Droit dans la nuit…À Marie Trintignant…

 

 

30 septembre 1948 : inauguration de l’exposition « Hitler, un bourreau, un artiste », avec une rétrospective des meilleures toiles de l’artiste méconnu, ou plutôt connu pour ses méfaits…

30 septembre 2020 : la mère de la petite Fiona reçoit les palmes académiques pour son travail en tant que professeur des écoles ; on se souvient que l’infanticide avait pourtant été victime de la vindicte populaire, après le meurtre de  sa fille, en 2013.

30 septembre 2016 : le conducteur de train ayant causé la mort de plusieurs dizaines de passagers, en Espagne, devient directeur de la Renfe.

30 septembre 2008 : Marc Dutroux reçoit les clefs de l’internat mixte qu’il dirigera désormais à Liège. Certains journaux évoquent encore cependant l’affaire Julie et Mélissa, qui avait fait grand bruit peu d’années auparavant.

 

Je dis n’importe quoi ? Ah oui, vraiment ? Vous êtes sûrs ?

Pourtant, aujourd’hui, le 30 septembre 2013, un assassin sort un CD, et fait sa promo sur de multiples médias, encensé par une foule d’afficionados sourds, aveugles et insensibles.

Pourtant, aujourd’hui, le 30 septembre 2013, un meurtrier enchante les ondes de sa voix doucereuse, clamant « droit dans le soleil » sa vérité, sa liberté, sa soif de vivre.

Et j’entends au fil des ondes ceux qui se félicitent de ce retour en catimini de pacotille, puisque malgré un nouveau nom de groupe le chanteur explose et s’expose partout ; Anna Gavalda sur RTL, qui pense que ce retour « honore notre société », par exemple.

Madame Gavalda, non, je ne partage pas votre opinion. Elle est indécente, indigne, et manque totalement de compassion. Elle fait la part belle aux bourreaux, aux assassins d’enfants, aux maris violents, à tous ces bien-pensants qui toujours défendront le droit et la liberté aux dépens des victimes, de leurs proches, de leurs peines atroces.

Honorer  Monsieur Cantat, c’est donner à nouveau le volant à celui qui, ivre, a fauché un groupe d’enfants qui riaient à la sortie de la classe.

Permettre à cet homme de chanter, mais surtout de vendre, de se vendre à nouveau, c’est permettre à un violeur de rôder à nouveau autour des forêts et des parkings.

Penser que laisser à l’art l’ultime liberté, même après un ou des crimes, fait partie des fondements du droit, cela revient à laisser se marier à nouveau un homme qui aurait battu à mort son épouse.

Car réfléchissez, Madame Gavalda : ce n’est pas simplement un homme ivre, drogué et malade qui a tué une femme, là-bas, si loin, à Vilnius. Non, c’est bien davantage. Aux confins de la Baltique, alors qu’il aurait dû couvrir d’ambre sa bien-aimée si talentueuse, c’est un chanteur, un artiste, qui depuis longtemps frôlait le borderline, expiant par son art les excès en tout genre, qui a assassiné une autre artiste, la merveilleuse comédienne Marie Trintignant.

C’était un double meurtre, car cet homme a tué une femme, une mère, mais aussi une artiste.

Alors le simple bon sens exige la décence. Certes, vous me dites qu’il a « payé », purgé sa peine, fait de la prison, mangé son pain noir. Dont acte. Et peut-être que les proches de Marie ont réussi, entre temps, à faire un travail de deuil, oubliant les douceurs de ce rire, la tendresse de cette peau, les caresses de cette voix, la finesse de cet esprit.

Mais la décence, le respect, Madame Gavalda, Monsieur Cantat, voudraient que la voix du chanteur demeure à présent confidentielle, et que ne s’expose cet indécent vague à l’âme dont vont se repaître les fans et les aveugles.

