Bon anniversaire, Anne Frank !

« Je réalise à l’instant que le courage et la joie sont deux facteurs vitaux.»

/https://www.annefrank.org/en/anne-frank/who-was-anne-frank/qui-etait-anne-frank/

Tu as été mon premier livre « d’adulte »… Je devais avoir moins de 10 ans, mais déjà un accès illimité à l’immense bibliothèque parentale, dans le bureau de mon père, celle des livres de poche…

Est-ce la photo qui m’attira, avec ce quadrillage de cahier d’écolière ? Dès les premières minutes de lecture, je ne t’ai plus quittée… Aujourd’hui, petite Anne, tu aurais eu 90 ans, en ce 12 juin 2019. Tu serais sans aucun doute devenue une vieille dame malicieuse et délicieuse, résiliente et engagée. Je ne pouvais que te rendre hommage, et t’associer à mon projet de roman autour de Rose Ausländer, elle aussi victime de la Shoah.

« Les gens libres ne pourraient jamais concevoir ce que les livres représentent pour les gens cachés. Des livres, encore des livres, et la radio – c’est toute notre distraction. »

Car tu as bien été, Anne, ma marraine en écriture. Certes, depuis ma toute première lecture seule de « Suzy sur la glace » et cette rédaction où, vers 7 ans, je déclarai déjà vouloir écrire comme Andersen dont j’adorais les contes, je savais que les mots guideraient mes chemins. Mais en découvrant ta plume alerte et profonde, sombre et lumineuse, ta plume d’enfant et d’adolescente rêveuse et rebelle, je compris que je pourrais, moi non plus, jamais me taire face aux bouleversements du monde et aux injustices de la vie.

Ton journal, Anne, m’a donc ouverte à la fois à l’écriture et à la césure de la Shoah. Et lorsque, quelques années plus tard, mon grand-père allemand, qui avait fait, dans la Wehrmacht, la campagne de Russie, m’a tendu « Exodus », le livre de Leon Uris, en allemand, que j’ai là aussi dévoré d’un trait, à 13 ans, j’ai su que ma vie durant je porterais cet héritage, semelles de plomb lestant la légèreté de mon bilinguisme et de ma double culture franco-allemande dont je suis si fière…

L’autre côté de moi

L’autre côté de moi sur la rive rhénane. Mes étés ont aussi des couleurs de houblon.

Immensité d’un ciel changeant, exotique rhubarbe. Mon Allemagne, le Brunnen du grand parc, pain noir du bonheur.

Plus tard, les charniers.

Il me tend « Exodus » et mille étoiles jaunes. L’homme de ma vie fait de moi la diseuse.

Lettres du front de l’est de mon grand-père, et l’odeur de gazon coupé.

Mon Allemagne, entre chevreuils et cendres.

La rencontre, toute vie est rencontre, et te rencontrer, Anne, a donné sens et impulsion à ma vie. Longtemps, d’ailleurs, tu as été « ma seule amie »… Un peu différente, très solitaire, plus âgée que mes frères et sœur et engoncée dans un corps trop lourd, j’étais aussi souvent la risée de mes camarades, car vêtue parfois de tenues traditionnelles allemandes ou encombrée d’un goûter au pain noir, bien étrange collation face aux viennoiseries françaises… Combien de fois m’a-t-on, dans la cour de joyeuse de ma chère école publique Colonel Teyssier, à Albi, donné du « Hitler » et du « Bouboule », les deux insultes se confondant en un harcèlement quotidien et lassant… 

Mais qu’étaient ces moqueries face à ce que tu avais, toi, Anne, vécu, cachée dans cette Annexe de longues années durant, livrée à tes peurs, à la faim, à la solitude ?

« A partir de mai 1940, c’en était fini du bon temps, d’abord la guerre, la capitulation, l’entrée des Allemands, et nos misères, à nous les juifs, ont commencé. Les lois antijuives se sont succédé sans interruption et notre liberté de mouvement fut de plus en plus restreinte. Les juifs doivent porter l’étoile jaune ; les juifs doivent rendre leurs vélos, les juifs n’ont pas le droit de prendre le tram ; les juifs n’ont pas le droit de circuler en autobus, ni même dans une voiture particulière ; les juifs ne peuvent faire leurs courses que de trois heures à cinq heures, les juifs ne peuvent aller que chez un coiffeur juif ; les juifs n’ont pas le droit de sortir dans la rue de huit heures du soir à six heures du matin ; les juifs n’ont pas le droit de fréquenter les théâtres, les cinémas et autres lieux de divertissement ; les juifs n’ont pas le droit d’aller à la piscine, ou de jouer au tennis, au hockey ou à d’autres sports ; les juifs n’ont pas le droit de faire de l’aviron ; les juifs ne peuvent pratiquer aucune sorte de sport en public. Les juifs n’ont plus le droit de se tenir dans un jardin chez eux ou chez des amis après huit heures du soir ; les juifs n’ont pas le droit d’entrer chez des chrétiens ; les juifs doivent fréquenter des écoles juives, et ainsi de suite, voilà comment nous vivotions et il nous était interdit de faire ceci ou de faire cela. »

Et encore, là, Anne, tu parlais du passé, lorsque tu n’étais pas encore recluse dans l’Annexe…

J’avais presque honte de mes propres souffrances, et j’ai très tôt commencé, moi aussi, un journal, qui t’était adressé… Et, surtout, je t’ai lue, relue, en tous sens, laissant ton cahier ouvert sur ma table de chevet, sur mon bureau… Tu m’as accompagnée, ma vie durant.

« J’ai envie d’écrire et bien plus encore de dire vraiment ce que j’ai sur le cœur une bonne fois pour toutes à propos d’un tas de choses. Le papier a plus de patience que les gens. »

Tu m’a appris le courage. Celui de faire face à l’innommable, à la barbarie, de ne jamais céder aux pressions, de toujours savoir dire non. Tu t’es, très jeune, battue contre une mère que tu pensais non aimante, puis contre les règles terrifiantes qui régnaient dans le microcosme de votre cachette. J’ai tenté, moi aussi, de m’élever contre les tyrannies, familiales parfois, professionnelles souvent, sociétales toujours, et d’apprendre à mes enfants et à mes élèves ce devoir d’insolence.

« Je ne veux pas, comme la plupart des gens, avoir vécu pour rien. Je veux être utile ou agréable aux gens qui vivent autour de moi et qui ne me connaissent pourtant pas, je veux continuer à vivre, même après ma mort ! Et c’est pourquoi je suis si reconnaissante à Dieu de m’avoir donné à la naissance une possibilité de me développer et d’écrire, et donc d’exprimer tout ce qu’il y a en moi ! En écrivant je peux tout consigner, mes pensées, mes idéaux et les fruits de mon imagination. »

Tu m’a offert l’obstination. Celle qui t’a permis de résister à ces années de plomb, qui t’a donné cette force incroyable de ne pas plier devant l’adversité, lorsque tu savais lever les yeux pour apercevoir un pan de ciel bleu au milieu de ces noirceurs. C’est à toi que j’ai pensé lors des interminables années de mon divorce et de mon enfer social, ou en repassant un grand nombre de fois l’agrégation. Tu n’aurais pas, toi non plus, baissé les bras.

« Une fois, je descendis toute seule pour regarder par la fenêtre du Bureau privé et celle de la cuisine. Beaucoup de gens trouvent la nature belle, beaucoup passent parfois la nuit à la belle étoile, ceux des prisons et des hôpitaux attendent le jour où ils pourront à nouveau jouir du grand air mais il y en a peu qui soient comme nous cloîtrés et isolés avec leur nostalgie de ce qui est accessible aux pauvres comme aux riches.

Regarder le ciel, les nuages, la lune et les étoiles m’apaise et me rend l’espoir, ce n’est vraiment pas de l’imagination. C’est un remède bien meilleur que la valériane et le bromure. La nature me rend humble, et me prépare à supporter tous les coups avec courage. »

Tu m’as légué l’espérance. Cette faculté si précieuse de ne pas se laisser démonter par les coups du sort, cette capacité que tu avais de penser que la guerre se terminerait et que tu redeviendrais un jour la jeune fille insouciante qui pensait aux garçons et au cinéma. C’est de toi que je tiens cette force et cet amour de la vie qui, au plus profond de mes tourments, m’a permis de toujours me lever avec la joie de vivre chevillée au corps et avec cette absolue persuasion que les hommes peuvent être bons et vivre ensemble malgré mille différences. 

« Je crois malgré tout que dans le fond de leur cœur, les hommes ne sont pas méchants.»

