=AfmBOord5CcsdFZLB5-QROWXvo13y6USSjE-pXBjYOHOqWjLoiiRhL8U

En pular (peul), traduit par Ousmane Mballo, brillant doctorant en philosophie:

Bone

Boɗowol maɓɓe woni ɗaminare men

Kamɓe tato fof ɓe maayi

En vietnamien, traduit par ma chère amie FB ThuNguyen Ton Nu:

Quá sợ hãi ngọn lửa đỏ của họ

hình ảnh của hy vọng và bây giờ

chúng đã chết

En italien, traduit par Enzo Santese, écrivain, poète et critique d’art, rencontré aussi via FB:

Orrore vero

nei loro tratti sogni

tutti tre morti

En italien toujours, traduit par l’une de mes plus chères amies « virtuelles », mais pas que, celle que je nomme ma « fée », O.D.F:

Pure terrore

La loro lentiggine, la nostra speranza

Tutti tre sono morti

En mooré, la langue principale du Burkina Faso, traduit par mon cher ami Jean-Paul Wendpuiiré Kedrebeogo, enseignant et chercheur en philosophie:

Rabeem kãsenga

B zoobdã ra yãagda ne tõnd tẽebo

La b tãabã maana kaalem

En alsacien, traduit par un philosophe, traducteur et écrivain de talent, mon ami Marc Chaudeur:

Schrecklichi Angst

Rote Hoor vun d’r Hoffnung

un jetzt sin se tot

Marc Chaudeur nous propose aussi une traduction en danois:

Skrækkelig raedsel

Håbets rød har 

og nu er de døde

Une rencontre entre autrices d’#Occitanie #8mars #Toulouse

Quelle belle idée que de réunir des autrices autour de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et de la culture occitane! Pas peu fière d’y avoir été conviée! L’événement, organisé à l’initiative de la dynamique Martine Boudet, de Convergéncia Occitana et de La Tuta d’Òc, sera riche en émotions.

Nous nous rencontrerons dans l’enceinte du magnifique Ostal d’Occitanie, le 8 mars, de 16 à 19 heures, pour échanger au gré de lectures et d’interventions. Il y aura la possibilité d’acheter nos ouvrages, et je me ferai une joie de dédicacer mes Mémoires d’Autan et mon essai sur Rose Ausländer.

Quelle joie que d’être associée à ces sœurs en écriture… Notre région foisonne de talentueuses plumes féminines qui, au gré des siècles, ont laissé leurs empreintes au gré de leurs engagements littéraires! Des Trobairitz et de Clémence Isaure à nos jours, en passant par Eugénie de Guerin, Sabine Sicaud ou Louisa Paulin, la poésie féminine a toujours résonné en nos belles contrées méridionales. Et les romancières, essayistes, dramaturges et chercheuses ne sont pas en reste, comme la rencontre de samedi nous le prouvera.

Il est si important de continuer à nous mobiliser, femmes et hommes de bonne volonté, ENSEMBLE, pour les droits des femmes et contre les inégalités de genre! Dans tous les pays du monde, ces droits, quand ils ne sont pas carrément foulés aux pieds, demeurent fragiles et à reconquérir chaque jour… Nous, autrices d’Occitanie, souhaitons porter haut et fort nos voix plurielles pour que dans les domaines de la littérature, de l’édition, de la recherche, nous puissions les faire entendre.

Que de combats à mener, entre les violences faites aux femmes qui ne diminuent pas, loin de là, les féminicides, le plafond de verre, la charge mentale, les inégalités salariales, les inégalités face à la prise en charge de notre santé, le droit des femmes à disposer de leur corps… Et je pense aussi très fort aux femmes iraniennes vilipendées et assassinées pour le non port du voile, aux femmes afghanes qui ne disposent même plus du droit à la lumière puisque le gouvernement a décidé de murer leurs maisons, aux femmes ukrainiennes en proie à la guerre, aux femmes palestiniennes qui ont tant souffert des bombardements et aux femmes juives assassinées ou prises en otages le 7 octobre…

Le chemin sera long, il est urgent de l’emprunter pour faire bouger les lignes!

Venez en nombre! Ce sera un beau moment non seulement entre autrices d’Occitanie, mais entre gens de cœur, et on y parlera de condition féminine, d’égalité et de vie culturelle et sociale occitane! Chantal ARMAGNAC, Martine BOUDET, Cecila CHAPDUELH, Anne-Pierre DARRÉES, Béatrice DILLIES, Élodie LOUSTAU et Fabienne VAYRETTE vous attendent!

Voici les informations autour de l’événement.

