Aimer l’été à Toulouse… #canicule

Aimer l’été à Toulouse …

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Accueillir.

Ne pas lutter.

Se laisser inonder, envahir, déborder par elle.

Mais ruser.

Oui, elle est partout, dans toute la France, sur toute l’Europe, elle fait fondre les glaciers de Norvège et mourir les ouvriers espagnols, elle nous suffoque, nous désespère : la canicule.

À nous, pauvres citadins enfermés dans nos étuves surchauffées, d’imaginer des échappatoires.

Prenons par exemple la corvée de vaisselle. Personnellement, je l’accomplis à la fraîche – toutes proportions gardées, les températures nocturnes, dans la ville rose, avoisinant les 32 jusque vers minuit 😊

C’est le moment de se la jouer dance floor à Ibiza, non ?

Franchement, faire barboter les mugs et les couverts dans un peu de produit vaisselle au son d’une électro endiablée m’évoque directement une torride soirée mousse. Un zeste de Despacito au rinçage, quelques mouvements de hanche pour naviguer jusqu’au buffet en imaginant aller au bar de la paillote, un soupçon de David Guetta pour couronner le tout, vous verrez, vous oublierez instantanément les langueurs accablées de la journée. À vous les déhanchés joyeux en récurant la poêle, comme si vous étiez à la soirée Miss tee-shirt mouillé du camping des Flots Bleus ou dans quelque soirée Blanche à St Trop…

Il suffit de si peu pour rêver aux ailleurs… Et de toutes façons, il est carrément impossible de partir en rando ou d’aller arpenter quelques forêts par 40 degrés à l’ombre…

Alors le matin, enfin vers 13 heures, quand j’émerge de ma nuit quasiment blanche, je me la joue campagne. Ambiance « Natures et découvertes » mâtinée de zénitude. À moi les playlists « chants d’oiseaux » et « alpages » de ma tablette. Un bon petit déjeuner avec des confitures Lidl qui semblent de venir de chez Fauchon disposées dans des coupelles, quelques rondelles de beurre demi-sel harmonieusement dentelées, une belle nappe blanche, et voilà : me voilà sur la terrasse d’un cinq étoiles non loin du Léman. Les pièces ont gardé la douceur apaisante de la fin de nuit, paraissant presque fraîches, et la journée s’annonce ainsi pratiquement respirable.

L’après-midi, c’est plage. Après la douche tiède au savon au monoï d’Yves Rocher (celui qui était le chouchou de ma Princesse 2), il suffira de s’enduire langoureusement d’huile prodigieuse (je garde comme une relique le minuscule flacon offert à Noël dernier par Princesse 1) avant de se prélasser sur un transat fauteuil devant le ventilateur tournant à plein régime en lisant À la recherche du temps perdu Marie-Claire pour se croire en quelque crique méditerranéenne. Je n’oublie pas de lancer la playlist « vagues » pour profiter du ressac et des cormorans, ni les petits verres en plastique garnis d’eau congelée disposés devant le susdit ventilo, donnant illico l’illusion d’une brise rafraîchissante.

En fin de journée, à l’heure où s’élèvent de chaque balcon des effluves de sardines grillées et que s’entrechoquent les verres de pastaga, nous allons dans les parcs. Avec cette impression de traverser un lotissement en bord de Grande Bleue avant d’arriver dans quelque arrière-pays où, entre chênes verts et garrigues, exploserait le chant des cigales.

Au coin de la rue, l’inénarrable Place Pinel a engrangé ses mystères et sa magie. Entre boulodrome et caniparc se dresse l’imposant kiosque à l’écho central et aux poteaux murmurants, tandis que les kabbalistiques tilleuls et platanes veillent sur les passants accablés de chaleur.

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Lovée paresseusement sur un banc devant le Jardin Japonais du parc Compans, je peux observer les sages sillons tracés au râteau sur les graviers non loin de la pagode. En admirant les nénuphars et les collines d’herbe rase, je me crois réellement au pays du Soleil Levant.

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À moins que mes pas ne me portent vers le Jardin des Plantes, où les arbres plusieurs fois centenaires veillent sur les Toulousains reconnaissants qui cheminent entre catalpas et tilleuls, au gré des allées alanguies.

