Vivre libre…Et sans permis!

Vivre libre

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https://www.youtube.com/watch?v=Xzbrjxqwpoo

 

Je n’ai pas le permis. Je ne l’ai jamais passé ; et j’ai 55 ans.

Quand je lance cette phrase lors d’une conversation, entre amis ou dans une salle des profs, on me regarde comme si j’étais la grande sœur d’ET et que j’arrivais d’une autre planète.

  • Mais tu l’as raté ?
  • C’est à cause de ta myopie ? (Oui, on me confond parfois avec Nana Mouskouri…)
  • Et tu ne veux pas le passer, maintenant que tu as eu l’agreg ? (Sous-entendu : « Depuis 30 ans que tu la passais, on te comprend, tu n’as pas trouvé le temps pour le permis… »)

Non, je n’ai pas envie de « le » passer.

Parce que je vis très bien sans. Parce que j’ai élevé trois enfants sans l’avoir, parce que je vais travailler sans voiture, parce qu’il m’arrive même de voyager..

Comment fait-on pour vivre comme une star de l’empreinte carbone, et comment peut-on en arriver à ce défi écologique permanent ?

Au début, il y eut l’accident. Je vous parle d’un temps où les ceintures n’existaient pas…Une petite fille de six ans a donc été projetée depuis la banquette arrière, où elle dormait, sous le siège du conducteur où dormait aussi le cric – mon père a toujours eu un sens assez personnel du rangement. Fracture du crâne, solitude d’hôpital, cicatrice visible, et très vite kilos en trop liés à l’interdiction de courir, de bouger comme « avant » …Bon, c’était sympa, ça a permis de varier les surnoms, à « Hitler » – mes origines allemandes- se sont ajoutés « Bouboule » ou « Patate ».

Ma peur de la vitesse et mon vertige sont bien entendu liés à ce traumatisme, et, faute d’avoir vu des psys – ce n’était pas encore tendance -, je vis donc sans prendre l’escalator qui descend, et n’ai jamais imaginé pouvoir emprunter, au volant d’un véhicule, une rocade ou une autoroute…

Ensuite, il y eut mon premier mari, le cheminot. Nous nous mariâmes alors que j’avais encore les joues rondes de l’enfance et arpentâmes l’Europe en vélo…et en train gratuit ! Que de beaux souvenirs dans ce passé de cyclotouriste, entre lacs de montagne autrichiens et pistes landaises…J’en ai gardé des mollets de campeuse, le goût des petites routes de campagne et une nostalgie délicieuse du vent qui fouette le visage, même si depuis un autre accident, en 2013, lorsque j’embrassai, pourtant à pied, mais en frontal et avec élan et sans les mains une plaque d’égout, je n’ai plus osé enfourcher de bicyclette…

C’est à la même époque, d’ailleurs, que je me déclarai officiellement « écolo », entre un mémoire de maîtrise consacré aux mouvements alternatifs allemands, mes premiers Birkentocks et ma tendresse pour Dany le Rouge. De voiture, il n’était absolument pas question, puisque nous vivions en moulant le café au moulin à grain et en nous chauffant avec un poêle à charbon, rêvant, en bons post soixante-huitards, d’un retour à la terre ; d’ailleurs j’avais aussi en tête l’exemple de ma marraine hollandaise qui nous rendait visite chaque année et nous parlait de ce pays où, déjà, la « petite reine » était reine !

Ce sont donc les trois arguments que, ma vie durant, j’ai avancés pour justifier ma déviance non motorisée.

https://www.youtube.com/watch?v=QVHf1D91jTA

Oui, c’est effectivement possible : de vivre sans posséder le fameux sésame rose, d’amener les enfants à l’école à pied ou en bus, de faire les courses avec un caddy, de partir au travail grâce aux transports en commun, et de prendre le train pour rejoindre la plage ou la montagne…

Bon, je ne vous cache pas que tout n’est pas rose, et qu’il faut à la fois posséder un sens de l’organisation quasi germanique et faire preuve d’inventivité ; il faut jongler avec les horaires de train, de bus, de métro, se lever plus tôt, renoncer aux grandes surfaces, voyager (en principe) léger, et ne pas craindre la pluie et le froid.

Certains moments sont extrêmement désagréables, comme lorsque vous traversez des dizaines de wagons d’un train d’été en portant 5 ou 6 sacs, une enfant en bas âge, poussant en plus un landau et tirant un teckel, sous le regard impavide des voyageurs. De même qu’il est fort ennuyeux de monter marche à marche des escaliers de métro avec un caddy empli à ras bord, que vous rentriez des courses ou que vous partiez en WE – je sais, ce n’est pas très glam, mais il m’arrive de voyager avec ce fameux caddy que j’ai surnommé « ma Ferrari ».

Déménagement de Auch vers la Ville Rose...Et en partie en caddy!
Déménagement de Auch vers la Ville Rose…Et en partie en caddy!