Je vous incite à parcourir l’annonce de la rencontre en cliquant ci dessous sur le lien – si vous le consultez depuis un ordinateur il y a une jolie animation dynamique, et depuis le smartphone il faut descendre après l’annonce bilingue pour trouver les autrices) en suivant le lien ci-dessous et à découvrir les liens des différentes autrices. Le second lien vous dirigera aussi sur l’Ostal.

  • 08/03
  • 16h
  • Ostal d’Occitania
  • 11 rue Malcousinat (Tolosa)
  • Gratuit
  • Organizacion : Convergéncia Occitana, Martine Boudet, La Tuta d’Òc

Pastorada del cèl

La poësia
es lutz e dança,
palomba dins la nuèit,
revolum del cant de las fuehlas,
terra nòstra e vin d’alegrança,
sosc inatengible dins la votz d’amor.

La poësia
es crit de revòlta que canta
come los ausels,
ama de fuòc sacrat,
breçairòlas del lop e croisada de la colomba,
raives de las montanhetas,
luna e esteletas : pastorada del cèl.

La poësia
es lo silenci de fum,
la Menina e l’ostal, sorga e fòrça,
alas blancas, e aigueta que camina sus
mon còr.
***

La pastorale du ciel

La poésie
c’est la lumière et la danse,
palombe dans la nuit,
tourbillon du chant des feuilles,
notre terre et vin d’allégresse,
songe inaccessible dans la voix d’amour.

La poésie
c’est un cri de révolte qui chante
comme les oiseaux,
âme du feu sacré,
berceuses du loup et croisade de la colombe,
rêves de petites montagnes,
lune et étoiles: la pastorale du ciel.

La poésie
c’est le silence de la brume,
la grand-mère et la maison, source et force,
ailes blanches, et eau vive qui chemine sur
mon cœur.

Je reproduis directement le texte bilingue ici:

 » Convergéncia Occitana & La Tuta d’Òc vous invitent à une rencontre culturelle et littéraire pour la promotion des femmes d’Occitanie, à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes le 8 mars 2025.
Huit autrices (Chantal Armagnac, Sabine Aussenat, Martine Boudet, Cecila Chapduelh, Anne-Pierre Darrées, Béatrice Dilliès, Élodie Lousteau, Fabienne Vayrette) seront présentes pour vous présenter leurs ouvrages, lire des poèmes et des extraits d’œuvres, interpréter des chants, … Les échanges continueront avec un débat sue l’histoire et l’actualité de la condition féminine en Occitanie et une séance de dédicaces et d’entretien radiophoniques, le tout avec l’animation de Florence Ginisty, membre de Convergéncia Occitana.

Évènement porté par Martine Boudet, avec l’aide des associations Convergéncia Occitana & IEO 31 / La Tuta d’Òc

**

Convergéncia Occitana & La Tuta d’Òc vos convidan a un rencontre cultural e literari per la promocion de las femnas d’Occitania, a l’escasença de la jornada internacionala de lucha pels drechs de las femnas lo 8 de març de 2025.
8 autoras (Chantal Armagnac, Sabine Aussenat, Martine Boudet, Cecila Chapduelh, Anne-Pierre Darrées, Béatrice Dilliès, Élodie Lousteau, Fabienne Vayrette) seràn presentas per vos presentar lors obratges, legir de poèmas e d’extraches de libres, interpretar de cants, … Los escambis contunharàn amb un debat sus l’istòria e l’actualitat de la condicion femenina en Occitania e una sesilha de dedicaças e d’entretens radiofonics, lo tot amb l’animacion de Florence Ginisty, sòcia de Convergéncia Occitana.

Eveniment portat per Martina Boudet, amb l’ajuda de las associacions Convergéncia Occitana & IEO 31 / La Tuta d’Òc

Informacions practicas :
Aperitiu dinatòri pagant sus plaça (sus reservacion, restaurant A Taula) »

Rose Ausländer, retour sur la tournée littéraire de juillet 2023#RoseAusländer #poésie #francoallemand #devoirdemémoire

Devant le buste de Rose AuslÄnder dans le Nordpark de Düsseldorf, crédits Sandra Voß

Plus d’un an après, il est plus que temps de faire le bilan de la superbe tournée littéraire autour de Rose Ausländer, rendue possible par la bourse reçue par la Société Rose Ausländer du Fonds Citoyen Franco-Allemand en juillet 2023. Si j’ai attendu autant de temps pour finaliser ce résumé, c’est d’une part car je ne voulais pas « faire de l’ombre » au site du FCFA (mais ils n’ont finalement pas mis notre projet en ligne, dommage…), et d’autre part car cette année a été bien agitée et difficile, entre une opération ratée et la perte de mon père.