Il y avait cette rose chavirant dans le soir
Vaisseau pourpre et lumière pavillon des espoirs
Embaumant crépuscule et glissant veloutée
Barcarolle fragile en esquif des étés

Au creux des mille allées s’ébattaient des enfants
Landaus bleus et cerceaux comme en siècle d’antan
Au cristal de ces rires un guignol surgissait
La calèche promenait et les pleurs s’apaisaient…

http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=89716&forum=2

Les dimanches, au kiosque, on peut guincher comme en bord de Marne, entre langoureuses milongas et lindy hop déchaîné… Et l’on se prend à rêver qu’à la rentrée, on franchira enfin le pas pour pousser la porte d’une école de danse et se la jouer Fame ou Argentine…

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Parfois, l’eau verte du Canal me mène presque jusqu’à la mer, quand je longe les rives envahies par les ajoncs et l’onde immobile où se mirent des saules et des platanes un peu fatigués.

L’image contient peut-être : arbre, plante, plein air et eau

Et bien sûr, auparavant, puisque les consignes de St Manu de Brégançon nous ordonnent d’aller « dans des endroits réfrigérés », j’ai le choix : emprunter ad libidum ma chère ligne 16 L1 dont la clim bruyante et glacée ravit mes amis les chauffeurs qui, du haut de leur bermuda sexy, se la jouent parfois guides de bus touristiques ; là, je peux m’imaginer découvrir les hauts-lieux de la vie toulousaine sans dépenser un cent de plus que mon abonnement Pastel, revisiter le monument aux Morts à François-Verdier, admirer la fleur de corail de la basilique Saint-Sernin…

Aucun texte alternatif disponible.

Ou encore profiter de ma dernière découverte estivale, elle aussi 100 % gratuite : flâner dans les allées propres et bien achalandées du Carrefour Market Compans dans le centre commercial « Reflets » et y jubiler en voyant des prix bien plus accessibles que dans mon habituel Casino Saint-Georges, avant de partir arpenter, en soirée, les méandres du superbe parc voisin…

Et Garonne… Ne pas oublier Dame Garonne, qui nonchalamment serpente entre briques et tuiles… Y marcher vous transporte immédiatement dans un tableau d’Henri Martin, et l’on se plaît à rêver à Bordeaux, la ville océane, qui accueillera les flots prêts à goûter au sel de l’Atlantique, et à nos chères Pyrénées dont on peut presque sentir la majesté et la fraîcheur… La nuit, les quais se font cour des miracles, accueillant toute la jeunesse toulousaine pour des nuits fauves et colorées.

L’image contient peut-être : plein air et eau

Enfin, les fontaines elles aussi ont un goût de plage, lorsque les enfants s’y ébattent comme si ils dévalaient des dunes, méduses aux pieds… Avec un peu d’imagination, derrière le Capitole, on pourrait presque entendre « Chouchous…Beignets aux pommes « et voir des parasols…

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Il existe aussi d’innombrables activités estivales permettant de pallier à l’infini un non départ en vacances lorsque l’on reste cloué chez soi par temps de canicule : ouvrir la malle des albums photos des enfants et se souvenir de la joie que nous avions à les confectionner, en ces temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ; relire des lettres d’amour – idem pour les moins de 20 ans… ; jeter des factures payées depuis 10 ans ; se mettre au crochet ; découvrir un nouveau réseau social ( je viens par exemple de m’inscrire sur « Insta » et tente d’y poster les milliers de photos engrangées sur Facebook. Jonglant entre l’application layout qui permet de poster plusieurs images et l’indispensable Linktr.ee autorisant les supra narcissiques tels que moi à mettre des liens dans la « bio », je me la suis jouée geek et ai eu l’impression d’habiter avec Sheldon et Amy… À moi bientôt un flot de followers à faire pâlir Beyonce…)

https://www.instagram.com/sabine_aussenac/ ; jeter un œil sur ses anciens carnets d’adresse en tentant de se remémorer les visages de tous ces noms oubliés…

Lire, bien sûr ! Relire, découvrir, s’évader, dévorer, déguster, tout, pêle-mêle, les polars suédois de la médiathèque, les trouvailles de la boîte à livres de la rue, les mis de côtés pendant l’année, et puis les magazines, les fanzines…

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Ma vie comme un roman

Ma vie comme un roman
De mille cinq cent pages
Un suspense haletant
Et tant de personnages
Un style foisonnant
Beaucoup de mots tocsins
L’intrigue me plait bien
Ca fait passer le temps
Parfois c’est du théâtre
On dirait Cléopâtre
Sans les didascalies
Je me meurs je m’enfuis
On veut tuer la reine
Tous ces amants jaloux
Tragédie maux et peines
Catharsis qui rend fou
Je vis en roman russe
Karénine ou Lara
En mille bleus de Prusse
Je m’envole vers toi
Saga américaine
J’y parcours grandes plaines
Ils ont brûlé Tara
Mais Scarlett reviendra
Parfois en baie d’Along
Je me rêve un amant
Ma plume a les dents longues
Au gré des Hurlevent
Mon Heathcliff et mon Rhett
Me font tourner la tête
Parfois c’est un poète
Si jeune et si esthète
Je me coule en ses vers
J’y renais liberté
Diable au corps nuits d’enfer
Il m’offre éternité
Que jamais ne finisse
La saga de nos jours
Fleurs du mal ou clarisse
Oui j’aimerai toujours.

