Le Printemps de Pinel, #Printempsdespoètes

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Amis toulousains et d’ailleurs,  venez  partager des poèmes dans le kiosque de la Place Pinel à l’acoustique unique au monde!
Apportez vos textes, je lirai les miens, vous direz les vôtres, ce sera le Printemps de Pinel!
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Inspiré par le thème du Printemps des Poètes 2018, l’Ardeur…

Quand l’Ardeur devient folle au renouveau de mars…

Quand l’Ardeur devient folle au renouveau de mars,
Elle rayonne en nos villes en une immense farce,
Fait des nuits des soleils, des étoiles des jours,
Et en cent poésies elle déclame l’Amour.

Quand l’Ardeur se réveille, primevère en rosée,
Après tous ces hivers qui nous laissent agacés,
Elle transcende joyeuse les fusils et les peines,
Nos envies hirondelles s’y élancent en vraies reines.

Quand l’Ardeur se réveille, au Printemps des Poètes,
On entend des clameurs, des youyous, des silences…
C’est la mer qui déferle en nos pavés offerts,

C’est la neige qui fond, de New-York à la Mecque,
Et tant de mots qui crient qui résonnent et qui dansent
Que les Hommes enfin se regardent en frères.

PS: une alternative au kiosque sera aussi d’écouter la poésie en appartement…Ce Printemps des poètes sera le vôtre!
Je serai-s ravie de venir dire mes textes chez vous, en lecture seule ou en partage musical, et ces lectures peuvent être suivies d’une conférence autour de la poésie.

Sabine Aussenac.

Les oiseaux se cachent Place Pinel pour mourir…

Les oiseaux se cachent Place Pinel pour mourir…

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Décidément, ces temps-ci, je vous parle beaucoup de la Place Pinel. Peut-être parce qu’elle est importante, cette place-cœur d’un monde, cette place qui m’accueillit dans mon nouveau quartier avant même que je ne m’y installasse, charmée par son kiosque unique au monde, à la coupole retentissante et aux piliers aux murmures…- un écho extraordinaire résonne lorsque vous vous trouvez au centre du kiosque, non perçu par l’extérieur, et donc antithèse de l’idée-même du « kiosque à musique », tandis que lorsque vous chuchotez devant un pilier, votre voix sera perçue devant le pilier d’en face, claire et aussi radieuse que les petits matins sur l’herbe aux platanes…

http://mariuspinel.over-blog.com/article-jean-montariol-concepteur-du-kiosque-pinel-1892-1966-49776868.html

Hier, donc, essayant mes bâtons de Nordic Walking à l’heure où blanchit à nouveau la campagne (en fait, des faux bâtons, juste des bâtons de randonnée, mon escarcelle étant frileuse et Décathlon peu achalandé…), je marchais le long de nos allées, écoutant le vacarme gracieux des merles et des enfants perchés qui dans le faite des tilleuls, qui en haut du toboggan, lorsqu’il vint vers moi, sautillant et blessé, vilainement amoché par quelque Raminagrobis ou Médor affamé…Il tremblait, mais pas de peur, juste de mal, de détresse, et j’ai eu envie de lui dire ce que le Maître dit à Jane Eyre :

–          Venez, Jane, petit oiseau blessé, dans ma main… »

( « – Jane, be still; don’t struggle so, like a wild frantic bird that is rending its own plumage in its desperation.

_I am no bird; and no net ensnares me; I am a free human being with an independent will, which I now exert to leave you. »)

Je m’arrêtai, le regardai, incapable de l’aider. Lorsque je suis repassée par la place, plus tard, je vis un homme en vélo, distrait, lui rouler sur le bec, avant de stopper, et de courir, lui aussi, vers l’oiseau qui ne s’était pas écarté…Le crépuscule enveloppait les platanes de sa pénombre apaisante, mais nous pouvions encore lire cette étrange demande dans les yeux noirs de l’oiseau, qui venait vers nous, les hommes, vers ces grands prédateurs, en quémandant notre aide.

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J’ai alors tenté en vain de joindre la LPO, tandis qu’une dame, accompagnée de trois chiens qui auraient pris un petit apéro, m’a dit que c’était inutile, que ce petit allait mourir.

Et ce matin, alors que j’allais vider mon verre, puisque je suis nantie d’un ado altermondialiste qui pratique la police du tri avec une main de fer, je le vis, dans le fourré, les pattes en l’air et l’âme disparue par-dessus nos millions de toits roses…

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J’ai alors décidé de l’enterrer. En pensant aux leçons de choses de notre ami Yves le Pestipon, éminent professeur de khâgne et féru de littérature –je vous recommande chaudement la lecture de son passionnant « Oublier la littérature ? »

http://www.fabula.org/actualites/yves-le-pestipon-oublier-la-litterature_62875.php _, mais aussi pinélisateur en diable et grand maître du mouvement dont même la Novela s’est entiché :

http://www.fete-connaissance.fr/yves-le-pestipon

Récemment, une conférence a même réuni les afficionados au Vieux Temple, et on y a appris les fondements du rite de la « pinélisation », quand il s’agit de disséminer poétiquement la terre de notre Place Pinel…

http://www.fete-connaissance.fr/de-la-terre-pour-toute-la-terre

Je suis dit que j’allais, rebelle que je suis, faire une anti pinélisation, emmenant du terreau à cette terre poétique, offrant à la terre pinélienne le corps de ce bel oiseau en lui accordant aussi une digne sépulture, et en lui évitant de finir dévoré…

Ce faisant, je pensais aussi à l’enfance, d’autant que j’avais fait pèlerinage à Albi dimanche, et revu ma voisine Monique, avec laquelle nous enterrions grillons, tortues et canaris sous les laurines du jardinet, leur confectionnant de jolies tombes avec des morceaux de mosaïques, apprivoisant ainsi et le temps et la vie…

Et me voilà rentrer, ramener sur la place un petit linceul aux couleurs de l’Afrique, creuser une petite tombe avec une cuillère en bois et déposer délicatement l’oiseau en sa dernière demeure.