Tu m’a guidée ainsi en allégresse. Toi, petite Anne, prisonnière d’un destin implacable, morte dans les atroces tourments des Camps d’extermination à quelques semaines de l’arrivée des Alliés, tu as été, pourtant, ma lumière. Car ta voix, si puissante, si enjouée, si guillerette malgré les certitudes de la barbarie, m’a insufflé ce goût des mots et de la vie.

« Faire du vélo, aller danser, pouvoir siffler, regarder le monde, me sentir jeune et libre : j’ai soif et faim de tout ça et il me faut tout faire pour m’en cacher ».

Je t’en remercie.

« C’est un vrai miracle que je n’ai pas abandonné tous mes espoirs, car ils semblent absurdes et irréalisables. Néanmoins, je les garde car je crois encore à la bonté innée des hommes. Il m’est absolument impossible de tout construire sur une base de mort, de misère et de confusion, je vois comment le monde se transforme lentement en un désert, j’entends plus fort le grondement du tonnerre qui approche et qui nous tuera, nous aussi, je ressens la souffrance de millions de personnes et pourtant, quand je regarde le ciel, je pense que tout finira par s’arranger, que cette brutalité aura une fin, que le calme et la paix reviendront régner sur le monde. »

Et c’est naturellement toi qui as porté tous mes engagements autour du « devoir de mémoire », avec l’assurance que je me devais d’être une « passeuse », une « veilleuse », malgré les moqueries parfois (« toi, encore avec tes juifs…t’en as pas marre, à force, de la Shoah ? » ), malgré la lassitude souvent, comme après les attentats de Toulouse et la mort d’enfants juifs, encore et toujours, au cœur de la ville rose, en 2012, car toujours nous devrons rester debout, nous, les « survivants » de la génération d’après, ayant encore entendu la voix de ceux qui sont revenus des Camps, afin de transmettre le flambeau de l’Indicible.

Tu as été une petite fille heureuse, une adolescente cloîtrée mais combative, puis tu es devenue une étoile, une icône, un modèle. Tu incarnes encore aujourd’hui le destin des millions d’enfants broyés par le génocide, et ta joie de vivre a été celle de toutes les petites filles emportées dans des trains, depuis le Vel d’Hiv jusqu’en Pologne, depuis toutes les rafles sévissant dans notre Europe dévastée et soudain privées de leur destinée, de leur allégresse, de leur vie. Tu incarnes aussi, à mes yeux, le destin de toutes les victimes de toutes les guerres, tu pourrais écrire ton journal dans les ruines d’Alep ou depuis un sombre équipage empli de Migrants…

C’est pourquoi je te confie, petite Anne, le destin de «notre Rose », puisque j’ai toujours ce philosémitisme et l’amour des mots chevillés au corps et que je souhaite raconter l’histoire d’une autre passeuse de mots, la poétesse Rose Ausländer… Tout est lié, dans la ronde des destins brisés et des mots perdus, puis retrouvés, car je souhaite faire connaître l’extraordinaire talent de Rose à un vaste public, pensant plus que jamais que la poésie peut sauver le monde.

« Il est absolument impossible de construire sur une base de mort, de misère et de confusion. »

C’est pourquoi, Anne, tu m’accompagnes aujourd’hui plus que jamais dans mon propre voyage… Et vous, chers lecteurs, je vous invite donc à nous rejoindre, en allégresse et mémoire, auprès de Anne et de Rose…

https://fr.ulule.com/voyage-auslander/

Voter blanc, c’est noyer un migrant #FNjamais #pasmaprésidente

L’image contient peut-être : 3 personnes, texte

Voter blanc, c’est noyer un migrant.

Voter blanc, c’est regarder des noirs de Louisiane, lynchés par des blancs.

Voter blanc, c’est aimer la balle qui a tué Lennon, JFK ou Martin Luther King.

Voter blanc, c’est comme une quenelle.

Voter blanc, c’est tenir le lance-flamme qui tue Romy dans « Le Vieux Fusil. »

Voter blanc, c’est dénoncer Anne Franck.

 

Votre blanc, c’est noyer un migrant.

Voter blanc, c’est violer Jeanne d’Arc.

Voter blanc, c’est interdire Woodstock.

Voter blanc, c’est faire assoir Rosa Parks et couper les cheveux d’Angela Davis.

Voter blanc, c’est porter des galons de Waffen SS.

Voter blanc, c’est passer le 93 au karcher.

 

Voter blanc, c’est noyer un migrant.

Voter blanc, c’est brûler l’église d’Oradour.

Voter blanc, c’est conduire les enfants du Vel d’Hiv jusqu’au train.

Voter blanc, c’est dessiner un cochon sur une mosquée.

Voter blanc, c’est apprendre à son chien à mordre les Arabes.

Voter blanc, c’est rêver de gégène et d’Algérie Française.

 

Voter blanc, c’est noyer un migrant.

Voter blanc, c’est tenir le fouet du kapo dans le camp.

Voter blanc, c’est penser que les noirs sont inférieurs aux blancs.

Voter blanc, c’est risquer une France 100% bleu marine.

Voter blanc, c’est oublier 68, les pavés et la plage.

Voter blanc, c’est traiter les homos de « pédés » et les lesbiennes de « gouines ».

Voter blanc, c’est faire du « triangle rouge » un triangle des Bermudes où les libertés seront oubliées.

Voter blanc, c’est conspuer Jaurès, Brecht et Mandela.

 

Voter blanc, c’est noyer un migrant.

Voter blanc, c’est battre une femme, et aussi des enfants.

Voter blanc, c’est interdire la pilule, et la PMA, aussi.

Voter blanc, c’est regretter le Ku Klux Klan, l’apartheid et Louis Seize.

Voter blanc, c’est jeter les Arabes à la Seine.

Voter blanc, c’est préférer Pétain à De Gaulle, et Hitler à Churchill.

Voter blanc, c’est noyer un migrant.

 

Le 7 mai, par pitié, votez!

 

http://www.huffingtonpost.fr/sabine-aussenac/la-chienlit-ou-comment-dire-non-au-fn/

Douce France : une fable contre le FN

Ubi et orbi à Garissa…

Ubi et orbi à Garissa…

Faith
Faith

 

Maria
Maria

 

Elisabeth
Elisabeth

 

Dadly
Dadly

 

alex
Alex

Doreen
Doreen

 

CB5ScKfUkAApTqf

 

priscilla
Priscilla

Jacintha
Jacintha

Isaac
Isaac

Veronica
Veronica

 

Pour un peu, on guetterait les hirondelles…Un ciel bleu d’azur, le lilas presque sorti du bois, et toutes ces jonquilles embrassant les timides violettes, en chaque recoin des jardins de notre Ville Rose…

Oui, ce sont de belles Pâques, les enfants iront gaiment quêter les œufs après mille agapes dominicales, et parfois même on ira à la messe pascale, ou, simplement, on allumera le poste pour regarder urbi et orbi, et le grand monsieur calotté nous parlera de Dieu, de ses ouailles et de ses Saints- et de son fiston, aussi, fraîchement revenu parmi les siens.

Étrangement, pourtant, je n’ai pas le cœur à la fête. N’allez pas me demander pourquoi je me sens plus meurtrie qu’il y a quelques mois, quand, pourtant, les chaînes d’info nous faisaient entrevoir en boucle les grands yeux noirs des enfants yazidis et des chrétiens persécutés à travers un Moyen Orient à feu et à sang… Plus encore que lors de la précédente attaque contre une école, où, pourtant, là aussi, une centaine d’étudiants avaient été massacrés par des talibans, à Peshawar…Devant les images de l’horreur souillant l’enfance, je m’étais sentie anéantie, tout comme  après la boucherie perpétrée par le barbare de Norvège…

http://www.leparisien.fr/international/pakistan-59-rebelles-tues-apres-le-massacre-de-l-ecole-de-peshawar-19-12-2014-4387063.php

Cependant, sans doute parce que la tuerie de Garissa me revoie à la fois à ma condition de chrétienne et d’enseignante, aujourd’hui, je pleure en pleine conscience ces 149 victimes de Garissa…Car en tant que professeur, je suis toujours effondrée quand des barbares s’en prennent sciemment à la jeunesse. Et en tant que chrétienne, en pleine conscience de ce qui est en train de se produire à travers le monde, je partage les mots du Saint-Père lorsqu’il harangue le peuple du monde en pointant du doigt l’Innommable : les chrétiens meurent par milliers, dans l’indifférence générale, assassinés simplement au nom de leur Foi.