Aveuglés par le primat de l’art sur la vie, encensant un meurtrier, un compagnon violent, un chanteur aux excès funestes, oubliant que ce geste fatal, ce meurtre, sont le reflet et le symbole d’une terrible réalité, qui voit mourir des centaines de femmes par an, chez, nous, en France, et des millions de femmes, ailleurs dans le monde…

Écouter le nouveau disque de Monsieur Cantat, c’est cautionner la violence au sein du couple, c’est adhérer non pas aux valeurs d’une société « de droit », mais à celles d’une société malade, qui, dans le monde entier, et depuis les millénaires, tue, viole, exécute, dépèce, dénigre, humilie le deuxième sexe.

Et c’est faire la part belle à l’oubli.

Pour toi, Marie, ce texte écrit sous le coup d’une grande colère. Et pour vous, Nadine, Jean-Louis, tes parents.

Je le signe sans en renier aucun mot, car il n’est pas diffamatoire que de s’indigner d’un meurtrier qui, non content d’avoir bien vite recouvré la liberté, s’en va chanter sur les routes tandis que le cadavre de sa victime pourrit dans un caveau.

Et au moment où j’écris passe sur France 2 une émission dans laquelle témoignent des victimes, décentes, bouleversantes, passées, elles, à un fil de la mort. Osez donc, Monsieur Cantat, aller leur chanter que vous allez vers le soleil.

 

Sabine Aussenac.

 

 

23 commentaires sur “Droit dans la nuit…À Marie Trintignant…

  1. Quid de Wagner, Céline & co ?

    Plutôt que de chercher des équivalents hypothétiques complètement ineptes et ordurier, apprenez de l’Histoire qui bien souvent distingue l’homme et l’artiste…

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    1. Excusez-moi, cher Monsieur, en ce qui concerne mon premier exemple, choisi à dessein pour sa provocation, l’Histoire, comme vous dites, n’a pas vraiment fait la différence…
      Ensuite, mon propos n’était justement pas de me référer à d’anciennes polémiques éculées-Wagner, Céline, etc…-, mais de parler d’un fait d’actualité que je juge scandaleux.
      Sachez enfin que j’aimais infiniment Monsieur Cantat et ses œuvres, et que je ne remets nullement en question ses créations passées; il me semble simplement, et nous sommes nombreux à l’affirmer, que le silence aurait été plus respectable que ce désir malsain de s’exposer à nouveau…

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  2. « Je dis n’importe quoi ? Ah oui, vraiment ? Vous êtes sûrs ? »
    Oui, vous dites n’importe quoi, tellement obsédée par votre volonté de jouer au juge ou au procureur. Sachez, madame, qui confondez la justice avec la soif de vengeance en mêlant votre voix à celle des bas du front qui réclament toujours plus de sang, que la mère de Fiona n’a pas été convaincue d’infanticide. Ne faites pas les procès avant l’heure, SVP. Votre haine discrédite tout ce que vous pouvez écrire sur l’affaire de Vilnius.

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  3. Calmez-vous SVP !… En parlant de vie et de mort… SVP plus de grandeur et de tenue que cet appel hargneux qui se justifie des absents…
    Et en parlant d’indécence : Évitez de les faire parler ces morts, et de faire de la vie une romance à deux balles pour enfants de chœur… Je sais que la bibliothèque rose est devenue la Pléiade de ce temps, mais il y a au moins une chose que vous évacuez comme la plupart des chroniqueurs : Cet homme là -qui a payé au titre de la justice des hommes (et je ne suis pas ce juge de bistrot qui sait mieux que les tribunaux ce qu’il en est de la justice, ce que je sais des hommes, c’est qu’elle sera toujours plus compréhensive que celle qu’il s’infligera à lui-même)- Cet homme là sait de quoi il « chante », pouvez-vous en dire autant ?
    Pourquoi pas cet appel au lynchage, qui se répand et auquel vous prêtez voix, au nom de ses enfants -vivants eux- pendant que vous y êtes, ayez ce courage dément !
    Ces délires égoïstes de ceux qui veulent « faire payer Cantat » au nom de leurs propres visions du monde érigées en dogme ne rendent rien aux tribunaux religieux…
    Là citer Hitler, faut le lire plusieurs fois pour y croire !..
    Ces tragédies humaines vécues, auxquelles il faut survivre (Doutent que ce soient des histoires d’amour que ceux qui s’en font professeurs ou prêtres)… Qu’en savez-vous pour vous en faire le Tartuffe ?
    Celui qui chantait « Quand il croit serrer son amour, il le broie, la vie est un étrange et …. » De quoi parlait-il ? Qu’en savez-vous, vraiment qu’en savez-vous pour vous faire le procureur ?

