Un enfant du pays…

Un enfant du pays…

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 C’est un enfant du pays qui va chanter ce mercredi soir à Pause Guitare, le superbe festival d’Albi.

En effet, Hugues Aufray est un tarnais de cœur, puisqu’il a passé dans notre beau département les années de l’adolescence, celles qui fortifient l’âme et qui mettent la vie sur les rails.

« Comme un tout petit garçon », c’est en octobre 1941 qu’il arriva, à 12 ans,  à l’Abbaye-Ècole de Sorèze, puisque sa maman, Amyelle de Caubios d’Andiran, originaire du Béarn, s’était rapprochée géographiquement de la terre de ses aïeux. Et en chantant ce soir dans le grand théâtre d’Albi, Hugues aura sans doute une pensée pour ce lieu qu’il qualifie d’endroit magique, puisqu’il fut pour lui synonyme de paix au beau milieu d’une guerre…En effet l’abbaye, nichée au pied de la Montagne Noire, offrit au futur chansonnier des années réconfortantes, l’abritant des rumeurs et des bruits de bottes de ce siècle en feu. Lui, le gaucher dyslexique, s’y trouva soudain une vocation équestre, puisqu’il devint rapidement un cavalier émérite, gagnant tous les prix d’équitation sur quelque « Stewball » et s’intégrant ainsi dans l’école dont il vante encore aujourd’hui les valeurs.

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Nous avons tous en tête la chanson phare des années 68, quand « Adieu, Monsieur le professeur » devient le tube que l’on sait, tout en faisant parfois passer Hugues Aufray pour un « réactionnaire », alors que lui-même se définit comme un « réactionniste », mot qu’il a é créé sur le modèle du terme « humaniste »…Car le chanteur l’a dit récemment à notre ministre de l’éducation auprès de laquelle il était assis lors d’un déjeuner officiel à Bacou, tout comme il l’avait déjà exprimé à l’ancien président Sarkozy : il ne faut jamais que les idéologies s’approprient les mots, et le mot « Humanité », d’après lui, représente bien plus qu’un journal communiste…Hugues pense sincèrement que la jeunesse doit retrouver des valeurs fondamentales de respect et de partage, ces valeurs-mêmes qu’il a découvertes à Sorèze, non loin de la scène où il se produira ce soir…

Il me cite Camus au téléphone : « Mal nommer les choses engendre du malheur aux hommes », et m’explique ainsi qu’il faudrait scinder le MEN en deux ministères, l’un dédié à la pédagogie, et l’autre spécialisé dans l’éducatif et le savoir-vivre ensemble. Je comprends un peu mieux, au fil de notre conversation, l’énergie incroyable de ce géant de la chanson française qui, du haut de son sourire et de ses cheveux de neige, a encore tant de projets et d’idées qu’il souhaiterait voir aboutir…Car il est intarissable sur l’attachement qu’il éprouve pour Sorèze, qu’il aurait voulu voir transformée en « Académie équestre occitane », à l’image de lieux prestigieux comme Saumur ou Saint-Cyr, des endroits qui symbolisent encore de nos jours une certaine colonne vertébrale des valeurs de l’humanité. La France moderne, en effet, demeure ce joyau touristique où des millions de curieux viennent à la rencontre de quinze siècles d’histoire et de chrétienté, et Hugues se désole en voyant le triste sort de l’Abbaye-Ècole devenue un simple musée quand lui-même avait présenté au président Mitterrand une idée qui, hélas, s’est rapidement heurtée à des incompréhensions idéologiques…

Pourtant, cette perspective des « Internats d’excellence » avait ensuite été reprise au fil des ministres de l’éducation, et ne s’oppose en rien à la mixité sociale, puisqu’à l’instar des systèmes de bourses existant dans les pays anglo-saxons, ces endroits dédiés au savoir et à la transmission peuvent aussi se faire passerelles sociales…C’est bien l’Humain que chante Hugues à travers ses textes et ses passions, cet Humain qu’il déplore ne plus voir que « la terre est si belle »…Car dans nos beaux paysages tarnais, au cœur des ors du colza et des bleus du pastel, Hugues a aussi appris le vert de l’espérance et la valeur cette nature tutélaire qui lui transmis cette idée d’une écologie naturelle, bien supérieure aux valeurs de l’économie…