Et, aussi, se souvenir des chaines gratuites de notre box et du replay. Se faire toute une saison d’Alice Nevers, revoir Nord et Sud, faire découvrir Visconti à mon fils, m’abrutir devant les romances de la télé allemande : que du bonheur !

Enfin, la nuit… Pourquoi s’échiner à faire comme si de rien n’était en étouffant dans une chambre caniculaire ? Là encore, rêver… Se dire qu’on est dehors, à la belle étoile, dans quelque prairie embaumant les fleurs sauvages, ou sur une plage de sable blanc… S’endormir au son des grillons dont le stridulement nous bercera, imaginer un feu de camp non loin de nous et y voir des jeunes gens enlacés au son de quelque Hallelujah ou d’un standard d’Ed Sheeran, et, pourquoi pas, penser à une main caressant la nôtre.

In bed with Justin Nozooka

Le feu de camp me semble indispensable.

Et des étoiles. Bien sûr, il y aura des guitares, le ressac et cette légère brume qui descend sur l’océan.
A moins que nous ne soyons dans une prairie, l’amour en saison sèche, enveloppés dans ces myriades odorantes de foin coupé ; les cigales, assourdissantes, se sont tues à la levée de la lune, mais le doux frou-frou des grillons demeure, et ta main dans la mienne.

Nous ne sommes pas seuls, bien sûr. Ton été est celui de ta horde. Les bouteilles passent de rêve en rêve, une fille danse près du feu, elle est sublime, tout simplement.
Mais ta main est bien dans la mienne, malgré les petits froissements de mon âme, qui se lisent au coin de mes yeux verts.

Tu dis qu’ils ont la couleur de la forêt enchantée, celle de nos enfances.

Somme toute, le temps n’existe pas. Nous avons été des enfants, et nous restons les enfants du soleil. Qu’importe le fait que j’ai grandi avec Pimprenelle et Zorro, et toi en compagnie des Pokémons ?
A quinze ans, nous avons lu Rimbaud. A seize ans, nous avons écouté Morisson et Léo.
Arthur, Jim et Léo sont intemporels, tout comme cette nuit, notre nuit.

Il faut vivre. Maintenant. Tu me dis que tu as l’âge de quitter le monde, car tu en connais la laideur.

Viens, écoute les vagues, elles te disent les pays qui te tendent les bras, et ces cieux infinis qui murmurent là bas.
Viens, regarde les étoiles, elles brilleront un jour au-dessus de la maison où une femme donnera le sein à ton enfant.
Viens, prends-moi dans tes bras. Ne pense plus à ce mal qui envenime tes lèvres, ni à l’humain qui te maudit dans la fièvre.

Vois mes yeux qui lisent en toi et les plaines que je t’offre, tu y seras le cheval fou et les mille paysages.

Sens ma main sur tes cheveux et l’amour fou qui te caresse, et aime la nuit qui descend sur nos folies.

Nous partons dans les dunes où murmure la lune, ou à l’orée du bois éclairé par les Rhunes.

Justin Nozooka chuchote ses complaintes aux quatrains flamboyants, nos amis dansent et boivent les vins aux saveurs d’une absinthe.

Tu me coucheras sous les genêts sauvages ; tu ôteras délicatement mon infime corsage : en embrassant mes seins comme on goûte un poème, tu sauras mon amour que je deviens ta reine.
http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=81059&forum=3

 

Il ne fait pas chaud. Il fait bon, vous aimez l’été, et même la canicule. Vous y repenserez avec une infinie nostalgie en rentrant, les soirs de brouillard et de neige sale fondue, portant un pull qui gratte et un gros sac de courses, après avoir raté un bus bondé.