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Il est donc retourné à la terre, celui qui ne savait plus voler. Humble parmi les humbles, solitaire, enterré comme un soldat inconnu, dans la belle fosse commune  de notre Place Pinel. Pas d’honneurs militaires, ni d’articles dans les journaux, pas de deuil national, juste une mise en bière, puis en terre, comme pour tous ces hommes qui passent, naissent, vivent et meurent sans bruit, dans l’assourdissant silence des sans voix.

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Je pensais à ce grand patron dont le pays pleure les milliards, je pensais aux victimes de toutes ces calamités qui tuent les Africains quand l’Occident en tremble, je pensais à toutes ces femmes et à ces enfants innocents que la folie des hommes détruit, et je me disais que ce petit animal avait, lui aussi, mérité sépulture.

Que sa mémoire vole vers cent mille soleils. Et notre Place Pinel, elle demeure.

http://www.oasisdesartistes.com/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=185267&forum=2

L’oiseau livre

L’oiseau lyre

L’oiseau libre

L’oiseau livre

Ses secrets

Ses ailes déployées

 Bruissent dentelles éventées

Il frissonne au bord du nid

S’élance en ciel immense

L’oiseau nu danse

Et livre sarabandes

Aux éclairs zébrés

Torride il panse

Ses ailes déchirées

L’oiseau lyre

L’oiseau libre

L’oiseau livre

Ses pensées

Il offre étincelles denses

Et surtout mille regrets

Aigle il a été

Aujourd’hui tourterelle

Il se sent en colombe

Et ne veut que la paix

Rimes traversières

Et nidations manquées

Il migre en terres vierges

Et espère amitiés

L’oiseau lyre

L’oiseau libre

L’oiseau se livre:

 

Délivré.

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Sous la Place Pinel, la plage…

Sous la Place Pinel, la plage…

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C’est la nuit dernière que je l’ai entendue pour la première fois : la chouette de la Place Pinel.

Son cri déchirait tendrement la nuit. Une fois, deux fois, trois fois. Le doute ne m’était plus permis ; il y avait bien une chouette au cœur de notre Place Pinel. Effraie ou hulotte, je l’imaginai, perchée sur la canopée de nos platanes, ou peut-être sur une branche de tilleul, douce Pythie pinélienne, annonçant la lune à notre kiosque tout ému.

Me revinrent en mémoire mes chouettes, celle de ma bonne ville d’Auch, qui me parlait chaque soir, lorsque je fermais les volets donnant sur les collines, ou celles de ma campagne tarnaise, hululant au-dessus du ruisseau tout illuminé de lucioles.

Et là, une idée me vint : il conviendrait, au plus vite, d’ensauvager notre Place Pinel. Réintroduire le blaireau et l’hermine, le renard et l’écureuil. Et pourquoi pas le lynx, l’ours et le loup ? Il s’en donnerait à cœur joie, le loup, avec tous ces Chaperons perchés sur le toboggan…Il faudrait aller quérir Mère-Grand et son pot de miel sur un banc, et éloigner le chasseur-bouliste.

L’écureuil, ce serait simple. Pas la peine de courir à Hyde Park d’un coup de Channel, il suffirait de se servir au Jardin des Plantes…J’adore, déjà, ce mot d’écureuil. Il est magnifique dans toutes les langues, s’enroule en serpentin en anglais ou en occitan, « squirrel » ou « esquirol », se complique délicieusement en allemand, avec ce fameux « Eichhörnchen » qu’aucun élève n’arrive à prononcer, et l’un de mes ex-maris m’avait appris que l’on disait « viverukas » en lituanien, ce qui, vous en conviendrez, a un charme fou.

Je les imagine, nos écureuils, pinélisant les platanes de leurs queues rousses et touffues, sautillant tels feux-follets d’un bout à l’autre de la place, grimpant le long des piliers du kiosque au rythme des rayons du soleil…

Une hermine et son pelage de neige ferait de notre square un petit Trianon. Quant au blaireau, ne doutons pas qu’il ferait fuir tous ces contempteurs de calme que sont les chiens aux truffes folles et aux excréments délétères…

Enfin, je repense à mon ex-mari number one, et aux cigales qu’il avait, depuis les hauteurs étincelantes de Sète, rapportées jusque dans les cerisiers du jardin tarnais de mes parents : voilà trente ans qu’elles nous transforment le pays de Jaurès en antichambre de la mer, éclaboussant l’été de leurs chants provençaux.

Oui, avec les cigales, sous la Place Pinel, la plage…

Soudain, les cigales

Soudain, les cigales.

La route de la mer serpentait vers les bleus.

Cézanne, ouvre-toi !

Garrigue frissonnait en femme amoureuse,

thyms et serpolets guidaient

vers les isthmes.

Mare nostrum. Phocéenne, grecque, andalouse :

ma Méditerranée

un delta du monde.