Devant le buste de Rose AuslÄnder dans le Nordpark de Düsseldorf, crédits Sandra Voß
Plus d’un an après, il est plus que temps de faire le bilan de la superbe tournée littéraire autour de Rose Ausländer, rendue possible par la bourse reçue par la Société Rose Ausländer du Fonds Citoyen Franco-Allemand en juillet 2023. Si j’ai attendu autant de temps pour finaliser ce résumé, c’est d’une part car je ne voulais pas « faire de l’ombre » au site du FCFA (mais ils n’ont finalement pas mis notre projet en ligne, dommage…), et d’autre part car cette année a été bien agitée et difficile, entre une opération ratée et la perte de mon père.
En ces temps incertains où les armes résonnent tout autour de nous, non loin de la Bucovine de Rose sise aujourd’hui en Ukraine et bien sûr en Israël, à Gaza, au Liban, quelques jours après la commémoration des abominations du 7 octobre 2023, alors que des dizaines de milliers d’innocentes victimes sont mortes du fait de la folie des hommes, quand la peste brune sévit partout en Europe et que les actes antisémites se multiplient chaque jour, il me paraît aussi très important de revenir sur ce pari de la bonté, de la résilience et de la réconciliation qui fonde mes recherches au sujet de cette poétesse et sur lequel mes parents franco-allemands ont bâti sur relation.
Enfin, me voilà heureuse retraitée et pleine de temps libre pour revenir sur cette magnifique aventure!
Le travail d’organisation de la tournée avait été considérable, car cela a pris un temps infini de démarcher des dizaines d’interlocuteurs avant de réussir à finaliser les choix des dates, les lieux et les intervenants. Mais cela en valait la peine! Car les résultats de cette magnifique aventure vont bien au-delà de nos espérances!
Car outre la richesse des rencontres, la beauté des soirées musicales et les découvertes faites tout au long du séjour en Rhénanie, notre aventure a attiré l’attention des médias, et même d’un éditeur outre-rhénans! Et nous espérons sincèrement que cette tournée aura aussi des répercussions en France et nous permettrons de trouver un port d’accueil pour les traductions des poèmes de Rose et pour le roman.
« Rose, entre le ciel et ici », a permis l’extraordinaire rencontre de cultures, de peuples, de religions, puisque chaque soirée littéraire a donné l’occasion de chiasmes franco-allemands, avec des lectures bilingues, et de passionnantes discussions autour de l’histoire européenne et mondiale, du dialogue interreligieux, et, bien sûr, de la poésie et de la littérature.
De gauche à droite: Eva-Susanne Ruoff, Sabine Aussenac et Yael Anspach, dans la salle « Stadtfenster » du KAPP1.
La soirée du 4 juillet, à la bibliothèque de Düsseldorf, introduite par le Directeur, Klaus-Peter Hommes, puis modérée par Helmut Braun, le découvreur, l’ami et l’éditeur de Rose, fut un éblouissement artistique, grâce au violoncelle de la talentueuse Eva-Susanne Ruoff qui avait su choisir des pièces musicales s’harmonisant parfaitement aux textes lus à cette occasion. Pour chaque représentation, nous avions choisi des poèmes différents, afin de créer une atmosphère particulière. Yael Anspach, qui a remplacé Ruth Schiefenbusch, hélas malade, au pied levé, sut mettre toute sa fougue d’ancienne Sabra dans sa belle lecture des textes de Rose.
Le salut des artistes, crédits photo Barbara Schmitz
Les miscellanées de Wuppertal, le 6 juillet, furent tout aussi riches, malgré un public clairsemé! L’atmosphère estivale de l’arrière-cour de la librairie GlücksBuchladen et les accords du saxophone de Thomas Voigt, qui nous accompagna grâce au financement de la Else Lasker-Schüler-Gesellschaft, s’accordèrent aux cris des hirondelles pour envelopper la poésie ausländerienne de lumière bienveillante. C’est Helmut Braun qui prêta sa voix aux lectures en allemand, et sa connaissance des textes en permit une lecture pointue et parfaite.