Je me souviens aussi de cette année où le rectorat m’a envoyée à St Girons, alors que je vivais à Toulouse…Lever 4 h 30, puis bus-métro-TER-car, avec une heure complète de ce dernier, pour arriver en cours à 8 h (et avec le sourire !) Je vous passe les années où je vivais à Auch en travaillant à L’Isle-Jourdain ET Toulouse -respectivement 40 et 80 km de distance-, les petits matins blêmes où je me sentais très parisienne avec mes deux heures trente de transport – 1 h  30 de TER plus les trajets à pied et bus…(sans compter les centaines de journées de grève et/ou de travaux de la SNCF…)

Pour les courses, je jongle aussi, le LIDL du Canal, les moyennes surfaces du quartier, le Leader Price en rentrant du travail, le marché…On fractionne, on réfléchit, et on tire la charrette comme une marchande de quatre saisons, badant avec les commerçants et évitant la cohue des grandes surfaces…Oui, j’ai une névralgie cervico-brachiale chronique – une « sciatique du bras » – , non, je ne peux pas prendre d’anti-inflammatoires, oui, ça fait mal, et j’ai en plus des lumbagos et des soucis de genou, mais si j’avais une voiture je pense que je pèserais dans les 100 kilos, alors je me dis que c’est pas mal de marcher…

Je connais tous les chauffeurs de ma ligne de bus par les prénoms, et aussi les caissières. Ne pas avoir le permis, cela renforce aussi le lien social, on se parle, on se connaît, on se sourit.

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Bien sûr, cela génère aussi des frustrations que de ne pas pouvoir s’évader « librement ». Pas tellement lorsque l’on habite en ville -Toulouse, Clermont-Ferrand, Bruxelles…m’ont ravie par les libertés de circulation qu’elles offrent -, même s’il est aussi très frustrant de ne pas pouvoir facilement faire une petite virée dans une ville pourtant toute proche…Mes enfants ne sont jamais allés, par exemple, visiter l’Aveyron ou le Lot, j’aurais rêvé de leur faire découvrir la craie blanche et la vierge noire de Rocamadour, ou les caves de Roquefort et l’abbaye de Conques…Pour aller « à la mer », depuis la Ville Rose, il faut, l’été, se lever dès potron-minet pour prendre le Train des Plages, c’est vraiment contraignant, sans parler du parasol à caser sur les filets…Et il n’est quasiment pas possible d’aller « en forêt » depuis Toulouse, car les bus du Conseil Départemental, qui rallient les villages, ne circulent qu’en semaine…Pas de bras, pas de chocolat, pas de voiture, pas de châtaignes, pas de cèpes, pas de clairières…

Et c’est bien lorsque l’on vit dans une petite ville que les choses se corsent, avec les rares bus qui ne circulent pas le WE, qui s’arrêtent à 19 h, et avec l’immense sensation de frustration engendrée par une merveilleuse nature à portée de vue, mais factuellement inaccessible. De mes sept années passées dans le Gers, je garde en mémoire beaucoup de belles choses, mais hélas aussi ce terrible sentiment d’impuissance devant le manque cruel d’infrastructures de transport : j’ai été privée non seulement des festivals de musique – Jazz in Marciac, la Country de Mirande – quand je ne trouvais pas de covoiturage, mais aussi des marchés de nuit, de belles randonnées collinaires, bref, de tout ce qui fait le charme d’un département rural, faute de véhicule. Et il est clair que vivre en pleine campagne, ou dans un village, relève d’une gageure lorsque l’on n’est pas motorisé…

http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/07/09/2544635_assignee-a-residence-par-l-etat-francais.html

C’est aussi en ce sens que je suis si douloureusement privée de ma maison de famille tarnaise, faute de pouvoir m’y rendre quand bon me chante…

La balle est dans le camp de nos dirigeants. Et, à mon humble avis, pas seulement avec ces histoires de plaques impaires et de particules fines, car ces dernières sont bien là à l’année, pas seulement les jours de pollution aggravée…

Oui, on peut vivre sans voiture, oui, c’est un choix de vie intelligent, mais qui ne mérite pas tant de sacrifices. Il suffirait de peu de choses -et cela créerait tant d’emplois et redynamiserait tant de communes rurales et de déserts médicaux…- pour redonner vie aux campagnes françaises en instaurant des infrastructures adaptées, qui permettraient aussi à de jeunes familles de vivre au Vert même sans véhicule ; lignes de bus, lignes de train, et aussi maillage assidu des pourtours d’agglomérations, à l’image de ce qui se fait par exemple en Allemagne, où vous pouvez vivre à Berlin, mais aussi au fin fond de la Bavière ou des îles de la Baltique avec des dizaines de transports en commun devant votre porte, de jour comme de nuit…

Oui, on pourrait aussi à l’instar de ce qui se fait dans les pays nordiques interdire presque entièrement l’usage des véhicules en ville.