Il faut lire les épouvantables récits des survivants. J’en veux énormément aux médias pour avoir, même localement, occulté dans un premier temps le paramètre ontologique du massacre, parlant simplement de la tuerie « dans une université », sans en expliquer les causes et les détails…

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20150402081934/

Il faut lire et relire les témoignages de ces jeunes qui ont été soumis à des barbaries d’un autre âge, les femmes parfois obligées de se baigner dans le sang de leurs camarades, ou épargnées dans un premier temps, par leurs meurtriers lisant le Coran et psalmodiant qu’ils épargneraient les femmes, avant de les achever malgré tout, exactement comme lors de la tuerie de Charlie-Hebdo.

http://www.nbcnews.com/news/world/teen-survivor-garissa-kenya-college-massacre-found-alive-n335606

Il faut lire et relire les récits de  tris sélectifs auxquels ont été soumis les étudiants, dans cette file assassine ramenant l’humanité à la lie des méthodes nazies, quand sur de sombres quais de gare ont séparait, devant des bouleaux muets et blancs, les enfants de leurs mères.

http://www.france24.com/fr/20150403-attaque-universite-kenya-assaillants-methode-sarcasme-garissa-shebab-somalie/

Il faut oser regarder les images de cette salle de classe ensanglantée, où deux jeunes filles s’étreignent dans le baiser de la mort, quand nous, Européens, nous sommes affectivement identifiés des semaines durant  aux cris des victimes de l’Airbus dont les journalistes-vautours abreuvaient nos soirées ; pas question ici de sombrer dans l’immonde comparaison des souffrances, mais force est de reconnaître que là où le monde entier a, en 48 heures, pris des mesures pour éviter un nouveau carnage aérien, en changeant le fonctionnement des portes de cockpit, ce même monde est en train en ce dimanche de festoyer tranquillement, qui pour Pâques, qui pour Pessah, ignorant superbement les corps mutilés et les âmes broyées de Garissa.

À l’heure où j’écris ce texte, le Souverain Pontife prononce sa bénédiction d’urbi et orbi. « Ce n’est pas de la faiblesse, mais la force véritable. Celui qui porte en soi la force de Dieu n’a pas besoin de la violence, mais il parle et il agit avec la force de la beauté, de la vérité et de l’amour ».

J’aimerais qu’il ait raison, j’aimerais tant qu’il ait raison. De parler de pardon, de parler des souffrances à accepter, mais je doute. Oh combien je doute, de cette paix qui tarde tant à venir, et de l’intelligence des hommes. Je doute et je vous demande, vous qui me lirez, de réfléchir, chacun à votre mesure, à ce que nous pourrions faire pour que cessent les barbaries. Commençons par nous sourire, à nous comprendre, à nous respecter, ici, en Pays de France où hier encore de jeunes étudiants voulaient violenter une mosquée. Commençons par cesser de vilipender les « kébabs », à cesser de vouloir mettre au pouvoir une blonde dont les mots doucereux sont aussi dangereux que les dérapages de son connard de révisionniste de père.

Mais en même temps osons partager ouvertement et fortement le deuil de ces milliers de chrétiens persécutés à travers le monde, au lieu de simplement nous gaver d’agneau pascal et de lapins en chocolat, héritiers d’une tradition qui nous semble immuable mais qui, si nous réfléchissions un peu plus loin que le bout de notre nez déjà rougi par l’apéro pascal, est réellement menacée par les barbaries de l’EI, de Boko Haram et des immondes Shebab.

Pour les jeunes étudiants de Garissa, pour les jeunes garçons et les jeunes filles fauchés en plein bonheur, moi qui ne sais plus prier, j’écris. Je crie.

Pensez à eux.

Soyons Kenya.

https://www.facebook.com/DZ.Wall/posts/650646598370587

« À quoi pensaient-elles ??

L’image a beaucoup défilé sur nos fils d’actualité, un nouveau massacre, un nouvel acte barbare perpétré par des monstres sanguinaires, un nouveau crime contre l’humanité . Cette fois ci au Kenya.

Un détail a cependant attiré mon attention et j’ai zoomé sur les corps du fond, deux jeunes étudiantes qui s’enlacent durant leur dernier moment.

Du coup ces deux victimes ne sont plus des anonymes, des inconnues, des chiffres sans visages, des statistiques sans noms. Ce sont deux jeunes filles avec une histoire, une vie, une famille, des amis, des rêves et des envies .

Des sœurs ou des copines, les meilleures amies au monde ou de parfaites étrangères réunies l’instant où la fatalité a frappé.

À quoi pensaient-elles ??

À la vie qui se termine avant d’avoir commencé ??

À un père qui a vendu bœufs et charrue pour que sa fille étudie ??

À une mère qui ne mange peut être pas à sa faim pour que ses enfants aient un meilleur destin ??

À un jeune homme qui fait battre le cœur et d’un sourire charmeur oublier les malheurs ??

Aux rêves simples, aux grandes ambitions, aux plans du futur, aux désillusions ??

À la famille, aux amis, à leur dévastation à l’annonce de leur exécution ??

Au monde qui va probablement les ignorer, trop pauvres, trop foncées, et certainement pas des « Charlie » ??

À leurs bourreaux et leurs gourous, les monstres à folle foi et horribles lois ??

À leur humiliation, rampant dans le sang, obligées à appeler leurs parents avant l’exécution ??

Aux vacances, aux retrouvailles, à l’espoir d’un miracle qui puisse les sauver ??

Nul ne sait à quoi elles pensaient, mais ce qui est certain c’est que dans ce moment de malheur, d’horreur et d’extrême douleur elles se sont enlacées dans un dernier souffle de tendresse, dans un dernier geste de compassion, dans un dernier effort de réconfort, dans un dernier élan de solidarité. Martyres de la folie des fous d’Allah, elles sont parties dans la beauté des préceptes de leur religion, aimer et aider son prochain, avec l’image de la vierge Marie qui leur tend les bras et leur sourit, ignorant complètement la laideur des rires sadiques des obscurantistes qui criaient « joyeuses pâques » sur un ton sarcastique.

T.A »

11096495_650646581703922_549074728528868916_n

 

Il y a un an…

http://sabineaussenac.blog.lemonde.fr/2014/04/19/devenons-les-passeurs-de-lumiere/

Et en pensées encore vers cet autre génocide…:

http://sabineaussenac.blog.lemonde.fr/2014/05/07/les-mains-de-baptistin-une-nouvelle-en-memoire-aux-victimes-du-Rwanda/

 

 

 

 

 

Déni de judaïsme

Déni de judaïsme

27734_vignette_berlin_cim_juif3_bal_acc1

 Ils sont venus tuer les pierres, lapider les morts de leur bêtise crasse.

Ils ont griffé la terre de leurs doigts ignorants, fossoyeurs de l’immonde, dépeçant le silence.

Tels des vautours affamés, ils ont conspué l’Éternité, crevant les yeux du granit, éventrant le sein des marbres : charognards de l’Indicible.

Qu’on ne vienne pas me parler de leur jeunesse, de leur innocence, de leur maladresse. Seraient-ils simples d’esprit qu’ils auraient pu voir la différence entre un cimetière « catholique », avec ses grands caveaux, ses cyprès, ses lourdes croix rouillées, et ce cimetière juif, dont les pierres taisantes dormaient, ornées simplement de quelques étoiles, envahies par l’oubli des errements des hommes.

Certes, profaner un cimetière chrétien aurait été tout aussi atroce, répréhensible, odieux. Détrousser les cadavres de leurs ultimes honneurs, dépouiller les victimes du dernier rempart de leur humanité, voilà qui insulte à la fois l’Humain et le Divin, en un acte sacrilège qui défie la raison.

Mais profaner un cimetière juif, à quelques heures d’un nouvel attentat antisémite commis sous le regard de bronze de la « petite sirène », alors que des badauds se pressent, sans être arrêtés, pour fleurir le lieu où le terroriste a été abattu par la police danoise, quand la France pleure encore les victimes de l’Hyper Cascher, est inexcusable.

Même pour des mineurs.

Qui sont ces ados ? Ont-ils ri, en écoutant les pitoyables vomissures du prétendu humoriste, visionnant quelque vidéo où le massacre de millions de juifs est repris en chansons ? Ont-ils « kiffé » les derniers faits de guerre des barbares islamofachistes qui coupent des têtes comme on moissonnerait un champ ?

Que faire de ces ados ? Leur montrer des documentaires de la Shoah ? Leur faire lire Primo Lévi, Simone Veil ? Les emmener à Auschwitz ?

Comment leur cerveau a-t-il pu, en France, en 2015, alors que l’école est obligatoire jusqu’à seize ans, alors qu’on étudie l’Holocauste et le nazisme en classe de troisième, et les différentes religions monothéistes en classe de sixième et de cinquième, être assez poreux pour ignorer le massacre de millions d’êtres humains qu’ils sont venus, de leur abjecte intention, de leur actes barbares, assassiner une nouvelle fois ?