Enfin, le 8 juillet, le happening musical et littéraire de la dernière rencontre aux alentours de Duisburg, accueilli au « Plus am Neumarkt » du Kreativquartier Ruhrort par le charismatique Heiner Heseding, accompagné par les bienveillances de la Société franco-allemande de Duisbourg, avec nos lectures croisées en deux langues, et par le talent infini du jeune chanteur Philipp Eisenblätter, se révéla vraiment comme le Climax de la tournée, avec un public vaste et varié, composé en partie par d’anciens ouvriers de la sidérurgie rencontrés lors d’une manifestation, venus en nombre! Wolfgang Schwarzer, l’ancien président de la « Voilà-Gesellschaft », avait retravaillé avec moi certaines traductions avant de partager la scène bilingue, tandis que Waltraud Schleser, actuellement à la tête de cette organisation qui porte haut les couleurs du franco-allemand, ouvrit le bal avec un beau discours.
Philipp nous enchanta avec sa reprise de sa chanson phare « Duisburg » et avec sa mise en musique de l’un des poèmes de Rose.
Quelle belle surprise aussi de voir ma famille allemande venue découvrir Rose, et une journaliste de Deutschlandfunk Kultur assise au premier rang pour couvrir l’événement! Il faut dire que la presse avait grandement annoncé les différents événements de la tournée et que j’avais même donné une interview dans une télévision locale la veille!
Voici quelques liens vers la presse:
Pas peu fière d’avoir été annoncée dans die Rote Fahne, le journal fondé par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht!
Entre les différentes dates, j’ai pu comme prévu poursuivre mes recherches autour de Rose et faire quelques lectures de textes et de poèmes en différents lieux.
Enfin, peu de temps avant mon retour à Toulouse, la journaliste Sandra Voß a souhaité faire une nouvelle interview, et nous avons passé un délicieux moment devant le buste de Rose dans le Nordpark de Düsseldorf. L’intégralité de cette rencontre est disponible en podcast:
Merci encore une fois à toutes les participantes et à tous les participants de ce beau projet qui a fait résonner l’Europe, le franco-allemand et le Devoir de Mémoire. Merci à mon amie de toujours, Marie-Claude Camatta, d’avoir fait cette belle affiche, merci à Barbara Schmitz pour les photos, merci à l’infatigable Helmut Braun de son soutien précieux, merci à la société Else Lasker-Schüler et à la société franco-allemande de Duisburg, avec une grande reconnaissance à Wolfgang Schwarzer, merci à Yaël, merci à Heiner Heseding, à Sandra Voß, aux camarades de la Rote Fahne, au studio 47, et bien entendu un tout grand merci aux talentueux artistes:
Un été passé sur les
traces de la poétesse allemande Rose Ausländer m’a quelque peu éloignée de mes
briques roses…
Voici le projet de départ : En parallèle de l’écriture d’un roman autour de Rose Ausländer, j’avais imaginé la création d’un événement participatif en rédigeant une sorte de « journal de voyage », de Düsseldorf à Czernowitz (où je me rendrai dans un an), en passant par des lieux de mémoire juifs -Berlin, Vienne, où Rose a vécu, Prague, pour respirer l’air de la « Mitteleuropa », et en partageant sur « les réseaux sociaux » (Facebook, Twitter, Instagram) le récit et des photos et vidéos de ma quête, afin de sensibiliser aussi les jeunes publics à cette démarche, un peu à la manière de « Eva-stories » sur Instagram..
Tous les quinze jours, un cimetière juif est profané outre-Rhin… Ma démarche s’inscrit dans une actualté brûlante, car rien n’est acquis… Et les dérives des populismes, dans le monde entier, de Bolsonaro au Brésil à Salvini en Italie, m’amènenet à penser que j’ai raison de vouloir écrire au sujet de Rose…
Le ministre des affaires étrangères Heiko Maas lui-même a récemment appelé à une extrême vigilance… Le rabbin Yehuda Teichtal, prsident du centre d’éducation juive Chabad de Berlin, a été en effet violemment agressé…
Car quand un rabbin reçoit des insultes et des crachats, c’est toute la communauté juive allemande qui est visée, et toute l’Allemagne qui ressent honte et dégoût… Heiko Maas affirme que le pire serait l’indifférence face à ces actes ignobles, car c’est bien l’indifférence qui a amené à la Shoah…
Rose Ausländer is a Jewish poet from Chernivtsi. Despite her encounter with the horrors of the Shoah, she believed that the power of the word would relay a message of hope to humanity, perfect example of resilience; as a survivor from the Holocaust she has translated her hope through her poetic words. In our time of terrorism and antisemitism, it’s important to share ways of resilience, and poetry can be an amazing way to trust in life again. I would like to write a novel about her, not a biography, but a kind of polysemic work, mixing translations of her texts and romanced story of her life, and parallel to this writing I will share this process on digital ways, reading some of her texts on videos, sharing pics and a diary of my European travel on social medias. I will meet Rose’s editor, a performer, a musician and members from the Jewish community in Berlin, Vienna and Prague…
Voilà les liens vers les
trois derniers articles :
** Dans « Un rossignol à Düsseldorf », j’ai relaté ma formidable rencontre avec le musicien Jan Rohlfing et son épouse, qui ont monté un projet de lecture musicale des textes de Rose.
