Le vide est rempli par tes paroles…Pour Zachary Richard, chantre acadien de la Francophonie

Le vide est rempli par tes paroles…

 

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(en réponse à ce mot:  « Je te lis avec un plaisir qui est augmenté par le fait que le vent s’est calmé dans cette période habituée aux ouragans, et il me manque. Ce vide est rempli heureusement par tes paroles. Merci. » )

 

-hommage à mon ami, le chanteur Zachary Richard, à l’occasion de son anniversaire…

https://www.youtube.com/watch?v=m9WF4C0jRLg

Là-bas, au fin fond des bayous de Louisiane,
s’entrelacent moiteurs comme on aime une femme.
L’eau dormante frissonne, caressée par le temps,
et tu chantes les dormances de l’oiseau
voyageur de ta voix étonnement
douce, comme un ricochet dans les
verts éclats des mousses émeraude.

Là-bas, au fin fond des bayous de Louisiane,
les eaux folles des méandres épousent les
galions du vent et les rumeurs océanes :
les déferlantes ensauvagent l’espace, le lit
défait du fleuve est comme bataille
amoureuse, et au milieu coule ta voix rocailleuse qui
cogne et canonne contre
ouragans et marées noires, récif de beauté et d’espérance.

Ici, bien loin des bayous de Louisiane,
je n’ai qu’à glisser le cercle argenté dans le lecteur
d’émotions pour revoir tes mains parcourant
l’accordéon qui danse, tes yeux dardant
un public en transes, ton sourire comme un arc-en-ciel
en épousailles d’infini dans l’épure des temps.
Et ta voix me berce, archet promenant
la fougue ou la tristesse des violoneux en goguette,
resplendissante révolte des Marrons ou
tendre onyx de mille hirondelles.
Alors, émerveillée comme une enfant qui verrait
les étoiles, je marche à tes côtés sous vos grands arbres ployant
vers notre mère, la Terre, et te souris.

-hommage à mon ami, le chanteur Zachary Richard, à l’occasion de son anniversaire…

https://www.youtube.com/watch?v=tKGQmEMBsiI&index=25&list=PLnFWCyihzhw8iZCZu6x1xy72kAxvTB1w1

https://www.youtube.com/watch?v=P6DZci4zy0A

https://www.youtube.com/watch?v=XSfFDl5AQkA&list=PLnFWCyihzhw8iZCZu6x1xy72kAxvTB1w1&index=13

http://www.zacharyrichard.com/francais/concertsetnouvelles.php

http://www.zacharyrichard.com/francais/poesie.php

https://www.youtube.com/watch?v=3_AescSs6GA&list=PLnFWCyihzhw8iZCZu6x1xy72kAxvTB1w1

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La poésie, c’est la chanson sous la guitare…Rencontre avec Zachary Richard

http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=213830&forum=2

Tous les Acadiens, toutes les Acadiennes

Tous les Acadiens, toutes les Acadiennes

 

https://noellarichard.wordpress.com/2012/10/11/original-painting-2/musique-acadienne-4-2/
https://noellarichard.wordpress.com/2012/10/11/original-painting-2/musique-acadienne-4-2/

 Y a dans le sud de la Louisiane

Et dans un coin du Canada

Des tas de gars, des tas de femmes

Qui chantent dans la même langue que toi

Mais quand ils font de la musique

C’est celle de Rufus Thibodeaux

Ils rêvent encore de l’Amérique

Qu’avait rêvée leur grand-papa

Qui pensait peu, qui pensait pas

 

Tous les Acadiens, toutes les Acadiennes

Vont chanter, vont danser sur le violon

Sont Américains, elles sont Américaines

La faute à qui donc ? La faute à Napoléon

 

Le coton c’est doux, c’est blanc, c’est chouette

Pour s’mettre de la crème sur les joues

Mais ceux qui en font la cueillette

Finissent la journée sur les genoux

Et puis s’en vont faire d’la musique

Comme celle de Rufus Thibodeaux

Pour oublier que l’Amérique

C’est plus celle de leur grand-papa.

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C’est bien la chanson de Michel Fugain que j’avais en tête, en découvrant le programme de Pause Guitare autour de la scène « Expérience Acadie »…Il faut dire que pour les nous, les Français de la vieille France, l’Acadie se résume hélas à quelques clichés glanés ici et là, entre quelques leçons de géographie de l’enfance, un ou deux accords de quelque violoneux et une vision bien peu claire de ce pays-territoire disséminé depuis la côte orientale du Canada jusqu’en pays cajun, dont nous ignorons que la diaspora est passée par le Maine, Los Angeles et même nos port de Bretagne…

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Je passais, moi, justement, au cœur d’Albi la Rouge, me préparant à aller écouter Status Quo et Moriarty à « Pratgrau », quand, juste avant le Pont Vieux, j’ai été happée par cette scène acadienne que je n’avais pas encore pu apprécier, tant la richesse de notre festival nous accapare en tous sens ! Imaginez quelques badauds qui soudain se font foule, les touristes se mêlant aux festivaliers et, malgré la température caniculaire, renonçant à une petite glace à l’ombre du Pontié pour se jeter au pied de l’estrade, aimantés par cette musique métissée et joyeuse et par le magnifique « bœuf » que nous ont « jammé » les musiciens des trois groupes réunis : Daniel Léger, La Virée et Prenez Garde.