Il me semble, encore une fois, que l’école est en grande partie responsable de ce manque de culture générale. Quelque part, la France, la République et l’Éducation Nationale ont failli. Laissant des adolescents aller plus encore que dans le caillassage de voiture de flics, dans le deal ou dans la simple délinquance. Laissant des jeunes commettre un crime contre l’humanité. On nous a assez répété, ces derniers temps, cette magnifique phrase du Coran qui dit que quand un homme tue son prochain, c’est comme s’il tuait toute l’humanité…

Profaner un cimetière juif, c’est, là aussi, commettre à nouveau tous les massacres, tous les pogroms, toute l’horreur de la barbarie nazie.

Nous sommes tous responsables de cet état de fait. Non seulement parce que nous ne sommes pas descendus dans la rue en scandant « Je suis Myriam » après les meurtres commis à Toulouse, comme l’a justement dit Marceline Loridan-Ivens…Mais aussi parce que nous avons laissé le conflit israélo-palestinien s’installer dans nos banlieues, et surtout parce qu’à force de vouloir instaurer de façon sacro-sainte la loi sur la laïcité, l’école s’est rendue coupable d’un déni de judaïsme.

Je m’explique : voilà trente ans que j’enseigne l’allemand, et que, comme certains de mes collègues, je me sens moi aussi investie d’un certain « devoir de mémoire ». (Tous les profs d’allemand ne partagent pas ce point de vue, certains prétendant que « cette période » n’est pas assez glorieuse pour la langue de Goethe, préférant les déclinaisons et les textes sur l’écologie aux poèmes de Brecht, mais j’ai connu quelques germanistes qui n’hésitaient pas à parler du nazisme-lequel est d’ailleurs très légitimement évoqué dans nos programmes de lycée …)

J’adapte donc mes cours en fonction de mon public, faisant faire des exposés sur Anne Frank au collège, étudiant au lycée des poèmes de Brecht…- j’ai même une année fait écrire des « Lettres de Guy Môquet » en collège de ZEP, recevant d’émouvantes épîtres…J’ai pu remarquer que la plupart des élèves, que ce soit dans des collèges de grandes villes ou en rase campagne, ne connaissent PRESQUE RIEN au judaïsme !

Sur une classe, à peine un ou deux élèves lèvent le doigt pour répondre, et, souvent, leurs connaissances sont extrêmement limitées. Certes, c’est, de nos jours, le cas  pour la plupart des religions…De toutes façons, vous aurez toujours un élève qui dira « On n’a pas le droit de parler de religion à l’école », preuve on ne peut plus évidente que la loi sur la laïcité est déjà totalement dévoyée de sa mission première… « Ils » sont quasi ignares, ne sachant presque rien des terminologies, rites, récits, mais cette ignorance-là est la même que celle qui concerne la littérature, les sciences, la géographie… ( Ce ne sera pas mon propos de ce jour, mais j’ai vu un élève de terminale ne pas connaître le nom d’Hiroshima, des élèves de collège n’avoir « jamais lu de livres », etc…)

Comment s’étonner ? Comment s’étonner que, chaque année, depuis 1984, année d’obtention de mon CAPES, je sois obligée d’expliquer encore et encore, et même en terminale, non seulement quelques termes simples concernant le judaïsme, mais, surtout, quelle a été l’histoire du peuple juif ? Oh, ne vous inquiétez pas, je ne suis ni juive, ni historienne, et je ne pars pas sur la fuite des Hébreux, ni même sur le Shabbat ! Non, je tente simplement de parler rapidement de cette histoire doublement millénaire où les juifs ont été parqués dans des ghettos, assassinés dans des pogroms, chassés, exterminés, avant de terminer dans la Solution Finale des Camps. Je tente de dire l’antisémitisme. Tout simplement. Et j’affine toujours un peu mes propos en expliquant la différence entre un génocide et un massacre, quand – il y en a toujours un par classe qui va évoquer Gaza…- je parle de la particularité ABSOLUE de la Shoah…

Et je pose la question aujourd’hui, à l’heure où notre Ministre a promis de former 1000 enseignants sur la laïcité, qui eux-mêmes formeront leurs collègues : comment la « Question Juive » sera-t-elle traitée désormais à l’Éducation Nationale, du primaire à la terminale?

Qu’on ne vienne pas me parler des massacres de la Saint-Barthélemy. Rien n’est comparable avec la Shoah. Qu’on ne vienne même pas me parler de Daesh. Les profanations de cimetières juifs se multiplient   depuis des années, en France, tout comme des milliers d’autres actes clairement antisémites…

Je veux savoir comment seront ENFIN abordés, auprès de nos élèves, dignement, sciemment, systématiquement, avec délicatesse mais insistance, avec doigté mais avec clarté, les problèmes liés à l’antisémitisme EN FRANCE. Forcément, il faudra que l’histoire du peuple juif soit abordée, dans son éclairage unique. Et même dans les établissements où personne n’est Charlie.

Car nous faisons face, dans les programmes, à un vide intersidéral entre l’histoire des Hébreux –classe de sixième :

http://www.histoire-geo.org/4a-les-debuts-du-judaisme-c1736-p1.html

et le cours souvent unique –les programmes sont lourds !- que nos élèves auront ensuite en troisième sur l’extermination du peuple juif par le régime d’Hitler. Le reste…n’existe pas ! Certes, on peut revenir sur l’antisémitisme en éducation civique, ou à l’occasion des commémorations comme le 8 mai –mais…mes chers collègues, à gauche toute pour la plupart, c’est statistique, ne sont pas très « branchés commémorations », souvenons-nous par exemple du tollé qu’avait provoqué Nicolas Sarkozy avec cette fameuse lettre de Guy Môquet…

Bien sûr, j’exagère. Il y a quelques actions ciblées, comme le magnifique programme du Concours de la Résistance et de la Déportation :

http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=79102

( Et j’engage tous les collègues d’histoire à faire visionner à leurs élèves le superbe film « Les héritiers », où Ariane Ascaride incarne une enseignante qui va faire participer une classe de banlieue à ce concours, modifiant définitivement la vision de ces élèves sur le monde et sur…les juifs ! )

Mais cela ne suffit plus. Nous devons réfléchir à d’autres enseignements.

Je ne suis pas juive. Je ne suis jamais allée à Auschwitz. Aucun ami juif ne m’a jamais conviée à partager Shabbat. Je suis fonctionnaire française, républicaine, et j’enseigne dans des établissements laïcs. Mais je me refuse à accepter plus longtemps que le déni de judaïsme entraîne des actes aussi immondes que celui de la profanation du cimetière de Sarre-Union.

Ils sont venus

tuer les

pierres , lapider les morts

de leur bêtise crasse.

Ils ont griffé la

terre de leurs doigts

ignorants, fossoyeurs

de l’immonde,

dépeçant le silence.

Tels des vautours

affamés, ils ont conspué

l’Éternité,

crevant les yeux du granit,

éventrant le sein

des marbres :

charognards de

l’Indicible.

Les 17 victimes de la barbarie conspuées à Toulouse

téléchargement (1)1512661_10152797220504681_2836212089855282994_n10257995_10205360596391885_5946799744929014476_n

Ce soir, dans ma Ville Rose, le sieur Dieudonné maintient son spectacle, et les autorités l’ont approuvé, malgré les événements tragiques de ces derniers jours, de ces journées où notre Pays des Lumières a été frappé en son cœur par une indicible barbarie.

Ce soir, au Zénith de Toulouse, les 17 victimes des attentats terroristes vont être assassinées une deuxième fois, par le pseudo spectacle d’un homme qui, depuis des années, conspue et la République et les juifs, qui, depuis des années, se moque des valeurs fondamentales de fraternité et d’égalité, pactise avec des dictateurs, se moque ouvertement des millions de morts de la Shoah, et qui a déjà été condamné plusieurs fois.

Ce soir, j’ai encore plus de tristesse et de gêne, en sachant que 17 personnes sont mortes dans des conditions atroces, épouvantables, ayant été abattues comme des chiens, avec des gestes rappelant ceux des criminels nazis, par des hommes habités par une haine définitive et totale de la République, commandités par des bourreaux sanguinaires, incultes, engagés dans une guerre contre une civilisation qu’ils espèrent éradiquer, comme ils éradiquent déjà toute liberté dans les contrées où ils sévissent, conspuant par là-même l’Islam, les valeurs sacrées du Coran et tous les musulmans.