Oui, tout est lié, comme le lui disait le chef Raoni, aux côtés duquel il s’est engagé à l’instar de Sting,  Raoni qui lui expliquait que les dieux de ses petits-enfants se nommaient Coca-Cola et Thierry Henry, puisque l’évolution est inéluctable, comme le dit Rémy Chauvin, ce grand spécialiste des abeilles : « L’évolution va dans un sens, et un seul ». Pour contrer ce mouvement, il conviendrait de s’inspirer modestement de cette nature qui n’est pas, contrairement à l’homme, révolutionnaire, mais réformatrice, puisque tout n’est que transformation, régénération et impermanence. Hugues voudrait, par exemple, être enterré à même cette terre qu’il chante, -devinez où ? À Sorèze, bien sûr, aux côtés des moines…- et continuer à vivre aux couleurs des blés et de ces coquelicots qu’il aime tant, comme il a pu en voir récemment en chantant à Saint-Sylvain, en Normandie, admirant ces espaces dorés parcourus de l’azur des bleuets et du carmin des coquelicots…

Mais il en a encore, des « montagnes à traverser », avec tous ses projets et ses innombrables talents, comme la sculpture qu’il a osée découvrir à 70 ans, à l’âge où d’autres font des mots-croisés devant la télévision, quand le dernier modèle vivant de Maillol, Dina Vierny, lui impulsa cette énergie et qu’il façonna son premier bronze en hommage à son ami de toujours, Bob Dylan.

http://www.artaujourdhui.info/a06605-hugues-aufray-sculpteur.html

Il est triste, d’ailleurs, Hugues, à l’idée de rater de quelques jours notre Bobbie à qui il laissera un petit mot dans sa loge, pour qu’il soit ainsi accueilli par un enfant du pays…Car tous les deux continuent à chanter l’espérance dans ce monde si noir, offrant de la beauté et racontant la vie, et Hugues, avant de me quitter, me dit sa joie de faire enfin un concert à Sorèze, en octobre, avec deux dates réservées dans l’intimité de l’abbaye ; peut-être l’antichambre d’un futur concert dont le chanteur rêve très fort, en plein air, devant l’abbaye, à l’endroit-même où un petit garçon était ce brillant gardien de but tout en imaginant le monde…

Pause Guitare, c’est bien plus qu’un simple festival…Ce sont ces artistes venus du monde entier qui, au détour d’une interview, se livrent et se racontent, au gré de notre été tarnais. Et maintenant, chut : place à la musique !

 

Post scriptum, le 9 juillet 2015.

 

Un concert avec Hugues, c’est presque…irracontable ! Un véritable bain de jouvence, un partage merveilleux avec le public, une fan, Marlène, qui le suit en tournée avec une valise de produits dérivés et même, à Albi, sa maman de 98 ans qui se serait bien mise à danser !! Il faut le voir, notre Hugues, droit comme un I dans ses santiags, déployant une énergie que beaucoup de jeunes de vingt ans n’ont pas, et offrant ce merveilleux cadeau du partage de la scène. Il nous a régalés d’anciennes et de nouvelles chansons, de standards de Dylan, avant de terminer par Céline, Stewball, Santiano, tous  les « incontournables »…J’ai eu aussi la joie de le voir quelques instants avant son spectacle, et je peux vous l’assurer : il n’a absolument rien perdu de sa séduction légendaire !!!

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2 commentaires sur “Un enfant du pays…

  1. Vous avez raison ses spectacles sont irracontable , on en sort plus fort .
    Il nous insuffle cette rage de se battre de faire face . Et je pense que tout comme moi il pense que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort .
    Au plaisir de le revoir vite

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