C’est autour d’un gâteau
aux framboises et au müsli que Eva-Susanne Ruoff et Jan Rohlfing m’ont reçue le
lendemain de mon arrivée à Düsseldorf, dans leur merveilleuse maison non loin
de Ratingen, dont l’immense séjour accueille aussi des concerts privés.
(…)
La création de ce
“Hörbuch” va d’ailleurs bien au-delà de la simple mise en musique des textes de
Rose Ausländer, et c’est aussi ce qui transparaît à la fois lors des multiples
concerts donné par l’orchestre de chambre portant le projet – composé de neuf
musiciens – et dans le succès du CD; car on retrouve dans ce travail non
seulement la modeste magnificence des textes de la poétesse, considérée en
Allemagne comme l’une des voix majeures de la poésie du vingtième siècle, mais
aussi tous ces thèmes d’une brûlante actualité que sont l’idée de la patrie, de
l’identité et de la langue maternelle perdues, de l’exil, des réfugiés…
(…)
Chaque plage s’ouvre sur
une lecture de texte, et le silence des pauses, si important pour que
l’auditeur s’imprègne de l’anastomose entre lyrisme et musique, s’ouvre ensuite
sur les compositions qui varient entre la profusion instrumentale de certains
titres et le minimalisme d’autres plages plus épurées. Et l’on se sent
transporté aux confins de la Mitteleuropa au rythme des accents yiddish rappelant
des violons de Chagall, puis, dans le staccato new yorkais des cuivres et de la
batterie, on plonge, au son des notes jazzy rappelant l’exil, dans l’humeur
chaloupée de l’outre-atlantique avant de se recueillir dans l’atmosphère
feutrée et mono instrumentale des textes tardifs de la poétesse, passant ainsi,
au gré des arrangements de Jan Rohlfing, par les mille émotions procurées par
cette vie d’artiste.
(…)
Si vous aimez la musique et la poésie, je vous invite à lire l’intégralité du texte en cliquant sur le lien plus haut et à découvrir cette aventure passionnante !
** Dans « Une journée particulière », j’ai raconté l’incroyable journée passée en compagnie de l’éditeur et ami de Rose, Helmut Braun, aujourd’hui en charge du fonds Ausländer et responsable de la Rose Ausländer Gesellschaft.
Helmut m’a accueillie à Düsseldorf et a pris le temps de me montrer tous les lieux de mémoire autour de la vie de Rose, depuis la pension de famille où elle arriva en 1965 au cimetière où elle repose, en passant par la maison de retraite juive dans laquelle elle passa de longues années, grabataire mais toujours incroyablement active en écriture. J’ai pu aussi visiter une superbe exposition consacrée aux poèmes anglais de Rose et, le soir, assister à un concert autour de ces mêmes textes.
Le 12 juillet, en
attendant Helmut Braun, j’ai pu tranquillement me plonger dans la superbe
exposition consacrée par Helmut Braun aux regards croisés sur Rose Ausländer et
sur la poétesse américaine Marianne Moore, entre lettres, images d’archives et
textes traduits. Marianne Moore a joué un rôle essentiel lors du changement de
style opéré par Rose Ausländer, de nombreux écrits en témoignent et évoquent
les textes anglais de notre poétesse, préludes à son retour vers l’écriture en
langue allemande après la césure du silence, conséquence de la Shoah. Le livre
« Liebstes Fräulein Moore /Beautiful Rose », bien plus que le catalogue de
cette exposition, riche et dense, dirigé par Helmut Braun, est disponible aux
bien nommées éditions Rimbaud :
J’ai pu aussi découvrir les locaux de cette intéressante fondation consacrée au rayonnement et à la mémoire de la culture des anciens territoires de l’Est de l’Allemagne, ainsi que des territoires occupés par des Allemands dans l’Europe du Sud, et à toutes les personnes déplacées lors des grandes migrations autour des deux guerres mondiales.