Ce soir, dans ma Ville Rose, je me souviendrai que Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Honoré, Michel, Bernard, Elsa, Moustapha sont morts debout, en scène, comme Molière, défendant les idées de notre République quand Dieudonné les roule dans la boue de ses infâmes quolibets. Les idées de la liberté, alors que le pseudo « humour » de ce prétendu comique ne s’en prend qu’à de mêmes cibles. Je me souviendrai de la barbarie de ces armes de guerre faisant exploser notre jeunesse et nos convictions, notre insouciance et nos rires.

Ce soir, dans ma Ville Rose, je me souviendrai que l’innocent Frédéric, qui veillait à la maintenance d’un journal, a été tué par les bouchers dont Dieudonné a souvent fait, dans ses spectacles, l’apologie.

Ce soir, dans ma Ville Rose, je me souviendrai que Ahmed, un musulman achevé, à terre, par un prétendu porteur de la parole d’Allah, tout comme Franck, son collègue policier, tout comme Clarissa, abattue, de dos, policière municipale, sont mort au service de notre République, les armes à la main, morts pour que nous puissions vivre libres, nous tous, citoyens de France. Ils sont morts sous les balles de ceux avec lesquels Dieudonné a pactisé en se rendant dans des pays où cette apologie du crime est ouvertement diffusée, tout comme il diffuse depuis des lustres une parole haineuse, incitant à la guerre civile et aux débordements.

Enfin, je me souviendrai tout particulièrement, dans ma Ville Rose, des quatre victimes dont nous ne connaissons pas encore le prénom, mortes simplement car elles faisaient des courses dans un hypermarché Casher et qui, comme l’écrit la Dépêche, « étaient sans doute juives ». Ne le seraient-elles pas, le problème reste le même : elles sont mortes, assassinées, par un individu ayant délibérément ciblé un symbole de la communauté juive pour y commettre ses crimes, tout comme un certain Mohamed Merha a froidement abattu, dans ma Ville Rose, en mars 2012, quatre enfants juifs et un rabbin, tirant une fillette de 8 ans par les cheveux avant de lui mettre une balle dans la tête. Dieudonné, ce prétendu humoriste que moi, Sabine Aussenac, simple professeur d’allemand et écrivain du dimanche, je considère comme un terroriste, a, depuis des années, fait l’apologie d’un antisémitisme primaire et violent, conspuant la Shoah et l’ensemble de la communauté juive.

 

Oui, ce soir, dans ma Ville Rose, 17 victimes du terrorisme vont mourir une deuxième fois.

Ce soir, je serai Charlie, je serai Ahmed, Franck, Clarissa, et je serai juive, moi qui ne le suis pas.

Dieudonné était déjà venu à Toulouse il y a quelques mois, j’avais écrit ce texte qui a été repris dans la Voix du Midi :

http://www.voixdumidi.fr/dieudonne-a-toulouse-tribune-libre-dune-toulousaine-revoltee-25908.html

 

« Toulousain, souviens-toi ! Souviens-toi de ce 19 août 1944, quand ta Ville Rose a été libérée du joug de l’Occupant nazi. Souviens-toi du ciel bleu et de ta France aux yeux de tourterelle, au sol semé de héros. Car ils s’étaient levés, les Forain-François Verdier, les Alain Savary, pour dire non à l’ogre brun, celui qui dévorait nos enfants juifs déportés vers les Camps.

Toulousain, souviens-toi ! Souviens-toi de ta ville qui, au fil des siècles, ouverte comme une paume aux souffles de la mer, a su, passerelle entre les peuples et les civilisations, se dresser contre le mal et les obscurantismes. Dame Carcasse et toutes les Esclarmonde ont lutté, depuis leurs remparts, contre les contempteurs de cathares, et tu étais là, toi, Toulousain, pour dire ce qui, alors, te semblait juste. Plus tard Jean Calas criera son innocence, et ta brique rose tremble encore de l’injustice et des procès.

 

 » Toulousain, ton histoire mûrit au soleil de la diversité… «    

Toulousain, souviens-toi ! Souviens-toi de ta culture, de l’audace et du chant doublement habitée ! Toi, dont la ville a accueilli la première Académie, l’Académie des Jeux floraux, dans cette terre d’Oc riche de nos troubadours et de l’inaliénable Aliénor. Toi que Garonne a bercé de ses ondulations de femme libre, toi qui sait aller, grâce à Riquet, des effluves océanes jusqu’aux garrigues aux cent cigales, le long du Canal aux eaux vertes que Pagnol a si bien chantées, toi dont l’histoire mûrit au soleil de la diversité, souviens-toi que tu es un homme libre.

Toulousain, souviens-toi ! Souviens-toi que l’on vient de loin saluer dans ta ville tes audaces, tes richesses, tes intelligences, quand les grands avions volent vers l’avenir et que le peuple est habile à ces travaux qui font les jours émerveillés…Toulousain, ta patrie c’est Airbus, c’est ce partage entre les nations, quand l’Europe s’unit pour oublier les armes, c’est cette ville arc-en-ciel, aux couleurs du partage, ce témoin qu’il ne tonnera plus, plus jamais.

 

 » Toulousain, souviens-toi que nous sommes des juifs toulousains depuis ce 19 mars 1962 «    

Toulousain, souviens-toi ! Souviens-toi qu’il y a deux ans un homme a tiré des enfants juifs et leur père comme des palombes s’envolant dans l’Autan, avant de faire éclater la tête d’une fillette aux boucles bondes qui s’appelait Myriam. Souviens-toi du soudain silence des harpes, quand notre Ville Rose devint blême à nouveau, blême de honte, noire de colère, quand nous fûmes des milliers à dire notre indignation et nos tristesses de voir que la paix avait abandonné à nouveau notre nid ! Souviens-toi que nous sommes tous des juifs toulousains depuis ce 19 mars 2012.

Toulousain, souviens-toi ! Souviens-toi de ta ville fière depuis des siècles, de toutes nos églises et de leurs angélus, des ouvriers d’Espagne accueillis en héros, de cette brique rouge qui sonne les révoltes, de Garonne qui gronde comme un peuple debout. Souviens-toi de cela, le 22 février, lorsque tu auras cette envie d’aller voir Dieudonné. »

 

http://sabineaussenac.blog.lemonde.fr/2015/01/09/je-suis-pays-de-france-et-je-me-tiens-debout/

 

Je suis Pays de France,

 

et je me tiens debout.

 

 

Je suis la passerelle

 

entre peuples lointains,

 

un creuset des sourires,

 

un infini destin.

 

Je suis le garde-fou

 

contre l’intolérance,

 

ce grand phare qui brille,

 

un flambeau qui jaillit.

 

Je suis la vie qui danse

 

en immense rivière

 

de nos espoirs dressés.

 

 

 Je suis Pays de France,

 

et je me tiens debout.

 

 

Je suis l’enfant qui joue

 

à ses mille marelles,

 

regardant ces ballons

 

aux éclats d’arc-en-ciel.

 

Je suis l’aïeul qui tremble,

 

son regard ne faiblit

 

quand mémoire caresse

 

les fiertés de sa vie.

 

Je suis femme au beau ventre

 

palpitant d’espérance.

 

Tout enfant en son sein

 

sera nommé Français,

 

elle est la Marianne,

 

et elle nous tient la main.

 

 

Je suis Pays de France,

 

et je me tiens debout.

 

 

Tu as voulu salir

 

tous nos siècles de lutte,

 

croyant que de tes fers

 

tu ôterais le jour.

 

Tu as en vrai barbare

 

conspué l’innocence,

 

éventrant d’un seul geste

 

une nation de paix.

 

Mais nulle arme ne peut

 

gommer nos insolences,

 

nul canon ne saurait effacer

 

ces couleurs, ces dessins magnifiques,

 

ces libertés qui dansent,

 

et nul boucher ne fera de nos cœurs

 

des agneaux.

 

 

Je suis Pays de France,

 

et je me tiens debout.

 

 

Tu es ce porc ignoble qui

 

attend les cent vierges

 

en violant tant de femmes

 

dont tu voiles les corps.

 

Tu es coupeur de têtes,

 

tu es sabre levé, tu es balle qui tue,

 

mais tu ne comprends pas

 

que tout ce sang versé ne devient que lumière.

 

Tu attends paradis

 

mais iras en enfer,

 

car ton Dieu punira toute ta route impie.

 

 

Je suis Pays de France,

 

et je me tiens debout.

 

 

Je suis le poing levé,

 

quand de douleur intense

 

d’un pays tout entier le cœur

 

s’est arrêté.

 

Je suis la place immense,

 

un vaisseau de courage,

 

un grand galion qui vole,

 

en espoir rassemblé.