Enfin, je dédie ce texte à tous les courageux et valeureux non aoûtiens qui travaillent dur et suent sang et haut, sur des échelles de chantiers, dans des salles d’opération surchauffées, devant des fourneaux fournaises, auprès de personnes âgées ou de malades en souffrance, dans des commissariats miteux, dans des bureaux non climatisés…

NB : THERMIDOR : mois de la chaleur , des bains 11ème mois du calendrier Républicain ( 20 juillet / 18 août )

Encore un été…


Encore un été sans la plage
Sans cigales et sans tournesols
Sans l’odeur du grand large
Et sans ombrage de parasols
Encore un été sans ce sable
Tendre fin et si doux
Sans rires joyeux et grandes tables
Sans cousinades et guilledoux
Encore un été sans Provence
Sans lavandes et sans froufrous
Sans marché à Saint-Paul de Vence
Sans festival au Puy du Fou
Encore un été sans valises
Faites et défaites gaiement
Sans robes légères insoumises
Sans regards brûlants des amants
Encore un été sans sourires
Sans ribambelles d’enfants
Sans monopoly sans fou rires
Sans prendre la clef des champs
Encore un été sans cerises
Sans courses folles en plein vent
Sans sursauts et sans surprises
Sans le parfum de l’Autan
Encore un été sans amis
Qui partageraient pâtes fraîches et rosé
Mozzarella salade de riz
Et plongeraient dans mon décolleté
Encore un été sans Paris
Sans arpenter les Champs
Sans bateau mouche café hors de prix
Sans Notre-Dame et touristes priant
Encore un été sans toi
Qui conduirait sur cette petite route
Qui me guiderait dans l’étroit
Passage de mes doutes
Qui tiendrait fermement ma main
Tout en haut de la falaise
Qui me montrerait Etretat
Et aimerait même mes fadaises
Qui découvrirait mes Cathares
En escaladant Montségur
Qui rirait de vieilles tares
Et me ferait sentir secure
Encore un été sans nous
Nous baignant nus sous la cascade
Et riant comme jeunes fous
Au gré des vents et cavalcades
Encore un été solitaire
Passé à faire et à défaire
A mettre petite vie en terre
En trébuchant sur lourdes pierres
Encore un été nomade
De juive errante dont seule patrie
Sera décidément aubade
Sornettes rêves et poésies.

 

http://www.refletsdutemps.fr/index.php/thematiques/actualite/ecrits/item/l-escarpolette

https://www.huffingtonpost.fr/sabine-aussenac/reforme-grandes-vacances_b_2769627.html

 

Vivre libre…Et sans permis!

Vivre libre

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https://www.youtube.com/watch?v=Xzbrjxqwpoo

 

Je n’ai pas le permis. Je ne l’ai jamais passé ; et j’ai 55 ans.

Quand je lance cette phrase lors d’une conversation, entre amis ou dans une salle des profs, on me regarde comme si j’étais la grande sœur d’ET et que j’arrivais d’une autre planète.

  • Mais tu l’as raté ?
  • C’est à cause de ta myopie ? (Oui, on me confond parfois avec Nana Mouskouri…)
  • Et tu ne veux pas le passer, maintenant que tu as eu l’agreg ? (Sous-entendu : « Depuis 30 ans que tu la passais, on te comprend, tu n’as pas trouvé le temps pour le permis… »)

Non, je n’ai pas envie de « le » passer.

Parce que je vis très bien sans. Parce que j’ai élevé trois enfants sans l’avoir, parce que je vais travailler sans voiture, parce qu’il m’arrive même de voyager..

Comment fait-on pour vivre comme une star de l’empreinte carbone, et comment peut-on en arriver à ce défi écologique permanent ?

Au début, il y eut l’accident. Je vous parle d’un temps où les ceintures n’existaient pas…Une petite fille de six ans a donc été projetée depuis la banquette arrière, où elle dormait, sous le siège du conducteur où dormait aussi le cric – mon père a toujours eu un sens assez personnel du rangement. Fracture du crâne, solitude d’hôpital, cicatrice visible, et très vite kilos en trop liés à l’interdiction de courir, de bouger comme « avant » …Bon, c’était sympa, ça a permis de varier les surnoms, à « Hitler » – mes origines allemandes- se sont ajoutés « Bouboule » ou « Patate ».

Ma peur de la vitesse et mon vertige sont bien entendu liés à ce traumatisme, et, faute d’avoir vu des psys – ce n’était pas encore tendance -, je vis donc sans prendre l’escalator qui descend, et n’ai jamais imaginé pouvoir emprunter, au volant d’un véhicule, une rocade ou une autoroute…

Ensuite, il y eut mon premier mari, le cheminot. Nous nous mariâmes alors que j’avais encore les joues rondes de l’enfance et arpentâmes l’Europe en vélo…et en train gratuit ! Que de beaux souvenirs dans ce passé de cyclotouriste, entre lacs de montagne autrichiens et pistes landaises…J’en ai gardé des mollets de campeuse, le goût des petites routes de campagne et une nostalgie délicieuse du vent qui fouette le visage, même si depuis un autre accident, en 2013, lorsque j’embrassai, pourtant à pied, mais en frontal et avec élan et sans les mains une plaque d’égout, je n’ai plus osé enfourcher de bicyclette…

C’est à la même époque, d’ailleurs, que je me déclarai officiellement « écolo », entre un mémoire de maîtrise consacré aux mouvements alternatifs allemands, mes premiers Birkentocks et ma tendresse pour Dany le Rouge. De voiture, il n’était absolument pas question, puisque nous vivions en moulant le café au moulin à grain et en nous chauffant avec un poêle à charbon, rêvant, en bons post soixante-huitards, d’un retour à la terre ; d’ailleurs j’avais aussi en tête l’exemple de ma marraine hollandaise qui nous rendait visite chaque année et nous parlait de ce pays où, déjà, la « petite reine » était reine !