Et imaginer de nouvelles et/ou d’anciennes solutions…En vrac, le téléphérique, les voies navigables, des TER à foison, le cheval – et pourquoi pas ?-…

Ensemble, agir.

Et, comme le disait déjà l’empereur Guillaume II :

« La voiture est une invention qui ne durera pas.

Je crois au cheval. »

https://www.youtube.com/watch?v=LvTgpHi76oM

Quelques photos de voyages…

https://www.facebook.com/sabine.aussenac/media_set?set=a.3727758829379.2135687.1138188420&type=3

 

 

 

Lettre à un ami qui a perdu des élections

Lettre à un ami qui a perdu des élections

1846 Dominique BREAU 

http://www.pressreader.com/canada/acadie-nouvelle/20151020/281496455131394/TextView

 

Je t’imagine, ce soir, comme un peu vidé de cette énergie qui toujours t’habite, quand tu chantes, quand tu contes, quand tu combats. Avoir tout donné, et rester dans le vide. Avoir tant parlé, et trouver le silence. Avoir tant rêvé, et revenir au réel.

Mais est-ce bien important ?

Je t’imagine, ce soir, avoir marché avec ta Blonde dans une érablière, où vous aurez vu des feuilles qui rougissent et senti le froid de l’hiver en naissance piquer le bout du nez de vos princesses. Marcher pour oublier l’échec, pour dompter la déception.

Toi, tu n’as pas à rougir. Même si les pourcentages sont faibles, même si ces 2,3 % sont pour toi une déception, et que tu imaginais que les habitants de par chez toi auraient pris à plus vive allure le virage vert.

Ici, bien loin de par vos contrées acadiennes, là où le Saint-Laurent se nomme Garonne, j’ai été, moi aussi, il y a bien longtemps, candidate « verte » sur la toute première liste écolo briguant le Capitole…Nous non plus n’avions rien gagné, même pas le score qui aurait permis un remboursement de la campagne. Je te parle d’un temps où Tchernobyl n’avait pas explosé, où nous ne connaissions pas le mot « OGM », d’un temps où même mes amies baba cool cuisinaient avec de l’huile de palme.

C’est vrai qu’on pourrait imaginer qu’aujourd’hui, en notre terre dévastée par les ouragans, quand nos enfants meurent de leucémies provoquées par des pesticides, quand nos villes sont englouties par des tsunamis, nos concitoyens seraient plus clairvoyants…

Pourtant, tu as parlé à chacune, à chacun. Tes vidéos étaient un concentré de vérité et de lucidité, lorsque, t’adressant tantôt aux jeunes, tantôt aux retraités, tantôt aux femmes, tantôt aux actifs, tu tentais de persuader les foules de voter vert ! Ces vidéos étaient toutes différentes, ciblées, sincères. Pour preuve la dernière, encore en ligne :

https://www.facebook.com/dominiquebreaupvc/videos/vb.1626160900938119/1681302392090636/?type=3&theater

Mais j’adorais aussi:

ou

ou encore

sans oublier

Dominique, ne lâche rien ! Ta présence efficace tout au long de cette campagne, malgré toutes tes autres occupations, a prouvé que tu disposais du charisme et de l’énergie qui font les leaders dont nous avons besoin. Ton métier de « Conteux» fait aussi de toi quelqu’un qui écoute, car quand on parle aux gens, on sait aussi les écouter…

http://www.dominiquebreau.com/

Quant à ton métier de chanteur, il a fait ses preuves pour galvaniser les foules : tu as en toi assez d’allégresse pour changer de l’eau en vin, ou un petit score en une future victoire !

https://www.youtube.com/watch?v=XE8c-0FCDQw

Oui, c’est vrai, ce soir vous ne pouvez que constater que malgré toute votre clairvoyance et vos engagements, une majorité de gens, que ce soit ici en Europe, ou chez vous, là-bas, en lointaine Acadie, ne sont pas encore prêts à renoncer à un certain aveuglement…

http://enr.elections.ca/National.aspx?lang=f

Je dois avouer que je ne me prétends absolument pas spécialiste de la politique canadienne. J’ai vu qui a été élu, je n’ai aucune opinion particulière à ce sujet. Je sais simplement une chose, c’est que j’ai suivi TA campagne, et que je l’ai trouvée d’une sincérité totale. C’est exactement ce qui m’importe, au moment où notre Europe fait face non seulement, comme le monde entier, à des enjeux climatiques et environnementaux majeurs, mais la guerre si proche et à cet afflux de personnes déplacées : le monde a besoin de bonnes volontés.

Alors même si le résultat n’a pas été à la hauteur de vos espérances, ne renonce pas !

Et en attendant une future victoire, profite de l’hiver à venir pour peaufiner ces airs et ces histoires sont tu as le secret, avant de venir ré enchanter nos contrées sudistes au gré des festivals : ne t’inquiète pas, le public vote pour toi !

http://votezdominique.partivert.ca/