 

Je suis la dignité, le partage et l’audace,

 

je suis mille crayons

 

qui dessinent soleils,

 

je suis cette ironie au devoir d’insolence,

 

je suis million de pages,

 

et le feutre qui offre

 

ces immenses fous-rires,

 

je suis l’impertinence,

 

comme une encre jetée

 

pour amarrer demain.

 

 

Je suis Pays de France,

 

et je me tiens debout.

 

 

Dédié à Cabu, Wolinski, Charb, Frédéric, Ahmed, Franck, Elsa, Michel, Bernard, Honoré, Tignous, Moustapha, Clarissa, et aux victimes dont j’entends parler à l’heure où j’écris ce texte, dans l’épicerie casher…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Shéhérazade à New-York, dédié aux disparus du 11 septembre

Shéhérazade à New-York

 

 WP_20140820_162

 Peter est là, avec moi, quand je plonge dans la musique, dans la féerie des couleurs de ce ballet dont les costumes ont été dessinés par Christian Lacroix. Je me souviens des couleurs de New-York, des verts éblouissants de Central Park quand il tenait ma main, des gris opaques de l’Hudson.

Je ne voulais pas sortir, pas encore, mais mes amis ont insisté, m’ont portée à bout de bras jusqu’au Palais Garnier, ils ont fait rouler le fauteuil, m’ont souri, m’ont dit que j’étais aussi belle que Shéhérazade, et que ce ballet-là, justement, me donnerait des ailes.

Septembre est si proche, encore. Les rires de Peter et Mark dans l’ascenseur, et puis le café et les bagels parfumés, et soudain les hurlements, l’ombre immense de l’avion, les éclats de vie, les chutes des corps comme s’ils n’étaient que de lourds oiseaux, et Peter qui me crie de partir, vite, il doit juste sécuriser un fichier, puis les cohues, et le bloc de béton sur mes jambes, et puis plus rien. Mon retour en France, le deuil, les couloirs de l’hôpital, mon désespoir.

La musique me porte, m’envahit, comme un baume. Les accords chauds et violents, violents comme la passion, et les danses presque baroques de Shéhérazade, cette Shéhérazade que la chorégraphe espagnole Blanca Li a fait plus andalouse qu’orientale, passerelle entre nos mondes. Je ne voulais plus, plus jamais entendre parler de l’Orient, meurtrie, blessée, amputée de ma vie, de nos rêves, et puis soudain je me rends compte que Peter me murmure, lui aussi, que la vie doit continuer.

« I love you, ne l’oublie jamais », a-t-il crié en me souriant, dans le fracas de cette fin du monde, et je comprends en cette soirée de décembre 2001 que l’éternité est palpable, que mes maux ne sont que des chatoiements, des poussières d’étoiles…Les danseurs volent sur cette scène éblouissante, l’Espagne et le Maghreb viennent à moi, et tous les contes de nos enfances, ceux que Peter et moi avions écouté ensemble dans la petite maison blanche de granny à Cadaquès, avant de nous jurer fidélité, des années plus tard, en haut de l’Empire State Building.

Ma vie ne sera plus jamais un conte de fées, mais je sens que les accords universels de la musique de Rimski-Korsakov m’apaisent, comme un chemin à travers la forêt d’un pardon. Mes jambes mutilées ne me permettront plus jamais de danser, moi, la petite ballerine devenue tradeuse, mais mon esprit, bercé par les fulgurances des artistes, recouvre en ce soir-là sa liberté, son indépendance. Non, je ne vivrai plus recluse, dans le souvenir et la haine.

Je vais me battre, pour retrouver peut-être l’usage de mes jambes, et pour la paix, contre ce terrorisme aveugle qui m’a pris l’amour et la joie. Le ballet est scandé par la lumière, je deviendrai lumière, allégresse, passion. Les mille et une nuits partagées avec Peter semblent autant d’étoiles, et le mugissement de la mer qui gronde, emportée par l’orchestre, comme les réacteurs des avions, sont transcendés par la finesse des flûtes : mon amour si léger avait pris le poids d’un supplice, mais ce ballet lui rend sa liberté, et sa dignité.

J’ai revu New-York, je suis allée à Ground Zero, j’ai entendu la litanie des disparus, mais je suis aussi revenue à Central Park. Ma canne frappe la terre riche de cette Amérique que l’Orient a, un matin de septembre 2001, tant haïe, mais en regardant les jasmins qui embaument, j’ai repensé à cette soirée à l’Opéra et à Shéhérazade, forte, déterminée, grâce et puissance à la fois, et à cette synesthésie entre nos mondes, la musique et la danse offertes comme au premier matin des temps.

Et je suis née, à nouveau, différente, à la vie.

https://www.youtube.com/watch?v=7_0muFy34oY

Ballet de Rimski-Korsakov, Opéra Garnier de Paris, décembre 2001.

http://sabineaussenac.blog.lemonde.fr/2013/09/11/scarlett-for-ever-hommage-aux-victimes-du-11-septembre/

 

 

Dear Time Magazine

Dear Time Magazine,

 3846477_marine-le-pen-new_640x280

A full cover. A friendly face. Millions of people will see and read your sentences about Marine le Pen and the Front National.

Thank you, dear Time Magazine. Really, thanks for making such an incredible publicity to such a dangerous person. To such a dangerous party.

You say that this political party could be compared to the american Tea Party. You seems to consider that Marine le Pen could be an usual, banal, normal leader.

Thanks for this brilliant conclusion.

I’m sure that the young norwegian victims from Anders Breivik would have appreciate your way to describe our little frenchie Iron Lady: you know, Breivik’s ideas are so close to Madame le Pen’s war against Muslim power in Europe…

http://www.huffingtonpost.com/2012/07/22/anders-behring-breivik-attacks-norway-massacre-anniversary_n_1692813.html

Yes, I agree with you, we have not to ask us if the Front National is dangerous, and I sure that the many turkish victims of german neo Nazis could have share your these: burning houses with lots of Turkish and black children is not a crime, it’s just …

http://en.wikipedia.org/wiki/Solingen_arson_attack_of_1993

Yes, in fact, how do you call this?

And how do you call “Shoah”, in english? Oh, yeap, I remember, I think you say “Holocaust”, isn’t it? This old european story, a few million people burning and dying and a man, a certain Hitler, such a respectable politician, full of legality and proud to be the Führer of a new world order, on this 30 January 1933…

You think I’m crazy? You think I’m dreaming? You think I’m just a german teacher and not a journalist or essayist, not able to give a sense to history and politics?

Perhaps you’re wright. And perhaps it’s true, that certain liberal ideas from Marine le Pen about Europe, about health care reform or ecology can be compared to the program from the Tea Party.

But in France, you know, two years ago, in my “pink city” Toulouse, a man shout jewish kids down, in their jewish school, just because they were jewish. A few years ago, a yong man called Ilan Halimi was tortured weeks along, before being murdered and burned. Just because he was jewish. But in France, last autumn, a man called Dieudonné, pretending he was an humorist, invented a new way to say “hi”, making a inversed nazi salutation with this arm, called “quenelle”. In all his shows, this man made a joke about the “Shoah”, singing “Shoah- ananas”, as if the holocaust could be a funky fucking good song and joke about fruits.

http://www.veteranstoday.com/2014/01/04/the-courage-of-the-quenelle/

I don’t know if you know that Marine le Pen’s father, Jean-Marie le Pen, often made this sort of jokes about the holocaust.

http://mondediplo.com/1998/05/08igou

I don’t know if you know that Marine le Pen herself often speaks and laugh with persons of the neo nazi circles.

http://forum.doctissimo.fr/viepratique/politique/compagnie-skinheads-neonazis-sujet_11432_1.htm

 

Dear Time Magazine, I always learned and thought that YOU were one of the best, brilliant, neutral, impartial, respectable and intelligent newspaper of the world.

Today I’m sad, I feel upset and I ask you to apologize for your apology of non-sense.

 

Sabine Aussenac.

http://www.best-poems.net/editors/1293

http://www.amazon.fr/Sabine-Aussenac/e/B00K0ILDZS/ref=ntt_athr_dp_pel_1

Ilan Halimi, 8 ans déjà…

1656423_10201557711161471_853099658_n

Des vivants et des morts

Nos morts
Se plaquent sans trace contre nos vitres
Gémissent sans voix dans nos accents
Oscillent
dans la frileuse poursuite
de leur chair abolie
Leurs cœurs s’endeuillent de la terre
Leurs mains se tendent vers nos lueurs
Le spectre de leurs bras cherche à nous retenir

Mais nos pas de vivants
déferlent sans leur escorte
Nos vies
survivent à leurs plaintes
Nos heures
consument leurs contours
Quelques images se souviennent
Les ravivant parfois d’une brève flambée !