Ce sont donc les trois arguments que, ma vie durant, j’ai avancés pour justifier ma déviance non motorisée.

https://www.youtube.com/watch?v=QVHf1D91jTA

Oui, c’est effectivement possible : de vivre sans posséder le fameux sésame rose, d’amener les enfants à l’école à pied ou en bus, de faire les courses avec un caddy, de partir au travail grâce aux transports en commun, et de prendre le train pour rejoindre la plage ou la montagne…

Bon, je ne vous cache pas que tout n’est pas rose, et qu’il faut à la fois posséder un sens de l’organisation quasi germanique et faire preuve d’inventivité ; il faut jongler avec les horaires de train, de bus, de métro, se lever plus tôt, renoncer aux grandes surfaces, voyager (en principe) léger, et ne pas craindre la pluie et le froid.

Certains moments sont extrêmement désagréables, comme lorsque vous traversez des dizaines de wagons d’un train d’été en portant 5 ou 6 sacs, une enfant en bas âge, poussant en plus un landau et tirant un teckel, sous le regard impavide des voyageurs. De même qu’il est fort ennuyeux de monter marche à marche des escaliers de métro avec un caddy empli à ras bord, que vous rentriez des courses ou que vous partiez en WE – je sais, ce n’est pas très glam, mais il m’arrive de voyager avec ce fameux caddy que j’ai surnommé « ma Ferrari ».

Déménagement de Auch vers la Ville Rose...Et en partie en caddy!
Déménagement de Auch vers la Ville Rose…Et en partie en caddy!

Je me souviens aussi de cette année où le rectorat m’a envoyée à St Girons, alors que je vivais à Toulouse…Lever 4 h 30, puis bus-métro-TER-car, avec une heure complète de ce dernier, pour arriver en cours à 8 h (et avec le sourire !) Je vous passe les années où je vivais à Auch en travaillant à L’Isle-Jourdain ET Toulouse -respectivement 40 et 80 km de distance-, les petits matins blêmes où je me sentais très parisienne avec mes deux heures trente de transport – 1 h  30 de TER plus les trajets à pied et bus…(sans compter les centaines de journées de grève et/ou de travaux de la SNCF…)

Pour les courses, je jongle aussi, le LIDL du Canal, les moyennes surfaces du quartier, le Leader Price en rentrant du travail, le marché…On fractionne, on réfléchit, et on tire la charrette comme une marchande de quatre saisons, badant avec les commerçants et évitant la cohue des grandes surfaces…Oui, j’ai une névralgie cervico-brachiale chronique – une « sciatique du bras » – , non, je ne peux pas prendre d’anti-inflammatoires, oui, ça fait mal, et j’ai en plus des lumbagos et des soucis de genou, mais si j’avais une voiture je pense que je pèserais dans les 100 kilos, alors je me dis que c’est pas mal de marcher…

Je connais tous les chauffeurs de ma ligne de bus par les prénoms, et aussi les caissières. Ne pas avoir le permis, cela renforce aussi le lien social, on se parle, on se connaît, on se sourit.

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Bien sûr, cela génère aussi des frustrations que de ne pas pouvoir s’évader « librement ». Pas tellement lorsque l’on habite en ville -Toulouse, Clermont-Ferrand, Bruxelles…m’ont ravie par les libertés de circulation qu’elles offrent -, même s’il est aussi très frustrant de ne pas pouvoir facilement faire une petite virée dans une ville pourtant toute proche…Mes enfants ne sont jamais allés, par exemple, visiter l’Aveyron ou le Lot, j’aurais rêvé de leur faire découvrir la craie blanche et la vierge noire de Rocamadour, ou les caves de Roquefort et l’abbaye de Conques…Pour aller « à la mer », depuis la Ville Rose, il faut, l’été, se lever dès potron-minet pour prendre le Train des Plages, c’est vraiment contraignant, sans parler du parasol à caser sur les filets…Et il n’est quasiment pas possible d’aller « en forêt » depuis Toulouse, car les bus du Conseil Départemental, qui rallient les villages, ne circulent qu’en semaine…Pas de bras, pas de chocolat, pas de voiture, pas de châtaignes, pas de cèpes, pas de clairières…