En ces temps incertains où les armes résonnent tout autour de nous, non loin de la Bucovine de Rose sise aujourd’hui en Ukraine et bien sûr en Israël, à Gaza, au Liban, quelques jours après la commémoration des abominations du 7 octobre 2023, alors que des dizaines de milliers d’innocentes victimes sont mortes du fait de la folie des hommes, quand la peste brune sévit partout en Europe et que les actes antisémites se multiplient chaque jour, il me paraît aussi très important de revenir sur ce pari de la bonté, de la résilience et de la réconciliation qui fonde mes recherches au sujet de cette poétesse et sur lequel mes parents franco-allemands ont bâti sur relation.

Enfin, me voilà heureuse retraitée et pleine de temps libre pour revenir sur cette magnifique aventure!

Le travail d’organisation de la tournée avait été considérable, car cela a pris un temps infini de démarcher des dizaines d’interlocuteurs avant de réussir à finaliser les choix des dates, les lieux et les intervenants. Mais cela en valait la peine! Car les résultats de cette magnifique aventure vont bien au-delà de nos espérances!

Car outre la richesse des rencontres, la beauté des soirées musicales et les découvertes faites tout au long du séjour en Rhénanie, notre aventure a attiré l’attention des médias, et même d’un éditeur outre-rhénans! Et nous espérons sincèrement que cette tournée aura aussi des répercussions en France et nous permettrons de trouver un port d’accueil pour les traductions des poèmes de Rose et pour le roman.

« Rose, entre le ciel et ici », a permis l’extraordinaire rencontre de cultures, de peuples, de religions, puisque chaque soirée littéraire a donné l’occasion de chiasmes franco-allemands, avec des lectures bilingues, et de passionnantes discussions autour de l’histoire européenne et mondiale, du dialogue interreligieux, et, bien sûr, de la poésie et de la littérature.

De gauche à droite: Eva-Susanne Ruoff, Sabine Aussenac et Yael Anspach, dans la salle « Stadtfenster » du KAPP1.

La soirée du 4 juillet, à la bibliothèque de Düsseldorf, introduite par le Directeur, Klaus-Peter Hommes, puis modérée par Helmut Braun, le découvreur, l’ami et l’éditeur de Rose, fut un éblouissement artistique, grâce au violoncelle de la talentueuse Eva-Susanne Ruoff qui avait su choisir des pièces musicales s’harmonisant parfaitement aux textes lus à cette occasion. Pour chaque représentation, nous avions choisi des poèmes différents, afin de créer une atmosphère particulière. Yael Anspach, qui a remplacé Ruth Schiefenbusch, hélas malade, au pied levé, sut mettre toute sa fougue d’ancienne Sabra dans sa belle lecture des textes de Rose.

Le salut des artistes, crédits photo Barbara Schmitz

Les miscellanées de Wuppertal, le 6 juillet, furent tout aussi riches, malgré un public clairsemé! L’atmosphère estivale de l’arrière-cour de la librairie GlücksBuchladen et les accords du saxophone de Thomas Voigt, qui nous accompagna grâce au financement de la Else Lasker-Schüler-Gesellschaft, s’accordèrent aux cris des hirondelles pour envelopper la poésie ausländerienne de lumière bienveillante. C’est Helmut Braun qui prêta sa voix aux lectures en allemand, et sa connaissance des textes en permit une lecture pointue et parfaite.

https://www.facebook.com/sabine.aussenac/videos/1327387941185175

Voici le déroulé audio complet de la soirée, avec l’intégralité des lectures bilingues:

https://www.poesie-sabine-aussenac.com/cv/portfolios/rose-tour-lesung-wuppertal

Enfin, le 8 juillet, le happening musical et littéraire de la dernière rencontre aux alentours de Duisburg, accueilli au « Plus am Neumarkt » du Kreativquartier Ruhrort par le charismatique Heiner Heseding, accompagné par les bienveillances de la Société franco-allemande de Duisbourg, avec nos lectures croisées en deux langues, et par le talent infini du jeune chanteur Philipp Eisenblätter, se révéla vraiment comme le Climax de la tournée, avec un public vaste et varié, composé en partie par d’anciens ouvriers de la sidérurgie rencontrés lors d’une manifestation, venus en nombre! Wolfgang Schwarzer, l’ancien président de la « Voilà-Gesellschaft », avait retravaillé avec moi certaines traductions avant de partager la scène bilingue, tandis que Waltraud Schleser, actuellement à la tête de cette organisation qui porte haut les couleurs du franco-allemand, ouvrit le bal avec un beau discours.