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    1. J’en sais tant et de choses, vous n’imaginez même pas…
      J’ai cité volontairement Hitler, pour montrer que n’importe quel quidam peut être aussi provocateur que BC, quand il ose vouloir sortir son album un jour de commémoration de violences faites aux femmes…
      Nulle hargne ou haine dans ce texte, j’ai déjà répondu plus bas.
      Enfin, en ce qui concerne les tragédies et l’art qui peut s’ensuivre, j’ai eu mon compte, et largement…

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    2. Nespole vous avez tout dit, bravo, comment peut on se permettre de parler ainsi, c’est en effet pour moi aussi un appel au lynchage publique, quelle honte.
      L’homme a été jugé, de quel droit devrait on lui interdire de travailler.
      Il est tellement simple, de juger, tellement simple de lancer des choses pareilles sur internet, Hitler ? sérieusement ? Et je l’ai regardée aussi cette émission…Laissez le tranquille, et restez dans votre cocon……

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  4. Ecouter Cantat se fera toujours avec le souvenir de son meurtre. Pourtant, tous les prisonniers sortent un jour de prison, libres de vivre une autre vie, ou la même. C’est la Loi. (Une pensée pour son ex-femme, inconnue du public, frappée elle aussi, puis trompée, humiliée et finalement suicidée. Elle me touche beaucoup.)

    Ce n’est pas Cantat le sujet, mais la « faille juridique » qui lui permet l’exploitation à des fins commerciales, même indirectes sous couvert de créativité (sous pseudonyme par exemple), d’actes criminels pour lesquels il a été jugé.

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  5. Amusant de voir tous ces bonshommes venir réagir sous le coup de l’émotion pour défendre leur héros en insultant une blogueuse qui ne fait qu’exprimer son opinion sur son propre espace. Ce n’est pas une tribune dans le Monde, ici, c’est un article de blog parfaitement légitime, et qui vient heureusement apporter un autre son de cloche sur ce retour indécent, par rapport à ces médias dégueulasses de complaisance.
    Cantat a d’autres choix que de nous infliger ses chansons, il y a plein de métiers sur terre, et d’autres tous les jours changent de job quand ça ne marche plus dans leur créneau ou qu’ils se retrouvent au chômage. Et ils n’en meurent pas pour autant.

    On croit rêver quand on lit des phrases pompeuses du style « apprenez de l’Histoire qui bien souvent distingue l’homme et l’artiste… ». Je rigole.

    Je suis d’accord avec vous Sabine en tout cas. Mais les réactions de ces excités montrent bien à quel point le meurtre d’une femme doit être considéré comme anecdotique (surtout si c’était la copine/femme du meurtrier, n’est-ce-pas). Parce que nous priver de la prose de Cantat serait un crime bien plus grave apparemment. On a pourtant très bien vécu sans pendant ces dernières années!… Et pourtant j’achetais les albums de Noir Désir dans les années 90….