(…)
Des mots bien différents
de ses poèmes de jeunesse, orphelins des rimes et de l’enfance, ayant traversé
l’Holocauste et les années d’exil et sans doute aussi influencés par « la »
rencontre avec Paul Celan… En témoigne ce poème dont le titre est aussi celui
du recueil rassemblant les œuvres de 1957 à 1963 :
Die Musik ist zerbrochen
In kalten Nächten wohnen wir
mit Maulwürfen und Igeln
im Bauch der Erde
In heißen Nächten
graben wir uns tiefer
in den Blutstrom des Wassers
Hier sind wir eingeklemmt zwischen Wurzeln
dort zwischen den Zähnen der Haifische
Im Himmel ist es nicht besser
Unstimmigkeiten verstimmen
die Orgel der Luft
die Musik ist zerbrochen
La musique est brisée
Dans de froides nuits nous vivons
avec des taupes et des hérissons
dans le ventre de la terre
Dans de froides nuits
nous nous enterrons plus profondément
dans le flux sanglant de l’eau
Ici nous sommes coincés entre des racines
là entre les dents des requins
Au ciel ce n’est pas mieux
des dissonances désaccordent
les orgues de l’air
la musique est brisée
Nous remontons en
voiture. Je suis très émue de concrétiser le lien qui me lie à Rose depuis tant
d’années en posant mon regard sur ce qui a été sa vie…
(…)
De 1972 à sa mort, en
1988, Rose demeurera donc en ce lieu assez spécifique, puisque d’une part
magnifiquement situé, et d’autre part empreint d’une réelle philosophie de vie,
comme en témoigne ce bel article que je vous invite à lire.
Certes, suite à des transformations, la chambre dans laquelle Rose séjourna, grabataire mais toujours active en écriture, n’existe plus, mais un petit salon porte encore son nom, et j’ai eu plaisir à marcher sous les frondaisons des arbres du Nordpark qu’elle affectionnait tant…
Le foyer Nelly Sachs, maison de retraite juive de Düsseldorf
(…)
J’aime infiniment les cimetières allemands, et celui-là ne déroge pas à la règle : paisible, ombragé par d’immenses arbres, on peut y flâner comme dans une forêt… Rose est morte le 3 janvier, le jour de mon anniversaire, en 1988… Elle repose parmi d’autres tombes juives, et je vais déposer un petit caillou sur la pierre tombale, la matzevah, selon la tradition hébraïque. Le caillou provient du Waldfriedhof de Duisbourg, dans lequel est enterré mon grand-père allemand… En accomplissant ce geste hautement symbolique au regard de mon histoire personnelle et de mon lien avec le judaïsme, j’ai l’impression qu’une boucle est bouclée…
La tombe de Rose, au Nordfriedhof
(…)
Pour découvrir plus précisément la vie de Rose, je vous renvoie donc vers cet article détaillé et illustré…(cliquer sur le lien plus haut!)