Petit aperçu de l’ambiance:

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Sabine Aussenac2 (@sabine_aussenac)

Philipp nous enchanta avec sa reprise de sa chanson phare « Duisburg » et avec sa mise en musique de l’un des poèmes de Rose.

Quelle belle surprise aussi de voir ma famille allemande venue découvrir Rose, et une journaliste de Deutschlandfunk Kultur assise au premier rang pour couvrir l’événement! Il faut dire que la presse avait grandement annoncé les différents événements de la tournée et que j’avais même donné une interview dans une télévision locale la veille!

Voici quelques liens vers la presse:

Pas peu fière d’avoir été annoncée dans die Rote Fahne, le journal fondé par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht!

https://www.rf-news.de/2023/kw27/literarische-buchlesung-einer-engagierten-kaempferin-gegen-rassismus-und-antisemitismus

Heiner Heseding avait lui aussi annoncé la soirée duisbourgeoise:

https://www.lokalkompass.de/event/duisburg/c-kultur/rose-zwischen-himmel-und-hier-lesetour_e300098

Entre les différentes dates, j’ai pu comme prévu poursuivre mes recherches autour de Rose et faire quelques lectures de textes et de poèmes en différents lieux.

Enfin, peu de temps avant mon retour à Toulouse, la journaliste Sandra Voß a souhaité faire une nouvelle interview, et nous avons passé un délicieux moment devant le buste de Rose dans le Nordpark de Düsseldorf. L’intégralité de cette rencontre est disponible en podcast:

https://www.deutschlandfunkkultur.de/rose-auslaender-roman-resilienz-aussenac-100.html

Merci encore une fois à toutes les participantes et à tous les participants de ce beau projet qui a fait résonner l’Europe, le franco-allemand et le Devoir de Mémoire. Merci à mon amie de toujours, Marie-Claude Camatta, d’avoir fait cette belle affiche, merci à Barbara Schmitz pour les photos, merci à l’infatigable Helmut Braun de son soutien précieux, merci à la société Else Lasker-Schüler et à la société franco-allemande de Duisburg, avec une grande reconnaissance à Wolfgang Schwarzer, merci à Yaël, merci à Heiner Heseding, à Sandra Voß, aux camarades de la Rote Fahne, au studio 47, et bien entendu un tout grand merci aux talentueux artistes:

* la fabuleuse Eva-Susanne Ruoff!

http://esrohlfing.de/

* le talentueux Thomas Voigt!

http://www.dein-saxophonist.de/

* l’extraordinaire Philipp Eisenblätter!

Sa dernière vidéo:

Et le clip de ma chanson préférée, celle à travers laquelle j’ai découvert cette pépite de la chanson allemande!

Et surtout, merci au Fonds Citoyen franco-allemand de son soutien!

https://www.fondscitoyen.eu/

En conclusion, mon poème dédié à Rose Ausländer:

Une vie à réinventer… #retraite #enseignement

Dernières heures.

Dernières minutes.

Dernières secondes.

Dernière surveillance.

Après les dernières heures de cours, les derniers conseils.

40 ans. 40 ans qui se terminent comme ça, doucement, en catimini, dans le silence feutré entrecoupé de quintes de toux et de stylos qui tombent, dans le clair obscur d’une salle où transpirent de jeunes esprits qui se collètent avec une épreuve de spécialité, dans les moiteurs et les empressements.

Pas d’au-revoir, pas de pot de départ, pas d’annonce claironnante quand tu n’es que TZR ( un peu comme contractuel, mais en fait agrégée en fin de carrière sans poste fixe).

Dehors, ces trombes d’eau qui transpercent un ciel de fin du monde, un ciel presque jaune, en étrange début d’été aux allures de Toussaint.

Demain ce sera la fête de la musique, comme lors de ta première, celle où tu avais aussi vu Crosby Stills and Nash au Zénith de la ville rose. Comme ces années sont passées vite…

1984, année de mon CAPES…

Tu as encore en tête le goût de ton tout premier cours, celui avant lequel un collègue pressé t’avait dit ‘ Tiens, voilà les clefs et la salle de ronéo, tu prends les craies chez le concierge!’. Tu te souviens de la bouille ronde de ces sixièmes comme autant de petits chats, attachants et joueurs, comme tu te souviendras toujours de cette dernière cuvée, des étreintes, le dernier jour, avec trois filles de seconde, de leurs petits mots gentils, du sourire de tes premières si reconnaissants et des échanges adorables et forts avec tes terminales.

