Et j’ai honte quand la France perd la tête…

http://medias.lepost.fr/ill/2011/03/28/h-20-2448926-1301339884.jpg

 Un ancien texte, écrit alors que je vivais encore en Gascogne et que des insultes diverses-déjà- pleuvaient sur le net…

-au vu de certaines réactions au sujet de mon texte « Jehanne », m’accusant tantôt d’être au PS, tantôt au PCF, alors qu’ailleurs on me traite de frontiste, je reposte ce petit texte paru il y a quelque temps en voyant une affiche où » Not’Président » était comparé à Adolf…-

http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/03/23/2443233_elle-s-appelait-jehanne.html


***

Franchement, je ne sais plus.

A sept ans, j’ai raté 68.
Pire, je n’en garde aucun souvenir, planquée que j’étais dans une douce école de la République du Tarn.

A quinze ans, découvrant Kerouac, Rimbaud et James Dean, j’ai décidé que je serais à gauche-surtout parce que j’en avais marre de coller les affiches et les enveloppes que mon conseiller général RPR de père m’obligeait à assimiler de façon subliminale…


http://www.oasisdesartistes.com/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=69484&forum=2


A dix-neuf ans, par ennui et par dépit, j’ai épousé un cheminot cégétiste: nous nous crépions le chignon, je défendais déjà la non-violence et Gandhi, me rêvais post beatnik, lui criait  » union-action, avec la CGT! ».
Pêle-mêle, j’ai ensuite milité à la LCR et chez Arlette, allant jusqu’à prendre, un soir de folie, ma carte au PCF, le lendemain du premier gros score de JMLP. J’en avais, du mérite, à l’époque: je peux vous dire que les dirigeants de ces groupuscules étaient moins glamour que nos actuels facteurs…Oui, les réunions étaient poussiéreuses et mortifères…

http://www.oasisdesartistes.com/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=55162&forum=2


J’ai aussi fait partie de la première liste « verte » des Municipales de Toulouse. Face au clan Baudis, à l’époque enfieffé dans la ville rose, nous ne fîmes pas le poids. Je me souviens avoir remboursé la campagne, sous les quolibets de mon ex-mari et de ses camarades cégétistes…

A la fac du Mirail, le monde s’est arrêté en 75. Aujourd’hui encore, ce sont les mêmes barbus un peu crassoux qui m’arrêtent, quand par hasard je tente de repasser une agrégation, et qui me demandent: « Tu connais l’UNEF? »

Et puis la petite étudiante à lunettes devint prof.
Des années d’affiches du SNES plus tard, épuisée par le militantisme de pacotille et les revendications franchouillardes et frileuses de mes collègues, de tous ces enseignants vivotant dans un hors-monde de privilèges et d’inaction, je glissais imperceptiblement à droite.

Un jour, je votai Chirac. Pire, je suis allée l’applaudir, dans une salle des fêtes aux allures de stade de France, au coeur de l’Auvergne-j’avoue que VGE m’avait toujours laissée indifférente-, et les frissons ressentis à l’écoute de la Marseillaise -je concède aussi être allée m’assoir au rang des VIP, avec mon sésame « Sabine Aussenac, fille de conseiller général… »-m’ont convaincue: j’étais à droite.

Pas la droite des pourris, pas la droite des compromissions FN, non, la belle droite, celle des intelligences, des réflexions. Bien sûr, toute une partie de moi continuait à chanter l’Internationale et à vouer un culte à Rosa Luxemburg-déjà à la fac, on me nommait « die rote Rosa », mais j’avais grandi. Un proverbe ne dit-il pas qu’on est fou si l’on n’est pas de gauche à vingt ans, mais fou encore si on le reste à trente?

En gros, je crois que je symbolisais le parfait cliché: le coeur à gauche, et la raison à droite.

Bien sûr que j’ai voté Sarko. N’en déplaise à tous mes amis, bien évidemment de gauche. Mon Président, je le trouvais intelligent, brillant et offensif. J’aimais son idée de rassembler les forces vives, de débaucher des éléphants. Ma fracture politique intérieure battait l’amble du rassemblement de la Nation.( Et puis Ségo, la Dame Blanche,excusez-moi, mais je la trouvais tarte.) Enfin, un vrai problème personnel, dont je me relève à peine, n’a pu être réglé que par divers appuis, écoutes, conseils, et je demeure persuadée qu’ ELLE y est pour beaucoup. Parce que je n’ai pas honte de dire que quelqu’un a dit à quelqu’un d’autre de m’écouter…

Bon. Bien sûr, du fin fond de ma belle province, avec mon âge canonique, même si je pensais un jour pouvoir prendre la relève de Guaino et écrire les discours à la place du scribe du Calife, j’ai déchanté. La permanence de l’UMP locale ressemble à un squat, tant elle est vétuste. Mon militantisme UMP s’est contenté d’une galette des rois toulousaine où la moyenne d’âge frisait les soixante-dix ans. Et puis j’ai trouvé que not’ Président faisait pas mal de bêtises. Voire même que j’allais peut-être repasser à gauche.