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    1. Merci de ce petit mot plein de bon sens! Bien sûr, les loups sont de sortie, dès qu’une agnelle ose sortir du pré carré de la bienséance et des clichés, que moi je vois non pas dans mon texte, mais du côté des artistes maudits, qui plaisent tant à ces messieurs…
      Mais n’est pas Rimbaud ou Jim Morrison qui veut…
      Enfin, l’insulte est facile, en place publique et sous pseudo, tellement plus facile qu’une pensée autonome et libre…
      Amitiés de Toulouse, et, oui, moi aussi j’écoutais Noir Désir…

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    2. @sadako :
       » Amusant de voir tous ces bonshommes venir réagir sous le coup de l’émotion pour défendre leur héros « …
      En une petite phrase, vous venez de nous infliger votre misandrie et votre bassesse d’esprit…
      Car bien sûr, ce que nous, mâles (Forcément ? ) violents et dominateurs, recherchons dans cet artiste, ce n’est pas la voix et les textes qui nous envoûtaient jadis, mais nous identifier à celui qui sait si bien comment faire taire les femmes !
      Je vous invite à poursuivre dans votre logique : Fondez une association anti-Picasso, par exemple. Vu comment le peintre traitait la gente féminine, c’est un scandale de le voir exposé dans les musées !
      Créez un comité pour interdire la diffusion des œuvres de Roman Polanski ! Comment peut-on apprécier un cinéaste qui mettait des adolescentes préalablement droguées dans son lit ?
      allez-y, ce ne sont pas les exemples qui manquent. Mais de grâce, ne venez pas nous dire quels artistes nous avons -Ou pas – le droit d’apprécier.

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      1. Misandrie? Monsieur a des lettres, bravo!! 🙂
        En ce qui concerne Polanski, ou Kinski, tiens, dont la fille vient de dresser un portrait au vitriol de l’inceste, et tant d’autres, oui, c’est tout à fait ça: non, l’ART-le prétendu- ne peut autoriser de basses dérives et autres perversités…
        Pour le reste, cher ami, vous êtes hors jeu, ne savez même pas LIRE: ce n’est PAS le BC d’autrefois que j’ai mis en cause, non, ce qu’il a fait existe, et je l’ai aimé, l’ai écouté.
        Je parle de cette sortie, aujourd’hui, 30 septembre. Nuance.

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    3. Les bonshommes réagissent sous le coup de l’émotion, tout comme l’auteur de cette note, qui écrit ce texte sous le coup « d’une grande colère »…
      Il est un peu gênant de voir la « menace » Cantat comparée au danger que représente un violeur qui rôde. J’ai beau chercher, je ne vois pas quel risque représente pour la société (malade !) un artiste qui sort un disque… Vouloir l’en empêcher s’appelle de la censure.
      Vous associez la sortie et l’écoute de ce disque à la caution de son geste, et par extension de la violence au sein d’un couple. On peut donc imaginer que tous les futurs acheteurs de ce disque (moi y compris) sont donc des brutes en puissance qui tabassent allègrement leur compagne… Voyez le bon côté des choses: cela va être pratique pour faire un peu de prévention à la sortie de tous les bons disquaires !
      Si je lis entre les lignes des commentaires, Cantat = idole de tous ces vilains mâles écorchés et bourrés de testostérone… Heureusement, un accueil formidable a été manifesté par le public au cours des différents live auxquels il a pu participer ces dernières années, dont une majorité de ces demoiselles, qui, elles, ne font pas l’amalgame entre un artiste et ses chansons, et l’acte terrible, répréhensible, impardonnable, qu’il a pu commettre (et que personne n’oublie)…

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      1. Le risque n’est nullement « celui d’un artiste qui sort un disque », mais réside dans le fait qu’une société cautionne, par ce « pardon » si rapide, cet oublié scandaleux, un meurtre…
        Encore une fois, comme je l’ai exprimé par ailleurs, ce n’est pas la créativité et/ou le talent de BC que je mets en cause, mais ce non respect de sa victime…