Tu prévois peut-être un récit, un livre. 40 ans! 40 ans!!!!! 40 ans à raison d’une cinquantaine à plus d’une centaine de têtes blondes à accompagner par année, au gré des réformes diverses, à naviguer entre collège, lycée et BTS, à avancer, à se renouveler, à toujours croire en EUX, en leur potentiel de jeunes humains en devenir. À essayer de ne jamais les décevoir.

Tu te souviens de cette époque d’avant internet, quand déjà tu leur faisais faire des cassettes audio que tu écoutais en faisant ton repassage avant Ciel mon mardi. Tu n’as jamais oublié les montages que certains faisaient en utilisant les chansons de Grönemeyer…

Tu te souviens de ces élèves des petits collèges de campagne, si naïfs et gentils. De tes élèves de ZEP qui disaient ´ Ich liebe dich’ durant l’appel, ou ´Ich bin ein Berliner!’ De tes élèves de CHAM, les sections musique, brillantissimes et drôles, de Sissi qu’ils adoraient, de leurs rêves immenses. De cette élève de Roubaix dont le grand rêve, justement, était de devenir caissière.

De ceux qui sont morts, de celle qui a eu un accident de scoot, de celui qui s’est tiré un coup de fusil dans le ventre, de celui que son père a tué entre midi et deux d’un coup de fusil de chasse avec sa mère, de celui qui n’a jamais quitté ton cœur, dont la voiture s’est emboutie sous un camion. Maud, Jérôme, Michel, je dis vos noms.

Tu te souviens des repas de classe, quand tu étais jeune prof et que tu allais à ceux de tes Terminales qui avaient presque ton âge, quand ton collègue de philo faisait mine en te voyant de te prendre pour une nouvelle élève, et puis cette guitare dans ton jardin quand Vincent jouait La fille du coupeur de joints et Mistral gagnant sous le grand catalpa.

Tu te souviens du CD de la Traviata qu’on t’a offert devant le lac du jardin Lecoq. L’auteur de ce présent est toujours ton ami. Merci, Jean.

Tu te souviens des fous-rires, tellement innombrables, tellement plus que tu ne te souviens des heures difficiles. Bien sûr, elles ont existé aussi, ces classes désagréables dès la rentrée, ces moments de luttes intestines répétitives et usantes, comme si certains groupes parfois espéraient sonner l’halali en t’acculant à la colère, mais jamais tu ne cédas ni ne renonça au dialogue. Et tu préfères d’ailleurs te souvenir des farces de celui que tu avais eu presque 6 ans ( 2 secondes, 2 premières etc….!) et qui un jour avait mis une poubelle remplie d’eau en équilibre sur le haut de la porte:)

Dans cette même classe, les garçons avaient aussi écrit un jour ´ Ich liebe dich’ sur leurs paupières, on le lisait quand ils fermaient les yeux!

Tu te souviens, de ces mêmes années, du groupe d’élèves No name, dont tu avais d’ailleurs écrit le nom sur ta trousse, que tu avais écouté dans un bar non loin du lycée. Le guitariste est devenu connu, je le salue au passage!

Et puis les chaussettes musicales qui faisaient un chant de noël que toi aussi tu as portées une année, pour leur faire une farce à ton tour !

Tu te souviens des langages codés si créatifs, des ´chutez-vous’ en lieu et place de ´chut’ de tes élèves des quartiers! Et de certains visages inoubliables: ma chère Ophélia devenue une amie de mon fils, ma talentueuse Clarisse, ma douce Sèverine qui me doit sa famille (😎), et puis celui qui venait en cours en cravate et savait qu’il étudierait à Oxford, en 4e, et les brillantissimes, et tous ces cancres adorables…

Tu te souviens à peine des collègues, car somme toute ce sont les élèves, surtout, qui t’ont portée et soutenue lors de cette longue carrière! C’est sans doute lié au fait que tu as, au bout de dix ans, perdu ton poste fixe pour ne jamais en retrouver un. Mais tu garderas contact, c’est certain, avec quelques profs au grand cœur rencontrés au gré de tes affectations, et avec ce magnifique groupe FB de profs d’allemand, si riche en échanges et en conseils! Et tu n’as pas oublié l’accompagnement précieux de l’Institut Goethe durant toutes ces années, avec ton inoubliable stage à Berlin, ni les engagements forts et incessants de l’ADEAF…

https://www.adeaf.fr/#

Tu as une pensée émue pour tes chefs d’établissement, surtout pour deux d’entre eux disparus, eux aussi. Pour toutes les âmes qui portent à bout de bras les établissements où tu as travaillé, les petites mains qui nettoient et qui servent les repas, les piliers que sont les secrétaires de direction, les AESH qui accompagnent les élèves différents, la ruche bourdonnante de la vie scolaire, les sourires des personnels d’accueil…