Et c’est bien lorsque l’on vit dans une petite ville que les choses se corsent, avec les rares bus qui ne circulent pas le WE, qui s’arrêtent à 19 h, et avec l’immense sensation de frustration engendrée par une merveilleuse nature à portée de vue, mais factuellement inaccessible. De mes sept années passées dans le Gers, je garde en mémoire beaucoup de belles choses, mais hélas aussi ce terrible sentiment d’impuissance devant le manque cruel d’infrastructures de transport : j’ai été privée non seulement des festivals de musique – Jazz in Marciac, la Country de Mirande – quand je ne trouvais pas de covoiturage, mais aussi des marchés de nuit, de belles randonnées collinaires, bref, de tout ce qui fait le charme d’un département rural, faute de véhicule. Et il est clair que vivre en pleine campagne, ou dans un village, relève d’une gageure lorsque l’on n’est pas motorisé…

http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/07/09/2544635_assignee-a-residence-par-l-etat-francais.html

C’est aussi en ce sens que je suis si douloureusement privée de ma maison de famille tarnaise, faute de pouvoir m’y rendre quand bon me chante…

La balle est dans le camp de nos dirigeants. Et, à mon humble avis, pas seulement avec ces histoires de plaques impaires et de particules fines, car ces dernières sont bien là à l’année, pas seulement les jours de pollution aggravée…

Oui, on peut vivre sans voiture, oui, c’est un choix de vie intelligent, mais qui ne mérite pas tant de sacrifices. Il suffirait de peu de choses -et cela créerait tant d’emplois et redynamiserait tant de communes rurales et de déserts médicaux…- pour redonner vie aux campagnes françaises en instaurant des infrastructures adaptées, qui permettraient aussi à de jeunes familles de vivre au Vert même sans véhicule ; lignes de bus, lignes de train, et aussi maillage assidu des pourtours d’agglomérations, à l’image de ce qui se fait par exemple en Allemagne, où vous pouvez vivre à Berlin, mais aussi au fin fond de la Bavière ou des îles de la Baltique avec des dizaines de transports en commun devant votre porte, de jour comme de nuit…

Oui, on pourrait aussi à l’instar de ce qui se fait dans les pays nordiques interdire presque entièrement l’usage des véhicules en ville.

Et imaginer de nouvelles et/ou d’anciennes solutions…En vrac, le téléphérique, les voies navigables, des TER à foison, le cheval – et pourquoi pas ?-…

Ensemble, agir.

Et, comme le disait déjà l’empereur Guillaume II :

« La voiture est une invention qui ne durera pas.

Je crois au cheval. »

https://www.youtube.com/watch?v=LvTgpHi76oM

Quelques photos de voyages…

https://www.facebook.com/sabine.aussenac/media_set?set=a.3727758829379.2135687.1138188420&type=3

 

 

 

Conte de fées

Conte de fées

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Une fois, une seule fois peut-être, dirait Desnos dans son « Conte de fées », j’ai vu, sur ma ligne de TER Auch-Toulouse, empruntée quasi quotidiennement durant sept ans, un contrôleur noir.

J’imagine qu’en région parisienne, c’est différent, mais ici, dans le Sud-Ouest, mes propres statistiques sont formelles : cela ne m’est arrivé qu’une fois, j’en avais d’ailleurs parlé avec l’intéressé.

Jamais, en trente et un  ans de carrière, je n’ai eu eu de chef d’établissement noir ou arabe. Je dis « arabe » parce que « d’origine maghrébine », c’est plus long. Et puis les gens qui ont voté FN et qui me liront comprendront plus vite…

Donc jamais de principal ou de proviseur noir ou arabe pour me donner ma note administrative, me rappeler à l’ordre à cause de mes nombreuses absences ou pour me féliciter de mon dynamisme.

Je pourrais presque dire de même en ce qui concerne les collègues…J’en ai eus, des collègues, des centaines, avec mon statut de prof itinérante…Croyez-le ou pas : les profs noirs ou arabes croisés depuis l’obtention de mon CAPES, en 1984, se comptent…sur le doigt de la main ! Je ne peux même pas compter Fabrice, un ancien « pion » de Blaise-Pascal devenu, je crois, prof d’allemand ; il était antillais…Sérieusement, hormis quelques contractuels de math ou de techno, une collègue d’anglais, elle, certifiée –Samira, je t’embrasse !- et un collègue d’allemand très compétent –Rachid, Kuss !-, rien, nada, le désert des tartares…Les salles des profs sont d’une blancheur quasi immaculée…

Jamais mes enfants n’ont eu de pédiatre noir ou arabe. Jamais je n’ai consulté d’ORL, d’ophtalmo, de dermato, de gynéco…noir ou arabe. Jamais je n’ai eu de médecin traitant noir ou arabe. Une fois, mon fils a vu spécialiste iranien dans une clinique, et, une autre fois, j’ai moi-même consulté, à Auch, un rhumato d’origine libanaise. Mais jamais un toubib black ou rebeu n’a croisé ma route.