Très vite, au fil des chansons, le public s’est laissé griser ; une communion totale s’est établie entre nos lointains cousins et leurs spectateurs albigeois, car nos musiciens réunis ont réellement « mis le feu » avec leur enthousiasme communicatif. Jamais je n’avais ressenti autant d’allégresse lors d’un « off », une joie pure, un bonheur à faire frissonner la brique de Sainte-Cécile et à faire déborder le Tarn !

Il faut dire qu’ils s’étaient bien trouvés, nos joyeux lurons acadiens…Il y avait là les cinq artistes de Prenez Garde réunis autour du violon en folie de Marie-Andrée Gaudet et de la gouaille festive du conteur Dominique Breau aux multiples talents, pour ne citer qu’eux…Mêlant répertoire traditionnel et humour, la connivence de leurs jeux respectifs devint une évidence…

http://www.prenezgarde.ca/

Et puis une partie de la troupe de La Virée a occupé l’espace aussi, faisant rêver les Tarnais avec leur fougue où la gigue se mêle au rock pour faire valser les frontières…

http://www.laviree.com/

N’oublions pas Daniel Léger, qui dans sa polyvalence artistique se partage entre le documentaire, l’écriture et la musique, ce raconteur d’histoire nous ayant communiqué son incroyable énergie du haut de sa guitare électrisant la foule.

http://www.danielleger.com/

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Plus tard, j’aurai le privilège d’échanger à bâtons rompus avec quelques membres des groupes, aussi chaleureux dans le dialogue qu’ils l’avaient été sur la scène. Et ils m’ont raconté ces lointains qui pour nous sont autant de terres neuves et inconnues, leur Nouveau Brunswick, « l’autre province du Canada », seule province officiellement bilingue, dont un tiers de la population est francophone. Leur lien avec la francophonie est extrêmement fort, car ils se sentent les dépositaires de cette histoire qui les lie à la France.

Je rentrerai ensuite dans mon hébergement albigeois et, dans la moiteur estivale, passerai plusieurs heures à rêver devant ces contrées aux noms exotiques de la baie de Fundy, de la baie des Chaleurs, des îles de la Madeleine, des rivières Ristigouche et Petitcodiac, et à redécouvrir l’histoire de cette Acadie qui a profondément marqué ses habitants formant une nation au territoire sans frontières réellement définies.

Car très vite, mes joyeux musiciens vont évoquer le « Grand Dérangement », cette déportation qui, de 1755 à 1763, a éradiqué une bonne partie du peuple acadien et l’a laissé exsangue et éparpillé des deux côtés de l’Atlantique. Qui, en notre vieille Europe toujours prompte à commémorer les (hélas) si nombreux génocides, se souvient de ces Acadiens chassés, scalpés, obligés de se cacher dans les forêts comme les « Nègres marrons » de Louisiane, leurs frères de douleur ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_D%C3%A9rangement

Ce passé assombri par de multiples violences et humiliations explique sans doute, me disent les musiciens, l’attachement de nos Acadiens aux valeurs pacifistes, encore renforcées après le traumatisme de la mort de milliers de soldats pendant la dernière guerre ; leur musique est une musique festive, dont l’allégresse se veut revanche sur la vie et ancrage dans la jouissance de leurs terres quasi insulaires de ce Nouveau Brunswick et des bayous cajuns de la belle Louisiane.

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Et s’ils aiment jouer en France, c’est qu’un accueil particulièrement chaleureux leur est réservé, leur musique étant, chez nous, une denrée rare et précieuse, alors qu’en Acadie, elle « fait partie des meubles » ! Un peu plus tard, lors d’une autre nuit albigeoise, le conteur et musicien Dominique Breau me racontera encore comment cette musique lui tient à cœur, lui qui a eu mille vies et est passé d’un métier manuel au maniement extraordinaire des mots qu’il conte à travers le monde, tout en les chantant dans le groupe Prenez Garde. Il me dira que chaque écorchure d’un peuple ou d’un être peut devenir résilience, quand on sait partager la beauté et les arts.

http://www.dominiquebreau.com/

Car l’Acadie est aussi une terre des arts, dont je vous laisse parcourir les ivresses :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l%27art_en_Acadie