Andrée Chédid

31 ans. Il aurait 31 ans aujourd’hui, peut-être un enfant, une maison, un chien.

Oh, bien sûr, des drames, il y en a tant…Chaque jour en Syrie, d’horribles morts d’enfants, sous des jerricans d’essence en folie. Et puis dans des petits trains touristiques, ici, chez nous. Et aussi dans les eaux fortes de Lampedusa. La Camarde n’épargne personne, jamais.

Mais avouez qu’en France, en notre temps civilisé, il est rare de mourir sous la torture. De mourir comme au Moyen Âge, sous les coups, les privations, les humiliations. De crever comme un chien, comme au fond d’une geôle chilienne de l’époque de Pinochet, comme dans un camp de Pol Pot, comme sous les aboiements hystériques de nazis…

Mais avouez qu’en France, en notre début de siècle civilisé, loin des barbaries des guerres, loin des exactions que se livrent des peuples en furie, il est rare de mourir si gratuitement, simplement parce que des Barbares en veulent à un hypothétique argent d’une « Communauté », simplement parce que vous avez eu la malchance de naître…juif.

Ce matin, trois jours avant le huitième anniversaire de la mort atroce d’Ilan Halimi, le 13 février, je ne vais pas en faire des tonnes, ni résumer les faits, ni polémiquer.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_gang_des_barbares

Les chaumières pleureront toutes seules, ou pas, car, somme toute, il est facile de les oublier, les Françoise que l’on a fait exploser au beau milieu de Paris, rue des Rosiers, les Myriam à qui l’on a fait exploser la tête en pleine cour d’école, les Ilan dont on a fait exploser la vie un petit matin de février 2006…

Je voudrais juste rappeler qu’il y a quelques jours, le tristement prétendu humoriste Dieudonné a été relaxé suite à la diffusion d’un de ses « Shoah-nana », au sujet d’une vidéo dans laquelle il appelait pourtant à la libération du Barbare Fofana.

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/dieudonne-relaxe-pour-une-video-sur-ilan-halimi-et-shoah-nanas_1321510.html

Je voudrais juste rappeler que dans la plupart des établissements scolaires de ma connaissance (statistiques personnelles, mais justes), il n’a pas été fait mention de la « Journée de commémoration de la Shoah », en janvier, et que de nombreux articles de presse ont témoigné de la difficulté de cette transmission.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/01/26/01016-20140126ARTFIG00134-quand-les-professeurs-peinent-a-enseigner-la-shoah.php

Je voudrais juste rappeler la mémoire d’un jeune homme innocent, plein de vie, de projets, que des Barbares d’un autre temps ont mutilé, saccagé, effacé de la terre, pour que chaque lecteur de ce texte garde en mémoire ce prénom et œuvre, aussi fort qu’il est possible, pour que de tels actes ne se produisent plus.

Ilan.

Souvenons-nous d’Ilan.

Sabine Aussenac

Aucune justice n’est possible pour les morts, on ne peut plus les ramener. Il s’agit de mémoire. 
Parce que le tueur tue deux fois : la première fois en tuant, et la deuxième fois en essayant d’effacer les traces de son meurtre.
On n’a pas pu empêcher leur première mort ; il s’agit maintenant d’empêcher leur deuxième mort ; et si le tueur est coupable de la première mort, la deuxième ne serait plus de sa faute, mais de la nôtre.

Elie Wiesel

 

Et j’ai honte quand la France perd la tête…

http://medias.lepost.fr/ill/2011/03/28/h-20-2448926-1301339884.jpg

 Un ancien texte, écrit alors que je vivais encore en Gascogne et que des insultes diverses-déjà- pleuvaient sur le net…

-au vu de certaines réactions au sujet de mon texte « Jehanne », m’accusant tantôt d’être au PS, tantôt au PCF, alors qu’ailleurs on me traite de frontiste, je reposte ce petit texte paru il y a quelque temps en voyant une affiche où » Not’Président » était comparé à Adolf…-

http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/03/23/2443233_elle-s-appelait-jehanne.html


***

Franchement, je ne sais plus.

A sept ans, j’ai raté 68.
Pire, je n’en garde aucun souvenir, planquée que j’étais dans une douce école de la République du Tarn.

A quinze ans, découvrant Kerouac, Rimbaud et James Dean, j’ai décidé que je serais à gauche-surtout parce que j’en avais marre de coller les affiches et les enveloppes que mon conseiller général RPR de père m’obligeait à assimiler de façon subliminale…


http://www.oasisdesartistes.com/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=69484&forum=2


A dix-neuf ans, par ennui et par dépit, j’ai épousé un cheminot cégétiste: nous nous crépions le chignon, je défendais déjà la non-violence et Gandhi, me rêvais post beatnik, lui criait  » union-action, avec la CGT! ».
Pêle-mêle, j’ai ensuite milité à la LCR et chez Arlette, allant jusqu’à prendre, un soir de folie, ma carte au PCF, le lendemain du premier gros score de JMLP. J’en avais, du mérite, à l’époque: je peux vous dire que les dirigeants de ces groupuscules étaient moins glamour que nos actuels facteurs…Oui, les réunions étaient poussiéreuses et mortifères…

http://www.oasisdesartistes.com/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=55162&forum=2


J’ai aussi fait partie de la première liste « verte » des Municipales de Toulouse. Face au clan Baudis, à l’époque enfieffé dans la ville rose, nous ne fîmes pas le poids. Je me souviens avoir remboursé la campagne, sous les quolibets de mon ex-mari et de ses camarades cégétistes…

A la fac du Mirail, le monde s’est arrêté en 75. Aujourd’hui encore, ce sont les mêmes barbus un peu crassoux qui m’arrêtent, quand par hasard je tente de repasser une agrégation, et qui me demandent: « Tu connais l’UNEF? »

Et puis la petite étudiante à lunettes devint prof.
Des années d’affiches du SNES plus tard, épuisée par le militantisme de pacotille et les revendications franchouillardes et frileuses de mes collègues, de tous ces enseignants vivotant dans un hors-monde de privilèges et d’inaction, je glissais imperceptiblement à droite.

Un jour, je votai Chirac. Pire, je suis allée l’applaudir, dans une salle des fêtes aux allures de stade de France, au coeur de l’Auvergne-j’avoue que VGE m’avait toujours laissée indifférente-, et les frissons ressentis à l’écoute de la Marseillaise -je concède aussi être allée m’assoir au rang des VIP, avec mon sésame « Sabine Aussenac, fille de conseiller général… »-m’ont convaincue: j’étais à droite.

Pas la droite des pourris, pas la droite des compromissions FN, non, la belle droite, celle des intelligences, des réflexions. Bien sûr, toute une partie de moi continuait à chanter l’Internationale et à vouer un culte à Rosa Luxemburg-déjà à la fac, on me nommait « die rote Rosa », mais j’avais grandi. Un proverbe ne dit-il pas qu’on est fou si l’on n’est pas de gauche à vingt ans, mais fou encore si on le reste à trente?

En gros, je crois que je symbolisais le parfait cliché: le coeur à gauche, et la raison à droite.

Bien sûr que j’ai voté Sarko. N’en déplaise à tous mes amis, bien évidemment de gauche. Mon Président, je le trouvais intelligent, brillant et offensif. J’aimais son idée de rassembler les forces vives, de débaucher des éléphants. Ma fracture politique intérieure battait l’amble du rassemblement de la Nation.( Et puis Ségo, la Dame Blanche,excusez-moi, mais je la trouvais tarte.) Enfin, un vrai problème personnel, dont je me relève à peine, n’a pu être réglé que par divers appuis, écoutes, conseils, et je demeure persuadée qu’ ELLE y est pour beaucoup. Parce que je n’ai pas honte de dire que quelqu’un a dit à quelqu’un d’autre de m’écouter…

Bon. Bien sûr, du fin fond de ma belle province, avec mon âge canonique, même si je pensais un jour pouvoir prendre la relève de Guaino et écrire les discours à la place du scribe du Calife, j’ai déchanté. La permanence de l’UMP locale ressemble à un squat, tant elle est vétuste. Mon militantisme UMP s’est contenté d’une galette des rois toulousaine où la moyenne d’âge frisait les soixante-dix ans. Et puis j’ai trouvé que not’ Président faisait pas mal de bêtises. Voire même que j’allais peut-être repasser à gauche.