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  6. Vous l’êtes tous sympatiques…
    Je n’écris pas aussi bien que vous et avec beaucoup de fautes… Mais attention vous parler plus d’un meurtre que d’un homme. Cantat coupable? OUI. Cantat artist? Oui encore et un grand…
    Vous vous permettez (moi compris) de donner votre avis sur ce qui est bien ou pas… Ne serait il pas plus judicieux de tout simplement ne rien dire? Sabine vous n’aimez pas Cantat… C bien mais vos pouvez le gardes pour vous… Vous avez choisi de vous exprimer sur un sujet qui vous tiens à cœur…. Alors acceptez qu’il en fasse de même car c aussi peut être un sujet que lui tiens à cœur… Savez vous ce que c de voir un corp sans vie? Savez vous ce que c de prendre une vie? Connaissez vous tous de Marie tringignan et de Cantat? NON alors pourquoi ce permettre de le juger? L’ignorance n’est telle pas la plus belle preuve? Vous me faite penser a toutes ces personnes qui pendant les années 90 voyaient ma mère sans cheveux et disaient qu’elle avait probablement le SIDA ou simplement c personnes bien pensentent qui regardent un enfants « différents » avec de la crainte, de la peur ou du dégoût….. Regardez simplement devant vous et ne vous en faites pas… La vie vous rattrapera… Ne jugez pas le autres vivez simplement avec les autres…. Laissez le s’exprimer… Vous aimez? C bien… Vous n’aimez pas? Passé simplement votre chemin. Sans colère ou amertume… Dites vous que vous n’êtes pas à la place de la famille de Marie trintignan qui ne mettra pas longtemps à vouloir ça tête… Une fois de plus…. Il sait chanter et ne sais faire que ça. Alors laissez le vivre simplement… Je penses qu’il souffre bien assez
    Pour finir moi j’aime mais je ne pardonne pas alors oui j’achèterais son album parce que oui lui aussi à le droit de vivre et le plus dur pour lui maintenant c de vivre avec une mort sur la conscience…. Comme tout ceux qui on tuait un jour et la je sais que ça n’est pas votre cas…

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  7. Que coûte une vie ? Celle de Marie ? Celle de Kristina ou la mienne sont-elles égales ? Et celle de Bertrand ?
    Je trouve la peine dont BC a écopé beaucoup trop légère. Non pas que se soit MT, non pas que le drame joué si loin soit sordide, sinon que la vie n’a pas de prix. Nous aimerions que ceux qui nous ont fait souffrir paient le prix fort. Dans son cas, il le paie et le paiera encore longtemps même si aux yeux de la loi : il est « libre ».
    Il paiera toute sa vie et c’est certainement le moindre prix que nous puissions demander à un meurtrier.
    Puis vient cette chanson, cette mélodie et ces paroles. Et ça me touche. Il est un artiste, oui il est un homme… qu’importe finalement. Qui n’a jamais tenté de regarder droit dans le soleil ? Certains y ont perdu la vue alors je ferme les yeux et j’écoute cette musique qui me transporte.
    Et je comprends que nos avis n’importent pas, que nos opinions ne changeront rien à l’histoire : il souffrira toute sa vie. Je ne le plains pas, c’est un moindre mal.

    P.S.: est-ce que Martina Hingis a le droit de faire un énième come-back tennistique ?

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  8. Pourquoi chercher un sens à cette belle chanson? Pourquoi tout rejeter en bloc?
    Cet homme, tous les jours, où qu’il se trouve, verra se porter sur lui des regards emplis de haine, entendra bien pire encore et lira des textes tels que le votre.
    N’est-ce pas là le pire? N’est-ce pas là sa « punition »? N’est-ce pas pire que la prison? N’avoir aucun avenir? N’avoir aucun droit au bonheur et à l’oubli?
    Réjouissez-vous de son retour sur la scène médiatique. Cela permettra à des tas et des tas de gens de le lyncher encore et encore. Ces gens s’expriment, et c’est très bien ainsi.
    Peut-être qu’au fond, ça n’est pas de l’indécence ce retour, mais juste permettre à ces gens là de déverser sur lui un peu de leur haine et de leur dégoût, pour s’affliger une nouvelle « punition ».
    Voyez-vous, il est si facile de chercher un sens à tout, mais au final, qui détient la vérité? Moi je pense qu’on a tous notre avis, et qu’au bout du compte on a tous un peu raison. C’est ça la liberté d’expression, et tout le monde y a droit. Même Bertrand Cantat et même ceux qui le déteste.
    Mais la chanson est belle, alors pour ma part, je l’écouterai encore et encore, car peu m’importe de quelle bouche sortent les mots. C’est pour moi juste une belle musique.