Tu te souviens de ces petits matins blêmes quand, vers 4 h 30, tu te levais avant de prendre bus, métro, train et car pour rallier St Girons et longer les eaux vives du Salat. Et des centaines de trajets en TER entre Auch et Toulouse. Tu te souviens des milliers de copies corrigées, et de tous ces oraux de bac…

Trajet entre mon lieu de vie à Auch et trois postes, gare de l’Isle-Jourdain…

Tu te souviens du sms reçu par un élève dont le père était gendarme, quelques minutes après la tuerie de Merah à l’école juive. Tu te souviens d’Imagine chanté par tes élèves après le Bataclan.

https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/myriam_199095.html

Tu te souviens des cris de joie des bacheliers, des fronts soucieux des sixièmes, des confidences entre deux cours, de toutes les marques de confiance. Des gâteaux de l’Aïd apportés par les mamans, des Plätzchen de Noël faits par les élèves, des flashmobs et des repas allemands à la cantine.

https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/je-devins-une-enfant-de-l-europe_10388.html

Tu te souviens du café pris au soleil devant la salle des profs, devant la grande cours de Blaise, en écoutant U2 au Walkman, et de la fois où tu t’es infiltrée à la soirée bac au Diam’s. De la Perdrix et du Phydias, et du bar Chez l’Ogre, où les frontières se faisaient floues.

Montage fait par un Terminale qui savait ma passion pour U2…

Tu te souviens des inspections, de celle où tes filles avaient eu une gastro toute la nuit et où tu avais réparé ta branche de lunettes avec du scotch.

https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/vous-avez-dit-cayenne_466.html

Tu te souviens des dizaines d’expositions faites au gré des semaines franco-allemandes ou des semaines des langues, et des magnifiques soirées passées avec les assistants étrangers ou avec les parents durant les échanges…

https://annexeplochingen.blogspot.com/

***

Le thème de la dernière nouvelle que tu as écrite pour un concours était… Nouveau départ.

Oui, c’est bien cela, tu vas prendre un nouveau départ, et d’ailleurs tu te sens exactement comme à 18 ans, puisque, sans conjoint, sans maison, tu es libre comme l’air ( bon, presque, car encore très nantie de parents et d’enfants 😇) et donc capable, en théorie, d’enfin faire ce qui te plaît plaît plaît… Vas-tu voyager enfin, le faire, ce road trip à travers les States? Découvrir le Japon dont tu rêves, ou, plus prosaïquement, le Portugal? Enfin aller à Rome ou en Écosse?

Prendras-tu le temps de démarcher les éditeurs pour tes trois romans, pour les centaines de nouvelles et les milliers de poèmes? Seras-tu invitée au Marché de la Poésie ou aux Voix Vives de Sète, aux foires du livre? Quitteras-tu un jour les briques rouges pour les rives du Rhin?

Dernières heures.

Dernières minutes.

Dernières secondes.

La pendule marque presque la fin de l’épreuve et de ma fonction d’enseignante du secondaire.

Il va falloir trouver un temps nouveau, ne plus s’accrocher à ce découpage des agendas au papier tout neuf qui fleurent bon vendanges, des conseils de classe aux parfums de mandarine d’avant Noël, des ponts du mois de mai et des examens où l’on devine déjà la ligne bleue de Mare nostrum…

Ma vie est à réinventer.

( …et d’ailleurs ma date de départ à la retraite est le… premier octobre!!! Mais je pense que le mois de septembre se passera à couvrir des livres dans un C.D.I…😎 )

http://www.jimlepariser.fr/l%E2%80%99hymne-a-la-joie/

Et deux interviews dans le Café Pédagogique:

https://www.cafepedagogique.net/2024/06/27/sabine-aussenac-professeure-dallemand-jai-ete-une-prof-heureuse/

https://www.cafepedagogique.net/2024/07/04/sabine-aussenac-professeure-dallemand-jai-ete-une-prof-heureuse-2/

Arroser les souvenirs irisés

R êver aux jours

E ncore si proches et pourtant

T rès lointains,

R ire en se souvenant de mille joies,

A rroser les souvenirs

I risés qui rassemblent

T endresses et douleurs:

E nfanter vie nouvelle…

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Florilège des superbes travaux réalisés par les élèves au fil des ans…:

https://lallemagnetoutunpoeme.blogspot.com/2024/02/ma-belle-allemagne.html

Prix coup de cœur #concoursdenouvelle du #CROUS #Occitanie

Quelle jolie surprise en fin de semaine dernière! L’une de mes nouvelles a remporté le prix Coup de cœur du Concours de création littéraire du CROUS Occitanie! Elle sera à lire prochainement sur le site du CROUS…

https://www.crous-toulouse.fr/sortir-bouger-creer/
J’ai été d’autant plus touchée que j’avais remporté le premier prix de ce concours en 2018 avec ma nouvelle « Comme autant d’arcs-en-ciel »…

Merci aux CROUS de France de permettre l’envol de talents artistiques! Nous avons eu la joie de partager les remises des prix aux lauréates et aux lauréats dans la grande salle de l’Université du Temps Libre située dans la belle arrière-cour, non loin du magnifique marronnier qui veillait déjà sur mes années d’étudiante…

Bravo à toutes et tous, et merci pour la très belle lecture qui a été faite de la nouvelle lauréate, et pour la superbe soirée festive et colorée qui a suivi ces partages!

https://www.facebook.com/1138188420/videos/pcb.10225068375113376/496329872750513

J’aime infiniment ce lieu, qui abrite donc le CROUS, mais aussi l’ENSAV et tous ses talents audio-visuels… La cinémathèque et la Cave Po’ ne sont pas loin, ainsi que notre Sherpa, vénérable institution toulousaine qui met la Bretagne à nos portes…

https://www.facebook.com/profile.php?id=100054454901463

Autrefois, en mes jeunes années d’hypokhâgneuse, la bibliothèque américaine se nichait aussi à cette adresse, au premier étage, derrière les immenses murs de brique. C’est là que je venais faire mon marché amoureux, abordant innocemment de beaux étudiants en leur lançant avec mon accent tarnais: Hi, are you american?

Cette jeune fille n’existe plus que dans des souvenirs sépia qui se mirent parfois au gré des eaux mêlées de ciel…

Sabine Aussenac

photo de 2018, prise le jour de la remise des prix, sous le marronnier…

Pas(s)age(s)#bonneannée #2024 #happynewyear

Pas(s)age(s)

En m’excusant du « s » surnuméraire à « année-s »!

Pas sages

non, nous n’avons pas été sages

avant ce passage

des ombres de l’an vieil aux

lumières de l’an

neuf.

Encore une année des chaos, quand

hurlent les vents des sirènes au

milieu des fracas, quand meurent

 innocents, enfants martyrisés, femmes

violentées, pays ravagés.

*

Mais il y a eu aussi le Beau : ces abeilles en

printemps butinant

espérances, ces nouveaux-nés potelés

comme angelots, et puis les rencontres, les rires, les rivages

où dérivent nos vies en devenirs…

Accueillons-nous, cueillons les fruits sans cesse

renouvelés du temps, osons nous regarder

et faire de notre terre un meilleur

monde. Soyons rivières et coquelicots,

névés et blancheurs, débordons de

candeurs pour radier les nuits noires.

Éclairons-nous au feu

des âtres parfumés. Soyons les

allumeurs de réverbères !

Bel an neuf à vous et vos aimés !

Le texte a été lu en deux langues, avec ma traduction poétisée vers l’allemand, sur la radio canadienne CKCU. Merci à Hans Ruprecht ! La version allemande se trouve juste un peu plus bas.

https://cod.ckcufm.com/programs/414/63427.html

Cliquer sur « Listen now » ou suivre ce lien:

(Weg)weise(r)

Nicht weise,

nein, wir waren nicht weise, bevor

wir vor diesem Wegweiser zum neuen

Jahr standen, wo die Schatten des alten Jahres zu

Lichtern des neuen werden.

Wieder ein Jahr des Chaos: Heulende

Winde der Alarmsirenen

inmitten von Leben Fetzen, sterbende

Unschuldige, gemarterte Kinder, vergewaltigte Frauen, verwüstete Länder .

*

Aber es gab auch das Schöne:

 diese Bienen im Frühling wie

summende Hoffnungen,

diese pummeligen Neugeborenen, mit Pausbacken

wie Engelchen,

und dann  Begegnungen, das Lachen, die Küsten, an denen unser Dasein so sanft

hin und her schaukelt…

Lasst uns einander willkommen heißen

und die immerwährenden Früchte der Zeit

ernten, wagen wir es, uns selbst zu achten und aus unserer Erde

eine bessere Welt zu machen. Lasst uns Flüsse und Mohnblumen

sein, strahlende Firne, lasst uns von Unschuld

überquellen und

die dunklen Nächte auslöschen.

Lasst uns im Feuer leuchten

der duftenden Kamine.