Parce que somme toute, la déception n’est pas réservée à cette dernière, et, s’il existe des déçus du socialisme, pourquoi ne pourrais-je pas me revendiquer comme une déçue de la droite? Entre les expulsions arbitraires et les suppressions de postes, entre les fermetures de maternités et les dérapages de nos ministres, entre les compromissions et les bavures, flûte, je ne sais plus sur quel bulletin danser.

Et puis je me disais que maintenant que mes soucis de vie sont enfin réglés, je pourrais me lancer enfin en politique, militer en my little town, faire bouger les Gersois en dehors du nomansland culturel et du triangle des Bermudes Rugby-Tariquet-Cirque (ne me demandez pas pourquoi, mais la principale activité de ma ville est axée autour du CIRQUE…) Hélas, je suppose que je suis grillée; monsieur le Maire n’a JAMAIS répondu à mes demandes de rendez-vous, alors que franchement, que ce soit au niveau des investissements culturels ou économiques, voire même architecturaux, j’aurais des idées pour extirper Auch de l’immobilisme-oui, ma Gascogne s’est arrêtée à Henri IV. Mais bon. Monsieur le Maire ne sait pas, par exemple, que j’ai eu un échange de mails persos avec le big boss de super U, Serge Papin, que j’ai contacté un jour de rage, voyant que le centre ville ne comportait plus aucun commerce de proximité. Mais bon.

Il faudrait donc pour prétendre à une place au soleil politique local prendre une carte au PS…

Hors, là, voyez-vous, je ne sais pas si je pourrai-s: car il est HORS DE QUESTION que je me mette à militer dans un parti qui ose, rassuré par nos libertés démocratiques, comparer notre Président à Hitler. Et c’est bien ce qui se passe sur cette récente affiche ayant fait scandale à l’UMP…

Souvent, déjà, j’ai arraché des tracts de nos salles des profs. J’ai osé, entre deux récrés, quand personne ne regardait, enlever des papiers outranciers, des bavures démocratiques, qui encombraient nos tableaux d’expression de toutes sortes d’insultes envers nos gouvernants. Eussé-je été encore « de gauche », j’aurais fait la même chose: je ne supporte pas les outrages à dirigeants. Je trouve que lorsque l’on a la chance de vivre en démocratie, on doit laisser la part belle à l’alternance et au respect. Nos jeunes ne sont pas obligés de courir sous des tirs à balles réelles ou sous des bombardements pour changer de gouvernement, que je sache…

Et puis je suis d’origine allemande, et j’ai travaillé sur la poésie de la Shoah.

Alors j’ose dire publiquement, quitte à me griller définitivement sur la carte politique, que cette affiche des Jeunes Socialistes est une insulte gravissime à l’ordre public, à Monsieur le Président de la République et aux millions de morts et victimes de la barbarie nazie.

La Shoah et le nazisme ne sont pas des non événements.Ce n’est pas la première fois que je lis ou vois de tels amalgames, et, lors des présidentielles de 2007, nombre de mes collègues, justement, osaient de tels parallèles.

J’en ai la nausée. Non, Nicolas Sarkozy n’est PAS Adolf Hitler.

Quelles que soient nos idées politiques, ayons la décence de les exprimer dans la dignité, dans le respect de l’Histoire et de notre nation. J’ai honte pour ces jeunes, qui ont oublié le sens de l’Histoire. J’ai honte pour les publicitaires, qui ont laissé ces vomissures s’afficher.

Et j’ai honte quand la France perd la tête, et ne sait plus ce que signifie le mot RESPECT.

Sabine Aussenac, en recherche de parti.

Last minute :

Texte plus que jamais d’actualité, même si, voir :

 http://www.huffingtonpost.fr/sabine-aussenac/le-jour-ou-jai-vote-pour-_b_1422271.html

…j’avais fini par voter Bayrou !!

Par contre, Dieudonné, lui, me fait, mais alors FURIEUSEMENT, penser aux années trente, aux réunions miteuses d’un parti naissant, aux discours paranoïdes d’un fou, et aux suites…

J’en profite pour louer le civisme et le courage de ceux qui ont appelé au boycott de ce fou, et aux politiques qui, d’ores et déjà, ont agi.

Et pour dire ma conviction, une fois de plus, que c’est ensemble, et non pas séparément, que nous lutterons pour un monde meilleur.

 

Cher Dieudonné

shoah

Cher Dieudonné,

 

Vous écrire ouvertement n’est peut-être pas une très bonne idée, car cela reviendra à nouveau à faire parler de vous…Mais votre présence, de toutes manières, envahit les scènes médiatiques comme des effluves pestilentielles qui s’échapperaient d’un charnier…

Car c’est bien de charniers qu’il est question, de tous ces charniers dont l’Histoire regorge, et qu’il vous plaît de nier et de conspuer. Alors voilà : nous sommes aujourd’hui des dizaines de milliers à vous demander de cesser vos délires.

Que vous soyez assez lâche pour ne pas payer les amendes infligées depuis des années par les tribunaux, soit.

Que votre répertoire s’appauvrisse au point de revenir en boucle sur les mêmes sempiternels sujets, soit.

Mais de grâce, cessez de vous prendre pour Dieu et d’insulter publiquement la mémoire de millions de disparus.

En fait, j’ai l’impression que pour vous, la Shoah, c’est un jeu. Qui ressemblerait aujourd’hui au « Pas vu pas pris » – « Si personne ne porte plainte contre moi, je peux continuer, même à insulter le Service Public… », ou à « Colin-Maillard » – « On dirait qu’on ferait comme si les chambres à gaz n’avaient jamais existé… », ou au Monopoly : « Allez, j’achète Auschwitz pour une bouchée de pain ! »…

Car votre antisémitisme est si primaire qu’il ferait passer les fours crématoires pour un jeu de dînette des nazis ; et les pogroms, qui sévissent depuis des siècles, pour de vagues jeux du foulard dans quelque école désaffectée.

Le problème, cher Dieudonné, c’est que des gens comme vous font le jeu des extrémistes en tous genres. On commence par faire rire les foules assez connes pour payer pour aller voir un prétendu humoriste – que vous prétendiez tel doit faire vomir les Fernand Reynaud et autres Le Luron…-, et on finit par cautionner un Mohamed Merah.

Or, voyez-vous, très cher, je vis dans la ville rose. Et j’ai vu grandir les petits Mohamed Merah, ceux que je j’ai eus l’occasion d’avoir comme élèves. Ceux à qui j’ai demandé d’écrire sur leurs carnets de correspondance :

  • « Je ne prononcerai plus le nom du Führer en cours sans y avoir été invité. »

Car ces élèves-là vouent, très cher Dieudonné, un véritable culte à Adolf Hitler, et voyaient dans mes cours d’allemand un terrain de jeu illimité à leurs fantasmes d’antisémitisme.

C’est bien dans ma bonne ville de Toulouse qu’il y a bientôt deux ans, un homme est entré dans une école juive pour y loger une balle dans la tête d’une enfant, à bout portant.

Alors voyez-vous, cher Dieudonné, moi je vous dis « merde ». Et j’espère que très bientôt, la justice de mon pays que je continue à dire « des Lumières », même si des prétendus républicains comme vous osent se revendiquer de notre démocratie, saura museler vos négationnismes et vos haines.

Je ne suis pas juive. Je ne suis pas visée par vos diffamations qui se croient drôles et subversives. Mais je suis issue d’un peuple qui a gazé des millions de juifs, qui a porté en lui les germes de cet antisémitisme larvé, ou même pas, que tant des nôtres continuent à apprécier, à propager, et qui a conduit à la Solution Finale.

Je porte en moi les voix de mille juifs qui suffoquent.

Et j’ai très, très, très envie de vous faire taire.

Sabine Aussenac.

http://www.huffingtonpost.fr/sabine-aussenac/myriam_1_b_1371928.html

http://www.oasisdesartistes.com/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=171705&forum=2

Je porte en moi souvent mille Juifs qui suffoquent

Je porte en moi souvent mille Juifs qui suffoquent,
Et tant de matins blancs que déchirent leurs cris.
Tous ces appels glacés, ces visages enfuis,
C’est comme un souvenir dont tant de gens se moquent.

Ceux qui me disent allons, la Shoah, c’est fini !
Regarde un peu l’Afrique, et tous les naufragés,
Et puis tous ces enfants qui sont morts en Syrie,
Sans parler de Gaza et de ses sacrifiés…

Mais très obstinément, comme un grand vent de plaine,
Je les entends mugir, vociférer leurs haines,
Et je les sens souvent, les barbares affamés,

Roder autour de nous qu’ils voient en proies faciles,
Car oui le Juif c’est nous, c’est toi, c’est le Fragile :
Celui que le Nazi pour toujours veut traquer.