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  9. Superbe article, et bien entendu comme à chaque fois que des femmes prennent le parti des victimes féminines contre des agresseurs masculins puissants et célèbres (Polanski, DSK), cela suscite une déferlement de propos haineux de la part de ceux qui se sentent en solidarité obscure avec ces grands prédateurs, qu’ils jugent tellement plus importants et intéressants que les femmes auxquels ils s’en prennent, voire les admirent et voudraient bien pouvoir les imiter .

    Deux femmes sont mortes à cause du sadisme de ce pervers narcissique, mais n’est ce pas, qu’est ce que quelques cadavres féminins à côté des droits supérieurs du « génie  » et de la grande oeuvre à réaliser par cet être d’exception?
    Il faut bien que quelques vies (exclusivement féminines bien sûr) soient détruites pour ce sublime artiste puisse exprimer le fascinant univers qui l’habite.

    ET bien sûr, on espère tous que ce modèle d’intégrité personnelle continuera son action exemplaire de héros de la lutte anticapitaliste et à donner des leçons de morale à la terre entière–tout en tabassant éventuellement quelques femmes une fois rentré chez lui.
    On ne va pas s’arrêter à ces petites contradictions, la morale ordinaire, c’est pour les ploucs, les grands artistes ont tous les droits et puis le mur de la vie privée doit rester inviolable.

    Je pense à toutes les victimes de viol qui voient leur violeur ressortir libre, à celles qui sachant qu’elles n’ont aucune chance d’être entendues, se taisent, aux 150 femmes par an environ qui sont tuées par des compagnons violents.

    A toutes les femmes, et aux prédateurs en puissance, la libération de Cantat après seulement 4 ans de prison et son retour sur scène envoient un message net et clair:
    les victimes n’intéressent personne, leur vie ne vaut rien, on s’empresse de les oublier; la société ne punit JAMAIS les crimes des individus puissants et célèbres (citez moi un seul violeur et grand de ce monde qu’on ait mis en prison), ils sont en fait admirés secrètement pour leur violence et leurs transgressions et laissés libres de répéter leurs crimes sur d’autres personnes sans importance, quel que soit le prix à payer en vies brisées laissé derrière eux.

    Cette connivence fascinée d’hommes ordinaires avec les grands pervers est écoeurante. Elle crée aussi l’atmosphère sans laquelle de tels criminels ne pourraient exister..