J’ai eu hélas affaire à de nombreux avocats et juges… Entre les huit longues années de mon divorce et le cauchemar de mon surendettement, sans oublier la longue procédure internationale pour récupérer quatre ans de pension alimentaire, j’en ai croisés, des hommes en robe, des jeunes, des vieux, des beaux, des moches, des sympas, des cons finis, des compétents, des imbéciles… Mais jamais, je vous l’assure, j’ai croisé d’avocat ou de juge arabe. Par contre, un avocat black, oui. – Il y a toujours des exceptions à une règle, n’est-ce pas ? (coucou, Hervé, si tu me lis… )

Je me creuse la tête pour me souvenir si j’ai déjà croisé la route d’un directeur de banque noir ou arabe…Non, j’en suis certaine. Pourtant, j’en ai éclusées, des agences, avec mes multiples déménagements…Ni à la BP, ni au Crédit Agricole, ni à la Banque Postale, ni à la BNP, je n’ai eu de directeur d’agence issu de l’immigration…

J’ai rarement eu l’occasion de fréquenter de grands hôtels, des thalassos, des restaurants très étoilés, mais, là aussi, je ne peux me rappeler d’un seul visage de couleur qui en aurait tenu les rênes…

Même les « petits Casino », que j’ai souvent arpentés à la recherche d’une bricole manquante, ou les néo « Casino Shop », relookés et moins chers, ne m’ont jamais, jamais présenté de « couple de gérants » blacks ou arabes…

Par contre, me revient en mémoire la cohorte fatiguée d’innombrables visages inconnus croisés dans des gares, des métros, des bâtiments publics…Souvent, ils poussaient des chariots ou tenaient des balais de leurs mains gantées non pas de chevreau, mais de latex rose, ilotes sans visages de notre société de pseudo mixité sociale.

Je me souviens aussi des rires et des sourires de mes copines caissières à Casino ou Atac, à Carrefour ou Vival, de nos complicités et papotages.

Dans les hôpitaux ou cliniques où j’ai pu trembler, seule ou avec mes enfants, j’ai souvent été réconfortée par le sourire simple et sincère d’un personnel venu refaire le lit, ou par une aide-soignante, qui, là, oui, étaient bien souvent noirs ou arabes…

Alors sans même évoquer la situation scandaleuse des médias, où Rachid Arhab et Harry Roselmack font mine de représenter leurs communautés, vous voyez, il me semble évident que, dans notre pays si fier de sa « mixité sociale », nul n’est besoin de « statistiques ethniques » pour être en colère quand un gouvernement prétendument socialiste enterre le CV anonyme comme il enterre le latin, l’allemand et les cathédrales.

http://www.liberation.fr/societe/2015/05/19/sans-emploi-le-cv-anonyme-abroge_1312633

Il est tard, je suis épuisée à cause d’une grève des bus dont aucun média national ne parle et qui pourtant paralyse depuis deux mois une ville de 500 000 habitants, je suis désespérée par le décret venant d’officialiser la réforme du collège, mais je voulais malgré tout pousser ma chansonnette pour dénoncer les scandaleuses inégalités qui règnent dans cette France que d’aucuns voudraient encore blanchir, et qui pourtant n’offre que peu de place à l’ascenseur social quand on est noir, ou arabe.

Et je ne vais même pas parler des femmes, pour une fois. Tiens, j’ai une idée : vous irez plutôt lire Free d’hommes …

http://www.amazon.fr/Free-dhommes-Sabine-Aussenac-ebook/dp/B00JZWH5RK

http://www.sudouest.fr/2013/11/30/free-d-hommes-1244971-2277.php

 

 

 

 

 

 

 