Parce que somme toute, la déception n’est pas réservée à cette dernière, et, s’il existe des déçus du socialisme, pourquoi ne pourrais-je pas me revendiquer comme une déçue de la droite? Entre les expulsions arbitraires et les suppressions de postes, entre les fermetures de maternités et les dérapages de nos ministres, entre les compromissions et les bavures, flûte, je ne sais plus sur quel bulletin danser.

Et puis je me disais que maintenant que mes soucis de vie sont enfin réglés, je pourrais me lancer enfin en politique, militer en my little town, faire bouger les Gersois en dehors du nomansland culturel et du triangle des Bermudes Rugby-Tariquet-Cirque (ne me demandez pas pourquoi, mais la principale activité de ma ville est axée autour du CIRQUE…) Hélas, je suppose que je suis grillée; monsieur le Maire n’a JAMAIS répondu à mes demandes de rendez-vous, alors que franchement, que ce soit au niveau des investissements culturels ou économiques, voire même architecturaux, j’aurais des idées pour extirper Auch de l’immobilisme-oui, ma Gascogne s’est arrêtée à Henri IV. Mais bon. Monsieur le Maire ne sait pas, par exemple, que j’ai eu un échange de mails persos avec le big boss de super U, Serge Papin, que j’ai contacté un jour de rage, voyant que le centre ville ne comportait plus aucun commerce de proximité. Mais bon.

Il faudrait donc pour prétendre à une place au soleil politique local prendre une carte au PS…

Hors, là, voyez-vous, je ne sais pas si je pourrai-s: car il est HORS DE QUESTION que je me mette à militer dans un parti qui ose, rassuré par nos libertés démocratiques, comparer notre Président à Hitler. Et c’est bien ce qui se passe sur cette récente affiche ayant fait scandale à l’UMP…

Souvent, déjà, j’ai arraché des tracts de nos salles des profs. J’ai osé, entre deux récrés, quand personne ne regardait, enlever des papiers outranciers, des bavures démocratiques, qui encombraient nos tableaux d’expression de toutes sortes d’insultes envers nos gouvernants. Eussé-je été encore « de gauche », j’aurais fait la même chose: je ne supporte pas les outrages à dirigeants. Je trouve que lorsque l’on a la chance de vivre en démocratie, on doit laisser la part belle à l’alternance et au respect. Nos jeunes ne sont pas obligés de courir sous des tirs à balles réelles ou sous des bombardements pour changer de gouvernement, que je sache…

Et puis je suis d’origine allemande, et j’ai travaillé sur la poésie de la Shoah.

Alors j’ose dire publiquement, quitte à me griller définitivement sur la carte politique, que cette affiche des Jeunes Socialistes est une insulte gravissime à l’ordre public, à Monsieur le Président de la République et aux millions de morts et victimes de la barbarie nazie.

La Shoah et le nazisme ne sont pas des non événements.Ce n’est pas la première fois que je lis ou vois de tels amalgames, et, lors des présidentielles de 2007, nombre de mes collègues, justement, osaient de tels parallèles.

J’en ai la nausée. Non, Nicolas Sarkozy n’est PAS Adolf Hitler.

Quelles que soient nos idées politiques, ayons la décence de les exprimer dans la dignité, dans le respect de l’Histoire et de notre nation. J’ai honte pour ces jeunes, qui ont oublié le sens de l’Histoire. J’ai honte pour les publicitaires, qui ont laissé ces vomissures s’afficher.

Et j’ai honte quand la France perd la tête, et ne sait plus ce que signifie le mot RESPECT.

Sabine Aussenac, en recherche de parti.

Last minute :

Texte plus que jamais d’actualité, même si, voir :

 http://www.huffingtonpost.fr/sabine-aussenac/le-jour-ou-jai-vote-pour-_b_1422271.html

…j’avais fini par voter Bayrou !!

Par contre, Dieudonné, lui, me fait, mais alors FURIEUSEMENT, penser aux années trente, aux réunions miteuses d’un parti naissant, aux discours paranoïdes d’un fou, et aux suites…

J’en profite pour louer le civisme et le courage de ceux qui ont appelé au boycott de ce fou, et aux politiques qui, d’ores et déjà, ont agi.

Et pour dire ma conviction, une fois de plus, que c’est ensemble, et non pas séparément, que nous lutterons pour un monde meilleur.

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s