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  10. Quant à moi comme une personne au-dessus j’aime (bertrand cantat), mais contrairement à lui je n’écrirai pas « mais je ne pardonne pas ». Pourquoi ? Parce que je n’ai rien à pardonner, Bertrand Cantat ne m’a rien fait à moi, je ne suis pas « les femmes battues », je suis moi c’est tout, et c’est bien assez compliqué comme çà.
    Comme disait Zabou dans le film « Cuisines et dépendances », « la vie EST une situation délicate » (j’adore cette réplique). Je trouve donc particulièrement malvenu de venir en plus de ses problèmes personnels, porter sur soi le « karma » d’autrui? et de se coaliser en tant que « femme » contre 1 seul homme, nommé Bertrand Cantat, qui est devenu bien malgré lui le symbole de la violence faite AUX femmes, par PLEIN d’hommes différents et ce depuis fort, fort longtemps.
    Je n’en ai donc jamais voulu à Bertrand Cantat « l’homme » car il ne m’a rien fait et je ne le connais pas personnellement.
    Seule la victime (si elle est vivante) ou la famille de la victime peut accorder son pardon, si elle y parvient.
    Dans le cas qui nous occupe, cela n’est manifestement pas le cas ni n’est près d’arriver. Bertrand Cantat en souffre probablement mais il sait qu’il n’y peut rien, il continue donc à vivre sans ce pardon.
    Ne rendez pas la France entière éternellement jury d’assises d’un éternel procès qui a eu lieu il y a 10 ans.
    Les propos du genre  » ce serait accorder le volent à un homme qui a conduit en état d’ivresse de lui permettre ceci ou cela » démontrent que vous « figez » les personnes dans un « instant T », comme un arrêt sur image, un acte qui décrit de manière définitive un être humain, qui pourtant a fait bien d’autres choses dans sa vie que de tuer involontairement une femme dans un moment de perte totale de contrôle de soi, et qui est parfaitement capable de vivre et faire plein d’autres choses, et ce depuis 10 ans déjà, et sans votre permission ou votre compréhension.
    On a presque l’impression que finalement vous préféreriez le voir rester mauvais à jamais, l’empêcher à tout prix de le voir montrer qu’il est capable d’autre chose. Cette conception de l’être humain qui dénie à autrui le droit d’évoluer, de se transformer, de se dépasser, de renaître, de remonter la pente, vous appartient.
    Je ne vous souhaite vraiment pas un jour d’être confrontée à un acte répréhensible, choquant pour autrui, que vous commettriez, et que votre entourage et des « anonymes » qui ne vous connaissent pas personnellement se permettent de vous juger, vous figer, vous définir pour toujours et à jamais.
    Je ne me suis jamais senti le droit d’en vouloir à Bertrand Cantat donc, ni d’ailleurs le besoin,
    J’aime » l’artiste comme c’est le cas depuis presque 30 ans et je suis ravie, avant tout pour lui, qu’il ait réussi à remonter la pente, à s’autoriser à vivre, chanter, en toute liberté légale. Et sachez bien qu’il aura du chagrin et du remords jusqu’à la fin de sa vie, c’est à mon sens parfaitement suffisant comme peine, il n’y a aucun besoin d’en rajouter des louches et des couches au nom de la dictature émotionnelle victimaire.

    Et il est extrêmement important, crucial et rassurant qu’il puisse malgré son passé continuer à avancer sur sa route, comme il le peut, avec ses armes, ses dons, ses qualités, ses défauts, comme tout le monde.
    C’est rassurant u nom de l’humanité même et de son pouvoir de régénération malgré les épreuves parfois terribles de la vie.

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  11. J’ai toujours été très mal à l’aise face au « retour » (Peut-on revenir d’un meurtre ?) de B. Cantat. Non pas que je veuille qu’on continue sans fin lui faire payer son meurtre. Non, il a été jugé et sanctionné. Il a purgé sa peine. Je ne veux pas revenir là-dessus. Non, ce qui me gène profondément, c’est qu’il revienne à un métier public et artistique. On scande son nom, on applaudit ses prestations, on achète son disque… Oui, cela me gêne. J’ai enseigné pendant 36 ans. Je pense très sincèrement que si j’avais été accusé du meurtre de mon épouse, même si j’avais enduré ma peine, jamais, jamais, je n’aurais osé me retrouver devant des élèves. C’est une question de choix de vie. B. Cantat a-t-il le droit de dire « tout redevient comme avant ! » ? Ce n’est pas vrai. Il ne s’agit pas seulement de purger sa peine. Il faut aussi assumer son acte dans l’ensemble de sa vie… Nul ne peut passer à côté de cet obstacle. On doit avoir le courage de renoncer à une carrière de chanteur et choisir une vie professionnelle plus humble. (Il pourrait très bien écrire des chansons pour les autres, notamment.) Rien n’est plus comme avant quand on a tué… B. Cantat, maintenant est retourné sur scène… Les gens ont applaudi. Moi, cela me fait pleurer…. Je ne peux enlever de ma mémoire le visage de Marie…

    Thierry Peltier

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