Tisséo, l’entreprise qui aimait les femmes

Tisséo, l’entreprise qui aimait les femmes

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Chez Tisséo, on aime les femmes. Et on le leur fait savoir, tous les jours, depuis plusieurs mois –avec une petite interruption durant les vacances de Pâques, mais nous ne leur en tiendrons pas rigueur.
Car depuis plusieurs mois, grâce à Tisséo, les Toulousaines sont en passe d’acquérir une ligne de déesses, un corps de rêve, et ce à point nommé, peu de temps avant les belles chaleurs estivales :
Oui, osons le proclamer haut et fort : merci, merci à cette régie de transports qui gère les lignes de bus, de tram et de métro de la Ville Rose et des communes environnantes. Merci de faire des habitantes de Tolosa des gazelles au pied délié, des marathoniennes enjouées, merci à Tisséo de permettre à des milliers de femmes de retrouver le corps de leur vingt ans en marchant matin et soir des kilomètres pour rallier leur lieu de travail !
Il paraît que des voix s’élèvent contre cette grève, mais je m’en étonne ! Car vraiment, qu’y a-t-il de plus agréable que de se lever dès potron-minet pour attendre vainement le 16, vers 6 h 30, avant de galoper telle une fée légère vers François-Verdier, y prendre le métro qui daigne parfois rouler, puis attendre, sereinement, au milieu des vapeurs polluantes des artères bien encombrées et de ces pollens qui, tout le monde le sait, ne dérangent personne, le Tram de la ligne T1 qui est censé circuler à raison d’une rame sur deux mais qui, en pratique, ne passe que toutes les heures ?

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Puis arriver, la mine déconfite, vers un chef qui est tout à fait capable de vous menacer d’une retenue sur salaire pour service non fait, avant de reprendre ce même chemin le soir, arrivant, toujours guillerette, à son domicile juste à temps pour voir le JT national qui, bien sûr, s’obstine à taire ce conflit social agitant une des plus grandes métropoles de France…
‘ Au cœur de ce conflit, la revalorisation salariale des traminots de 0,45 %, actée par la direction et «au-dessus de l’inflation actuelle», a réaffirmé hier Olivier Poitrenaud, directeur général de Tisséo. Les chauffeurs de bus réclament avec fermeté de 3 à 4 % d’augmentation de salaire, «notamment pour combler une augmentation de la mutuelle de 15 %», rappelle Benjamin Bordères (délégué Sud). Mais du côté de la direction, de nouvelles négociations «ne sont pas à l’ordre du jour». «Les négociations ont eu déjà lieu (en janvier, N.D.L.R.) et les dispositions prises pour revaloriser le point d’indice à 0,45 % sont appliquées, de même que les 10 % de prime du samedi et 10 % pour la prime outillage, ajoute Olivier Poitrenaud. J’ai aussi dit qu’il y aurait une clause d’indexation en cas de revalorisation de l’inflation cette année. Nous considérons que ces propositions sont tout à fait honorables». ‘
http://www.ladepeche.fr/article/2015/04/28/2094945-bus-et-tramway-la-greve-chez-tisseo-se-durcit.html

Mais chut, ce n’est pas grave, n’est-ce pas ? Somme toute, quand des éboueurs font grève à Marseille, c’est important d’en parler sur la scène nationale, mais Toulouse, que dire de Toulouse, de toutes façons déjà vouée à l’hégémonie chinoise avec la vente des parts de son aéroport, presqu’ibère comme le disait Claude avec sa « corne de le l’Espagne », non, Toulouse ne vaut pas une messe du 20 heures…
Peu chaut aux médias nationaux la détresse de milliers d’habitants pris en otage par une entreprise dont les chauffeurs et la direction se refusent aux moindres négociations ; la ville d’Airbus est livrée à elle-même, entre Garonne qui ondule et le Canal qui verdoie, avec ses collégiens et étudiants épuisés en ces veilles d’examens, ces besogneux qui ne peuvent plus se rendre à leur travail, ces mamans enceintes qui ne peuvent plus aller voir le médecins, ces mamies qui aiment la castagne, mais qui ne peuvent plus « descendre en ville » pour s’en aller bader vers la Place Wilson.
Dieu sait que je les aime bien, mes Gérard, Doudou, Anne, mes chers chauffeurs de la ligne 16 qui me permet en temps ordinaire d’arpenter en tous sens ma cité gasconne.
http://mariuspinel.over-blog.com/article-la-ligne-16-revolutionne-notre-place-pinel-120032369.html
Mais là, je n’en peux plus. Si mes kilos fondent à vue d’œil, les séquelles d’un grave accident de trajet se réveillent aussi, l’un de mes genoux menace de rendre l’âme. Que m’importera ma ligne de sylphide si je dois clopiner à vie pour cause de revendications salariales ?

Faites un effort, les gens.
Toulouse is to win !!!!!!!!!!!!!!
http://www.refletsdutemps.fr/index.php/component/zoo/item/chou-hibou-caillou-genou?category_id=6

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