Seien wir die Laternenanzünder!

Es lebe 2024! Alles Gute für Euch und Eure Liebsten!

https://sabine-aussenac-dichtung.blogspot.com/2024/01/wegweiser-alles-gute-zum-neuen-jahr.html

Rose Ausländer aux Cahiers de Colette #rencontrelittéraire #Paris #librairie

Comme elle aurait été heureuse, ma Rose, de revoir Paris! En 1939, déjà, si peu de temps avant la canonnade, elle avait rendu visite à la ville lumière. Et lors de son grand tour d’Europe de 1957, son séjour parisien, avec sa rencontre avec Paul Celan, avait fait partie de ses dates clefs…

Quelle fierté pour moi que d’être reçue dans l’antre de Colette, dans cette librairie phare, adresse incontournable de tout lecteur parisien qui se respecte…

http://www.lescahiersdecolette.com/

Merci à cette grande dame des lettres parisiennes de son accueil, et des sourires de Nicolas et Thomas – Thomas qui vient du Sud-Ouest, lui aussi ! – . La rencontre, présentée par Antoine Spire, le directeur de la collection Judaïsmes, qui héberge mon essai, a permis de mettre en perspective quelques-uns des thèmes développés par l’ouvrage et de mettre en avant la personnalité de cette poétesse encore trop peu lue en France, malgré les remarquables travaux universitaires qui lui ont été consacrés.

Ce fut un régal que de répondre à ses questions autour du livre, puisque Antoine Spire, l’une des voix de France Culture, est bien entendu plus qu’à l’aise dans l’exercice ! J’ai pu compter aussi sur le précieux soutien du préfacier, Laurent Cassagnau, de l’ENS Lyon, qui a eu la gentillesse de nous apporter ses pertinentes réflexions.

Merci encore aux amis qui sont venus nous écouter parler de Rose…

Et comme il n’y a pas de hasard, c’est bien le sourire d’Anne Frank qui a veillé sur cette rencontre, puisque juste avant le début de la conférence j’ai enfin découvert le Jardin d’Anne, non loin de la librairie et du mahJ… Anne grâce à laquelle « tout a commencé », lorsque j’avais découvert, enfant, à la lecture de son Journal, que mon deuxième pays, l’Allemagne, avait abrité l’Indicible…

Voici quelques photos qui ont immortalisé l’événement aux Cahiers de Colette, et les liens vers les vidéos mises en ligne. Merci à Sarah et Julie, les photographes ! (Les photos sont en libre accès FB)

Pour aller plus loin, deux articles de Laurent Cassagnau au sujet de Rose Ausländer:

« Rose Ausländer et la poésie américaine » in Etudes germaniques 58 (2003) 2, p.211-232

« Mémoire et souvenir: à propos de Schnee im Dezember de Rose Ausländer » in Rose Ausländer. Lectures d’une oeuvre (sous la dir. de J. Lajarrige et M.-H. Quéval), Nantes: Editions du Temps, 2005, pp. 101-115

https://sortir.telerama.fr/paris/lieux/boutiques/les-cahiers-de-colette,25231.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Spire

Quand sur Sainte-Victoire les cigales s’endorment #PrintempsdesPoètes #poésie #Cézanne

 

Dans les lézardes du temps

poussent des herbes

folles, graminées de lumière en parfum de

soleil.

 

Pierres sèches des ans en lisières

de jour, murs d’enceinte ou bâtis

façonnés d’habitudes et soudain:

 

la trouée. Tiges graciles et têtues,

floconneuses ou herbeuses, et ces hampes

fleuries qui semblent symphonies.

 

Dans les lézardes du vent

chantent des âmes

folles, sœurs malgré les distances

et tous les impossibles,

improbables colombes envahies

de lilas.

 

Car le monde est multiple

et les chemins toujours descendront vers

la grève, cent fauvismes à leurs trousses au regard

ébloui, quand sur Sainte-Victoire

 

les cigales s’endorment et qu’un grand

bonheur soudain vient embraser la

mer en long baiser d’amour aux

ocres des amants.

Bon Printemps des Poètes à toutes et tous!

https://www.printempsdespoetes.com/Edition2023

Certes, ce texte-là est loin de la thématique choisie en 2023, « Frontières », mais, attaquée par le covid, j’ai simplement eu envie de lumière…

Quelques liens vers certains de mes textes évoquant des frontières

https://literaturoutdoors.com/2022/12/20/et-cette-clef-sabine-aussenac-schriftstellerin-_-give-peace-a-chance-_-toulouse-fra-20-12-2022/comment-page-1/