** Enfin, dans « Nausicaa, Rose Ausländer et Ai Weiwei: „Wo ist die Revolution“? (« Où est la révolution ? ») », j’ai thématisé ma rencontre avec l’artiste Ai Weiwei, au gré d’une monumentale exposition consacrée en partie à l’exil et aux Migrants, vue au K20 et au K21… J’ai été bouleversée par les passerelles entre le travail de ce dissident chinois et les écrits de Rose…
Rose Ausländer, de „Blinder Sommer“ (traduction Sabine Aussenac)
Ces quelques jours passés
à Düsseldorf en compagnie de Rose sont aussi l’occasion d’accompagner mon fils
dans la découverte de la région de son futur Master (il a obtenu une bourse
Erasmus) et de voir quelques musées…
(…)
Ces saynettes rappellent l’arrestation, le 3 avril 2011, de l’artiste, et miment donc le regard d’un surveillant de prison sur les moments du terrible quotidien d’un prisonnier politique. Comment, pour moi, ne pas penser à la jeune Rose, rentrée des États-Unis où elle aurait pu librement demeurer, perdant d’ailleurs la nationalité américaine du fait de son séjour à nouveau hors des USA, pour revenir en Bucovine, aux côtés de sa mère, et croupissant ensuite durant de longues années dans le ghetto de Czernowitz, en partie cachée dans une cave…
Photo de l’exposition S.A.C.R.E.D
(…)
En parcourant les
différentes salles, une émotion submerge le visiteur, avec cette évidence de
l’Universel qui si souvent vient percuter l’individu, le briser, lui, fétu de
paille malmené par les dictatures ou les colères de la terre, et c’est bien la
voie et la voix de l’art que de dénoncer malversations, injustices et brisures…
Certes, le poing levé d’Ai Weiwei et ses doigts d’honneur devant différents monuments du monde peuvent sembler bien loin des murmures poétiques de Rose Ausländer, qui jamais ne « s’engagea » réellement politiquement, tout en thématisant tant de fois la césure de la Shoah… Mais jamais le lecteur ne se trouve non plus dans la mouvance parnassienne de l’art pour l’art, tant les passerelles vers le monde et les hommes, leurs souffrances et leurs malheurs, sont nombreuses…
Performance frondeuse de l’artiste…
(…)
Je fais lentement le tour de ce navire, lisant attentivement des citations inscrites sous la poupe et la proue, dont les mots évoquent les dangers et les aléas de ces exils, pensant bien sûr aux naufragés de mon cher Exodus… C’est bien le livre de Leon Uris, relatant l’épopée tragique de ses passagers, que mon grand-père allemand, qui avait fait le Front de l’Est, m’avait offert l’année de mes treize ans, avant que je ne plonge à mon tour dans l’histoire tourmentée de mes ancêtres… Cet Exodus dont j’ai bien des fois admiré la plaque commémorative à Sète… Et je songe aussi aux transatlantiques empruntés par notre Rose lors de ses allers-retours entre l’Europe et son exil…
Un enfant du camp d’Idomeni, en Grèce…
(…)
Il faut lire le texte entier pour se plonger dans l’univers démesuré d’Ai Weiwei et découvrir les incroyables similitudes entre les destinées des exilés…(Il suffit de cliquer sur le lien en haut du pragraphe…)
Cet
éclat de lune qui me baigne de joie. Ne jamais l’échanger contre un néon
sordide.
Se
souvenir de l’âpreté des vents, des houppelandes grises où grelottaient nos
rêves. Blottis en laine feutrée, ils attendent leurs printemps.
Bien
sûr il faudra se soumettre. Et puis s’alimenter, raison garder, louvoyer en
eaux troubles. Mais nous ne baisserons pas la garde de nos avenirs.
Aquarelliste,
dentellière, allumeuse de réverbères, souffleur de verre : il n’y a pas de sot
métier !
Ne
jamais renoncer au Beau. Décréter la laideur hors-la-loi : nous deviendrons
chasseurs de rimes.
Cercles
chamaniques des promesses tenues. Ne pas abjurer notre foi aux mots ; prendre
la clé des chants.
Rester
l’étudiant russe et la danseuse, ne pas devenir la ménagère et le banquier.
Oser ne jamais pénétrer dans un lotissement.
Les
soirs bleus d’été respirer les foins lointains et aimer l’hirondelle. Se faire
Compostelle : nous sommes notre but à défaut de chemin.
Rêver
nos vies toujours ; et veiller aux chandelles : seul celui qui connaît la nuit
deviendra rossignol.
L’indécence
n’est pas d’être riche ; il n’est pas interdit de préférer le luxe à la misère.
Ne pas oublier de partager les soleils.
Aimer la pluie avant qu’elle ne tombe, et la chaleur de l’arc-en-ciel ; s’enhardir en bord de nuit, jusqu’aux mystères d’Eleusis.
Trouver
belle celle qui a enfanté et qui est devenue terre et mère ; aimer celui qui a
parcouru ses mondes : le printemps est de soie mais l’automne est velours.
Bannir
les sordides et ensemencer nos âmes de sublimes ; vivre comme si la mer était à
nos portes, en terre océane. Cézanne, ouvre-toi !